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Va par tout fe montrer dans les terreftres lieux : Mais il n'y fait plus voir qu'un vifage incommode. On n'y peut plus fouffrir fes Vertus hors de mode> 195 Et lui-même traité de Fourbe & d'Impofteur

Eft contraint de ramper aux piés du Séducteur.
Erfin las d'effuyer outrage fur outrage,

Il livre les Humains à leur trifte esclavage, S'en va trouver fa Sœur, & dès ce même jour. 200 Avec elle s'envole au céleste Séjour.

Depuis, toujours ici, riche de leur ruïne,
Sur les triftes Mortels le faux Honneur domine,
Gouverne tout, fait tout dans ce bas Univers,
Et peut-être eft-ce lui qui m'a dicté ces vers.

Mais

thie, arrofée par le Tanaïs, & chafferent Véxoris, ou Sésoftris, Roi d'Egypte, qui les vouloit foumettre à fa domination. Juftin, L. 2. c. 3. Cambyfe, fils de Cyrus, avoit déja conquis l'Egypte, Id. L. 1.c. 9.

IM IT. Vers 204. Et peut-être eft-ce lui qui m'a dicté ces Vers.] Régaier a fait une Satire contre l'Honneur : c'est la Sarire VI. où il dit à la fin;

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Mais, mon Dieu, que ce Traître eft d'une étrange sorte !
Tandis qu'à le blâmer, la raison me transporte,

Que de lui je médis, il me flatte, & me dit,
Que je veux par ces Vers acquérir fon crédit.

C'est tout ce que Mr. Defpréaux a imité de cette Satire de
Régnier.

Mr. Pafcal a dit auffi dans fes Penfees, ch. 24. Ceux qui écrivent contre la gloire, veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit ; & ceux qui le lifent, veulent avoir la gloire de l'avoir

L 4

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205 Mais en fût-il l'Auteur, je conclus de fa Fable, Que ce n'eft qu'en Dieu feut qu'eft l'Honneur véritable.

lù: & moi qui écris ceci ́, j'ai peut-être cette envie, & peute
être que ceux qui le liront, l'aurent auffi.

Ciceron le premier s'elt moqué de ceux qui mettoient
leurs noms à des Traitez, où ils condamnoient le defir des
louanges: Ipfi illi Philofophi, eriam in illis libellis quos de
contemnenda gloriâ fcribunt, nomen fuum infcribunt, in co
ipfo in quo pr. dicationem, nobilitatem que di piciunts predi-
cari de fe, ac nominari volunt. Cic. pro Archia Poëta.
Voyez les Tufculanes, L. 1. & Valére Maxime L. 8. c. 14.

13. 3.

C

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DISCOURS

249

DE L'AUTEUR,

Pour fervir d'Apologie à la Satire fuivante.

UELQUE beureux fuccès qu'aient eu mes Ouvrages, j'avois réjolu' depuis leur derniere Edition de ne plus rien donner au Public; & quoi qu'à mes beures perduës, 2 il y a environ cinq ans, j'euffe encore fait contre l'Equivoque une Satire que tous ceux à qui je l'ai communiquée, ne jugeoient pas inférieure à mes autres Ecrits bien loin de la publier, je la tenois foigneufement cachée &je ne croiois pas que, moi vivant elle dût jamais voir le jour. Ainfi donc auffi foigneux deformais de me faire oublier, que j'avois été autrefois curieux de faire parler de moi, je joüiffois, à mes infirmitez près, d'une affez grande tranquilité, lorfque tout d'un coup j'ai apris qu'on débitoit dans le monde fous mon nom quantité

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de

1. De uis leur derniere édition.] En 1701. 2. Il y a environ cinq ans.] Ce Difcours fut composé en

1715.

