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des requêtes. » Voyez plus haut, p. 114. Les pièces les plus nouvelles, que contient le manuscrit no 397, sont divers mémoires pour et contre la signature du formulaire. Nous rencontrons d'abord un Écrit de M. Nicole contre M. Pascal, lequel reproduit pour les réfuter chacune des propositions de Pascal, et par là nous les a conservées. Vient ensuite un mémoire d'Arnauld à l'appui de Nicole et contre Pascal. Ce mémoire d'Arnauld est dans ses OEUVRES, t. XXII, parmi les ouvrages rassemblés sous ce titre Disputes intimes entre MM. de Port-Royal. Il est suivi dans notre manuscrit d'une assez longue réponse de Domat à laquelle Arnauld répliqua, et cette réplique est aussi imprimée au même endroit de ses OEUVRES, tandis que la réponse de Domat n'y est pas plus que le premier écrit de Pascal réfuté par Nicole; seulement une note de la p. 759 dit que cette réponse avait été « revue par Pascal ». Nous avons publié la fin de ce morceau jusqu'ici inédit de Domat, JACQUELINE PASCAL, Appendice, no 3, Documents inédits sur Domat, p. 441. Bossut, qui a eu ce manuscrit entre les mains, a tiré de l'Ecrit de M. Nicole contre M. Pascal les propositions que cite Nicole avant de les combattre. De là, OEUVRES DE PASCAL, t. II, p. 522, le morceau intitulé: « Ecrit sur la signature de ceux qui souscrivent aux Constitutions en celte manière : je ne souscris qu'en ce qui regarde la foi, ou simplement : je souscris aux Constitutions touchant la foi. » Les petites altérations que Bossut s'est permises ne sont pas assez graves' pour que nous reproduisions ici cet écrit; nous préférons donner la fin de la réplique de Nicole qui n'a jamais vu le jour et

1. Partout il met, on ne sait pourquoi, les formulaires au lieu du formulaire, comme s'il y avait eu plusieurs formulaires à signer.

qui montre à quel point Nicole entrait peu dans les passions du parti janséniste.

L'écrit de Pascal se termine ainsi :

Je conclus en troisième lieu que ceux qui signent en ne parlant « que de la foi, et en n'excluant pas formellement la doctrine de Jansénius, prennent une voie moyenne qui est abominable devant Dieu, méprisable devant les hommes, et entièrement inutile à ceux qu'on « veut perdre personnellement. >>

<< Cette conclusion, dit Nicole, est aussi fausse que tous les principes sur lesquels elle est établie.

<< Quant à ces hommes à l'égard desquels cette signature est méprisable, peut-être seront-ils en plus petit nombre qu'on ne pense, et qu'il y en aura bien plus qui seront édifiés, ou qui la blâmeront moins que si on avoit voulu expliquer en détail des choses que les religieuses doivent ignorer. Mais à ces fausses conclusions on en peut opposer de véritables, car on conclut des principes établis en cette réponse :

«< 1° Que cette restriction qui témoigne qu'on ne reçoit les constitutions que quant à la foi est bonne et légitime, parce qu'elle exclut réellement tout ce qui n'est pas de foi, comme le sont les faits, que ces propositions soient contenues dans Jansénius, et que le sens condamné de ces propositions soit dans son livre.

« 2o Parce qu'elle est très aisée à soutenir, ne pouvant être combattue que par cet argument: le sens de Jansénius pris pour un dogme déterminant est la grâce efficace, car cette signature engage à condamner le sens de Jansenius pris pour un dogme déterminant, puisque le pape le condamne ainsi, et que l'on condamne par la signature tous les dogmes condamnés par le pape; donc elle engage à condamner la grâce efficace. Or, en cet argument, la majeure est certainement fausse et la mineure incertaine.

