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Révolution de Portugal; révolution de Suède; Histoire des Révolutions Romaines, par l'abbé de Vertot.

Quand l'Histoire des révolutions de Portugal parut, le père Bouhours disait qu'il n'avait rien vu dans la langue française qui, pour le style, fût au-dessus de cet ouvrage; et le père Bouhours était assurément connaisseur en ce genre. Vertot a une manière de narrer pleine d'agréments, et qui inspire en même temps de l'intérêt; cependant l'Histoire des Révolutions romaines est regardée comme le chef-d'œuvre de cet auteur. Ayant été nommé historiographe de l'ordre de Malte, il écrivit une histoire de cet ordre; mais on voit qu'elle est écrite par devoir : le sujet probablement l'intéressait peu, et elle est, sous tous les rapports, d'un mérite très inférieur aux ouvrages dont je viens de parler.

Ver

On rapporte du siége de Malte décrit par tot, qu'ayant demandé à ce sujet des renseignements exacts, on les lui envoya, et que l'abbé, qui avait décrit d'imagination cet événement, dit: Cela arrive trop tard, mon siège est fait.

On a de l'abbé de Vertot divers autres ouvrages, et plusieurs dissertations savantes dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions et

belles-lettres. Il mourut à Paris en 1735, âgé de

quatre-vingts ans.

Histoire de Sobieski, par l'abbé Coyer.

Le style en est concis et animé ; mais on a remarqué que quelquefois il est peu adapté à la gravité et à la dignité de l'histoire.

Un petit roman de lui, intitulé Chinki, a été, quand il parut, attribué à Voltaire. On a dit de ses Voyages d'Italie et de Hollande, qu'il avait donné à tout un coup-d'oeil superficiel, et fait des remarques analogues à la mobilité de son esprit et de son caractère. Ses Bagatelles morales passent pour ce qu'il a fait de mieux; car sa Lettre à une Milady, est regardée comme un chef-d'œuvre de bonne plaisanterie. Il mourut à Paris, en 1782. Il avait été jésuite.

Histoire de Charles XII; Siècle de Louis XIV; Essais sur l'Histoire universelle, par Voltaire. (Voyez la seconde partie de ces Essais, sous l'article VOLTAIRE.)

L'Histoire ancienne et l'Histoire romaine, par Rollin (1), sont des ouvrages très utiles, sur

(1) Charles Rollin, fils d'un coutelier de Paris, y naquit en

tout pour les personnes qui n'ont pas eu l'avantage de lire les anciens auteurs grecs et latins. On a remarqué que l'Histoire romaine avait eu beaucoup moins de succès, parce que les événements y sont détaillés d'une manière trop dif fuse, et ne plaisent point au lecteur, comme le tableau qu'il a donné de l'Histoire ancienne. Dans celle-ci, Rollin a suivi Hérodote, qui dans un seul petit volume a donné l'histoire de tout le monde connu de son temps; tandis que dans l'Histoire romaine il a marché sur les traces de Tite-Live.

« Un honnête homme, dit Montesquieu, a par ses ouvrages d'histoire, enchanté le public. C'est le cœur qui parle au cœur ; on sent une secrète satisfaction d'entendre parler la vertu : c'est l'abeille de la France. >>

Tous les ouvrages de Rollin respirent le res

1661, y mourut en 1740, à l'âge de quatre-vingts ans. Un bénédictin, dont il servait la messe, ayant été frappé de sonesprit, et ayant reconnu en lui des dispositions les plus heureuses pour l'étude, obtint de quelques personnes dont il était confesseur, de l'argent pour le faire élever. Il fut placé d'abord an college du Plessis; de là il passa en Sorbonne. Il eut la place de professeur d'humanités au collége du Plessis, en 1683; de rhétorique au même collége, en 1687; et celle d'éloquence au College royal, en 1688.

pect pour la religion, et si je puis m'exprimer ainsi, l'amour pour les mœurs; il cherche à inspirer ces sentiments à ses lecteurs. Quant à son mérite littéraire, on l'a trop exalté dans son temps, et trop peu loué ensuite; mais il est toujours resté, et restera toujours auteur classique.

Quoiqu'on reproche à son Traité de la manière d'enseigner et d'étudier les belles-lettres par rapport à l'esprit et au coeur, de manquer d'ordre et de profondeur, c'est un ouvrage recommandable sous plusieurs aspects, par le style, par le bon goût qui y règne, et par un choix de beaux morceaux des meilleurs écrivains latins.

grecs et

MÉMOIRES.

Mémoires de Joinville.

JEAN, sire de Joinville, sénéchal de Champagne, naquit au château de Joinville en 1224, et y mourut en 1318, à l'âge de quatre-vingtquatorze ans. Il fut l'un des principaux personnages de la cour de saint Louis. Il accompagna ce prince dans son expédition en Egypte et en Palestine. Ses mémoires contiennent des choses curieuses sur les personnes de ce temps-là, et sur les idées et les sentiments qui régnaient alors. Les premières éditions sont presque inintelligibles, même pour des Français, tant leur langue a éprouvé de changements. La meilleure édition est celle de l'imprimerie royale, de 1761.

On a dit de lui qu'il était courtisan aimable, militaire intelligent et courageux; qu'il avait l'esprit vif et gai, les sentiments nobles et éle vés: et il me semble qu'on le trouve tel dans son ouvrage.

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