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SUR

LA LIBERTÉ

CONSIDÉRÉE

COMME PRINCIPE ET FIN DE L'ACTIVITÉ HUMAINE

PAR

DANIEL STERN

NOUVELLE ÉDITION REVUE PAR L'AUTEUR

PARIS

MICHEL LEVY FRÈRES, LIBRAIRES ÉDITEURS 2 BIS, RUE VIVIENNE, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15

A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

Tous droits réservés

PREFACE

DE LA NOUVELLE ÉDITION

L'Essai sur la Liberté fut publié pour la première fois vers la fin de l'année 1846. Il reçut un accueil assez favorable et rencontra quelques lecteurs extrêmement sympathiques. On voulut bien louer les sentiments de l'auteur et leur expression. Mais, quant à l'idée qui fait le fond, et, s'il m'était permis de le dire, la nouveauté de cette étude, il me fut aisé de voir, à travers les éloges

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dont on m'honorait, tantôt qu'elle n'avait pas été comprise, tantôt qu'elle n'avait pas été seulement aperçue.

Et pourtant je ne l'avais pas voilée. Dès la première page, dans le titre même du livre, elle était écrite en gros caractères; mais le commun des lecteurs n'y donna aucune altention. Les esprits distingués, les gens plus spécialement compétents, les métaphysiciens, les philosophes, l'écartèrent de prime abord avec un grand dédain.

La Liberté considérée comme fin de l'activité humaine, c'était là pour l'orthodoxie universitaire une grossière hérésie; c'était une proposition insupportable. « La Liberté est le moyen, non la fin; l'auteur a tout brouillé; » telle fut la brève sentence prononcée contre moi. Je n'essayai pas d'en appeler; c'eût été peine perdue. S'il n'y a plus en France de religion d'État, il y avait

encore, à cette époque, comme une philosophie d'État qui ne souffrait pas la contradiction et pour laquelle la majorité des Français professait une sorte de respect administratif, assez semblable à la soumission que pratiquent les honnêtes gens envers le commissaire de police et le gendarme. Je me tus; et ce livre condamné fut pour moi un livre oublié.

Cependant, après quelques années, je crus entrevoir que mon hérésie avait sourdement fait du chemin; il m'en revenait de lointains échos; il m'arrivait parfois de la rencontrer, plus ou moins reconnaissable sous de légers changements, jusque dans les ouvrages de ceux qui l'avaient repoussée de haut. Aujourd'hui, il se découvre en effet que l'Essai sur la Liberté a été lu suffisamment, et qu'il l'a été avec une bienveillance assez marquée, pour qu'un éditeur

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