ne pensent point au lendemain, vous vous empressez à l'envi, de recueillir sur cette terre quelques misérables débris qu'il faut abandonner à la fin de la journée. Que de mouvement ne se donne-t-on pas pour se procurer quelque amusement frivole? que de soins pour attirer les regards par de vaines parures? que d'inquiétudes, de fatigues et de sueurs pour acquérir de l'argent? Et comme si ces malheureux objets des convoitises de l'homme ne suffisoient pas pour détourner son attention de la seule chose nécessaire, son active curiosité s'empresse de chercher même dans les évènements qui lui sont le plus étrangers, des sujets qui l'amusent, et qui lui fassent oublier toujours davantage ce sérieux avenir auquel il doit se préparer. « Que se passe-t-il dans le monde? >> demande-t-on ; << de quelle nouvelle y entend-on parler?.... » Ah! pauvre pécheur, Dieu fait retentir depuis long-temps dans ce monde une bonne et grande nouvelle, c'est que Jésus est venu pour sauver les pécheurs : n'avez-vous donc point d'oreilles pour l'entendre? ne diroit-elle rien à votre cœur? Eh! que vous importent les bruits de paix ou de guerre qui nous viennent des peuples éloignés, lorsque votre ame elle-même est encore en guerre avec son Créateur, et que le chemin de la paix va peut-être vous être fermé pour toujours! Ignorez-vous que vous n'avez aucun salut à espérer dans cet état de langueur et d'indifférence; que si vous ne vous convertissez vous périrez, et que c'est une chose terrible que tomber entre les mains du Dieu vivant? Ah! si vous ne savez pas le mal que vous vous faites, Jésus le sait; et c'est là ce qui fait couler ses larmes. Oui, il connoît, lui, le prix des biens que vous perdez; il connoît les célestes consolations qu'il apporte aux pauvres ames qui se tournent vers lui. Il sait s'il y a de la joie à être aimé du Père; il sait si les faveurs qu'il réserve à ses enfants dans le Ciel sont capables

de

de combler leurs souhaits. Il a contemplé l'inexprimable félicité des fidèles déjà reçus dans ces éternelles demeures; il a joui des transports de leur reconnoissance; il a entendu ces cantiques d'amour et d'allégresse par lesquels ils bénissent sans fin Celui qui les a sauvés. Mais Jésus connoît encore l'affreuse misère dans laquelle vous vous précipitez en négligeant les choses qui regardent votre paix. Il a vu votre cœur désabusé, mais trop tard, de toutes ces vaines affections auxquelles vous l'avez livré, chercher partout le repos et ne le trouver plus. Il vous a vus sur votre lit de mort, tourmentés de remords et d'angoisses et ne pouvant dissimuler votre effroi, quand tous les secours humains sont devenus inutiles, et qu'il ne vous reste plus qu'à attendre d'heure en heure, l'instant redoutable, qui va transporter votre ame aux pieds, de l'Eternel. Il vous a vus immobiles et tremblants devant le souverain Juge. Il vous a vus au moment où ce souverain Juge prononce votre terrible sentence. Il a mesuré cet abîme sans fond dans lequel vous allez descendre. Il connoît, lui qui tient en sa main les clefs de l'enfer et de la mort, il connoît les tourments et les remords affreux de toutes ces ames qui ont négligé les biens du salut. Il a entendu ces cris du désespoir: « qui pourra séjourner avec le feu » dévorant? qui pourra séjourner avec les flammes » éternelles ? » - Vous comprendrez donc maintenant, pourquoi les entrailles de Jésus-Christ sont émues, lorsqu'il voit votre indifférence vous creuser à vous-mêmes cet effrayant précipice. Ah! si jusqu'à présent vous avez pu ne pas croire tant d'avertissements que ce bon Sauveur n'a cessé de vous adresser, croyez-en aujourd'hui ses larmes; croyez-en cette exclamation si douloureuse qu'il laisse échapper de sa bouche, et qui devroit briser les cœurs les plus

I

(1) Esaïe XXXIII. 14.

endurcis: oh! si tu eusses connu, au moins en ce jour qui t'es donné, les choses qui regardent ta paix! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux.

Que vous serviroit-il de gagner le monde entier, si vous veniez à faire la perte de votre ame? Négligerezvous encore cette bonne part qui ne sera point ôtée? — Non, vous ne vous repentirez point de l'avoir cherchée avant toutes choses. Le Chrétien a-t-il jamais regretté le temps et les soins qu'il a donnés au salut de son amie immortelle? et si nous voyons encore souvent des indifférents se réveiller, reconnoître leur erreur et devenir des hommes pleins de piété et de zèle; en retour avez-vous jamais vu le fidèle abandonner son choix pour suivre celui du mondain et de l'impie? Non, non, Seigneur, ta paix et ton amour sont trop précieux, pour qu'il soit possible d'y renoncer, après en avoir goûté la douceur infinie! on ne te quitte plus quand une fois on t'appartient!

