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ANNONCE DE LIVRES.

REFLEX

ÉFLEXIONS SUR LA PRIÈRE. SERMON adressé. aux ENFANTS des écoles des Eglises réformées de Paris, à l'Oratoire, le dimanche 6 Mars 1831, par FR. MONOD fils, past. adjoint de cette Eglise. Paris 1831; Risler, rue de l'Oratoire, no. 6. Se trouve aussi à Genève, chez Mme. S. Guers; à Lausanne, chez Dupuis, etc.; prix 50 centimes de France, (soit 31⁄2 batz) l'ex.; 5 fr. de Fr. la douzaine ; et 35 fr. de Fr. le cent.

Nous avons souvent entendu exprimer le vœu qu'il se publiât un plus grand nombre d'ouvrages chrétiens pour les enfants. Nous croyons ce désir d'autant plus légitime, que, quand de tels ouvrages ne sacrifient pas trop à la puérilité de l'enfance, leur simplicité même les met tout-à-fait en harmonie avec l'Evangile qu'ils doivent annoncer, avec le développement intellectuel d'une nombreuse classe de lecteurs, et avec la simplicité de cœur et d'esprit qui doit recevoir cette Bonne Nouvelle. Jésus a dit : Quiconque ne recevra pas comme un petit enfant le royaume de Dieu, il n'y entrera point : pourquoi donc ne rechercherions - nous pas tous notre édification dans des livres écrits pour ces êtres dont nous devons revêtir la simplicité et la candeur? Le petit ouvrage que nous annonçons répond tout-à-fait à l'idée que nous venons d'exprimer. Adressé dans l'origine à des auditeurs de tout âge, en même temps qu'à des enfants, ce sermon sera lu avec fruit par tous les lecteurs sincères, qui recherchent une instruction solide plutôt qu'une éloquence brillante. Si l'on considère, de plus, la haute importance du sujet, on

(4) Març X, 15.

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nous saura gré sans doute, de transcrire ici quelques fragments de cette publication.

Mr. Monod, après avoir montré qu'il faut prier Dieu parce que c'est lui seul qui peut nous donner tout ce qui nous est nécessaire pour cette vie, passe à des considérations plus relevées:

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Mais, quelque précieux et nécessaires que soient ces biens, ils ne se rapportent cependant qu'à la vie présente qui est de courte durée, et à notre corps qui dans quelques jours sera la proie du sépulcre. Notre ame est plus précieuse que notre corps, car elle est immortelle et capable d'un bonheur ou d'un malheur éternel. Or, loin de Dieu notre ame sera éternellement misérable; et elle ne peut se rapprocher de lui qu'en priant. Si nous sentons cela, mes enfants, nous saurons suffisamment pourquoi il nous faut prier. Si je vous demandois: pourquoi les deux aveugles dont je vous ai parlé devoient-ils prier Jésus? vous répondriez tous: afin qu'il leur rendit la vue. Pourquoi le lépreux de l'Evangile devoit-il prier? afin d'être nettoyé de sa lèpre. Pourquoi Marthe, la sœur de Lazare, devoit-elle dire à Jésus : je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera? afin que Jésus rendit la vie à son frère. Pourquoi les disciples balloltés sur la mer par la tempête, devoient-ils s'écrier: Seigneur, sauve-nous nous périssons? 7 afin que Jésus les délivrât du danger qui les menaçoit. Eh bien, mes enfants, nous sommes tous, par notre nature, des aveugles spirituels, aussi incapables, si Dieu ne nous ouvre les yeux, de comprendre les choses du salut, que les aveugles de l'Evangile étoient incapables de voir la lumière du soleil, et de jouir des beautés de la nature; nous sommes tous des lépreux, souillés de la lèpre terrible du péché, et aussi incapables de nous purifier nousmêmes, que le lépreux de l'Evangile étoit incapable de se guérir lui-même; nous sommes tous naturellement, comme dit SaintPaul, morts dans nos fautes et dans nos iniquités, c'est-à-dire, condamnés devant la justice de Dieu aux peines que nous avons méritées par nos péchés, et aussi incapables de nous rendre à nous-mêmes la vie spirituelle, que Lazare étoit incapable de sortir du tombeau par ses propres forces; nous marchons tous naturellement dans le chemin de la perdition éternelle, et nous sommes aussi incapables de nous sauver nous-mêmes, que les disciples étoient incapables de calmer la tempête qui alloit les faire périr. Voilà ce que Dieu nous déclare dans sa Parole, et

(5) Matth. VIII. 2. 3.
(7) Matth. VIII. 23-25.

