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et par erreur, il ne feroit que ce que vous faites à son égard. S'il ne doit pas le faire, pourquoi le faites-vous vous-mêmes ? et si vous pouvez le faire, pourquoi ne le feroit-il pas ? Le tort est réciproque; et vous avez, et lui et vous, à rentrer daas les bornes de l'équité.

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Cependant, je l'avoue, ce n'est pas tout que de confesser ee nom de Jésus et de l'invoquer. Tous ceux qui lui disent: Seigneur, Seigneur, n'entreront pas dans le royaume des cieux. Il faut encore, au nom de Jésus, chasser les démons, c'est-à-dire se sanctifier. Et c'est ce que fait précisément, sous le bon vouloir du Saint-Esprit, cet homme que vous condamnez. Je veux croire qu'il est encore bien en arrière, mais il marche; je veux croire que vous l'avez beaucoup devancé, mais il yous suit; je veux croire que vous avez trouvé des moyens d'édification qu'il ignore; j'admets que, s'il étoit plus éclairé, il profiteroit des ressources que vous avez trouvées, et qu'il se joindroit à vous. Néanmoins, il a compris (et c'est l'essentiel) que quiconque dit qu'il est de Christ doit vivre comme Christ a vécu ; que le sacrifice du vieil homme et de ses convoitises est le seul hommage digne d'être offert au Sauveur; qu'il faut chasser en son nom tous ces démons de l'orgueil, de la sensualité, de l'égoïsme, de la propre justice, qui infestent avec acharnement le cœur de l'homme; qu'il faut combattre contre eux par la vigilance et la prière; et que, si nous ne renaissons de nouveau avec Christ, nous ne saurions voir le royaume des cieux. Je vous le dis Dieu seul peut demander davantage; et néanmoins je crois qu'il abaisse un regard de bienveillance et de paix sur ce serviteur qui a été fidèle en peu de choses, mais eufin qui a été fidèle. Est-ce à vous qu'il appartient de le condamner?

« Que de fois n'ai-je pas vu portant le faix du jour et pliant sous la croix de son Sauveur, un homme à qui l'intolérance accordoit à peine le titre de Chrétien? Aux prises avec d'anciennes foiblesses, si dures à déraciner, courbé sous les habitudes d'une longue vie, il conservoit encore l'empreinte visible de ses fers, et des coutumes, des usages invétérés trahissoient en lui le vieil homme. Toutefois il avoit entendu l'appel de la grâce, et selon la mesure de force qui lui avoit été donnée, il cheminoit hors de cette vallée de l'ombre de la mort par un pénible sentier, trempé de sa sueur et de ses larmes. Il confessoit Jésus avec candeur; mais dans le sentiment d'une misère à peine guérie, il ne se comptoit qu'avec timidité parmi ces brebis que Jésus connoît, que Jésus aime, et que sa houlette guide aux pâturages de la vie. Et j'ai vu des hommes s'autoriser de l'intolérance de ses discours, d'un reste de ses anciennes habitudes, de la foiblesse de son caractère, pour lui refuser un titre qu'ils

s'accordoient à eux-mêmes, et lui disputer sa part dans leurs communes espérances! Et ces hommes se disoient Chrétiens ! Et ils l'étoient eu effet; mais un reste, aussi, du vieil homme leur persuadoit que, pour suivre Jésus, il falloit le suivre avec eux, rechercher leur commerce, goûter leurs entretiens adopter leurs pratiques. Et je me suis consolé en me rappelant qu'autrefois ils étoient plus exclusifs encore, que le Christia→ nisme avoit déjà dompté en partie leur intolérance native, et en pensant qu'à mesure qu'ils auroient mieux goûté le don de Dieu, ils revêtiroient aussi davantage ces entrailles de charité, de miséricorde et de douceur qui conviennent aux élus de Dieu ses saints et ses bien-aimés, car la tolérance, je l'ai déjà dit, est toujours en proportion de la sainteté. »

1.

LE CONTENTEMENT.

TRADUCTION D'UN HYMNE d'Olney.

J'ai appris à être content de l'état où je me
PHILIPP. IV. . 11.

trouve.

Les passions agitent l'ame, comme les tempê

tes agitent la mer; mais, Seigneur, quand nous tournons nos regards vers toi, nous sentons renaître le calme et la paix.

2. En vain la raison et la loi voudroient soumettre notre volonté, car nul ne peut trouver la sagesse hors de l'école du Sauveur.

3. Depuis qu'assis à ses pieds, j'écoute sa voix pleine de grâce, content de mon sort, je me décharge sur lui de mon fardeau.

4. N'es-tu pas pécheur? » (m'a-t-il dit.) « Comment donc pourrois-tu te plaindre? Combien sont légères tes peines terrestres auprès d'éternelles souffrances!

5. << Si tu veux être guéri de tes murmures, compare tes douleurs aux miennes; pense à ce que j'ai souffert pour toi et tu ne te plaindras plus.

6. « C'est moi qui dispose de chacun de tes jours et je fais bien toutes choses; dans peu tu quitteras

cette vallée de misères et tu te relèveras pour vivre toujours avec moi.

7. « Pendant la vie ma grâce te donnera des forces proportionnées au combat de chaque jour; et dans le moment de ta mort tu me trouveras près de toi, pour essuyer tes larmes.

