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Sans doute qu'il ne leur accorde pas, comme autrefois aux apôtres, l'infaillibilité dans l'enseignement: mais il les rend propres à leur sainte vocation; il bénit les moyens qu'ils emploient pour s'y préparer; il les instruit lui-même. par sa bonne Parole, par son Saint-Esprit, et par l'expérience qu'il leur fait faire tour à tour, de leur profonde misère et de sa tendre miséricorde en Jésus-Christ.

Mais ce n'est pas seulement à ses Ministres que Jésus dit comme autrefois à Lévi: « Suis-moi »; il nous l'a dit à tous, puisqu'il nous a tous invités à aller à lui, comme au seul Sauveur qui puisse nous délivrer de la condamnation, changer nos cœurs, et nous donner la vie éternelle. Il nous l'a dit par ces amertumes du péché qu'il nous a fait éprouver; il nous l'a dit par toutes ces expériences qu'il nous a fait faire de l'insuffisance et de la vanité du bonheur du monde; il nous l'a dit par tous les bienfaits temporels et spirituels qu'il a accumulés sur nos têtes coupables; il nous l'a dit par chaque affliction dont il nous a visités dans son amour. Il nous l'a dit surtout par ces tendres invitations de sa miséricorde, contenues dans sa Parole: Venez à moi, vous tous qui étes travaillés et chargés, et je vous soulagerai. Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi2. Il peut toujours sauver ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux 3. Oh! considérez donc, vous tous auxquels l'Evangile a été annoncé, qu'il n'est aucun de vous devant lequel le Seigneur n'ait ouvert la voie de la paix, du vrai bonheur, du salut éternel. Jésus n'a cessé, en quelque sorte, de se tenir à la porte de vos cœurs, et d'y frapper". Oh! Prenez garde à ne pas mépriser Celui qui vous parle des cieux, à ne

(1) Matth. XI. 28. (4) Ap. III. 20.

(2) Jean VI. 37. (3) Hébr. VII. 25. (5) Hebr. XII. 25.

pas endurcir vos cœurs à sa voix. Craignez par dessus tout d'être du nombre de ceux auxquels il dit Vous n'avez pas voulu venir à moi pour avoir la vie. Car celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui 8.

Mais il est temps de considérer la réponse de Lévi à Jésus-Christ: Et lui, nous est-il dit, se levant, quitta tout et le suivit. Son obéissance est prompte, entière, accompagnée du plus complet renoncement. Ni le soin de ses intérêts temporels, ni l'attachement qu'il avoit pour son état, ni l'ignorance de la carrière dans laquelle il étoit invité à entrer, ni l'humiliation du Maître qui l'invitoit à le suivre, ni la crainte des dangers auxquels il alloit être exposé, ne l'arrêtent. Que devons-nous en conclure, mes frères? C'est que le Sauveur accompagna de l'action puissante de son Esprit de vie et de force, l'appel intérieur qu'il adressa au péager. Car la foi qui soumet l'ame aux invitations de l'Evangile, qui rend l'homme capable de les comprendre, de les croire et d'y obéir, nous est toujours représentée dans l'Ecriture Sainte comme un don de Dieu; et assurément il n'étoit pas dans la nature, que Lévi suivit ainsi un Maître inconnu et méprisé du monde, dans une carrière qui, loin d'offrir aucun avantage terrestre, l'appeloit au contraire à tous les genres de sacrifices. Une telle soumission à un tel ordre atteste donc hautement la puissance par laquelle Jésus peut subjuguer le cœur et fléchir la volonté de l'homme. Si, en l'entendant dire à Lévi : suis-moi, nous avons déjà reconnu quelques traits de sa divinité, à plus forte raison en voyant Lévi, docile à cet appel, se lever, tout quitter et le suivre, devons-nous, si nous sommes de bonne foi, reconnoître en Jésus cet Etre qui, selon le lan(8) Jean III. 36.

(6) Hébr. IV. 7. (7) Jean V. 40.

gage énergique de la Bible, tient dans sa main les cœurs des enfants des hommes et les incline à tout ce qu'il veut, comme des ruisseaux d'eau courante. Evidemment une énergie secrète, divine, accompagna l'appel du Sauveur, et donna à cet appel, dans le cœur et dans la conscience de Lévi; la force d'un ordre. En même temps que le commandement de Christ retentissoit à son oreille, ses pensées étoient amenées captives à l'obéissance de Christ; en même temps que la voix de Jésus lui disoit : « suis-moi, >> l'Esprit de Dieu lui donnoit le désir et la force d'obéir. Or quel autre que Dieu peut commander ainsi à ce qu'il y a de plus intime et de plus indépendant dans l'homme, ses pensées et ses affections, et faire de cet être captif par sa nature à la loi du péché, ún être docile comme un agneau à la loi de son Dieu ?

