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ils poudrent leurs cheveux d'une poussière bleue, ce qui leur donne un aspect tout-à-fait singulier. Ce sont les femmes qui vaquent à tous les travaux de l'agriculture; les hommes prennent soin du bétail, fabriquent les vêtements de peau, ainsi que leurs armes, et s'adonnent à la chasse et à la guerre. Le docteur Philipp, dont les voyages missionnaires dans ces contrées ont si puissamment contribué à les faire connoître, donne les détails suivants sur ce peuple:

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Lorsque nous eûmes passé quelques heures auprès de ces Bochouanas, un de nos compagnons de voyage se mit à leur parler, au moyen de notre interprête. Nous ne pûmes découvrir chez eux aucune notion religieuse, si ce n'est quelques idées confuses et erronnées d'une puissance invisible; mais aucune vue raisonnable d'un Dieu et d'un état à venir. Nous cherchâmes à leur donner quelques notions de la foi chrétienne, ce qui attira puissamment leur attention; ils s'écrioient de temps en temps: « voilà qui est tout nouveau pour nous; » n'avons jamais rien entendu de semblable. » Le Bochouana qui nous servoit d'interprète étoit partout reçu avec beaucoup de considération. Alors l'Evangile n'avoit point encore exercé sur lui son efficace; mais il en reconnoissoit l'importance, et il avoit saisi quelques-unes de ses doctrines, Dans cette occasion, il ne se contenta point de traduire ce que nous disions; il y ajoutoit ses propres réflexions avec tant de force et d'éloquence, qu'il sembloit vraiment sentir ce qu'il disoit. Lorsqu'il leur parla d'un état futur de bonheur ou de malheur, les traits des autres Bochouanas exprimèrent une grande surprise, et ils laissèrent échapper quelques soupirs. Après qu'il eut terminé son discours, un vieillard prit la parole, et dit : « ceux qui ont tué nos enfants et enlevé notre bétail croient-ils toutes ces choses? 4

Le manque de pluie est un des plus grands fléaux de ce pays. Une simple averse, qui humecte la terre, est une chose rare. Les Missionnaires m'ont assuré que depuis 5 aus ils n'ont pas vu de l'eau de pluie ruisseler sur le terrain. Tout le succès des plantations de blé ou de légumes dépend de l'irrigation. Il est rare même de voir quelques vapeurs interrompre l'accablante

(3) Dans la famille d'un homme de cette nation qu'il avoit trouvé parmi les Hottentots, et qui avoit consenti à lui servir de guide et d'interprête.

(4) 11 parloit sans doute d'une horde de montagnards, qui a souvent ravagé les établissements des Bochouanas.

sérénité du ciel, et l'ombre d'un nuage est pour le Bochouana, une image plus vive du bonheur, qu'un soleil brillant ne peut l'être pour l'habitant de la nébuleuse ville de Londres. Le Bochonana ne possède pas d'autre mot dans sa langue, pour exprimer l'idée de bénédiction, que celui qui sert à désigner la pluie. La forme de gouvernement chez ce peuple est une mona chie pure, et la royauté est héréditaire. La puissance du roi est tempérée par celle des chefs secondaires, qui l'abandonnent avec leurs gens, s'ils sont mécontents de son autorité. Elle l'est surtout par les assemblées populaires convoquées pour toutes les décisions importantes, telles que la guerre et la paix, etc. L'assemblée a lieu dans une enceinte circulaire située au milieu de la ville, et entourée de murs; dans le centre est un endroit plus élevé où se place l'orateur. Là règne une entière franchise qui contraste singulièrement avec le despotisme habituel du roi. Tout orateur a le droit de lui reprocher en face ses fautes et ses injustices, et de le rappeler à son devoir; ce droit s'étend jusqu'aux circonstances de famille du monarque, qui ne fait autre chose dans ces occasions qu'ouvrir et fermer l'assemblée par un discours; c'est dans celui de clôture, qu'il se défend contre les attaques des orateurs. Personne n'a le droit de reprendre la parole après le roi; mais au moment où il a terminé son discours, il est aussitôt entouré par une troupe de guerriers qui brandissent leurs lances comme pour défier ses ennemis. Le peuple répond à ce défit par un cri de joie, et le moment d'après on voit le roi et les orateurs qui l'ont le plus violemment attaqué, s'entretenir familièrement ensemble comme si rien ne se fût passé 5.

(5) Maintenant que nous connoissons les trois peuples de l'Afrique du Sud qui entendent la prédication de l'Evangile, il ne sera pas sans intérêt pour nous de retrouver leurs traits dans la planche ci-jointe. La figure représente un Bochouana, d'une tribu un peu différente dans sa mise, de celle que les. Missionnaires viennent de nous décrire. La seconde figure est celle d'un Hottentot-Bocheman, ou Saab, dont la tribu errante et sauvage n'a pu encore être fixée autour d'une chapelle, quelqu'efforts que les Missionuaires aient faits pour cela. (Voyez le No. 34 de 1828, page 534.) Nous avons cependant la joie d'annoncer, que depuis deux ans une nouvelle tentative a été faite, et que Dieu paroît vouloir lui donner un heureux succès. Déjá une centaine de Bochemans habitent auprès des deux Missionnaires, et un plus grand nombre encore assistent fréquemment et avec une attention recueillie au service du Dimanche matin ; ils ont ouvert une école où 20 enfants apprennent déjà à lire,

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Le premier Missionnaire qui ait visité ce peuple, est l'infatigable Mr. Campbell, si connu par ses travaux chrétiens dans le Sud de l'Afrique. Il fit en 1813 une excursion jusque dans la ville de Latakou, capitale de la tribu des Matchapis, et après beaucoup de difficultés suscitées par leur roi Matibé, et levées par les explications du Missionnaire, le roi lui donna pour réponse définitive: « envoie des hommes pour nous instruire, et je leur tiendrai lieu de père.

En

couragés par ces paroles, 4 Missionnaires partirent, en 1815, de Griquatown, la station la plus rapprochée, pour se rendre à Latakou. Matibé et ses gens les prenant d'abord pour des marchands qui venoient faire le trafic d'échange, les reçurent à bras ouverts; mais lorsqu'on vit que le but principal des Missionnaires étoit d'instruire le peuple, rien ne put leur concilier la faveur du roi, qui finit par leur répondre: << Ce que le peuple dit, je le dis aussi : vous ne devez » pas résider parmi nous. Si vous voulez vous établir » sur les bords de la Kourmana, pour trafiquer avec >> nous, ce sera bien; mais il ne faut pas que vous >> instruisiez le peuple. » Il vouloit ainsi éviter de la part de ses gens les reproches que sa réponse à Mr. Campbell lui avoit attirés. Aussi invita-t-il le peuple à confirmer ses paroles. Tous s'écrièrent : « Il ne faut » pas que les Missionnaires viennent parmi nous ! Et le roi ajouta : « Je dis comme le peuple. Il fallut donc retourner sur ses pas. Une seconde tentative ne réussit pas mieux. Mais la charité chrétienne ne se lasse pas si vite. Mr. Read voulut, en 1817, essayer un troisième voyage. Le roi le reçut froidement, mais les bonnes paroles du Missionnaire

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et qui en recevroit un plus grand nombre, si les colons ne s'étoient pas emparés de presque tous les enfants de ces Bocheinaus!..... Les 2 figures qui sont au-dessous représentent un chef et une jeune femme Caffres. (Voyez le No, 5 de 1830, page 66).

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