>>

8. C'est ainsi qu'après bien des jours passés en vains murmures, instruit à l'école de grâce de mon Sauveur, j'appris à être content de l'état où je me trouve.

PASSAGE DE LA BIBLE.

Psaume CXIX. v. 105. Ta Parole sert de lampe à mon pied, et de lumière à mon sentier.

Méditation de Martin Luther 2.

La raison humaine est aussi une lumière, et à la vérité bien excellente. Cependant elle ne peut trouver, ni montrer, le chemin qui mène l'homme du péché à la justice, et de la mort à la vie; car à cet égard, elle est toute pleine de ténèbres. Comme donc nos chandelles n'illuminent point le ciel, non pas même la terre, mais seulement quelque coin de nos maisons; ainsi est - ce de la lumière de la raison, au prix de ce grand soleil de la Parole de Dieu, qui fournit une grande lumière à l'homme, et dans laquelle nous nous égayons, comme le soleil récrée par sa splendeur la face de la terre.

Or bienheureux est l'homme qui prend plaisir à cette lumière. Si quelqu'un renonçoit volontairement à la clarté du soleil, qu'est-ce qu'on en diroit? Que dirons-nous donc de ceux qui ferment les yeux à la lumière de la Parole divine? Ils ressemblent aux taupes aveugles, qui sont toujours couvertes de terre. Ainsi, celui qui cherche une

(2) Voyez sur ce grand réformateur de l'Allemagne, Feuille. Religieuse de 1826, page 162.

autre lumière que la Loi de Dieu, va errant dans les ténébres, et ne trouve que des fantômes, au lieu de trouver la vérité; comine sont les inventions humaines, (en fait de religion), lesquelles doivent être tenues pour ténèbres, non point pour lumière. Nous voyons que quaud St. Pierre, au premier Chapitre de sa seconde, Epitre, parle des écrits des Prophètes, il les compare à une lumière qui éclaire en un lien ténébreux; par lequel lieu il entend le monde. Les sciences humaines sont de grands dons de Dieu, utiles pour la conduite de cette vie; mais ces dons ne sont pas appelés lumière, étant donnés souvent aux méchants et aux hommes profanes. Mais à bon droit la Parole de Dieu seule est appelée lumière, parce qu'elle seule nous fait vraiment connoître ce que c'est du péché, de la vraie justice, de la vie et de la connoissance du vrai Dieu. Il ne se trouve au monde que ce seul Livre de la Loi de Dieu, qui nous enseigne ces choses. Même tout ce que nous entreprenons n'est que vanité, si nos affections ne sont pas réglées par cette Parole; et la source des confusions (ou des troubles) qui sont dans le monde, vient de ce que la lumière est présentée aux hommes, mais qu'ils ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Ils pensent voir bien clair, et ils ne voient goutte. Voulons-nous donc voir les choses bien réformées? Voulons-nous cheminer sûrement en ce monde? Voulons-nons ne point voir les ténèbres de dehors et éternelles? Ayons la Parole de Dieu dans nos cœurs, et laissons-nous conduire par elle. Ce n'est pas une science obscure et embrouillée; comme les ignorants ont pensé que c'étoit une chose dangereuse au simple peuple de lire l'Ecriture. C'est une lumière telle que celui qui chemine d'après elle, en aura son cœur éclairé et résolu contre beaucoup de difficultés et d'appréhensions, qu'ont ceux qui sont dans les ténèbres et dans l'ignorance.

IMPRIMERIE DES FRERES BLANCHARD, A LAUSANNE.

No. 5. 1831.

DU 30 JANVIER.

FEUILLE RELIGIEUSE

DU

CANTON DE VAUD.

Que toutes choses se fassent pour l'édification..... afin que suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses en celui qui est le Chef, Jésus-Christ. 1. COR. XIV. . 26. EPH. IV. . 15.

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MISSIONS ÉVANGÉLIQUES.

Nous ne saurions mieux commencer cette qua

trième revue des stations missionnaires répandues sur la surface du globe, qu'en présentant à nos lecteurs quelques réflexions tirées de l'un des derniers rapports publiés par la grande Société de Mission de l'Amérique. Elles nous paroissent plus propres que bien des discours éloquents, à donner une juste idée de l'œuvre qui nous occupe, et à exciter en sa faveur le zèle des Chrétiens:

Les efforts qui ont été faits, depuis 30 ans, pour porter P'Evangile aux contrées ténébreuses de la terre, ont laissé dans tous les esprits réfléchis, la conviction la plus profonde des faits suivants: L'état des nations païennes est, au fond, le même de nos jours, qu'aux jours des apôtres ; - Dans plusieurs contrées dites chrétiennes, les inventions humaines, et les superstitions accumulées des siècles d'ignorance, ont entièrement éclipsé la lumière de la révélation, et réduit des millions d'ames à un état tout semblable à celui des Païens ; Si nous additionnons le nombre des idolâtres, des Mahometans, et des hommes superstitieux ou ignorants, qui peuplent tant de pays appelés chrétiens, nous devons reconnoître, que les neuf dixièmes de la race humaine, sont privés des moyens extérieurs d'arriver à une vraie connoissance de Dieu et de ses voies, de leur état de péché, et de l'unique chemin du salut ; — L'Evangile renferme

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