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It is a wonderful thing, dit-il, en parlant de » Falstaff, to see the semblable coherence of his › men's spirits and his: they, by observing him, › do bear themselves like foolish justices; he, by

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› conversing with them, is turned into a justice> like serving man. Their spirits are so married in » conjunction with the participation of society, that they flock together in concert, like so many wild › geese.... It is certain that either wise bearing or ignorant carriage is caught, as men take diseases, › one of another; therefore let men take heed of > their company. » (Shakspeare, Heny IV, sec. part., act. V, sc. I.)

C'est ainsi qu'en général nous nous imprégnons de l'esprit de nos semblables, comme nous respirons le même air et vivons de la même vie. Nous nous copions réciproquement les uns les autres; nous faisons, sous l'inspiration directe de la nature, un mutuel échange de pensées, de sentiments, de mœurs et de croyances. La communication des esprits ne s'opère qu'à l'aide de la ressemblance des manifestations extérieures; et de cette ressemblance émane, comme de sa source naturelle, la preuve invincible de leur homogénéité. Par là, la connaissance qu'un homme a de lui-même cesse d'être un fait isolé et purement subjectif; elle devient une connaissance d'autrui, et s'étend à tous les êtres où il rencontre cet ensemble harmonique de propriétés

qui le constituent lui-même, c'est-à-dire à tout le genre humain. Nous apprenons à connaître les autres en cherchant à nous connaître nous-mêmes; c'est le corollaire naturel du või autóv; ab uno discimus omnes. Aussi Hobbes place-t-il cet oracle divin audessus de toutes les doctrines qui prétendent nous initier à la connaissance de nos semblables. « Per› multi sunt, qui sapientiam dicant non legendo » libros, sed legendo homines acquiri..... Exstat autem præceptum illud antiquius, per quod intelligere possint, si vellent, alios homines legere, » nempe, nosce te ipsum. Quod præceptum ita » intelligendum est ut doceamur cogitationes passionesque hominum diversorum adeo similes esse inter se, ut quicumque in se ipsum introspexerit, consideraveritque quid faciat et quare, >> quando cogitat, opinatur, ratiocinatur, sperat, » timet, etc., idem simul leget intelligetque cogi> tationes passionesque aliorum hominum a simi> libus causis orientes.

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>> . . . Qui gentem universam recturus est, ex se >> ipso cognoscere debet non hunc et illum homi› nem, sed humanum genus. Quod etsi factu diffi

cile sit, difficilius quam addiscere novam linguam, » ant scientiam quamlibet acquirere, si tamen ea » quæ ego de hac re explorata habeo, recto ordine et perspicue explicavero, minuetur difficultas aliis, quibus solus incumbet labor examinandi, an ea

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> quæ dico, ipsorum cogitationibus congruant. Nam › harum rerum alia non est demonstratio. >>

Nous croirions superflu d'ajouter aucun commentaire à ces paroles, surtout après le dernier appel que l'auteur du Léviathan fait à la loi de la ressemblance, comme à une marque infaillible de certitude, comme au critère suprême de la vérité.

CHAPITRE IX.

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De la ressemblance dans la logique. L'induction.
Croyance à la stabilité des lois de la nature.

L'induction est la première opération de l'esprit qui passe d'une connaissance purement intuitive à une connaissance ou à une croyance rationnelle. De ce qu'une chose est vraie dans certains cas particuliers, nous inférons qu'elle le sera également dans tous les cas qui ressembleront aux premiers, ou bien que ce qui est vrai de tous les individus d'une classe, est vrai de tous ceux que des propriétés semblables ont fait comprendre dans cette classe. Elle a lieu lorsque, connaissant un ou plusieurs individus (objets ou phénomènes quelconques), possédant certaines propriétés déterminées et constituant une classe, nous attribuons toutes ces propriétés, antérieurement à l'expérience, aux nouveaux individus qui paraissent avoir les qualités que nous avons remarquées dans les premiers; lorsque sachant, par exemple, que Pierre et Paul sont morts, nous concluons que Jean et Jacques, et tous ceux qui leur ressemblent par les attributs généraux qui consti

tuent l'humanité, mourront comme eux. En d'autres termes, nous jugeons par induction, lorsque nous concluons que ce qui est vrai d'un certain nombre d'individus d'une classe sera également vrai de toute la classe (1).

Nous voyons déjà, par cette définition, que le principe de la ressemblance est une condition essentielle à l'induction. C'est en vertu de l'association fondée sur la similitude que nous étendons les propriétés de certains individus, de certains faits, à d'autres individus et à d'autres faits où l'expérience ne nous les a pas encore révélées, mais où nous croyons qu'elle nous les révélera si les mêmes circonstances se reproduisent. Habitués à l'uniformité des expériences passées, et sachant que cette uniformité s'est manifestée sans cesse dans l'immense majorité des phénomènes de la nature, nous ne pensons pas qu'elle puisse s'interrompre brusque

(1) Remarquons que l'expression sera, dont nous nous servons ici, n'implique nullement que l'induction n'ait lieu que pour les faits à venir : le temps ne fait ici rien à l'affaire. De ce qu'une pierre tombe maintenant à terre, je ne conclus pas seulement qu'elle tombera encore demain, mais qu'elle tomba hier et il y a mille ans. Ce n'est donc pas du présent au futur ou au passé que nous concluons, mais du connu à l'inconnu. L'induction peut s'étendre à une multitude d'événements futurs, mais aussi à une multitude beaucoup plus considérable d'événements présents et passés.

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