5 ΙΟ 15 20 25 30 Le vautour s'en allait le lier, quand des nues Crut, pour ce coup, que ses malheurs Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié) Qui, maudissant sa curiosité, Sans autre aventure fâcheuse. Voilà nos gens rejoints; et je laisse à juger Amants, heureux amants, voulez-vous voyager? Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau, Contre le Louvre et ses trésors, Contre le firmament et sa voûte céleste, Changé les bois, changé les lieux Pour qui, sous le fils de Cythère, Je servis, engagé par mes premiers serments. Hélas! Quand reviendront de semblables moments? 22. Le gland et la citrouille IX. 4 Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve Dans les citrouilles je la treuve.1 Un villageois, considérant Combien ce fruit est gros et sa tige menue: Hé parbleu! je l'aurais pendue A l'un des chênes que voilà; Tel fruit, tel arbre, pour bien faire. C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré Tout en eût été mieux: car pourquoi, par exemple, Le gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt, Dieu s'est mépris; plus je contemple Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo Que l'on a fait un quiproquo.» Cette réflexion embarrassant notre homme: 1 treuve, forme archaïque trouve, pour rimer avec preuve. 5 ΙΟ 15 20 25 5 ΙΟ 15 20 25 «On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit.>> Il s'éveille; et, portant la main sur son visage, Il trouve encor le gland pris au poil du menton. En louant Dieu de toute chose, Garo retourne à la maison. 23. Le paysan du Danube XI. 7 Il ne faut point juger des gens sur l'apparence. Me servit à prouver le discours que j'avance: Le bon Socrate, Ésope, et certain paysan On connaît les premiers: quant à l'autre, voici Son menton nourrissait une barbe touffue; Représentait un ours, mais un ours mal léché: 1 Une fable qui n'est pas donnée ici. (VI. 5.) IO 5 Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre, Et ceinture de joncs marins. Cet homme ainsi bâti fut député des villes Ne pénétrât alors, et ne portât les mains. Que tout mal et toute injustice: Faute d'y recourrir, on viole leurs lois. Témoin nous que punit la romaine avarice: Rome est, pour nos forfaits, plus que par ses exploits, Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Nos esclaves à votre tour. Et pourquoi sommes-nous les vôtres? Qu'on me die2 Nous cultivions en paix d'heureux champs; et nos mains 1 Villes de tribus germaines, la Roumanie actuelle. 330 25 20 15 5 IO Qu'avez-vous appris aux Germains? Comme vous, et la violence, Peut-être en votre place ils auraient la puissance, Et sauraient en user sans inhumanité. Celle que vos préteurs ont sur nous exercée La majesté de vos autels Elle-même en est offensée; Car sachez que les immortels Ont les regards sur nous. Grâces à vos exemples, Ils n'ont devant les yeux que des objets d'horreur, De mépris d'eux et de leurs temples, 15 D'avarice qui va jusques à la fureur. 20 Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome: La terre et le travail de l'homme Font pour les assouvir des efforts superflus. Retirez-les: on ne veut plus Cultiver pour eux les campagnes. Nous quittons les cités, nous fuyons aux montagnes; Nous laissons nos chères compagnes; Nous ne conversons plus qu'avec des ours affreux, Découragés de mettre au jour des malheureux, 25 Et de peupler pour Rome un pays qu'elle opprime. Quant à nos enfants déjà nés, 30 Nous souhaitons de voir leurs jours bientôt bornés: Vos préteurs au malheur nous font joindre le crime. Retirez-les: ils ne nous apprendront Que la mollesse et que le vice; Les Germains comme eux deviendront |