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à qui se comparer; et même parmi les hommes, ils choisissent s'il le faut les plus mauvais ou les moins estimés, parce que peu leur importe que la comparaison soit juste, pourvu qu'elle les flatte et les élève. De ce que les autres sont méchants, ils en concluent qu'ils sont bons, tandis qu'ils devroient plutôt reconnoître par là qu'ils sont méchants comme leurs semblables. D'où vient qu'il y a peu d'humilité chez beaucoup d'enfants de Dieu qui sont appelés à vivre d'une façon particulière au milieu des enfants du monde? D'où vient que leur zèle pour tendre à la perfection s'y ralentit considérablement? C'est qu'au lieu d'avoir devant les yeux la stature parfaite de Christ, à laquelle ils doivent s'efforcer de parvenir, ils se plaisent souvent à prendre pour point de comparaison la vie des pauvres pécheurs qui les entourent; ils se croient au-dessus d'eux, quelquefois même ils ont pour eux une espèce de pitié dédaigneuse qui se montre par la manière dont ils en parlent, comme si tout sujet de se glorifier n'étoit pas exclu, comme si les mondains n'étoient pas nos semblables, comme si nous n'étions pas aussi bien qu'eux conçus et nés dans le péché et dans la corruption!

Eu cherchant ainsi sa gloire dans le péché des autres, on oublie sa propre corruption, on se relâche dans la prière et dans la vigilance, et l'on recule au lieu d'avancer. Oh! pensons donc que chacun portera sa propre charge devant Dieu, et chacun alors éprouvera pour lui-même la tristesse du péché, l'affliction et l'angoisse qui en sont le résultat. Chacun de nous rendra compte pour soi-même à Dieu : ne nous jugeons donc plus l'un l'autre ; pesons nos propres actions; ou plutôt, comme dit St. Augustin, ne pesons rien du tout; tenons-nous-en au poids que

(2) Rom. XIV. 12. 13.

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Dieu Lui-même nous indique : Si quelqu'un croit être quelque chose, tandis qu'il n'est rien, il se trompe lui-même.

REVUE

ANNONCE DE LIVRES.

EVUE BRITANNIQUE RELIGIEUSE, ou CHOIX D'ARTICLES traduits des meilleurs journaux religieux de la GRANDE-BRETAGNE et des ETATSUNIS. Années 1829 et 1830. Deux volumes brochés de plus de 600 pages chacun, Genève, chez Mme. S. Guers, rue de la Cité. Paris, J. J. Risler, rue de l'Oratoire, no. 6. Lausanne, Fr. Dupuis. Neuchâtel, chez Michaux, libr. etc. Prix 8 fr. de France, soit 55 batz les 2 volumes; et 5 fr. de France chaque volume séparé.

Ce n'est pas sans quelques regrets que nous publions cette annonce, puisqu'elle est occasionnée par la suspension d'un journal dont l'utilité et l'intérêt ne sauroient être contestés. Ce qui nous console, c'est que ces 2 volumes, dont le prix est réduit environ de moitié, seront à la portée d'un beaucoup plus grand nombre de personnes, et qu'après tout, ils remplissent déjà, dans un certain degré, le but de la Revue, qui est de faire connoître la vie et l'activité chrétiennes des deux pays dont elle s'occupe. 3 En jetant les yeux sur la table des matières, on est surpris, en effet, du nombre et de la variété des sujets qui y sont traités, et en particulier de la multitude de faits et d'informations que trouve. Aussi espérons-nous que beaucoup de nos lecteurs se procureront cet ouvrage, qui n'est pas moins instructif aujourd'hui que durant sa publication. Ils s'empresseront d'autant plus à le

l'on y

(3) Voyez l'annonce de la Revue britannique religieuse, dans la Feuille Religieuse de 1829, page 468, et une citation de ce journal, page 583 de la même année.

faire, que si (comme on peut encore l'espérer) il recommence à paroître l'année prochaine, le prix des deux premiers volumes sera nécessairement haussé.

