Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

>>

.....

que leur terme approche. On la comprenoit à peine; mais j'ai pu entendre sortir de sa bouche de bien précieuses déclarations telles que celles-ci : « j'étois perdue, mais le Seigneur m'a fait miséricorde; j'aurois mérité d'être à jamais condamnée, mais » le Sauveur m'a délivrée. »..... J'ai lu le Ps. CXVIII. A ces paroles je ne mourrai point, mais je vivrai, je l'ai entendue répéter avec autant de force que lui en laissoit son état d'affoiblissement corporel: « je ne » mourrai point, mais je vivrai ! » - Après cette lecture, elle est tombée dans une espèce de profond évanouissement. Nous avons cru que c'étoit sa dernière heure ; et pendant quelques instants, nous ne savions pas trop si elle n'étoit pas déjà morte. Cependant, elle est peu à peu revenue à elle-même.- Je lui ai lu, sur sa demande, le Ps. CIII, à l'ouïe duquel se sont répétés les mêmes témoignages d'humilité, de confiance, de reconnoissance, de joie. Nous nous sommes fait des adieux, qui pouvoient sembler devoir être les derniers. Entendant gémir et pleurer autour d'elle: «< tous ces pleurs me font de la peine, m'a-t-elle dit, « on pleure tandis que je suis sur le point d'être délivrée de ce corps de péché: pourquoi ne pas plutôt se réjouir? »

»

[ocr errors]

»

« Le 1er. Février. Quand je suis arrivé à M***, il y avoit plusieurs personnes dans la maison. Cette chère Imberte abattue par la souffrance, entre la vie et la mort, mais pleinement fortifiée par le Seigneur, étoit dans la paix et dans la joie où je l'avois laissée à ma dernière visite. Le Seigneur est avec elle, il la soutient, il lui donne sa grâce. Je voudrois pouvoir me rappeler textuellement toutes ses paroles. Il y a dans ce qu'elle dit une fermeté, une assurance de foi dont je me reconnois encore bien loin. J'ai parlé de la reconnoissance que nous devions éprouver envers le Seigneur, pour le spectacle réjouissant qu'il a mis devant nos yeux, lui

qui, afin de fortifier notre foi, montre la puissance de son amour et de sa grâce, en soutenant au milieu de ces combats et à l'approche de la mort, une pauvre fille, foible, pécheresse. « Ah! vous >> pouvez bien dire que je le suis!» s'est-elle écriée; et elle a confessé toute sa misère, la justice de la condamnation qu'elle a méritée, puis elle a rendu témoignage à la libre et pure grâce de Dieu. Elle m'a dit d'engager les personnes présentes à prier pour elle; mais elle demande à ses amis, à ses parents, de ne pas s'affliger sur son compte ; « c'est pleurer son bonheur; elle va au ciel; le Seigneur l'a rachetée, l'a sanctifiée, son nom est écrit au livre de vie. » Elle a prié qu'on lui chantât quelques versets de cantique pourvu que ce fût sans trop élever la voix. Elle a indiqué d'abord ce verset: « Je suis à Christ, oui, j'ai la vie, j'ai mon salut dans le Dieu Fort, etc. »> Quand B****, radoucissant autant que possible sa voix sonore, a eu chanté ces paroles, Imberte a prié qu'on chantât encore, et a désigné ce cantique: « Si l'on me demandoit quelle est mon espé»rance, etc. » Quelques voix se sont unies à celle de notre frère qui avoit d'abord chanté seul. On s'arrêtoit à la fin de chaque verset, mais elle a voulu que l'on continuât et qu'on finit le cantique: « cela » ne me fatigue point, » disoit-elle, «< cela fait du

>> bien à mon ame. »

« Le 4 Février. Quand je suis entré pour voir Imberte, la réponse qu'elle a faite à une question sur son état, c'est qu'elle étoit sur le sein et dans les bras du Seigneur. Sa physionomie portoit l'empreinte d'une douce joie. Je lui ai lu et expliqué simplement quelques passages des Psaumes et d'Esaïe. Souvent elle m'interrompoit pour prononcer des paroles pleines d'édification. On se feroit difficilement une idée du trésor de joie, de paix, d'humilité chrétienne qui remplit son cœur ; c'est

un ruisseau qui coule à pleins bords. — Je vous ai dit qu'elle m'avoit chargé de vous écrire; mais j'étois embarrassé pour le faire, et je craignois de mettre presque toujours mes paroles à la place de celles qu'elle avoit pu me dire. Pour me débarrasser de mes scrupules, la trouvant beaucoup mieux qu'elle n'avoit été pendant mes précédentes visites, je la priai de me dicter elle-même ce qu'elle vouloit vous mander. Elle y consentit. Elle m'a autorisé à faire les changements que je jugerois convenables vous comprenez que je ne profite pas de cette permission, et que je me garderois bien d'y faire ni addition, ni retranchement. Je ne toucherai pas même au style: il portera le cachet d'une personne qui n'a pas reçu une brillante éducation. C'est une enfant de Dieu instruite à l'école de ce Sauveur qui a dit: Je te rends grâces, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sagés et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants!