(6) Jean XI. 22.
(8) Ephés. II. 1.

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ce que l'expérience de tous les vrais chrétiens confirme pleineDites-le moi, mes enfants, est-il encore nécessaire de demander pourquoi nous devons prier? Autant vaudroit demander pourquoi un homme qui se noie doit crier au secours, pourquoi un homme qui meurt de faim et de soif doit demander à mauger et à boire. Et cette dernière comparaison n'est pas de moi, elle est de Dieu, qui nous dit que nous devons avoir faim et soif de la justice; et il est littéralement vrai que notre ame ne peut pas plus vivre de la vie de Dieu sans prier, que notre corps ne peut vivre sans nourriture. La prière est, comme on l'a dit, la respiration de l'ame; et comme un arbre puise dans la terre, par ses racines, les sucs qui le font vivre, verdir, fleurir et porter du fruit, la prière nous fait puiser en Dieu, si je puis ainsi m'exprimer, toutes les grâces dont notre ame a besoin; car, comme dit l'Ecriture, tout don parfait et tout le bien qui nous est donné vient d'en haut, descendant du Père des lumières. Corneille prioit lorsque Dieu lui apparut en vision et lui dit de faire chercher Pierre, qui lui enseigneroit des choses par lesquelles il devoit être sauvé. 2 Paul prioit à Damas lorsque le Seigneur lui envoya Ananias pour le consoler et lui reudre la vue.....Voyez l'enfant prodigue; quelle misère, quelle honte, quelles souffrances il s'est attirées par ses vices! Mais il rentre en lui-même, il s'humilie devant Dieu, il prie; il reçoit l'assurance du pardon de ses péchés; et avec le pardon, la paix, le bonheur et l'amour de la vertu entrent dans son ame. 4

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Demanderez-vous encore, mes chers enfants, pourquoi il faut prier? Eh bien, j'ai encore un puissant motif à vous présenter. Nous sommes tous, sans exception, condamnés devant Dieu à cause de nos péchés; mais Dieu nous a tant aimés que d'envoyer son Fils au monde pour nous sauver; Jésus-Christ a donné sa vie sur la croix, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle, et il n'y a de salut en aucun autre qu'en Christ. Voilà ce que déclare la Bible, qui est la Parole même de Dieu, et qui est vraie comme Dieu. est vrai. Mais cette même Bible déclare aussi que la foi est un don de la grace de Dieu; que nul ne peut croire en JésusChrist que par l'efficace du Saint-Esprit; et que Dieu donne le Saint-Esprit à quiconque en sent le besoin et le lui demande en sincérité. Ne pas le demander, ne pas prier, c'est donc

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(9) Matth. V. 6.

(2) Act. X. 4. XI. 14.
(4) Luc. XV. 11-32.
(6) Act. IV. 12.
(8) 1 Cor. XII. 3.

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(1) Jaq. I. 17.
(3) Act. IX. 11.
(5) Jean III. 15.
(7) Ephés. II. 8.
(9) Luc XI. 13.

vouloir périr, et périr éternellement. Prier, c'est vouloir être sauvé et heureux à toujours.

Vous le voyez donc, mes enfants, la prière est bien moins encore un devoir, qu'un doux et glorieux privilège pour les enfants de Dieu. Les démons et les réprouvés ne prient pas; mais le chrétien ne peut pas vivre sans prier; la prière, je le répète, est son privilège, sa joie, sa paix, sa force, sa consolation, et il ne se sent jamais plus malheureux que lorsque le péché et les soucis de ce monde viennent affoiblir en lui cet esprit de prière. Les anges et les esprits glorifiés prient avec bien plus d'ardeur et de persévérance encore; ils sont constamment, nous dit l'Ecriture, en adoration et en prière autour du trône éternel de l'Agneau de Dieu, qui s'est immolé pour les péchés des hommes.

