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et tous les yeux remplis de larmes de joie, en contemplant ce triomphe de la Grâce.

Le Dr. Palmer, dans une lettre toute récente, datée de Fairfield, chez les Chiroquois de l'Arcansas, communique les détails suivants :

Nous avons tout lieu d'espérer que Dieu a commencé à opérer un réveil parmi nous. Nous nous réjouissons à la vue des espérances qui s'ouvrent devant nous, mais nous nous réjouissons avec crainte et tremblement, de peur que l'influence du St. Esprit ne vienne à se retirer, et qu'un petit nombre seule ment ne soient sauvés. L'avant-dernier dimanche, deux femmes indiennes furent admises au nombre des membres de l'Eglise de cet endroit; et trois Chiroquois de familles considérées furent présentés comme candidats, et trois ou quatre autres donnent des preuves de leur régénération. Nombre d'autres ont, nous l'espérons, une inquiétude sérieuse sur l'état de leurs ames. Nos réunions publiques sont nombreuses, sérieuses et solennelles, et chaque parole de la vérité divine semble pénétrer le cœur et la conscience. Si je ne me trompe, le premier exemple de réveil eut lieu à notre première assemblée de la société de tempérance. C'étoit un Chiroquois, jouissant de la plus haute considération, nommé dernièrement l'un des juges de ce district, et allié à la famille de David et de Catherine Brown. Lorsqu'à la formation de la société de tempérance il s'avança pour en siguer les réglements, il dit : « Vous connoissez tous ma foiblesse et ines » habitudes. Je renonce maintenant à ces habitudes. Je désire » que vous tous vous m'accordiez votre secours. J'espère que » désormais vous ne me verrez jamais étendu par terre dans l'ivresse.» Comme il prononçoit ces paroles, l'expression de son visage devint solennelle, et il s'avança d'un pas tremblant pour mettre la main à la plume; mais quoique habile à écrire dans la langue des Chiroquois, il dut laisser un autre écrire son nom à sa place. - Il déclare que ce fait, de renoncer publiquement à ce seul péché, fit sentir fortement à son ame la nécessité de renoncer à tous ses péchés, et ses combats ont duré jusqu'il y a peu de semaines. Il espère que Dieu lui a donné d'obéir à ses convictions, et de sacrifier de bon cœur et sans réserve toutes ses habitudes coupables. Je crois fortement que Dieu destine cet homme à être un prédicateur de la justice parmi ses compatriotes.

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PASSAGE DE LA BIBLE.

ZACH. III. . 2. Nest-ce pas ici un tison retiré du feu ?

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Le Miss. Butler raconte en date de Haweis, 28 Mars 1831: «Le premier service que nous avons célébré dans notre nouvelle chapelle a été marqué par le baptême de deux Chiroquois. L'un est Big-Cabin, âgé de 80 ans, et renommé naguère dans la tribu par son excessive perversité. Parler d'intempérance, de dissolution, de rebellion, de violence, c'est donner encore une foible idée de son caractère et de sa vie. Il étoit chef, mais il s'est fait casser pour avoir engagé un Chiroquois à faire un faux serment. Il étoit si ennemi de l'Evangile qu'il nous regardoit comme une espèce d'hommes avec qui il n'eût pas même voula parler. Sa maison étoit le rendez-vous des ivrognes, le théâtre des querelles, et le lieu où se trâmoient et s'exécutoient les œuvres d'iniquité.

« Je ne connois pas le moyen particulier dont Dieu s'est servi pour amener ce misérable à la repentance et à la foi. Depuis long-temps je cherchois une occasion de lui parler de son ame, lorsqu'il me la fournit lui-même, dans une maladie, en me faisant appeler. Une légère opération chirurgicale que je lui fis, le soulagea beaucoup et le disposa encore mieux en ma faveur. Quand je vins au sujet important de son salut, il m'écouta avec intérêt, et se montra sérieusement occupé de son sort éternel. Cependant il reprit ensuite son mauvais train et son inimitié contre moi. L'été dernier (1830) il commença à fréquenter les assemblées religieuses; et dans les conversations que j'eus avec lui, je ne pus découvrir d'autre motif pour cela, si ce n'est « qu'il etoit un vieux pécheur et qu'il n'avoit plus que quelques « jours à vivre. » Dès-lors sa conduite a complètement changé; il a recherché l'instruction religieuse, et présente maintenant toutes les marques d'un vrai converti.

« Jugez de ce que je dus éprouver lorsque je vis ce terrible adversaire, veuir à moi avec la simplicité d'un enfant, et demander d'être enseigné dans la vérité. Jugez de ce que j'éprouve encore toutes les fois que j'assiste à une réunion de prières dans cette même maison dont les murs si long-temps témoins des plus grandes iniquités, reçoivent maintenant la foule des enfants de Dieu, et retentisssent de ses louanges!

N'est-ce pas là un tison retiré du feu ?

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IMPRIMERIE DES FRÈRES BLANCHARD

A LAUSANNE.

No. 34. 1831.

DU 11 DÉCEMBRE.

FEUILLE RELIGIEUSE

DU

CANTON DE VAUD.