En transcrivant ici quelques extraits de la dernière année, nous avertissons, que, restreints par l'étendue et la nature de la Feuille Religieuse, ces extraits ne sauroient donner qu'une très-foible idée de la variété et de l'intérêt que présente l'ensemble :

ETATS-UNIS (d'Amérique). SOCIÉTÉS DE TEMPÉRANCE. Il n'y a pas plus de deux ou trois ans que ces Sociétés existent, et déjà l'on calcule qu'il se consomme, dans la plus grande partie des Etats-Unis du nord, la moitié moins de liqueurs spiritueuses qu'auparavant. Dans beaucoup de fabriques, les ouvriers y ont complètement renoncé, et même des vaisseaux se sont mis en mer sans en avoir à leur bord. On compte près de deux mille distillateurs ou vendeurs de rhum, d'eau-de-vie, etc., qui ont cessé ce funeste genre de commerce, les uns par motifs de conscience, les autres par manque d'écoulement.

Extrait du 3. rapport de la Société centrale. Journal de la Société. Le Journal de l'Humanité, feuille hebdomadaire, dont le premier Numéro a paru en Mai 1829, compte déjà (Janvier 1830) un grand nombre de souscripteurs dans presque tous les états et territoires de l'Union, (des Etats-Unis.)

Agents de la Société. Le nombre a dû en être restreint par manque de fonds. La Société n'emploie plus maintenant que deux agents généraux, MM. Hewit et Dr. Edwards, outre l'édi– teur du Journal de l'Humanité. Mais ce vide est comblé par le zèle des Sociétés auxiliaires, dont plusieurs entretiennent des agents particuliers.

Progrès de la reforme. Jamais aucun objet n'excita plus vivement l'intérêt du public Américain. L'année dernière, il n'y avoit que quatre états de l'Union qui eussent une Société générale; maintenant il en existe onze, et trois autres sont en for

(4) L'ivrognerie est, dans les Etats-Unis, un fléau destructeur qui s'est propagé avec une intensité effrayante, jusque chez les tribus sauvages. Il semble d'abord, que combattre ce vice d'une manière isolée, c'est faire encore bien peu pour le salut des ames, tant que les coeurs ne sont pas intérieurement changés. Mais si l'on réfléchit à l'abrutissement dans lequel il plonge les hommes, on comprendra qu'en travaillant à l'extirper, on écarte un des grands obstacles que la corruption humaine oppose à la prédication de l'Evangile.

mation. L'année dernière, on comptoit seulement 222 Sociétés particulières de comtés et de villes; aujourd'hui, nous en avons plus de 1000, sans compter celles qui ne sont pas parvenues à

la connoissance du Comité.

Etendue de la réforme. On peut évaluer à 100,000, environ, les personnes qui, jusqu'ici, se sont engagées à une entière abstinence de liqueurs spiritueuses. Dans tout le pays, ce sont de jeunes hommes qui marchent en tête de cette bonne cause. Une foule de chefs d'établissements divers refusent maintenant de fournir de ces boissons à leurs ouvriers. Plus de 40 vaisseaux sont partis sans en avoir à leur bord. Des milliers de familles les ont bannies de leur table et de leur buffet. Des étudiants, des gens de loi, des ecclésiastiques, des législateurs, des magistrats, etc., ont inscrit leur nom parmi ceux des patrons de cette bonne œuvre.

Contraste. Quand on considéroit, il y a quatre ans, toute l'étendue du mal, on arrivoit presque à cette effrayante conclusion: « Il n'y a point de remède. » Tout sembloit s'unir pour établir la probabilité, et presque la certitude que notre nation devoit être consumée par cette iniquité, qui brûle comme un feu. Aujourd'hui, des milliers de cœurs se sont rouverts à l'espérance, et des milliers de mains travaillent à la réforme. Du nord au midi, de l'orient à l'occident, on diroit qu'une seule pensée occupe le pays. Livres, feuilles périodiques, traités religieux, sermons: tout en est plein, et d'étonnantes améliorations sortent de ces efforts combinés. Comme l'a dit un particulier de la Caroline du nord : « Nous avons trouvé la masse d'Hercule, qui doit servir, avec la bénédiction de Dieu, à vaincre l'hydre destructeur de l'intempérance.