« 3o Parce qu'elle exprime parfaitement la disposition des religieuses, en ce qu'elles savent et doivent savoir de cette contestation, car que savent-elles autre chose, sinon qu'on demeure d'accord de part et d'autre que le pape n'a point blessé la foi de l'Eglise par sa constitution, et que l'on dispute s'il n'y a point mèlé des faits qui soient faux? Et que peuvent-elles faire de mieux, suivant cette connoissance, que de déclarer en général qu'elles reçoivent la constitution du pape touchant la foi, puisque toute l'Église en convient, et qu'elles ne prennent part qu'à la foi, pour s'exempter de prendre part en ces autres disputes qui ne les regardent pas?

« 4° Parce que tous les catholiques et principalement les religieuses devant un grand respect à l'autorité de l'Église, il est de leur devoir d'exprimer cette résistance qu'elles font à un ordre qui les engage à prendre part à des choses qui ne les regardent point, dans les termes les plus respectueux qu'il est possible; ce qu'on ne pourroit guère mieux faire que par les termes de cette signature.

« On conclut en second lieu que cette sorte de signature est meilleure que celle où l'on diroit salvà questione facti, parce que cette exception, salva questione facti, a tous les mèmes inconvénients que ceux qu'on a proposé contre celle-ci, et qu'elle n'a pas l'avantage de n'engager pas même au silence à l'égard du fait, ce qui est assez considérable. « On conclut en troisième lieu qu'elle est meilleure que celle où l'on dirait salva doctrinâ Jansenii, parce que cette exception rend suspects ceux qui la font de tenir ce que le pape entend par la doctrine de Jansénius; et comme c'est une erreur, elle les rend suspects d'erreur et donne lieu de les pousser avec plus d'apparence de raison.

<< On conclut en quatrième lieu qu'elle est meilleure que si l'on mettait salva doctrinâ gratiæ efficacis; parce que cette exception, en marquant que l'on ne condamne pas la grâce efficace, marque en mème temps indirectement que ceux qui ne l'exceptent pas la condamnent; ainsi en donnant un témoin à cette grâce on lui en ôte cent mille.

«Que si l'on objecte qu'on pourroit dire la mème chose à l'égard de Jansénius, on répond que non, parce que l'on n'a pas les mèmes raisons de prétendre que la signature que l'on fait n'enferme pas la condamnation de Jansénius, qu'on a dû croire qu'elle n'enferme pas la grâce efficace, et ainsi l'exception de Jansénius est nécessaire et non libre, parce qu'il n'est pas permis de témoigner par des paroles le contraire de ce que l'on a dans le cœur, quand nous en pourrions espérer de l'avantage.

« Toutes les restrictions devant être apparemment condamnées, celles qui engagent la vérité davantage sont les plus mauvaises, et celles qui l'engagent moins sont les meilleures. Quand on verra condamner une signature où l'on aura excepté la grâce efficace, n'aura-t-on pas quelque sujet d'en conclure, que l'on veut donc que l'on condamne cette grâce efficace? mais quand on condamnera ceux qui ont mis pour restriction qu'ils reçoivent les constitutions quant à la foi, on ne pourra conclure raisonnablement autre chose, sinon qu'on les a voulu obliger de les recevoir aussi en ce qui n'est pas de foi, ce qui n'engage pas la vérité dans leur condamnation. C'est ce qui donne lieu de remarquer ici la différence extrême qu'il y a entre souffrir pour la vérité de la part des ministres de l'Église, et souffrir pour la vérité de la part des ennemis déclarés de l'Église.

« Car les souffrances pour la vérité qui arrivent de la part des enne-
mis de l'Église sont glorieuses et utiles à l'Église, parce qu'elles rendent
la vérité pour laquelle on souffre plus éclatante et en quelque manière
plus certaine, puisqu'on conclut qu'il faut bien que cette vérité soit
bien constante, puisque ces personnes se sont exposées à la persécution
pour la soutenir; mais quand on souffre de la part de l'Église même,
le témoignage qu'on rend par la souffrance est souvent plus contraire
à la vérité qu'il ne lui est avantageux, parce qu'on donne lieu d'en
conclure qu'il faut bien qu'elle soit fausse puisque l'Église a tant fait
souffrir ceux qui la soutiennent. Ainsi ceux qui n'ont pour but, ou dans
leurs souffrances ou dans la recherche de leur sûreté, que l'avantage
de la vérité, ne doivent pas garder la même conduite en des ren-
contres si différentes.

