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nous aurons occasion ailleurs de parler de ce zèle philanthropique qui a subitement animé les ministres anglois en faveur des habitans de l'Afrique.

Le même jour, les mêmes ministres signerent un traité de commerce en 34 articles, qui presque tous paroissent fondés sur une parfaite réciprocité. L'objet de ce traité nous est étranger; cependant nous devons rapporter la fin de l'art. 26, ainsi conçu: « On convient que les faveurs, priviléges et immunités qui auroient été accordés par les deux parties contractantes aux sujets de l'autre, soit par traités, décrets ou alvara, resteront en vigueur, excepté le pouvoir qui avoit été accordé, par d'anciens traités, de transporter à bord des navires de chacun des deux pays toute denrée et marchandise quelconque, étant la propriété des ennemis de l'autre pays; lequel pouvoir est aujourd'hui révoqué et annullé publiquement et mutuellement 3. »

'La première trace d'une négociation ayant pour objet l'abolition de la traite, se trouve dans l'histoire de l'année 1806. Le 5 juillet de cette année, Fox chargea lord Yarmouth de réclamer la coopération de la France pour un objet dont l'accomplissement seroit si honorable aux deux gouvernemens, et si intéressant pour l'humanité.

⚫ Nous disons paroissent, parce que les négociations qui curent lieu à Vienne, et dont nous aurons occasion de parler, font voir que le Portugal trouva les intérêts de ses sujets lésés par ce traité.

3 Le traité de commerce du 19 février 1810 se trouve dans le Moniteur de 1810, n.o 247. 11 a échappé à M. DE MARTENS.

pagne de 1810.

Le traité par lequel la liberté du commerce neutre avoit été stipulé entre les deux nations, est celui que Cromwel conclut, en 1654, avec Jean IV '. En la révoquant ainsi, la GrandeBretagne réussit à se débarrasser du dernier engagement favorable à la liberté qui subsistât entre elle et quelque puissance que ce fût. Débarrassé de la guerre avec l'Autriche, Campagne d'KaBuonaparte fit les plus grands efforts pour soumettre l'Espagne pendant la campagne de 1810. Toutes les nations dont les gouvernemens étoient soumis à son influence, sous le titre d'alliés de l'Empire françois, furent obligées de concourir à cette entreprise insensée et à engraisser le sol de la péninsule du sang de la génération que les lois sur la conscription livroient à l'ambition de Buonaparte. Outre la fleur des troupes françoises, on envoya en Espagne des régimens suisses, italiens, napolitains, polonois et allemands. Des bataillons des grands-ducs et princes de Bade, de Darmstadt, de Nassau, de Würzbourg, de Francfort, de Waldeck, de Schwarzbourg, de Lippe, apprirent dans les plaines de l'Espague à vaincre ceux avec lesquels ils combattoient alors sous les bannières de la tyrannie. Les Espagnols, de leur côté, ne furent pas effrayés de ces apprêts; toutes les provinces au-delà des Pyrénées se couvrirent de milices,

Voy. ci-dessus Vol. IV, p. 24.

qui, vingt fois dispersées, se formoient de nouveau en bandes redoutables, dès que leurs vainqueurs avoient tourné leurs armes contre, une autre province.

Silgo de Cadix... La conquête de l'Andalousie fut le premier événement important de l'année 1810. Joseph Buonaparte voulut en avoir lui-même la gloire. Mortier, Victor, Dessoles et Sébastiani furent ses lieutenans. L'armée espagnole d'Arezaga fut dispersée; le 27 janvier, Joseph entra à Cordoue; Sébastiani occupa le 29 Grenade, et dans les premiers jours de février Malaga. La junte centrale se sauva dans l'île de Léon, et le 1er février Victor fit faire à l'usurpateur son entrée dans la capitale de l'Andalousie. Le maréchal Soult, général en chef de l'armée françoise, se prépara à former le siége de Cadix, défendue par la nature et par une garnison de plus de 20,000 hommes, Anglois, Espagnols, et Portugais. Le général anglois Graham fut chargé du commandement.

Il paroît que, lors de l'entrée des François en Andalousie, ils comptoient plusieurs amis parmi les habitans de cette province. La junte centrale, qui y avoit résidé jusqu'alors, n'étoit pas aimée, et l'égoïsme des Andalous trouvoit énormes les sacrifices qu'elle demandoit. Après les batailles d'Ocaña et d'Alba de Tormès, elle avoit demandé aux églises toute l'argenterie dont on pouvoit se passer; elle avoit ordonné des contributions extraordinaires, et la levée en

Espagne d'un emprunt de 6 millions de piastres, et en Amérique de 40; enfin elle avoit supprimé un grand nombre d'emplois inutiles. Plusieurs habitans, qui ne connoissoient pas leurs nouveaux hôtes, crurent y voir des libérateurs.

Pendant que Soult dirigeoit de son quartiergénéral de Séville les opérations de l'armée françoise, Victor commandoit le siége de Cadix. Les retranchemens des François s'étendirent depuis Rota jusqu'à Chiclana et à l'embouchure du canal Saint-Pierre ou de Suazo, renfermant ainsi les deux baies de Cadix et l'île de Saint-Léon, à laquelle est réunie une autre île sur laquelle Cadix est bâtie. Ils s'emparèrent, le 21 avril, du fort de Matagarda, qui, situé sur le continent en face de Cadix, domine l'entrée du port intérieur; cependant ils ne purent ni couper aux assiégés leur communication avec la mer, ni atteindre la ville ni atteindre la ville par leurs bombes. Graham embarqua même une partie de la garnison qui se rendit à Algésiras, d'où, réunie aux insurgés, elle inquiéta les assiégeans. Ce fut à cette époque que la junte invita le duc d'Orléans qui se trouvoit auprès de son beau-père à Palerme, à venir prendre le commandement de l'armée d'Espagne. Il arriva à Cadix au mois de juin; mais il paroît qu'il n'entroit pas dans les vues des Anglois que ce prince acquît en Espagne l'autorité que lui donneroit la charge qu'on l'avoit appelé à remplir. Vers la fin de l'année, la junte fut

Campagne de Masséna en Por

tugal.

remplacée par une régence composée de trois personnes seulement, le président Agar, le général Blake et le chevalier Ciscar.

En Portugal, Wellington se trouvoit à la tête d'une armée formidable. Le nombre des Anglois, placés sous ses ordres, avoit été porté à 30,000 hommes: les troupes régulières portugaises s'étoient accrues jusqu'à 60,000 hommes bien disciplinés, indépendamment de 50,000 hommes de milices.

Au commencement de l'année, Wellington plaça son armée dans la province de Beira, le long de la Coa, où elle étoit protégée par les deux places fortes de Ciudad Rodrigo et Almeida. Masséna prit le commandement de l'armée françoise sur la Tormès; elle étoit destinée à agir contre le vainqueur de Talavera, qui, décidé à fatiguer son adversaire par une défensive opiniâtre, s'étoit assuré la retraite sur Lisbonne, en fortifiant toutes les positions soit sur la route de Coimbre, le long des côtes de la mer, soit sur la route d'Abrantès, le long du Tage ces deux routes aboutissent au défilé de Santarem.

Masséna ouvrit la campagne en formant le siége de Ciudad Rodrigo, le 25 juin. Cette ville se rendit le 10 juillet après un bombardement horrible. Il étoit entré dans le plan de Wellington de ne pas sortir de sa position pour venir au secours de cette place, dont la dé

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