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connoître aussi la réalité du salut qui est en Christ. N'étouffez pas la voix secrète et salutaire de votre conscience. Jugez-vous, enfin, en sincérité devant Dieu, et d'après sa Parole. Considérez que Dieu est votre Créateur, et que vous êtes sa créature. Pensez à ses droits sur vous, et demandez-vous si vous l'avez jamais aimé de tout votre cœur, et si vous avez jamais aimé votre prochain comme vous-même? Ne craignez pas le trouble que ces questions feront naître au dedans de vous; ce trouble est précurseur du calme. Ne vous fuyez pas vous-même; il faut que vous connoissiez votre mal pour en pouvoir guérir. Ne vous plongez pas dans les vaines distractions du monde; elles vous endormiroient toujours plus profondément. Recherchez au contraire la solitude et le recueillement, en la préseuce de Dieu. Surtout, demandez-lui son Esprit de vérité et de lumière qui seul peut dissiper votre aveuglement, et vous montrer à vous-mêmes tel que vous êtes, et tel que vous dépeint sa Parole. Quand une fois vous aurez découvert et senti la plaie mortelle de votre ame, la vérité, l'excellence, le prix inestimable de l'Evangile vous frapperont. Il vous apparoîtra sous un jour tout nouveau. Vous vous étonnerez d'avoir pu être si long-temps sans en sentir le besoin, sans le recevoir, sans en nourrir votre ame, et avec la foi, commencera pour vous une vie nouvelle. Amen!

CORRESPONDANCE.

INVITATION A PRIER POUR LES HEUREUX DE CE SIÈCLE.

MONSIEUR

ONSIEUR LE RÉdacteur,

Il est une classe d'hommes, qui, autant que j'en puis juger, ne sont que trop oubliés dans les prières

adressées au Trône des miséricordes, et qui cependant ont un bien pressant besoin que les enfants de Dieu se souviennent d'intercéder en leur faveur.— Lorsque les fidèles se présentent devant leur Père, et que, suivant son ordre, ils lui adressent des prières et des supplications pour tous les hommes, ils lui demandent de bénir les pauvres, les affligés, les malades, tous ceux qui sont sous le poids de quelque douleur, qui sont châtiés et éprouvés par la main du Seigneur appesantie sur eux. Cette sollicitude est juste, naturelle et conforme à la Parole; toutefois en y regardant de plus près, on trouvera bientôt qu'ils ne sont pas les seuls entre ceux qui nous entourent, pour lesquels il soit urgent de prier. La main du Seigneur les frappe: ah! n'est-ce pas pour les appeler? n'est-ce pas pour les sortir de leur état d'indifférence et de mort? C'est souvent ainsi que notre Dieu prévient ceux qu'il a aimés le premier; c'est ainsi qu'il amène au pied de la croix et au salut en Christ ceux qu'il a élus avant tous les siècles.

Il est très-vrai, que, sans la bénédiction de Dieu et les influences de son Esprit, la douleur aigrit plutôt qu'elle ne touche; car il n'y a dans l'affliction en elle-même rien qui convertisse ou sanctifie les ames. Aussi sans les prières offertes à Dieu par son Eglise, combien de malheureux n'auroient trouvé dans leurs angoisses qu'un avant-goût de l'Enfer, au lieu d'y trouver une voix de Dieu qui les appeloit à lui et une route destinée à les conduire à Jésus. Mais cette réflexion même ne fait que montrer avec plus d'évidence, combien il y a réellement peu de charité et d'accord avec les grands principes du Christianisme, à laisser, dans les prières soit individuelles soit faites en commun, la lacune que mon but est de vous signaler. On ne prie pas en général pour les HEUREUX DE CE SIÈCLE. Et cependant qui a besoin que l'on s'intéresse à son ame plus que les malheureux qui ne

pensent pas à leur salut et que tant de choses détournent d'y penser? Plongés dans l'étourdissement le plus profond, courant de folies en folies, et de vanités en vanités, ils passent leur vie à se promener parmi ce qui n'a que l'apparence et souvent la mort les surprend comme les Israélites au désert, ayant encore dans la bouche et entre les dents les viandes qu'ils ont convoitées.

