même efprit d'équité & de defin terreffement qu'on a mis à la fuite des Remarques du Commentateur fur l'Epigramme LI, un extrait de la Défenfe du Grand Corneille contre le Commentateur de Mr. Defpréaux, par Meffieurs les Journalistes de Trevoux (10). III. Le Commentateur a divifé fes Notes en trois claffes. La premiere contient les Changemens que Mr. Defpréaux a faits dans les nouvelles Editions de fes Ouvrages : la feconde, les Remarques qui expliquent les expreffions ou les allufions de Mr. Defpréaux & la troifiéme, les Imitations, c'eft-à-dire ; les paffages qu'il a imitez des anciens Poëtes. On trouvera ici la même divifion. Mais au lieu que dans l'Edition de Geneve, on a féparé & diftingué chaque classe d'une maniere qui ne fervoit qu'à (10) Tom. II. pag. 258. & Juiv groffir groffir inutilement les volumes, & qui interrompoit même quelquefois la fuite naturelle des Notes; nous avons placé dans celle-ci toutes les Notes felon l'ordre & la fuite des vers en diftinguant néanmoins les Changemens & les Imitations, d'avec les Remarques. Si cette distinction ne fe trouve pas par tout où elle devroit être c'est parce qu'on a d'ailleurs fuivi fcrupuleufement l'Edition de Geneve, où elle n'est pas toûjours obfervée. Le Commentateur s'eft éloigné ici de fes propres régles. Son plan l'obligeoit à comprendre fous le titre de Changemens, tous les Vers que Mr. Defpréaux a retranchez dans les Editions pofterieures de fes Ouvrages: il ne laiffe pas de les produire très fouvent fous le titre de Remarques (11). Le 1. d'Avril 1729. (11) Comparez dans l'Edition de Geneve, Lutrin Chant II. vf. 8. 57. avec Chant IV. vf. 105. & avec Satire 1. vf. 65, 94, 132, &c. DE LEDITEUR E DE GENEVE. N publiant un Commentaire fur plus parfaite que toutes celles qui ont paru. Fajoûte des Eclairciffemens historiques au Texte de l'Auteur; & je n'impofe point quand j'annonce dans mon titre, qu'ils m'ont été donnez par l'Auteur lui-même car je n'avance prefque rien qui ne foit tiré, ou des converfations que j'ai eues avec lui, ou des Lettres qu'il m'a écrites. La haute idée que j'avois de fes Ouvrages, m'ayant fait fouhaiter de le connoître, je ne trouvai en lui ni cette fauffe modeftie, ni cette vainè oftentation, fi ordinaires aux perfonnes qui ont acquis une réputation éclatante: &, bien different de ces Auteurs renommez qui pera dent à être vûs de prés, il me parut encore plus grand dans fa Converfation que dans fes Ecrits. Cette premiere entrevûë donna naissauce à un commerce intime qui a duré plus de douze années. La grande inégalité de fon age & du mien, ne l'empêcha point de prendre confiance en moi il m'ouvrit entierement Jon cœur ; & quand je donne ce Commentaire, je ne fais proprement que rendre au Public le dépot que cet illuftre Ami m'avoit confié. S'il eut la complaisance de m'apprendre toutes les particularitez de fes Ouvrages, je puis dire que de mon côté je ne négligeai rien de ce qui pouvoit me donner d'ailleurs une connoiffance exacte de certains faits qu'il touche légerement, & dont il m'avouloit qu'il ne fçavoit pas trop bien le détail. Mes recherches ne lui déplaifoient pas ; de forte qu'un jour, comme je lui rendois compte de mes découvertes: A l'air dont vous y allez, me dit-il, vous fçaurez mieux votre Boileau que moi-même. Ce n'eft donc pas ici un tiffu de conjectu res res, hazardées par un Commentateur qui devine: c'eft le fimple recit d'un Hiftorien qui raconte fidellement, & fouvent dans les mêmes termes, ce qu'il a apris de la bouche de l'Auteur original. En un mot, c'est l'Hif toire fecrette des Ouvrages de Mr Def préaux. Mais c'est auffi en quelque façon, Hiftoire de fon Siécle. Car comme il y a eu peu d'Ecrivains de ce tems-là qu'il n'ait nommez, en bien ou en mal ; peu d'évenemens de quelque importance, qu'il n'ait in diquez; mon Commentaire embrasse le détail de ces diverfes matiéres. Ainsi, l'on y trou vera quantité d'anecdotes litteraires & hiftoriques, peut-être affez curieufes d'elles-mêmes pour attacher les Lecteurs, & pour fupléer à ces graces interreffantes que je ferois peu capable de répandre fur mon Ouvrage. Bien loin de m'abandonner à cette aveugle prévention tant reprochée aux Commenta teurs, j'ai raporté affez exactement les Critiques qu'on a faites de mon Auteur, pour peu qu'elles m'ayent paru fenfées. J'ai crû qu'à l'egard de mes Lecteurs je devois moins me regarder comme l'Ami de fa PerJonne, que comme l'Interpréte & l'Historien de fes Ecrits. En parlant des personnes qui y font nommées, je me fuis attaché particulierement à |