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tes adversaires? 10 L'histoire de l'Eglise nous présente aussi de nombreux exemples d'enfants qui ont attesté la puissance régénératrice du Seigneur.

Sans doute qu'un enfant né de nouveau, ne pourra raisonner savamment sur la doctrine du salut. Sa théologie, si je puis employer ce mot ici, se résume en ces deux points: « Je suis pécheur; mais Jésus est mort pour moi. » Voilà tout son Christianisme. Et n'est-ce pas là le Christianisme tout entier? C'étoit celui de la fille de Thomas Scott. En déposant au pied de la croix de Jésus le fardeau de ses péchés, l'enfant y apporte aussi la candeur de son âge et la simplicité du matin de la vie, qui s'évanouit si souvent par les années et la science. Croire Jésus, aimer Jésus, suivre Jésus, voilà son tout. Heureux ceux qui sont rendus semblables à ce petit enfant! c'est à eux qu'appartient l'héritage incorruptible.

Ce seroit en vain que l'Ecriture nous ordonne d'instruire nos enfants à l'entrée de leur voie et selon le Seigneur, si nous n'osions espérer que, dès l'entrée de leur voie, c'est-à-dire dans leurs premières années, Dieu peut les convertir à Lui. Il ne nous ordonne point une chose qui ne pourroit jamais avoir aucun résultat. D'où nous devons conclure qu'il peut répandre sa connoissance, selon sa volonté, dans l'ame des jeunes créatures confiées à nos soins. — Dans la promesse qu'il fait du salut qui est en Christ, il n'a point égard à l'âge de personne ou à d'autres circonstauces semblables. Il fait entrer dans sa vigne, les uns dès le matin, d'autres à midi ou vers la fin du jour. Que de consolations et de joie il y a pour un père dans cette inépuisable miséricorde! -Grâces, grâces soient mille fois rendues à ce Dieu d'amour, de ce qu'il nous montre que sa paix peut aussi s'étendre sur de foibles plantes qu'il va peut-être cueillir

(10) Ps. VIII. 2. (1) Prov. XXII. 6. Eph. VI. 4.

à leur premier printemps, pour les transporter dans son Heden céleste! Grâces lui soient rendues, de ce qu'il les arrose de bonne heure de la rosée vivifiante de son Esprit, pour les rendre fertiles en bons fruits, si elles doivent parvenir à un état d'accroissement plus développé.

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Oh! ne nous lassons pas d'assiéger le trône des miséricordes pour que nos propres enfants soient aussi revêtus de la justice qui est en Christ et qu'à la vie ou à la mort, ils soient au nombre des ames rachetées par le sang de l'Agneau. Cessons de douter du pouvoir de notre Dieu: son bras n'est point raccourci, et la lumière spirituelle est toujours à son commandement. Toute conversion réelle est un miracle de son puissant amour. Cependant n'oublions jamais qu'il veut que l'on soit ouvrier avec lui. Thomas Scott en étoit trop intimément convaincu pour ne pas annoncer le message de paix à sa chère enfant, dès qu'elle fut capable de bégayer les noms de Dieu et de Jésus. Des prières ferventes et journalières accompagnoient ses pieuses instructions. Si le Seigneur a bien voulu lui donner des preuves évidentes de la régénération de sa fille, il n'y a rien là qui doive nous étonner, puisque nous y trouvons l'accomplissement de la promesse de grâce qu'il nous a révélée dans sa Parole. L'incrédulité de notre cœur à l'égard de tels témoignages de la fidélité de Dieu, doit nous remplir d'une profonde humilité et nous porter à nous écrier: O Eternel, enseigne-moi à avoir du sens et de l'intelligence; aie pitié de moi selon ta Parole! 3

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LA PRIÈRE EXAUCÉE.

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ON lit dans la vie du major-général Burn un trait

qui montre combien le Seigneur est fidèle à exaucer (2) Voyez entr'autres Act. II. 39. (3) Ps. CXIX. 58. 66.

les prières de ses enfants, même lorsqu'il parott fermer l'oreille à leurs cris.

<< Entre beaucoup de raisons que j'ai, dit-il, de louer Dieu pour ses miséricordes, je dois en particulier le bénir et magnifier son saint nom de ce qu'il est disposé à entendre et à exaucer nos prières. Je puis bien dire que je l'ai vraiment trouvé tel envers moi, et qu'il ne s'est jamais montré si fidèle à cet égard, que quand il m'a refusé l'accomplissement direct et immédiat de ma requête; car j'ai souvent reconnu par le résultat, que j'avois beaucoup plus lieu de le remercier de ce refus, que s'il m'eût accordé plus promptement ce que je demandois. J'en citerai un exemple entre beaucoup d'autres.