II. Si vous sentez l'importance de votre salut, que ferez-vous pour être sauvé? - Il ne vous reste qu'un moyen. Je suis le chemin, la vérité et la vie, a dit Jésus-Christ; nul ne vient au Père que par moi. Je suis la porte; si quelqu'un entre par moi, il sera

sauvé.

Oui, si vous étiez dans l'état d'innocence où Dieu avoit créé le premier homme, si le péché n'avoit pas souillé votre ame, nous n'aurions pas besoin de vous parler d'un Sauveur. Mais dans l'état où vous êtes, ô pécheurs, il ne s'agit pas simplement de vous préserver de vous perdre; il s'agit de vous retirer de la perdition, où vos péchés vous ont précipités.

Vos péchés..... nous ne ferons point ici la triste énumération de ceux qui souillent votre vie extérieure ; vous pourriez croire que vous n'avez pour remédier à vos maux, qu'à faire subir à votre conduite quelque réforme superficielle, qui n'atteindroit point la racine du péché! C'est dans votre cœur que

nous voudrions porter la lumière, et vous faire toucher la plaie qui est commune à tous. Oh! quand est-ce que les hommes comprendront, que c'est là, dans ce cœur d'où procèdent les sources de la vie, qu'il faut chercher le péché qui en empoisonne le cours ? Là vous trouverez ce funeste principe d'éloignement pour Dieu et de résistance à sa volonté, qui peut se manifester par des symptômes plus ou moins choquants aux yeux des hommes, mais qui n'en travaille pas moins avec force dans le cœur de tous, jusqu'à ce qu'ils aient connu Celui qui seul peut les guérir. On peut avoir des penchants différents; mais c'est toujours le même cœur. Vos vices peuvent paroître moins honteux aux yeux des hommes; ils pourront même passer pour des qualités dans le monde ; mais en sont-ils moins des désobéissances aux yeux du Seigneur? N'est-ce pas toujours le même principe de révolte contre son autorité souveraine qui vous porte à choisir dans ses lois ce qui vous convient, pour négliger et enfreindre ensuite sans scrupule, ce qui vous contrarie et vous gêne ?

Or que pouvez-vous attendre dans cet état? La condamnation et la mort. C'est St. Paul qui le déclare de la part du Seigneur : l'affection de la chair produit la mort. En vain chercheriez-vous à vous représenter Dieu avec toutes vos foiblesses, comme ayant de l'indulgence pour les choses pour lesquelles vous avez vous-mêmes de l'indulgence, comme tolérant certains défauts chez ses créatures à condition qu'elles n'aient pas tous les défauts; comme permettant certaines habitudes qui ne sont pas tout-à-fait selon la règle, pourvu qu'on ne l'enfreigne pas par de scandaleux excès. Pensez-vous que l'Eternel, le Dieu souverain, oublie sa gloire au point de transiger avec les prin-· cipes qu'il a lui-même établis dans ses éternelles lois? Jamais sa majesté suprême ne s'abaissera jusqu'à entrer en accommodement avec les vices de ses créa

tures. Il a parlé, et les cieux croûleront mille fois, avant qu'une seule de ses paroles soit anéanție. Maudit soit, a-t-il dit, quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites au livre de la loi, pour les faire. Et cette malédiction effrayante pèse sur votre tête aussi long-temps que vous ne sentez pas votre état, et que vous ne venez pas au Sauveur afin qu'il vous pardonne, qu'il vous convertisse et qu'il vous guérisse.

Oh! si tu eusses connu les choses qui regardent ta paix! si tu eusses voulu comprendre que tu as besoin à tout prix d'être réconcilié avec Dieu, et d'être renouvelé jusques dans le fonds de ton ame! si tu eusses compris que, dans cette situation, tu n'as d'autre ressource que de te jeter tel que tu es aux pieds du Sauveur que Dieu t'envoie, et de l'embrasser comme ton seul refuge et ton seul appui. Eh! que ne veut-il pas faire pour toi? Il vient, ce bon Sauveur, se charger de toutes tes offenses. Il veut se rendre seul responsable pour toi; il offre son sang pour le salut de ton ame. Il veut ôter ton cœur de pierre et te donner un cœur de chair, pour aimer désormais ton Dieu et le servir avec un vrai zèle. Venez à moi et je vous soulagerai; regardez à moi et soyez sauvés. Quoi!.... voudriez-vous fuir encore? Ces larmes du Sauveur ne vous disent-elles pas assez que tout autre chemin vous est fermé ; qu'il vous est impossible de faire fléchir d'un cheveu de tête la sainte Loi de Dieu, et que vous êtes perdus sans Jésus-Christ? - Ecoute, mon peuple, je te sommerai. Israël, oh si tu m'écoutois! Connois enfin les choses qui regardent ta paix. Le Seigneur a tendu sa main pour te tirer de l'abîme. Ecoute: il se présente maintenant à toi, non point pour exiger une satisfaction pour tes iniquités. Que te demanderoit-il? Que pourrois-tu lui offrir en expiation de tes péchés innombrables? Non, il ne te demande rien: « C'est moi, dit-il, c'est moi qui efface