Que toutes choses se fassent pour l'édification..... afin que suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses en celui qui est le Chef, Jésus-Christ 1. COR. XIV. V. 26. - EPH. IV. . 15.

LE TALENT BIEN EMPLOYÉ.

Le père de Ruth Clark avoit reçu une assez bonne

éducation et possédoit quelque bien dans le comté de York, en Angleterre. La famille de sa mère jouissoit aussi de quelque considération, et ils avoient des amis assez bien partagés de la fortune; mais semblable à beaucoup de gens qui, au lieu de chercher à gagner leur vie en s'acquittant avec exactitude des travaux de leur vocation, se livrent avec avidité à toutes sortes de spéculations, Mr. Clark dissipa son bien en poursuivant divers projets qui échouèrent tous; il lassa ainsi la patience de ses amis qui finirent par refuser de venir à son secours; et il fut enfin réduit, pour vivre, à conduire, à ses frais, un fourgon de Londres à Leeds. Malheureusement le fourgon versa un jour près de Biggleswade, parce que les eaux extraordinairement hautes couvroient les routes: sa charge consistoit en drap de grand prix qui fut entièrement perdu; et les manufacturiers à qui il appartenoit intentèrent à Mr. Clark un procès en dommages. Ce pauvre homme s'enfuit de peur d'être mis en prison, et on n'entendit plus parler de lui. Sa femme, qui déjà depuis plusieurs années étoit tour

mentée d'inquiétudes, resta seule avec neuf enfants et tout près de mettre au monde son dixième, sans autre ressource que la charité de ses voisins. Ses épreuves l'affectèrent vivement, et comme elle ne connoissoit malheureusement pas les consolations de l'Evangile de Christ, elle tomba dans une tristesse profonde; elle fut alitée pendant un an depuis ses couches, et après avoir langui encore quelques années, elle mourut dévorée de chagrin.

Ruth, la seconde de ses filles, avoit près de neuf ans quand elle perdit son père; sa sœur aînée se plaça comme servante, et Ruth commença dès-lors à tenir lieu de mère à ses frères et sœurs. Elle étoit remarquable par son jugement qui étoit fort au-dessus de son âge.

Près de la maison de Ruth, étoit celle des parents de deux hommes qui, par la suite, se distinguèrent dans l'Eglise. Ruth avoit été dans son enfance la compagne de jeux de Joseph' et d'Isaac Milner. Ils s'élevèrent par degrés et finirent par devenir Ministres ; l'un s'établit à Hull, où son ministère fut béni de Dieu et honoré par les hommes; l'autre, Joseph, devint professeur dans l'université de Cambridge, et doyen de Carlisle; tous les deux se distinguèrent par des écrits savants et pieux. Quant à Ruth Clark, elle fut réduite à être servante. - Telle fut la différence entre le sort de ces jeunes amis d'enfance. Au jugement des hommes, combien la situation des premiers étoit préférable à celle de l'autre ! Mais le Seigneur ne juge pas comme l'homme juge; car l'homme a égard à ce qui paroit à ses yeux; mais l'Eternel a égard au cœur, et nous n'hésitons pas à affirmer qu'à ses yeux la vie de Ruth Clark fut aussi honorable

(1) Joseph Milner est l'auteur de l'Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ, dont la traduction française a été annoncée dans ces Feuilles. Voyez année 1830, page 380.

que celle des deux Milner. Les mêmes principes de foi et d'amour, les mêmes dispositions chrétiennes se manifestèrent chez les deux Milner dans un rang élevé; tandis que chez Ruth Clark ils se manifestèrent au milieu de la pauvreté et de la bassesse. Que personne donc ne regarde l'humble histoire de cette servante comme indigne de son attention, car elle montre la puissance de la grâce divine et l'excellence du christianisme vivant.

Immédiatement après la mort de Mr. Clark, Ruth chercha à gagner quelque chose en filant; elle travailloit toute la semaine sans relâche, afin de porter le samedi, une aussi grande quantité d'ouvrage que que possible à la personne qui l'employoit. L'argent qu'elle recevoit étoit aussitôt dépensé en blé qu'elle portoit elle-même au moulin et dont elle rapportoit la farine, pour la consommation de la semaine. Dès l'âge de dix ans, elle savoit faire le pain.

Après une année ou deux, on crut qu'elle feroit mieux de se placer comme servante; elle entra donc chez un cabaretier. Mais comme elle avoit beaucoup de modestie même dès son enfance, elle ne put rester dans une place de ce genre et la quitta au bout de deux mois; elle reçut en partant d'excellents témoignages de conduite. Elle eut ensuite pour maîtresse une femme dont les leçons firent de Ruth une excellente cuisinière. Comme elle n'avoit pas encore senti le pouvoir de l'Evangile, l'activité de son esprit se portoit sur des choses frivoles. La maison où elle demeuroit étoit située dans une petite allée qui aboutissoit à une des rues de Leeds. Il étoit d'usage de laver presque toutes les maisons le même jour de la semaine, ce qui excitoit une grande émulation parmi les domestiques: c'étoit à qui se seroit levé de meilleure heure, et auroit fini son ouvrage le plus tôt. Ruth mettoit tant d'ardeur à l'emporter sur ses compagnes, que souvent elle se couchoit tout habillée

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