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Dieu. « Vous avez beaucoup prié pour votre fils: » l'enfant de tant de prières ne peut pas être perdu. › Il ne le fut pas, en effet, il devint, au contraire, une lumière de l'Eglise. Tant il est vrai que la prière du juste, faite avec ferveur, est d'une grande efficace! Oh! combien d'exemples n'en avons-nous pas déjà vus? Combien n'en verrons-nous pas encore au jour de la révélation des choses cachées. Priez donc; priez beaucoup pour vos frères, vous qui les aimez. Priez avec foi, avec persévérance, avec patience C'est un de vos devoirs les plus sacrés; c'est un de vos plus précieux privilèges; ce doit être une de vos plus douces consolations.

Tels sont les moyens qu'emploie l'amour chrétien pour couvrir une multitude de péchés devant Dieu. Et ne dites pas que j'ai exagéré sa puissance. Toute l'histoire de l'Eglise y rend témoignage. C'est la charité chrétienne que Dieu a rendu, dès l'origine du christianisme, l'instrument glorieux et béni de la propagation de l'Evangile sur la terre ; c'est elle qui, se soumettant patiemment aux persécutions et aux opprobres dont ce monde ennemi de Dieu récompense ceux qui lui apportent les bénédictions du ciel, a répandu de pays en pays, et d'âge en âge, au milieu des pécheurs, la bonne nouvelle que Jésus-Christ est venu chercher et sauver ce qui étoit perdu. encore la charité chrétienne qui, aux jours glorieux de la réformation, alors que la lumière céleste éloit presque éteinte sur la terre, a saisi d'une main hardie le volume sacré enseveli sous la poussière des couvents, et sans craindre ni les bulles des papes, ni le glaive des princes, a proclamé de nouveau, avec amour, ce message de lumière, de réconciliation et de salut, qui, partout où il a été écouté avec foi, a changé la face des nations. C'est la charité chrétienne qui, dans des temps plus rapprochés de nous, a fondé toutes les institutions évangéliques dont le

C'est

but est d'amener les pécheurs à la connoissance du salut qui est en Jésus-Christ. Par suite de ses travaux, la Parole sainte, traduite dans des langues dont naguères on ignoroit jusqu'à l'existence, parcourt maintenant la terre; l'Evangile, si long-temps mis sous le boisseau, est annoncé aux peuples qui marchoient dans les ténèbres et dans la vallée de l'ombre de la mort; et la vérité divine, la vérité qui convertit, qui sanctifie et qui console les ames, est proclamée de mille manières dans ce monde de péché et de misère. Oh! qui pourroit compter cette multitude d'ames dont elle a couvert les péchés, en les amenant au Dieu qui pardonne ! Ce n'est que dans le ciel que ces bienfaits seront pleinement dévoilés.

Maintenant que Dieu nous rende capables de nous appliquer sa Parole et de nous juger en sa présence! Cette charité qui couvre une multitude de péchés, estelle dans nos cœurs ? Trouvons-nous dans notre ame et dans notre vie des manifestations réelles de l'amour chrétien? Avons-nous réellement compassion des pécheurs, nous souvenant que nous sommes pécheurs nous-mêmes? Les calomnies, les médisances nous sont-elles odieuses? Le salut de nos frères nous inspire-t-il une vraie sollicitude? Que faisons-nous pour instruire les ignorants, pour amener les impénitents à la repentance, les incrédules à la foi? pour augmenter le nombre de ceux dont les péchés sont couverts et effacés? Si la foi qui est agissante par la charité a pénétré dans nos cœurs, humilions-nous cependant devant le Seigneur dans le sentiment de toutes les imperfections, de tous les défauts, de toutes les souillures de notre charité. Déplorons-en la langueur, la foiblesse, l'inactivité, et allons-en chercher une mesure plus abondante au pied de la croix de Christ et du trône de grâce. Contemplons fréquemment, dans ce but, l'amour infini, l'amour

incompréhensible de notre Père céleste, la charité tendre et compâtissante de ce Jésus qui étant riche s'est fait pauvre pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis; et comprenons bien la grandeur et l'importance de la mission qui nous est confiée. Nous devons être au milieu des hommes les représentants, les instruments de la charité divine. Nous devons les attirer à Christ, par la manifestation d'une miséricorde patiente, tendre, persévérante, pleine de support et de renoncement à ellemême, et pourtant de franchise et de fidélité.