En répondant à la cinquième question qu'il s'est proposée quand devons-nous prier? Mr. M. combat une fausse idée que bien des gens se font, et que nous regardons, avec lui, comme très-funeste:

Je ne puis, mes chers enfants, descendre de cette chaire avant de vous avoir signalé une erreur dangereuse dans laquelle plusieurs personnes, qui peuvent avoir du reste de bonnes intentions, tombent à l'égard de la prière. Il faut, disent ces personnes, attendre d'être bien disposé pour prier, et en attendant il vaut mieux s'en abstenir; et les jours, et les mois, et les années se passent, et la vie se passe sans prier Dieu, et la mort arrive, l'éternité s'ouvre, et l'on comparoît en jugement, et les bonnes dispositions qu'on disoit attendre n'arrivent pas. Je ne m'arrêterai pas à vous dire, mes enfants, que ce manque de disposition à prier est un des plus sûrs et des plus tristes symptômes de notre éloignement de Dieu et du desséchement de notre cœur; mais je vais chercher à vous faire comprendre, par une comparaison, la folie de ce prétexte que Satan nous présente pour nous retenir dans son horrible empire; car il sait que si nous ne prions pas, nous lui appartenons. Qu'auriez-vous pensé du paralytique de l'Evangile, si, lorsqu'il entendit parler de Jésus et de ses miracles, il se fût dit : « je désire bien que Jésus. de Nazareth ine guérisse comme j'apprends qu'il a guéri d'autres malades; tous les secours des hommes sont inutiles, et un miracle de la puissance de Dieu peut seul me rendre l'usage de mes membres. Mais je suis dans ce moment trop foible et trop perclus; j'attendrai pour m'adresser à Jésus, d'avoir repris un

(1) Apoc. V. 8-14.

peu de force, j'attendrai que mes jambes puissent me soutenir, et alors j'irai vers lui et il achèvera de me guérir. » Croyez-vous, mes enfants, que si le paralytique eût raisonné ainsi, il eût été guéri? Mais que fit-il? «Mes amis, » me semble-t-il lui entendre dire à ceux qui étoient autour de lui, « vous voyez le triste état auquel je suis réduit; je n'ai pas la force de me remuer; mais près d'ici est un homme de Dieu, qui rend la vue aux aveugles, l'ouïe aux sourds, la vie aux morts; si je m'adresse à lui, il déploiera aussi sa puissance en ma faveur. Oh! qu'il me tarde de lui présenter ma requête! Ne perdons pas un instant; portezmoi vers lui, tel que je suis, foible et misérable, étendu sur ce lit de douleur où la maladie qui m'afflige me tient cloué depuis si long-temps; Jésus verra ma misère et il aura pitié de moi. » Arrivé à la maison où Jésus étoit, ce touchant cortège ne put approcher de lui à cause de la foule; mais le paralytique croyoit que Jésus pouvoit et vouloit le guérir, il désiroit avec ardeur d'être guéri, et les difficultés ne pouvoient le rebuter; aussi, se faisant porter sur le haut de la maison, qui étoit plate, comme c'est encore l'usage dans l'Orient, il se fit descendre par le toit, et ainsi pénétra enfin auprès du Sauveur; et Jésus, (o mes chers enfants, que cette scène est touchante et instructive!) Jésus, voyant sa foi, lui dit: Mon fils, tes péchés te sont pardonnés. Lève-toi, charge ton lit et t'en va dans ta maison. Et, à l'instant, celui qui venoit d'arriver là, porté par quatre hommes, se leva, chargea sur ses épaules le lit sur lequel il étoit étendu sans force et sans mouvement, et retourna dans sa maison, louant et glorifiant Dieu. Je n'ajouterai rien; l'application de ce trait au prétexte que je combats est assez claire. Comprenez-vous maintenant, mes enfants, que dire qu'on attend de bonnes dispositions, avant de prier, c'est dire qu'on attend d'être guéri pour s'adresser au médecin? Ah! n'attendez donc pas, mes enfants, d'être saints et justes pour aller à Jésus, car jamais vous u'iriez à lui; et si vous n'allez pas à lui, vous périrez éternellement. Mais allez à lui, tels que vous êtes, avec vos péchés et vos misères, et il vous justifiera par sa grâce, et vous sanctifiera par son Saint-Esprit. Moins nous nous sentons disposés à prier, plus nous en avons besoin; plus nous sommes éloignés de Dieu, plus notre ame est malade et en danger, et plus aussi nous devons nous adresser sans délai au Seigneur, afin qu'il nous guérisse et qu'il nous sauve. La disposition à le prier est la première demande que nous avons à lui faire, l'esprit de prière la première grâce que nous avons à solliciter de lui.

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(2) Marc II. Luc V.

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