[ocr errors]

>>

« Mon très-cher et bien-aimé frère en Jésus-Christ >> notre Seigneur ! Je suis bien aise de vous faire sa>> voir de mes nouvelles, dans l'état où le Seigneur » m'a mise. Le Seigneur m'a envoyé une seconde épreuve, plus forte que jamais, tellement qu'il >> s'est passé beaucoup de moments que je n'avois pas l'espoir de vous revoir..... » (Elle a dit, à ce qu'il me semble, quelques autres paroles que je n'ai pu écrire.) << Mais c'est la volonté du Seigneur. J'ai pensé » que vous auriez beaucoup de plaisir de savoir dans quel état étoit ma pauvre ame: pauvre, que dis-je? » elle est bien enrichie dans la grâce de Dieu. (Óh! » oui, je puis bien le dire avec assurance, a-t-elle ajouté comme avec réflexion; c'est par pure grâce). » Je ne reconnois en moi que péché, que mauvais » cœur et mauvaises pensées en tout temps; mais le Seigneur m'a fait abonder de ses bénédictions les

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

[ocr errors]

>>

plus consolantes. Plus le Seigneur m'augmente les » douleurs, plus il me réjouit et me fortifie; car il >> me fait connoître que si je devois souffrir ce que je mérite, je souffrirois de siècle en siècle. Mais ce » sont ces paroles qui me sont si consolantes: Venez » à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés et je » vous soulagerai; et ces paroles d'Esaïe: Hola! vous » tous qui êtes altérés, venez aux eaux, venez, ache. » tez sans argent et sans aucun prix du vin et du lait. » Voilà les premières consolations que le Seigneur » m'avoit données; et les secondes: en vérité, en vé» rité je vous dis, qui croit en moi a la vie éternelle. » (Ici il fallut lui raffraîchir les lèvres et la langue. Sa mère, en lui rendant cet office, me dit: voilà toute sa nourriture....... « Mais la grâce me soutient, » dit Imberte avec un accent et un regard où éclatoit la plus douce confiance. Elle a continué ensuite en ces termes :) Oui, le Seigneur Dieu m'a fait la grâce » de croire en son Fils Jésus, dont c'est par vous, Monsieur, mon cher frère, que Dieu m'a donné les premières connoissances. Mais maintenant, je » me réjouis de tout mon cœur de ce que je suis sauvée, je suis sanctifiée, je suis adoptée pour son enfant.... Je vous demande de prier pour moi, que » si Dieu veut me laisser quelques jours, il veuille » me fortifier dans son amour et dans sa grâce; et » s'il lui plaît que je déloge de ce monde, que je sois toujours prête à dire avec l'Apôtre: mon désir tend » à déloger pour être avec Christ, ce qui m'est beau» coup meilleur, sachant que je suis lavée et blanchie » dans le sang de l'Agneau, que mon nom est écrit » dans les cieux, au Livre de vie. »

>>

[ocr errors]
[ocr errors]

>>

[ocr errors]

« Le 8 Février. Elle m'a raconté ce qu'elle avoit éprouvé dans le plus fort de sa maladie. Une fois entr'autres, elle ressentoit de grandes douleurs, elle se croyoit près de la mort, et il lui sembloit qu'elle alloit rendre le dernier soupir. Dans cet état de souffrance

corporelle, son ame étoit abondamment bénie par la paix de Dieu. Il lui sembloit voir le ciel ouvert et Jésus qui lui tendoit les bras, et (selon une de ses expressions) << elle s'envoloit vers le ciel. » En entendant les regrets qu'on exprimoit sur son compte : « Si ces pauvres gens,» pensoit-elle en elle-même, << savoient ce que je sens, ils ne me plaindroient pas. » Ils peuvent bien croire que je suis heureuse; mais » ils ne le sentent pas; ils ne le goûtent pas, comme

» moi. »

(La suite à un prochain Numéro. )

JÉSUS SAISI PAR LA FOI.

VU que la foi reçoit Jésus-Christ, elle nous met en

possession de tous les biens d'icelui. Ainsi quant à notre sentiment, nous ne commençons à être enfants de Dieu, sinon après la foi.

la

Ceux qui croient en Christ, commencent à vivre, au lieu qu'ils étoient morts auparavant; parce que foi est une résurrection spirituelle de l'ame, et par manière de dire, elle donne une ame à l'ame, afin qu'elle vive à Dieu.

Jésus-Christ se propose comme un but, auquel si notre foi vise, elle trouvera proprement sur quoi elle puisse se reposer; car c'est le vrai Immanuel, lequel nous répond au dedans, aussitôt qu'on le cherche par

la foi.

Jésus-Christ nous est proposé, chargé de langueurs, de douleurs, navré, froissé, meurtri; c'est ainsi que la foi doit le contempler, non-seulement glorieux au ciel, mais surtout crucifié en terre.

(2) Calvin.

« PreviousContinue »