Cours familier de littérature: un entretien par mois, Volume 21

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Page 277 - DES MORTS Voilà les feuilles sans sève Qui tombent sur le gazon : Voilà le vent qui s'élève Et gémit dans le vallon ; Voilà l'errante hirondelle Qui rase du bout de l'aile L'eau dormante des marais ; Voilà l'enfant des chaumières Qui glane sur les bruyères Le bois tombé des forêts.
Page 278 - C'est la saison où tout tombe Aux coups redoublés des vents ; Un vent qui vient de la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l'aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent réchauffer ses ailes A l'approche des hivers. C'est alors que ma paupière Vous vit pâlir et mourir, Tendres fruits qu'à la lumière Dieu n'a pas laissés mûrir! Quoique jeune sur la terre, Je suis déjà solitaire Parmi ceux de ma saison ; Et quand je...
Page 279 - Siftlent dans les rameaux morts, Quand le brin d'herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand la cloche des ténèbres Balance ses glas funèbres, La nuit, à travers les bois, A chaque vent qui s'élève, A chaque flot sur la grève, Je dis : N'es-tu pas leur voix...
Page 242 - Italie! Italie! adieu, bords que j'aimais ! Mes yeux désenchantés te perdent pour jamais ! 0 terre du passé, que faire en tes collines? Quand on a mesuré tes arcs et tes ruines, Et fouillé quelques noms dans l'urne de la mort, On se retourne en vain vers les vivants : tout dort, Tout, jusqu'aux souvenirs de ton antique histoire, Qui te feraient du moins rougir devant ta gloire! Tout dort! et cependant l'univers est debout ! Par le siècle emporté tout marche, ailleurs, partout!
Page 244 - Monument écroulé, que l'écho seul habite! Poussière du passé, qu'un vent stérile agite ! Terre, où les fils n'ont plus le sang de leurs aïeux, Où sur un sol vieilli les hommes naissent vieux, Où le fer avili ne frappe que dans l'ombre, Où sur les fronts voilés plane un nuage sombre, Où...
Page 282 - Prions pour eux, nous qu'ils ont tant aimé! Ils t'ont prié pendant leur courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappés ! Ils ont crié : « Que ta main soit bénie! » Dieu, tout espoir, les aurais-tu trompés? Et cependant pourquoi ce long silence? Nous auraient-ils oubliés sans retour? N'aiment-ils plus? Ah ! ce doute t'offense ! Et toi, mon Dieu, n'es-tu pas tout amour?
Page 281 - II nous suit dans notre épreuve Et nous dit avec pitié : Ami, si ton âme est pleine, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitié ? C'est l'ombre pâle d'un père Qui mourut en nous nommant ; C'est une sœur, c'est un frère, Qui nous devance un moment ; Sous notre heureuse demeure, Avec celui qui les pleure...
Page 242 - Par le siècle emporté tout marche, ailleurs, partout ! Le Scythe et le Breton, de leurs climats sauvages Par le bruit de ton nom guidés vers tes rivages, Jetant sur tes cités un regard de mépris, Ne t'aperçoivent plus dans tes propres débris. Et, mesurant de...
Page 247 - Sur des bords où la gloire a ranimé leurs os , Je vais chercher ailleurs (pardonne, ombre romaine!) Des hommes, et non pas de la poussière humaine!...
Page 282 - Ah ! vous pleurer est le bonheur suprême . Mânes chéris, de quiconque a des pleurs! Vous oublier, c'est s'oublier soi-même : N'êtes-vous pas un débris de nos cœurs? En avançant dans notre obscur voyage, Du doux passé l'horizon est plus beau; En deux moitiés notre âme se partage, Et la meilleure appartient au tombeau I Dieu de pardon!

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