3. Et entr'autres une Piéce en vers. ] L'Ouvrage dont il s'agit ici, étoit une Epitre d'environ foixante vers. Mr. Delpreaux fut très mortifié d'aprendre qu'on l'en croyoit l'Auteur. Voici dans quels termes il en marqua fa pensée à un Jefuite du Collège de Louis le Grand. Je déclare qu'il ne s'eft jamais rien fait de plus mauvais, ni de plus fortement injurieux que cette groffiére boutade de quelque Cuiftre de

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3

de méchans Ecrits & entr'autres une Piéce en Vers contre les Jefuites, également odieufe & infipide, où l'on me faifoit en mon propre nom dire à toute leur Société les injures les plus atroces & les plus groffieres. J'avoue que cela m'a donné un trèsgrand chagrin. Car bien que tous les gens fenfez aient connu fans peine que la Piéce n'étoit point de moi, & qu'il n'y ait eu que de très-petits efprits qui aient préfumé que j'en pouvois être l'Auteur, la vérité eft pourtant que je n'ai pas regardé comme un médiocre afront de me voir foupçonné, méme par des ridicules d'avoir fait un Ouvrage fi

ridicule.

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F'ai donc cherché les moyens les plus propres pour me laver de cette infamie: & tout bien confidéré, je n'ai point trouvé de meilleur expédient que de faire imprimer ma Satire contre PEQUI VOQUE; parce qu'en la lifant, les moins éclairez même de ces petits efprits ouvriroient peut-être les yeux, & verroient manifeftement le peu de raport qu'il y a de mon ftile, même à l'âge où je fuis au ftile bas & rampant de l'Auteur de ce pitoïable Ecrit. Ajoûtez à cela, que je pouvois met tre à la tête de ma Satire, en la donnant au Public, un Avertiffement en maniére de Préface, où je me juftifierois pleinement, & tirerois tout le monde d'erreur. C'est ce que je fais aujourd'hui, & j'espère que le peu que je viens de dire, produira l'éfet que je me fuis propofé. Il ne me reste donc plus maintenant qu'à parler de la Satire pour Jaquelle eft fait ce Difcours.

Fe

College de l'Univerfité ; & que fi je l'avois faite, je me mettrois moi-même bien au-deffous des Coras, des Pelletiers, des Cotins. Il ajoûtoit dans une autre Lettre au même : Je ne perdrai jamais la mémoire du fervice considérable que

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Je l'ai compofée par le caprice du monde le plus bizarre,& par une espece de dépit & de colére poëtique, s'il faut ainfi dire, qui me faifit à l'oc cafion de ce que je vais raconter. Je me promenois dans mon jardin à Auteüil, & revois en marchant à un Poëme que je voulois faire contre les mauvais Critiques de notre fiècle. J'en avois même déja composé quelques vers, dont j'étois affez content. Mais voulant continuër je m'aperçus qu'il y avoit dans ces vers une équivoque de langue; & m'étant fur le champ mis en devoir de la corriger, je n'en pus jamais venir à bout. Cela m'irrita de telle maniere, qu'au lieu de m'apliquer davantage à réformer cette équivoque, & de poursuivre mon Poëme contre les faux Critiques, la folle penfée me vint de faire contre l'Equivoque même, une Satire qui pût me venger de tous les chagrins qu'elle m'a caufez depuis que je me mêle d'écrire. Fe vis bien que je ne rencontrerois pas de médiocres difficultez à mettre en vers un fujet fi fec. Et même il s'en prefenta d'abord une qui m'arrêta tout court. Ce fut de fçavoir duquel des deux genres, mafculin ou feminin, je ferois le mot d'Equivoque, beaucoup d'habiles Ecrivains, ainfi que le remarque Vaugelas, le faifant mafculin. Je me déterminai pourtant affez vite au féminin, comme au plus ufité des deux. Et bien loin que cela empêchat l'exécution de mon projet, je crus que ce ne feroit pas une méchante plaifanterie de commencer ma Satire par cette difficulté même. C'est ainsi que je m'engageai dans la compofition de cet Ou

vrage.

yous m'avez rendu en contribuant fi bien à détromper les hommes de l'horrible affront que l'on me vouloit faire, en m'attribuant le plus plat, & le plus monftrueux libelle qua ait jamais été fait. Ces Lettres font entre les mains de l'Auteur de ces Remarques.

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