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miséricorde de Dieu, ne perdant jamais de vue le seul canal par lequel cette miséricorde peut se répandre sur les coupables enfants d'Adam. Pensez aussi à la manière dont Dieu s'est conduit dans le désert, à l'égard de son peuple élu. Ils n'avoient que de la manne, et ils furent punis pour avoir murmuré; tandis que dans le même temps, les habitants de Canaan, les Egyptiens, les Assyriens, vivoient dans le luxe, au milieu des richesses. Que fut leur histoire entière? sinon une suite de chûtes, de menaces réitérées; puis de châtiments, de retours à Dieu, de repentirs, de pardons et de réconciliations. Que de fois ils ont parcouru le même cercle, recevant des châtiments de plus en plus sévères! - Vous voyez, au contraire, la plupart des mondains arriver tranquillement à la fin de leur carrière. Mais, quoiqu'il en soit, dit Asaph, tu les as mis en des lieux glissants, tu les fais tomber dans des précipices.*

Considérez, en particulier, la manière dont Dieu en agit avec son peuple, avant que Nébucadnetzar saccageât la ville de Jérusalem. Ce désastre ne survint qu'après beaucoup d'avertissements et de support. Que de fois l'Eternel Dieu, plein de miséricorde, arrêta les ennemis avant de leur abandonuer entièrement son peuple! Et lorsque le châtiment arriva, il fut encore accompagné de miséricorde. 5 La lettre que Jérémie écrivit à ceux qui avoient été emmenés captifs, les encourageoit à bâtir des maià planter des vignes, et à tirer le meilleur parti possible de leur position. Ceux qui étoient restés à Jérusalem reçurent l'ordre de se soumettre au roi de Babylone, qui, dans ce cas, consentoit à ne pas détruire la ville. Mais ils résistèrent, et les châtiments dont ils avoient été menacés fondirent sur eux. Ensuite les pauvres restèrent pour cultiver

sons,

(4) Ps. LXXIII. 18.

(5) Voyez Jér. XXVII. 12. et XXIX.

le pays, et Jérémie, plutôt que d'accompagner le roi de Babylone, qui l'eût comblé d'honneur, préféra demeurer auprès d'eux. Mais ils voulurent s'enfuir en Egypte, et se mettre sous la protection du roi de ce pays. En vain Jérémie leur dit de la part de l'Eternel, que l'Egypte elle-même iroit bientôt en captivité; ils s'obstinèrent à se réfugier en Egypte, et emmenèrent Jérémie avec eux. Vous verrez au Chap. XXXI d'Esaïe, v. 1-3., les menaces de Dieu à ce sujet; au Chap. XLII. . 24., les jugements et les châtiments de Dieu. Au commencement du Chapitre XLIII., vous trouverez sa miséricorde exprimée de la manière la plus touchante; et à la fin du même Chapitre, vous verrez encore des menaces, qui sont suivies de miséricorde et non pas de jugement.

C'est ainsi que nous apprenons à connoître les voies de Dieu envers son peuple. Il n'est appelé ni à des jouissances terrestres ni à la prospérité; il n'a jamais été et il n'est encore qu'un peuple souffrant. Nous ne sommes tous que des pécheurs, et le péché entraîne la souffrance; mais Dieu dirige ces souffrances de manière à ce qu'elles nous soient utiles. Quoique nous soyons rachetés par la vie et par la mort de Christ; quoiqu'étant justifiés par la foi, nous ayons la paix avec Dieu, il plaît cependant au Seigneur de ne nous rendre que graduellement propres à la possession du salut qui nous a été acquis. Nous recevons une nouvelle naissance et une nouvelle vie, au moyen de laquelle nous sommes appelés à travailler à notre salut avec crainte et tremblement, avec cette consolation, que Dieu opère en nous la volonté et l'exécution selon son bon plaisir.- Cette terre n'est pas notre demeure; nous n'avons point ici-bas de cité permanente, nous voyageons à travers le désert, vers la cité et la demeure qui nous a été acquise et préparée par notre Sauveur, et nous devons être sanctifiés avant d'y entrer. Notre corruption doit être mortifiée; il faut

que notre cœur devienne plus spirituel, plus humble, plus tendre, plus résigné, plus reconnoissant. Qu'il te souvienne de tout le chemin par lequel l'Eternel ton Dieu t'a fait marcher durant ces quarante ans dans ce désert, afin de t'humilier et de t'éprouver pour connoître ce qui étoit en ton cœur. Reconnois donc en ton cœur que l'Eternel ton Dieu te chétie comme un homme chátie son enfant. Il t'a donné à manger dans ce désert la manne que tes pères n'avoient point connue, afin de t'humilier et de t'éprouver, pour te faire enfin du bien.