pas

Que si, loin de couvrir les péchés de vos semblables, vous aimez à les dévoiler; si, loin de les considérer avec compassion, vous les envisagez avec orgueil, ou avec mépris, vous les divulguez avec malice; si les ames de vos frères ne sont pas devenues précieuses à vos yeux; si vous ne travaillez sérieusement à les amener à ce Jésus, en qui seul il y a pardon par devers Dieu; si, en un mot, vous êtes forcés de convenir que vous n'éprouvez point les sollicitudes de la charité chrétienne, soyez bien assurés, qu'étrangers à cette partie du caractère des enfants de Dieu, vous l'êtes également à leur foi et à leurs espérances. Et que, ni la moralité extérieure de votre vie, ni vos vertus sociales, ni vos sentiments naturels d'humanité, ne vous rassurent et ne vous aveuglent! Celui qui n'aime pas son frère, dit la Parole de Dieu, c'est-à-dire, celui qui ne l'aime pas chrétiennement, qui ne l'aime pas comme un être immortel, demeure en la mort. Vous donc qui n'aimez pas vos frères, vous êtes morts dans vos fautes et dans vos péchés. Oh! ne dites pas paix, là où il n'y a point de paix. Fuyez la colère à venir. Confessez et déplorez vos péchés devant Dieu. Pleurez sur votre longue négligence du salut. Pleurez sur votre incrédulité; et croyez maintenant à ce Jésus, qui, après avoir été navré pour nos forfaits et froissé pour

nos iniquités, vous presse encore aujourd'hui d'aller à lui. Embrassez ses promesses de grâce. Mettez votre confiance en son grand sacrifice. Ne foulez plus aux pieds son amour infini. Croyez; parce que le pardon n'est qu'en lui, parce que la paix n'est qu'en lui, parce que la vie n'est qu'en lui: croyez aussi, parce que vous ne pouvez arriver à la charité que par la foi, et que renoncer à la foi, c'est renoncer à la charité.

EXTRAITS D'UNE CORRESPONDANCE.

IV. LETTRE.

IMBERTE OU L'HEUREUSE MORT.

Vous m'avez engagé à vous communiquer les dé

tails édifiants que je pourrois recueillir dans le champ de travail où le Seigneur m'a placé. C'est ce que je viens faire aujourd'hui en vous donnant un extrait de deux lettres que mon compagnon d'oeuvre, Mr. R**, m'écrivit de Ste. F* à Paris, pendant le petit séjour que j'ai fait, il y a peu de temps, dans cette dernière

ville:

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Si, comme l'Apôtre St. Jean, vous n'avez pas de plus grande joie que d'apprendre que vos enfants marchent dans la vérité, réjouissez-vous, mon cher frère. Une des personnes que vous avez appelée à Christ par la prédication fidèle de la Parole, marche visiblement dans le chemin de la vie : elle donne d'évidentes preuves d'une vraie foi et d'une solide espérance dans ces moments solennels où l'hypocrisie est forcée de se démentir, et où se dissipent ordinairement les illusions des ames non encore sincèrement converties.....

« La santé d'Imberte étoit mauvaise depuis plus d'un an, comme vous le savez. C'est, je crois, avant

ce temps que le Seigneur lui avoit appris, par vous, à venir à Christ pour avoir la vie. Sa maladie s'est aggravée depuis quelques mois. Je lui ai fait souvent des lectures de la Bible qu'elle dirigeoit quelquefois elle-même. Ainsi elle m'a fait lire une fois le 8°. Chap. aux Romains qui l'a consolée et fortifiée; une autre fois, elle m'a indiqué les premiers versets de la première Epitre de St. Pierre. Ce début: Pierre Apôtre de Jésus-Christ aux étrangers qui êtes DISPERSES dans le pays du Pont, etc., étoit pour elle une sorte de soulagement au chagrin que lui causoit quelquefois son éloignement des assemblées chrétiennes. Frappée, sans doute, de ce mot dispersés, elle se réjouissoit de ce que cette dispersion n'empêche pas que ceux qui sont élus selon la préconnoissance de Dieu, n'aient part à la grâce et à la paix de ses enfants. J'avois à recevoir instruction au lieu de la donner, et à prendre auprès d'une pauvre jeune fille des leçons de cette assurance du salut qui résulte d'une ferme confiance aux promesses du Sauveur. J'aurois pu aussi y prendre des leçons de patience et de résignation. Elle vouloit ce qui plaisoit au Seigneur, et sa mère me disoit que sa fille ne se plaignoit jamais. Comme Imberte ne prenoit presque rien, sa mêre lui disoit avec anxiété : « que te donnerai-je, ma fille? » Ne vous inquiétez pas, ma mère, le Seigneur me >> donne tout ce dont j'ai besoin. »>

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« Le dimanche 30 Janvier 1831, I** de la R* me dit que sa cousine étoit très-mal. Je m'y rendis donc. Quelle édification je pus recevoir auprès de la malade, qui me paroissoit alors bien près de quitter cette terre! Cette pauvre fille, si foible par ellemême, jouit d'une force qui lui vient du Seigneur. Elle est dans la joie et dans la paix : elle attend que le Seigneur la prenne à lui, et sans se plaindre de ses souffrances, elle voit avec satisfaction

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