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Après que j'eus acquis une vue claire de la vérité divine, ma prière de tous les jours étoit que si je devois jamais m'embarquer sur un vaisseau de guerre (séjour horrible pour un chrétien par la dépravation qui y règne à l'ordinaire) je pusse du moins y trouver quelque personne sérieuse, dont le commerce, les bons avis et le pieux exemple, fussent un moyen de me préserver de chûtes. Ensuite je négligeai cetté prière pendant quelque temps, et je finis par l'oublier tout-à-fait; mais Dieu ne l'oublia pas, comme on le verra par ce que je vais raconter.

«Il y a environ quarante ans, lorsque je fus nommé officier dans la marine royale, deux autres officiers et moi reçûmes en même temps l'ordre de nous embarquer chacun dans un des trois vaisseaux stationnés à l'entrée de la rivière Medway. Deux de ces vaisseaux se trouvoient près de Chatham et communiquoient en tout temps très-facilement avec cette ville. Le troisième, appelé la Résolution, faisoit son service dans un endroit très-reculé, où des communications avec la terre éloient fort difficiles et quelquefois impossibles. Chacun de nous sollicita, en conséquence, auprès du commandant, la faveur d'être envoyé près

de Chatham. Celui-ci ne voulant désobliger aucun des trois, nous ordonna de nous trouver à la parade le lendemain, afin de tirer au sort qui auroit le poste rebuté. Dans cette circonstance, j'eus mon recours au Seigneur, et si jamais j'ai prié avec ferveur en ma vie, c'est bien alors. J'exposai à Celui qui sonde les cœurs, et qui lisoit dans le mien, que mon principal motif pour être rapproché de Chatham éloit le désir de pouvoir toujours rechercher les moyens de grâce et le service de sa maison; et je sentis une grande confiance que si, comme je l'espérois, j'étois un enfant de Dieu, il m'accorderoit ma demande; car, comme il est écrit: on jette le sort au giron, mais ce qui en procède vient de l'Eternel. L'heure décisive arriva, et ce fut le vaisseau tant redouté qui m'échut en partage! Si j'eusse tiré de l'urne fatale mon arrêt de mort, je n'eusse pas été si consterné. Ainsi, pensois-je, ma prière avoit été rejetée! Et l'ennemi des ames profitant du trouble de mon cœur incrédule et mauvais, cherchoit à me persuader, ou que je n'étois pas réellement un racheté de Christ, ou que Dieu ne faisoit aucune attention aux prières de ses enfants. C'est dans cet état de découragement et d'obscurité que je n'einbarquai le matin mème pour me rendre à mon poste, semblable à un criminel qu'on mène au supplice. J'arrivai sur le vaisseau de mon exil dans le moment où les officiers se réunissoient pour le diner. Lorsque je leur eus été présenté, le troisième lieutenant qui se trouvoit alors être de semaine pour présider, se leva et implora la bénédiction de Dieu sur le repas; il le fit avec un sérieux et une solennité qui me frappèrent d'autant plus que je connoissois les moeurs des vaisseaux de guerre à cet égard, et je résolus aussitôt d'observer tous les discours de cet homme, dans l'espérance

(4) Prov. XVI. 33.

qu'ils me feroient connoître ses sentiments. Il ne dit rien pendant le diner qui pût m'éclairer; mais le vin n'eût pas plutôt été mis sur la table, que Tomlinson (c'étoit le nom du lieutenant) fut attaqué sur la religion par plusieurs des convives; et j'eus bientôt lieu de reconnoître en lui un vrai chrétien, à la manière ferme, judicieuse et bienveillante, avec laquelle il réfutoit leurs objections et censuroit leur incrédulité. Désirant aussi, je présume, connoître de quel esprit j'étois animé, ils en appelèrent fréquemment à moi, sur la vérité de ce qu'ils disoient; mais je fus toujours obligé de me prononcer contre eux. Lorsque la ration de vin fut achevée (car il régnoit beaucoup d'ordre et de sobriété à cette table), le quartier-maître du vaisseau se leva, et coupant court à la conversation, il s'écria avec un jurement : « .... notre » nouveau camarade est un aussi grand méthodiste 5. que Tomlinson.» Je ne pus m'empêcher de sourire de joie et de reconnoissance envers Dieu, qui m'avoit jugé digne d'être associé à un tel homme. - Comme deux aiguilles aimantées qui tombent l'une près de l'autre parmi la paille, se rapprochent et s'unissent d'elles-mêmes, ainsi le lieutenant Tomlinson et moi entrâmes bientôt en contact. Après avoir échangé quelques questions, nous descendimes dans sa cabine, où nous eûmes une heure d'entretiens édifiants, que. nous terminâmes par la prière, bien que peu d'heures auparavant nous n'eussions jamais vu le visage l'un de l'autre.

«Alors je me rappelai la prière que j'avois si criminellement oubliée, et qui se trouvoit si pleinement exaucée. Ainsi je fus bientôt réconcilié avec la position que Dieu m'avoit assignée. Mais ce Dieu qui abon

-

(5) C'est le nom que porte une secte chrétienne en Angleterre, et que les ignorants donnent indistinctement à tous ceux qui veulent vivre dans la piété selon Jésus-Christ.

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