De plus, toute souffrance n'est pas la punition immédiate du péché dans celui qui souffre, et n'est pas uniquement destinée à sa propre instruction, il est évident par les Ecritures, qu'il y a des souffrances qui sont pour le bien du corps entier de Christ, qui est son Eglise, et je pense que tous les membres y ont quelque part. Dieu a un but plein de sagesse, dans les souffrances qu'il dispense à ses créatures, et surtout à ses enfants. Les Apôtres se réjouissoient dans ces souffrances, et c'est aussi ce que nous devons faire. Si nous souffrons avec Lui, nous régnerons avec Lui. St. Paul dit : J'accomplis le reste des afflictions de Christ pour son corps qui est l'Eglise'.

Maintenant, ma chère amie, nous devons vous considérer dans votre position actuelle, et individuelle comme un membre souffrant d'un corps souffrant. Voyez, soit dans l'histoire sacrée, soit dans l'histoire profane, ce qu'ont été les Saints de Dieu. Comparez vos propres souffrances aux leurs. Bien qu'elles soient grandes, elles ne s'élèvent pas à la moitié de ce qu'eux ont souffert. Je pourrois m'étendre sur ce sujet en vous parlant de tout ce qui vient chaque jour à ma connoissance. Le Seigneur suit cette voie,

(6) Deut. VIII. 2. 5. 16,

(7) 2 Timoth. II, 12. Col. I. 24

et opère de cette manière, tout autour de moi. Essayez pour un moment de détourner vos regards de tout ce qui est visible, et même de votre propre famille. Ne pensez plus à ce que vous étiez, à ce que vous avez possédé, à ce dont vous avez joui une fois, non plus qu'à ce que vos amis possèdent et à ce dont ils jouissent encore. Détachez-vous de toutes ces choses. Ce qui étoit à vous s'en est allé; les choses sur lesquelles vous comptiez ont aussi disparu. Mettez tout cela de côté, et considérez-vous comme une pauvre pécheresse, sauvée par grâce de la destruction, retenue icibas pour se préparer au bonheur, et qui fait route à travers le désert avec mille autres rachetés, s'avançant comme vous vers l'héritage qui vous a été acquis à si grand prix. Votre Sauveur est votre Guide, votre Protecteur, ainsi que votre Médecin, comme il est le Médecin du corps entier de l'Eglise ; il connoît parfaitement l'état, les dispositions et les besoins de chaque individu; il a pourvu à tout ce qu'il falloit à chacun pendant tout le voyage; il nous promet le strict nécessaire, et rien au-delà, quoiqu'en général il nous donne davantage; il fournit à chacun sa portion, aux uns pour un jour, aux autres pour la semaine, à d'autres, enfin, pour l'année. Vous êtes pourvue pour une année; pensez à ceux qui ne le sont que pour quelques jours. Je suis disposée à croire que le Seigneur vous a encore beaucoup favorisée. Il vous enseignera l'industrie et l'économie; votre humble portion, jointe aux fruits dont la bénédiction de Dieu couronnera vos travaux, sera suffisante et ne sera pas sans douceur. Essayez d'être reconnoissante. Moïse dit de la manne: Čeci est le pain que l'Eternel votre Dieu vous donne. Veillez et priez pour que votre imagination ne se représente pas les tables abondantes des autres. N'entretenez pas dans votre esprit la pensée de la misère et du malheur. Oh! non, Dieu est bon, vous ne manquerez de rien.

Des pommes de terre et du sel ont souvent fourni à mes enfants et à moi un doux repas. Il y a des jouissances particulières attachées à un semblable genre de vie. Vous le reconnoîtrez bientôt. Maintenant, ma chère amie, j'ai finì ce que j'avois à vous dire. Je crains beaucoup que je ne vous paroisse semblable aux amis de Job; mais vous m'appelez votre mère, et une mère doit être fidèle. Je vous laisse maintenant entre les mains du Seigneur. Rencontrons-nous au trône de la grâce, et poursuivons constamment la course qui nous est proposée, regardant au chef et au consommateur de la foi.

FRAGMENTS DU JOURNAL

D'UN SIMPLE FIDÈLE, EMPLOYÉ A RÉPANDRE LA PAROLE

DE DIEU EN FRANCE.

RIEN ne nous paroît plus propre à faire sentir la

divine puissance de l'Evangile pour le salut de ceux qui croient, que les succès de simples fidèles, qui, sans études et sans autre science que celle qu'ils trouvent par le St. Esprit dans la Parole de Dieu, vont répandre cette bonne Parole, et annoncer la bonne nouvelle qu'elle renferme. Des exemples de ce genre ne sont pas rares en France, et comme nous les croyons propres à édifier nos lecteurs, nous leur offrons ici quelques fragments d'un journal qui nous est tombé entre les mains, et dont nous garantissons l'authenticité. Ils se réjouiront en même temps de voir que cette belle France est pour le règne de

(8) Voyez entr'autres l'Histoire de Ferdinand Caulier, Feuille Religieuse de 1830, pages 214 et 225.

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