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L'entière abstinence, seul principe efficace. C'est ce que prouve, entr'autres, le fait suivant, communiqué par un citoyen de l'état de New-York: « Nous avions formé, en 1828, une Société de tempérance. Afin de la rendre la plus nombreuse que possible, nous ne primes pas d'autre engagement que d'être modérés dans l'usage des boissons spiritueuses. Nous étions environ quarante membres. Sous cette forme, notre Société fut presque sans influence, et après un essai de trois mois, nous abandonnâmes cette demi-mesure pour former une Société de dix membres seulement, sur le principe de l'entière abstinence. Nous éprouvâmes alors plus d'opposition de la part des amis de la tempérance que de celle des ivrognes, et il se passa bien du temps avant que nous pussions engager quelques autres personnes à se joindre à nous. Cependant nous avons tenu nos petites réunions avec toute la dignité d'un corps constitué, et nous avons fini par obtenir un plein succès. Notre Société se compose

maintenant de 130 membres, sur une population de 75 familles, et dans un lieu où l'intempérance avoit régné à un degré alarmant. Nulle part la tempérance n'a éprouvé de plus violentes oppositions, et nulle part elle n'a remporté de victoire plus signalée. »

Ivrognes réformés. Plus de 700 exemples d'ivrognes de profession qui se sont réformés, sont venus à la connoissance du Comité depuis la fin de l'année dernière, et il y en a indubitablement plusieurs centaines qui ne lui sont pas connus. La Société de Médecine du Connecticut projète un hôpital ou une retraite pour les ivrognes, et une personne a offert une souscription de 500 dollars en faveur de cet établissement. (Le dollar vaut environ 5 fr. de France.)

Les Médecins. Aucune classe n'a plus fait pour la cause de la tempérance que nos médecins, soit par leurs écrits, soit par leurs discours en public et en particulier.

Les Jurisconsultes. Le témoignage de nos plus éminents jurisconsultes, joint à celui des grands juris et des géoliers de nos maisons de détention, atteste l'intime liaison qui existe entre l'intempérance et les crimes de toutes les classes.

Les Elections. La distribution de liqueurs dans les élections populaires commence d'attirer l'attention, et plusieurs personnes ont résolu de ne. pas voter pour les candidats qui emploient ce moyen d'influence.

Diminution de la vente. Cette diminution a lieu dans presque tous les Etats de l'Union; mais la proportion varie depuis un quart jusqu'à neuf dixièmes, et même jusqu'au tout, en quelques endroits. Un marchand d'une de nos principales villes, écrivoit dernièrement à un correspondant qui lui demandoit l'état du marché des liqueurs: « Les Sociétés d'eau fraîche portent si loin leurs ravages dans nos environs, que la vente des années précédentes ne peut plus servir de guide pour estimer celle de la saison actuelle. Le débit des liqueurs de toute espèce est tombé au moins des trois quarts. » Le facteur d'une maison françoise qui, depuis plusieurs années, avoit envoyé 5000 pipes d'eau-de-vie par an dans ce pays, après s'être adressé à ceux qu'il avoit coutume de fournir, ne put trouver personue qui voulût en acheter. Un autre facteur François, à qui l'on offroit une cargaison d'eau-de-vie, répondit en son mauvais anglois: « Non, non, le Diable est sorti du corps des Américains; ils ne boivent plus d'eau-de-vie. »

Revues militaires. Les jours de revues militaires, il se commet, en bien des endroits, beaucoup moins de désordres qu'auparavant. Plus de 50 régiments, et des corps militaires plus

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