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L'AMARANTE

Je suis la fleur d'amour qu'Amarante on appelle
Et qui viens de Julie adorer les beaux yeux.
Roses, retirez-vous, j'ai le nom d'immortelle!
Il n'appartient qu'à moi de couronner les dieux.

(GOMBAULD)

LA VIOLETTE

Franche d'ambition, je me cache sous l'herbe,
Modeste en ma couleur, modeste en mon séjour;
Mais, si sur votre front je puis me voir un jour,
La plus humble des fleurs sera la plus superbe.

L'HÉLIOTROPE OU TOURNESOL

(DESMARETS)

A ce coup les Destins ont exaucé mes vœux;
Leur bonté me permet de parer les cheveux
De l'incomparable Julie;

Pour elle, Apollon, je t'oublie;

Je n'adore plus que ses yeux.

C'est avecque leurs traits qu'Amour me fait la guerre;

Je quitte le soleil des cieux

Pour suivre celui de la terre.

5

ΙΟ

15

(MONTAUSIER)

LE SOUCI

Ne pouvant vous donner ni sceptre ni couronne,
Ni ce qui peut flatter les cœurs ambitieux,
Recevez ce souci, qu'aujourd'hui je vous donne,

Pour ceux que tous les jours me donnent vos beaux yeux. 20

(HABERT)

5

SYLVIE ET LYGDAMON

Sylvie

Il est vrai, j'admirais la hauteur de ces bois.

Lygdamon

Admirez mon amour, plus grande mille fois.

Sylvie

Que le bruit de cette onde a d'agréables charmes!

Lygdamon

Pouvez-vous voir de l'eau sans penser à mes larmes?

Sylvie

Je cherche dans ces prés la fraîcheur des zéphirs.

Lygdamon

Vous devez ce plaisir au vent de mes soupirs.

Sylvie

Que d'herbes, que de fleurs vont bigarrant ces plaines!

Lygdamon

Leur nombre est plus petit que celui de mes peines.

Sylvie

Ce petit papillon ne m'abandonne pas.

Lygdamon

10 Mon cœur, de la façon, accompagne vos pas.

(GEORGES DE SCUDÉRY)

S

MADRIGAL

Tout cède à sa belle présence,

Et, de peur que rien ne l'offense,
Le soleil éteint son flambeau;
Il va se retirer sous l'onde:

Il laisse à cet astre plus beau

La charge d'éclairer le monde.

(COTIN)

CHANSON POUR UNE TOUTE JEUNE DEMOISELLE

Eh quoi! dans un âge si tendre,

On ne peut déjà vous entendre

Ni voir vos beaux yeux sans mourir!

Ah! soyez, jeune Iris, ou plus grande ou moins belle;
Apprenez, petite cruelle,

Apprenez à blesser quand vous saurez guérir.

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1. Lettre à Corneille sur Cinna, 17 janvier 1643

Monsieur, j'ai senti un notable soulagement depuis l'arrivée de votre paquet, et je crie miracle dès le commencement de ma lettre. Votre Cinna guérit les malades, 15 il fait que les paralytiques battent des mains, il rend la parole à un muet, ce serait trop peu de dire à un enrhumé.

En effet, j'avais perdu la parole avec la voix; et, puisque je les recouvre l'une et l'autre par votre moyen, il est bien juste que je les emploie toutes deux à votre gloire, 20 et à dire sans cesse: «La belle chose!» Vous avez peur néanmoins d'être de ceux qui sont accablés par la majesté

IO

SYLVIE ET LYGDAMON

Sylvie

Il est vrai, j'admirais la hauteur de ces bois.

Lygdamon

Admirez mon amour, plus grande mille fois.

Sylvie

Que le bruit de cette onde a d'agréables charmes!

Lygdamon

Pouvez-vous voir de l'eau sans penser

Sylvie

à mes larmes?

5 Je cherche dans ces prés la fraîcheur des zéphirs.

Lygdamon

Vous devez ce plaisir au vent de mes soupirs.

Sylvie

Que d'herbes, que de fleurs vont bigarrant ces plaines!

Lygdamon

Leur nombre est plus petit que celui de mes peines.

Sylvie

Ce petit papillon ne m'abandonne pas.

Lygdamon

10 Mon cœur, de la façon, accompagne vos pas.

(GEORGES DE SCUDÉRY)

MADRIGAL

Tout cède à sa belle présence,

Et, de peur que rien ne l'offense,
Le soleil éteint son flambeau;

Il va se retirer sous l'onde:

Il laisse à cet astre plus beau

La charge d'éclairer le monde.

(COTIN)

CHANSON POUR UNE TOUTE JEUNE DEMOISELLE

Eh quoi! dans un âge si tendre,
On ne peut déjà vous entendre

Ni voir vos beaux yeux sans mourir!

Ah! soyez, jeune Iris, ou plus grande ou moins belle;
Apprenez, petite cruelle,

Apprenez à blesser quand vous saurez guérir.

لسد

(BOISROBERT)

5

ΙΟ

II. BALZAC

1597-1654

1. Lettre à Corneille sur Cinna, 17 janvier 1643

Monsieur, j'ai senti un notable soulagement depuis l'arrivée de votre paquet, et je crie miracle dès le commencement de ma lettre. Votre Cinna guérit les malades, 15 il fait que les paralytiques battent des mains, il rend la parole à un muet, ce serait trop peu de dire à un enrhumé.

En effet, j'avais perdu la parole avec la voix; et, puisque je les recouvre l'une et l'autre par votre moyen, il est bien juste que je les emploie toutes deux à votre gloire, 20 et à dire sans cesse: «La belle chose!» Vous avez peur néanmoins d'être de ceux qui sont accablés par la majesté

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