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des îles, et Dieu dissipa en peu en peu de temps cet orage. Ecoutons les réflexions que ces épreuves leur suggéroient :

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Nous espérons (écrivoient-ils) qu'elles auront pour effet de fortifier notre foi, de purifier nos cœurs, et de nous rendre des missionnaires plus humbles, plus vigilants, plus fermes et de meilleurs serviteurs de Celui qui a souffert pour nous et pour qui nous ne sommes pas dignes de souffrir. Elles ont de plus été accompagnées de grandes jouissances, et ont eu le salutaire effet de nous faire discerner ceux d'entre les insulaires qui n'ont pas encore reçu la semence dans une bonne terre. Ce dont nous sommes assurés, c'est que le fondement de Dieu demeure ferme, ayant ce sceau : le Seigneur connoît ceux qui sont

siens.

C'est à l'occasion de ces désordres affligeans, et sans cesse renouvelés, qu'eut lieu, au mois de Décembre 1827, une scène remarquable qui ne peut qu'avoir laissé quelques impressions salutaires. Le. jeune Roi, entouré d'un grand nombre de chefs et d'une multitude immense de peuple, se rendit à Honoruru, sur le rivage de la mer, à l'ombre des palmiers, et là, après le chant d'un cantique et une prière, appelant à une sérieuse attention les chefs et le peuple, il fit proclamer solennellement des ordonnances touchant le meurtre, le vol, l'adultère, les jeux, l'observation du Dimanche, la vente des boissons spiritueuses, etc. Il choisit pour cela le moment où des matelots étrangers, en grand nombre, se trouvoient au port. Ceux-ci accoururent pour être témoins de ce qui se passoit, et purent entendre leur condamnation sortir de plusieurs milliers de bouches. Les ordonnances furent aussitôt imprimées et répandues. Le soir de ce jour les chefs

furent réunis dans la maison des missionnaires.

Transportez-vous quelques moments au milieu de cette rénnion (écrivoit Mr. Bingham); représentez-vous 21 chefs des îles Sandwich, entourant les 9 missionnaires que vous leur avez envoyés et s'entretenant avec eux du règne de Christ; com

(1) 2 Tim. II. 19.

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parez leur état précédent avec leur état et leurs espérances actuelles. Les vices du paganisme, la passion de la guerre ont cessé les cris sauvages sont remplacés par.la douce harmonie des chants de Sion. Ecoutez leurs discours : ce sont de vives expressions de reconnoissance envers Dieu pour les magnifiques grâces qu'ils ont reçues; ce sont les regrets des vieux guerriers, attristés de ce que leurs pères et leurs compagnons tués dans les combats ou enlevés par la main du temps, n'ont pu être témoins des bienfaits de l'Evangile. Quittez avec eux la cabane des missionnaires et suivez ces hôtes chéris allant offrir en silence, dans leurs familles, le sacrifice du soir, puis célébrant dans la maison de Dieu les services du jour du Seigneur, avec plus de 3000 de leurs sujets. Voyez cette assemblée vêtue avec décence, pourvue de livres religieux, écoutant avec avidité; et réjouissez-vous avec les anges des impressions que la Parole de Dieu fait sur leur cœur. Ce Dimanche étoit le jour solennel où nous devions célébrer la Cène et admettre à la communion des fidèles, par le baptême, un certain nombre d'indigènes. Après le service du matin, l'assemblée remplit de nouveau la maison de Dieu pour le service du soir, et les communians prirent leurs places autour de la table du Seigneur. Alors s'avança Kekauluohi, et sur le témoignage qui fut rendu d'elle, de vouloir se consacrer à Dieu et obéir à l'Evangile de Christ, elle fut admise au nombre de ceux qui se préparent au baptême. Six autres s'avancèrent après elle, jugés prêts à recevoir le baptême. Dans le nombre étoit un vieux guerrier, blanchi dans toutes les horreurs du paganisme et bien connu dans les guerres des derniers rois, et qui maintenant s'approchoit avec respect de l'eau du baptême, pour rendre hommage à Christ le Roi des rois. Il demanda lui-même de porter le nom de Lazare. Non moins touchante étoit sa douce et pieuse épouse Anne Waiakea, qui, rétablie d'une maladie dangereuse, se sentoit pressée de se donner tout entière à Dieu. Les quatre autres étoient des insulaires qui avoient gardé fidèlement la foi au Seigneur Jésus dans des jours de sévères tribulations..... Nous nous sentons pressés de célébrer la miséricorde infinie que Dieu a montrée jusqu'à cette heure, soit à nous, soit aux habitants de cette île.

La Société Américaine des Missions avoit reçu, en 1827, des nouvelles si encourageantes des îles Sandwich, qu'un nouveau renfort de 20 personnes y fut envoyé. Le vaisseau qui les portoit, chargé en outre d'une foule de dons de la charité des Eglises américaines, aborda le 30 Mars 1828 dans le port

d'Honoruru. Six grandes paroisses de 12000 ames; 26000 écoliers et 440 maîtres, tous insulaires, dont l'instruction demandoit d'être perfectionnée, tel étoit déjà alors le champ de leurs travaux. En outre, plus de cent mille insulaires, qui avoient volontairement abjuré l'ancien culte idolâtre, attendoient l'instruction chrétienne. Et la petite troupe des ouvriers qui jusqu'alors avoit supporté tout le fardeau de ces beaux travaux, étoient près d'y succomber, n'ayant pas assez de chaque minute de leur temps et de chaque portion de leurs forces pour suffire à l'instruction des adultes, à la direction des aides nationaux, à la surveillance des écoles, à la traduction des Saintes Ecritures, à la composition des livres élémentaires et à la foule des personnes qui venoient à toute heure questionner leurs guides spirituels. A cette même époque un réveil religieux se manifestoit au milieu des deux Eglises de Kairua et de Kovaroa, ainsi que dans l'équipage d'un vaisseau stationné dans ces mers, et rendoit l'arrivée de nouveaux secours particulièrement désirable.