Si je prêchois la Parole de Dieu, surtout à des Ministres de l'Evangile, je me sentirois pressé de leur demander: Christ vous a-t-il adressé cet appel intérieur qu'il adressa à son Apôtre? Est-ce la conviction qu'il vous appeloit au service de son Eglise qui vous a portés à embrasser le Ministère? Et depuis que vous l'avez embrassé, avez-vous suivi JésusChrist, l'avez-vous pris pour guide, pour appui, pour modèle? Est-ce bien sa doctrine que vous prêchez? Est-ce bien de son Esprit que vous êtes animés? Est-ce bien un Ministère semblable au sien, un Ministère de lumière, de charité, de sainteté, que vous exercez?- Ces questions sont assurément dignes de l'attention sérieuse de tout Ministre de l'Evangile. Mais comme elles vous sont plus ou moins étrangères, il me paroît plus utile d'appeler un instant votre attention sur la puissance de Jésus-Christ, sur l'efficace de son Esprit pour nous rendre capables d'obéir à sa voix et de le suivre, chacun dans la position terrestre où nous avons été placés. Celui qui convertit un péager en un Apôtre, peut assu

rément convertir tout pécheur en un disciple fidèle: Celui qui rendit Lévi capable de renoncer à tout pour le suivre, peut assurément nous rendre capables de renoncer, pour l'amour de lui, à nous-mêmes et au monde. Celui qui triompha, par sa grâce, dans le cœur de Lévi, de ses habitudes de péché, peut assurément affranchir tout homme de l'esclavage du mal. C'est cette importante vérité que je voudrois que Dieu me donnât de faire pénétrer dans vos cœurs. Je voudrois convaincre chacun de vous, que l'Esprit de Dieu peut le rendre capable d'obéir à la voix de Christ, mais qu'il n'y a que l'Esprit de Dieu qui puisse opérer cette œuvre. Je voudrois vous faire désespérer de vous-mêmes et vous faire tout espérer de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Je voudrois faire naître, ou faire prospérer dans votre ame, le germe de cette précieuse foi, qui, nous faisant chercher en Christ toute notre force, comme nous devons chercher en lui toute notre justice, nous fait éprouver l'efficace de son Esprit dans nos ames. Je voudrois qu'il me fût donné de convaincre chaque mondain, chaque impur, chaque intempérant, chaque sensuel, chaque médisant, chaque orgueilleux, chaque vindicatif, chaque incrédule, que Christ peut briser les chaînes de péché dans lesquelles il est retenu, lui donner un esprit nouveau et un coeur nouveau, le faire parvenir à cette glorieuse liberté des enfants de Dieu, sans laquelle l'homme demeure esclave du monde et de ses passions. Quand nous commençons à le croire et qu'ayant cherché et trouvé en Christ notre pardon gratuit, nous combattons, non plus par la confiance en nous-mêmes, mais par la confiance en lui, nous sommes en possession du grand secret de la vraie force morale. Par la foi nous demeurons en Christ, et il demeure en nous; nous lisons la Bible avec foi comme la Parole de Dieu, et non la parole des hommes; nous faisons monter au trône

de grâce la prière de la foi; nous luttons contre notre corruption avec foi, et la force de Christ s'accomplit dans notre foiblesse. Heureux celui qui sait, par sa propre expérience, qu'il en est ainsi! Malheureux et coupable celui qui l'ignore encore: l'Evangile est encore pour lui comme s'il n'étoit pas. Le règne de Dieu n'est encore venu à lui qu'en paroles, et non en efficace. Il est encore aussi étranger au salut, que si le salut ne lui avoit jamais été annoncé. (La fin au Numéro prochain.)

CONVERSATION ENTRE DEUX DOMESTIQUES, APRÈS AVOIR assisté au CULTE DE FAMILLE.

ANTOINE.

NTOINE. Certes, si toutes les choses que notre maître vient de recommander dans son explication, sont nécessaires, qui peut donc être sauvé ?

Charles. Que voulez-vous dire par « toutes ces choses? »

A. Oh! il veut que l'on prie si souvent en particulier!... Et n'a-t-il pas dit que celui qui ne prie pas dans son cabinet n'a point de religion dans le cœur? S'il en est ainsi, que deviendront des domestiques comme nous, qui ont tant à faire, et si peu de temps pour prier, principalement pendant ces tristes jours d'hiver?

C. Notre maître a-t-il dit que vous deviez composer des prières ?

A. Non; mais il a tant insisté sur la nécessité de prier en particulier! et il a exigé beaucoup plus qu'il n'est possible à des domestiques de faire. Il y a vraiment là de quoi pousser quelqu'un au désespoir.

C. Au désespoir? Comment cela, je vous prie? A. Mais oui. Je dis mes prières tous les matins,

et

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