Toutefois la prospérité terrestre a aussi une voix pour appeler les ames à Dieu de sa part, et il n'y a aucune position sur la terre qui ne puisse offrir à l'Esprit du Seigneur, des armes pour réveiller la conscience et pour convaincre de péché. Il y a dans tous les biens, dans toutes les jouissances de ce monde un néant si profond; le bonheur qu'on y trouve laisse dans l'ame un vide si pénible et si incurable par les seuls moyens que la terre peut offrir; il y a dans cette vie d'oubli de Dieu au milieu de ses bienfaits accumulés, une ingratitude tellement évidente, que, si l'homme naturel n'étoit pas la plus aveugle et la plus insensée des créatures, cette position ne seroit pas tenable; et la conviction du péché, le dégoût des faux biens, la soif des biens véritables, s'empareroient à l'envi d'un homme qui auroit passé quelques jours dans les joies du siècle et dans la fatigue des plaisirs mondains. - Cela est si vrai, que les exemples d'ames converties au Seigneur par cette voie ne sont pas extrêmement rares, quoique bien moins nombreux que ceux de personnes amenées à Dieu par le moyen de l'adversité. - Eh bien! si des prières ferventes, habituelles, générales, s'adressoient à Dieu en faveur de ceux qui ont tout pour la terre, mais qui , pour les cieux, n'en sont pas moins malheureux, misérables, pauvres, aveugles et nus; ne devrions nous pas espérer de voir des mondains insensés renoncer à leurs folies, se réveiller de leur assoupissement fatal, abandonner les songes d'une

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félicité menteuse, et consacrer au service du Seigneur cet or que l'on prodigue pour des vanités ces talents, ces facultés précieuses qui restent enfouis dans la paresse et l'inutilité? - Ah! si l'on sentoit mieux le prix de ces ames si fort serrées et enlacées dans les filets de Satan si profondément aveuglées, si complètement séduites par le dieu de ce siècle ; de ces ames que tant de préjugés égarent, que tant de faux devoirs asservissent, que tant de misères assiègent, et qu'un sort si funeste attend, ah! l'on ne seroit pas si lent et si froid å prier pour elles!

Si vous jugez convenable de communiquer ces réflexions à vos lecteurs, veuille le Seigneur les bénir et les faire tourner à sa gloire; qu'Il daigne Luimême incliner les cœurs, et le mien en particulier, à prier pour ces heureux du siècle, si malheureux et si misérables en réalité ! Qu'Il veuille bénir tout ce qui tend à avancer son règne, et en particulier continuer à votre Feuille, déjà si bénie, sa puissante protection!

Agréez, Monsieur le Rédacteur, les assurances de mon affection en Christ.

Le 31 Janvier 1831.

Un de vos abonnés.

PASSAGE DE LA BIBLE,

Genèse XIX. . 29. Mais il étoit arrivé, lorsque Dieu détruisoit les villes de la plaine, QU'IL S'ÉTOIT SOUV ENU D'ABRAHAM, et avoit envoyé Lot hors de la subversion, quand il détruisoit les villes où Lot habitoit.

Vous voyez ici l'exemple d'une prière exaucée. Le fidèle Abraham avoit demandé à l'Eternel de ne pas faire mourir le juste avec le méchant ; et Dieu s'étoit souvenu d'Abraham, de sa prière, montrant ainsi comment la prière du juste, faile avec ferveur, est d'une grande efficace.

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No. 8. 1831.

DU 20 FÉVRIER.

FEUILLE RELIGIEUSE

DU

CANTON DE VAUD.

Que toutes choses se fassent pour l'édification..... afin que suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses en celui qui est le Chef, Jésus-Christ. 1. Cоn. XIV. Ň. 26. - EPH. IV. . 15.

-

LA PAUVRE SARA,

1

FEMME INDIGENE DU CONNECTICUT EN AMÉRIQUE.

C'EST au mois de Mars 1814, que je fis, pour la

première fois, connoissance avec Sara. Elle avoit passé devant ma maison et avoit demandé un morceau de pain, en ajoutant que des miettes lui suffiroient pour soutenir un corps ruiné, qui alloit bientôt tomber en poussière. Comme j'avois souvent entendu parler d'une vieille Indienne nommée Sara, je fus curieux de m'entretenir avec elle, et je l'accueillis avec bonté. « Comment, lui demandai-je, avez-vous passé le long hiver froid que nous avons eu? » - « Oh! me répondit-elle, Dieu m'a tenu lieu de crainte et de soucis. A l'approche de l'hiver, Sara eut bien

(1) Le récit suivant de la carrière chrétienne de cette pauvre Indienne, est rapporté par un journal bien connu des EtatsUnis d'Amérique, le Religious Intelligencer; et l'auteur en est un homme digne de foi, qui n'appartient point aux missions évangéliques. Les détails touchants qu'il nous donne ici, portent au reste, avec eux un caractère irrécusable de vérité, pour toute personne qui n'est pas étrangère à cette influence vivifiante et sanctifiante de l'Evangile, sous laquelle la pauvre Sara avoit passé les dernières années de sa vie.

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