Un des faits qui nous montreront le mieux l'activité de ces serviteurs de Christ en même temps que les succès qu'il est permis d'espérer pour l'œu vre sainte qu'ils poursuivent, c'est le grand nombre de livres religieux qu'ils ont eux-mêmes imprimés et répandus dans les îles Sandwich. Un imprimeur et une presse avoient accompagné les premiers missionnaires ; aussitôt qu'une connoissance suffisante du langage des insulaires permit de mettre la main à l'œuvre, on commença à traduire les Ecritures, à composer des ouvrages élémentaires pour les écoles, et à multiplier ces premiers essais par le moyen de l'impression. Au mois de Janvier 1827, 150 mille volumes d'ouvrages élémentaires pour les écoles et pour le service divin avoient déjà paru. Dès-lors, l'impression de diverses portions de la Bible com

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mença; et au 20 Mars 1831, toutes les publications sorties des presses missionnaires, en langage Sandwich, formoient 387 mille exemplaires, comprenant 10 millions 287 mille pages. Dans l'île de Maui et dans quatre petites îles du voisinage, on comptoit, en 1828, 228 écoles et 12,956 élèves sur une population de trente-sept mille ames; mais, dès-lors, le nombre de ceux qui fréquentent les écoles a dépassé dix-huit mille et comprend par conséquent la moitié de la population. Aussi voit-on les pères, les mères de famille et jusqu'aux vieillards venir s'y mêler avec les petits enfants. - Et pour ajouter aux actions de grâces dont ces faits doivent remplir les cœurs chrétiens, n'oublions pas de rappeler que l'une des quatre îles dont nous parlons, Morokaï, n'a eu d'autres évangélistes que des prédicateurs indigènes. Cependant MM. Andrews et Green qui l'ont visitée, y ont trouvé plus de mille écoliers qui, presque tous, savent lire. L'influence de l'Evangile se fait sentir dans l'île tout entière, qui nous présente le phénomène étonnant d'une contrée païenne sortant des ténèbres de l'idolâtrie par le ministère d'hommes qui, il y a huit ans, étoient eux-mêmes de grossiers païens. Ajoutez que dans l'ensemble des 6 stations missionnaires des îles Sandwich, où, en 1828, se trouvoient 26 mille écoliers sous les soins de 400 aides-nationaux, on a compté, en 1831, 46 mille écoliers et goo maîtres.

Outre les services publics qui sont nombreux et auxquels, dans la plupart des stations, assistent régulièrement plusieurs mille personnes, les missionnaires favorisent de tout leur pouvoir des réunions particulières composées uniquement de personnes d'un même sexe, qui font profession de s'occuper du salut de leurs ames. Toute personne d'une conduite immorale en est exclue. MM. Richards et Green écrivent de Lahaina, île de Maui, le 2 Octobre 1830:

Le nombre des femmes de cette station, qui y prennent part, est de plus de 1000. Elles sont divisées en classes de 40 personnes chacune, dirigées par des aides nationaux, membres de l'Eglise, et s'assemblent le vendredi sous la surveillance des femmes des Missionnaires. Les hommes, en nombre à-peu-près aussi grand, ont leurs réunions le mardi soir. Quand nous portons nos regards sur le passé, et que nous comparons l'état actuel de la masse du peuple avec ce qu'elle étoit il y a sept aus, nous laissons tomber nos plumes, incapables que nous sommes de décrire ce que nous éprouvons, et nous voudrions que notre foible voix pût parvenir à tous les cœurs incrédules de ce monde pour leur dire, non ce que nous espérons que le Seigneur fera, mais ce qu'il a déjà fait.... Nous pouvons affirmer que des multitudes de personnes, lorsque nous voyageons dans l'intérieur de l'île, quittent leurs demeures le samedi matin, marchent toute la journée à l'ardeur d'un soleil brûlant, prennent le soir un chétif repas, et un repas plus chétif encore le Dimanche matin, puis entrent dans la maison de prière, écoutent d'une oreille attentive, et souvent avec larmes, la Parole de vérité; enfin, quand le jour du Seigneur est passé, retournent sous leur toit avec un foible reste de nourriture, s'estimant heureuses de ce que la Parole de Dieu s'est autant approchée d'eux.

PASSAGE DE LA BIBLE.

EZECH. XXXVI. . 26.

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Je vous donnerai un nouveau cœur, et je mettrai en vous un esprit nouveau.

Kaahumanu, une des personnes les plus considérables dans la nation après le roi par son autorité et son influence, étoit précédemment aussi éloigné que possible de tout ce qui est bon; son caractère dominant étoit l'orgueil, l'égoïsme et l'esprit de domination. Maintenant elle est une humble servante de Jésus. Elle aime à être assise aux pieds du Sauveur et célébrer son amour. Jadis elle avoit la férocité d'un lion; maintenant elle est douce comme une colombe. Tous ceux qui la voient l'appellent d'un commun accord la nouvelle Kaahumanu. Elle emploie une grande partie de son temps à aller de côté et d'autre fortifier ceux qui sont entrés dans la bonne voie. Et quant à ceux qui n'y sont pas encore, elle les supplie de se couvertir sans délai, et de chercher cette paix et cette joie qu'elle n'a trouvées elle-même qu'en Christ, et que le monde ne pourra jamais lui ôter.

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