«Quand il s'agit de défendre la vérité contre les ennemis de l'Église,
ils ont toute liberté de le faire avec force sans appréhender les persé-
cutions, parce que ces persécutions ne sauroient qu'être utiles à la
vérité mais quand il s'agit de la défendre contre les ministres de
l'Église, l'intérêt même de la vérité les oblige de prendre une conduite
plus tempérée, de peur que, se faisant condamner, leur condamnation
ne retombe sur la vérité qu'ils soutiennent; et ils ne doivent pas éviter
de couvrir leur générosité d'une apparence de timidité, si cette timi-
dité est en effet utile à la vérité, en prenant pour devise cette parole
de saint Paul; cum infirmor, tunc potens sum; au lieu qu'en suivant
impétueusement les mouvements de son esprit, on s'engage quelque-
fois en des maux infructueux pour ceux qui les souffrent et préjudi-
ciables à la vérité, pour laquelle on s'imagine de les souffrir1.»

TABLE DES MATIÈRES.

Écrit de M. Nicole contre M. Pascal sur le formulaire.
Extrait d'une lettre à M. Périer.

M. de Sacy.

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Lettre de M. Bourdelot à M. Pascal.

Écrit de M. Arnauld contre M. Pascal sur le formulaire.
Écrit de M. Domat pour M. Pascal sur le formulaire.
Écrit de M. Arnauld contre M. Domat sur le formulaire.
Écrit de M. Nicole pour ajouter au précédent.

Autre écrit de M. Arnauld sur la même matière.

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1. Le père Guerrier a mis ici cette note; J'ai copié cet écrit sur un manuscrit qui
se trouve parmi ceux que Mlle Périer a donnés à la bibliothèque des PP. de l'Oratoire
de Clermont. Cet écrit est de M. Nicole et celui qui est réfuté de M. Pascal.»

Petit écrit anonyme sur la même matière.

131

Autre écrit anonyme sur la mème matière.
Démonstration géométrique sur la même matière.

157

163

Préface historique sur plusieurs ouvrages pour et contre la signature du formulaire.

168

Attestation de M. Nicole au sujet de la prétendue rétractation de M. Pascal.

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177

Lettre de M. Périer à M. de Péréfixe, archevêque de Paris, sur le mėme sujet.

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178

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Lettre de M. de Péréfixe à M. Périer, sur le même sujet.
Lettre de M. Arnauld à M. Périer, sur le même sujet.
Déclaration de M. Beurrier, curé de Saint-Étienne, sur le même
sujet.

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Lettre de M. Beurrier à Mme Périer, sur le même sujet.
Lettre de M. de Saint-Amour, écrite de Rome.
Lettre de M. Périer à M. de Péréfixe au sujet de M. Pascal.
Écrit de M. Périer sur le mandement de M. d'Aleth.
Lettre de M. Du Tremblay, sur la paix de Clément IX.
Relation de l'état présent du jansénisme, en la ville de Cler-
mont, 1661.

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Préface historique sur plusieurs ouvrages de MM. de Port-Royal,
touchant la manière d'expliquer et de justifier Jansénius.
Petit écrit trouvé sur M. Pascal lorsqu'il mourut.
Pensée de M. Pascal, qui n'a pas été imprimée.
Requête présentée au Roi par les habitants de Clermont contre

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Lettre du chapitre de Clermont à ceux de Luçon et de Nantes, au sujet des jésuites.

220

Addition de Mlle Périer au Nécrologe de Port-Royal.

221

Écrit de Mlle Périer, sur la prétendue rétractation de M. Pascal. 248 Lettre de M. Périer à son frère, touchant le formulaire.

254

Lettre de M. l'abbé Leroy à M. l'abbé de Barillon, touchant la

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Récit de ce que M. Périer a ouï dire à M. Pascal, au sujet des
Lettres Provinciales.

260

Lettres de M. Arnauld, le docteur, à M. Périer, doyen de Saint

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Lettre de M. Arnauld à M. Périer, touchant les Pensées de

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