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& que les portraits font faits avec jugement. Plutarque excelle dans ce genre: fa plume a immortalifé les Hommes illustres dont il a écrit les Vies; leurs défauts même, comme leurs vertus, fervent à nous inftruire.

Mr. Thomas Rowe voyant que Plutarque a omis les Vies de plufieurs grands hommes de l'Antiquité, avoit entrepris d'y fuppléer; il poffédoit toutes les qualités néceffaires pour y réuffir; Doué d'un difcernement exquis, il favoit diftinguer dans l'Hiftoire ancienne le réel d'avec le fabuleux; Par une étude affidue il avoit acquis une connoiffance univerfelle de l'Hiftoire Grecque & Romaine & de toutes les parties de la belle Litterature, dans un âge où les autres commencent à peine leurs premieres recherches de l'Antiquité.

Les huit Vies qu'il nous a láiffées & que nous donnons au public traduites de l'Anglois, ne font qu'un foible effai de ce qu'il avoit deffein de faire. Ce qu'on en peut dire de moins, eft qu'elles ne font pas indignes d'accompagner l'ouvrage de Plutarque. Elles font intereffantes, foit par la grandeur des caractéres de fes HeJos, foit foit par les differentes fituations dans lefquelles il nous les repréfente. On sy

voit avec plaifir les plus zèlés Patriotes comblés d'honneurs; on les compare avec les Heros modernes, & on remarque que l'Antiquité ne récompenfoit que la vertu folide & l'amour du bien public...

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Si Mr. Rowe eût exécuté fon dessein,' nous aurions aujourd'hui un recueil complet des Vies des anciens Heros que Plutarque a omifes, ou qui ont été perduës, fuppofé qu'il les ait écrites. Mais tandis qu'il fe préparoit à enrichir de ce travail la République des Lettres, une mort prématurée l'a enlevé à l'âge d'environ vingt-huit ans, & l'a empêché de rendre à fa Patrie le fervice important qu'elle en attendoit.

Jufqu'ici je n'ai fait que traduire en quelque forte ce qui eft à la tête de l'Edition Angloife des huit Vies compo-. fées par Mr. Rowe, & publiées pour la premiere fois en Anglois in 8o. à Londres 1728.

Il paroît par cette efpéce de Préface que les huit Vies dont il s'agit, font des Oeuvres pofthumes, & que l'Auteur n'y avoit pas mis la dernière main Quoiqu'écrites avec goût, il y avoit quelques fautes que j'ai cru devoir corriger. J'ai reformé, par exemple, cet endroit de la Vie de Gelon page 203 de l'Anglois,

La feule réparation que Gelon demanda aux Carthaginois, fut qu'ils lui rendiffent les frais de la guerre qui montoient à deux mille Talens, qu'ils lui fournissent DEUX VAISSEAUX NEUFS : l'Auteur devoit dire, & qu'ils fiffent bâtir deux chapelles pour y mettre le Traité: Voyez dans la Vie de Gelon page 441. Ce fait eft pris de Diodore de Sicile, Livre XI, page 21. de l'Edition Grecque - Latine, où il dit: Pacem eà conditione illis conceffit, ut duo millia talentum in belli im-~ penfas folverent; duo etiam Sacella Pœnos exftruere juffit, in quibus fœderis tabella confecrarentur, καὶ δύο ναοὺς προσέταξεν οι κοδομῆσαι, καθ ̓ οὓς ἔδει τὰς συνθήκας ανατεθῆναι. Mr. Rowe a cru fans doute lire dans le texte Grec de Diodore vaug (des Vaisfeaux) au lieu de vous, des Temples ou Chapelles. Il e furprenant qu'on faffe des bévues de cette espéce. C'est le tex-. te Grec mal lû qui l'a trompé, & non pas la Traduction Latine.

Voici une autre faute que l'Auteur Anglois a faite dans la Vie de Cyrus, page 243 de l'Anglois. Cyrus, dit-il, étoit au milieu de la ville de Babylone long-tems avant que ceux qui en habitoient les extrêmités, fuffent qu'elle étoit prife. Ici il a fuivi la Verfion Latine de Laurent Valle,

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cum capti effent qui media urbis incolebant Babylonii, propter arbis tamen magnitudinem non fentiebatur ab iis qui circa extrema urbis habitabant, au lieu de fuivre le Grec d'Herodote qui dit l. 1. c. 191, cùm capti effent qui extrema urbis incolebant Babylonii, non fentiebant qui circa medium ha bitabant, eos captos effe, Tüv TepÌ Tà ÉTM×ατα τῆς πόλιος ἑκλοκότων, τοὺς τὸ μέσον οἰκέοντας τῶν Βαβυλονίων οὐ μανθάνειν ἑαλοκότας. C'est ce dernier fens que j'ai fuivi, Vie de Cyrus page 487.

Je ferois trop long fi je voulois rapporter tous les autres endroits que j'ai rectifiés & où j'ai ajouté. Il fuffit d'avertir que j'ai traduit l'Original Anglois auffi fidélement & auffi literalement que notre Langue le permet. Je n'y ai rien ajoûté que je n'aye tiré des anciens Hiftoriens où l'Auteur Anglois a puifé lui-même, & j'ai eu recours aux Ecrivains Grecs & Latins pour verifier la plupart des faits: je ne les ai pourtant pas vérifiés tous, & peutêtre y ai-je laiffé quelques fautes.

La Vie d'Ariftomene eft prefque toute prise de Paufanias. Il paroît depuis deux ou trois ans une Traduction Françoise de cet Auteur: le file en est très agréable ';

&

1. Obfervations de Mr. le Chevalier Folard fur

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