Page images
PDF
EPUB

ménagement. La cartouche contiendrait 16 ou 21 grenades selon qu'elle serait formée de 3 ou de 4 couches de grenades.

Enfin pour lé mortier de 19 c. les grenades se placeraient par couches de 4 autour d'un axe. La cartouche contiendrait 3 ou 4 couches, c'est-à-dire 13 ou 47 grenades.

Le moyen que nous indiquons pour le jet des grenades peut s'appliquer évidemment au jet des pierres, des caffùts et des boulets de petit calibre.

Nous terminerons cet opuscule en faisant observer qu'en artillerie, bien plus que dans toute autre partie du métier des armes, l'expérience est le seul juge du mérite des innovations et la pierre d'achoppement des systèmes. Aussi, n'avons-nous jamais présenté nos idées que sous forme dubitative; nous avons même la conviction que si quelques-unes des innovations que nous avons détaillées, venaient à être mises en essai, elles seraient tout d'abord modifiées par l'expérimentation; l'expérience et la manipulation des objets conduisent naturellement à des améliorations que ne saurait trouver celui qui a traité le sujet d'une manière nécessairement abstraite. Toutefois, nous ajouterons à ce travail quelques notes importantes pour expliquer ou modifier nos idées premières.

SUR LA

FORTIFICATION PASSAGÈRE.

LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A NOS JOURS P. E. MAURICE DE SELLON,

Capitaine du génie de là Confédération suisse, chevalier de la Légion-d'honneur, ancien élève de l'École polytechnique.

CHAPITRE IV.

COUP-D'OEIL RÉTROSPECTIP SUR LE RÔLE QU'A JOUÉ
LA FORTIFICATION PASSAGÈRE DANS LES GUERRES
DES TEMPS MODERNES.

Nous allons essayer de jeter un rapide coup d'œil sur l'emploi que les modernes ont fait de la fortification passagère dans les guerres qui ont eu lieu depuis cent-soixante ans, et de l'application qu'ils ont faite de cette science aux têtes de pont, aux camps retranchés, aux positions retranchées et aux batailles défensives: Cet aperçu nous fera mieux juger de son importance et de l'appui qu'elle prête aux faibles et aux forts.

Têtes de Pont (1). A la bataille d'Essling, l'armée n'a

(4) Nous avons dit que ce genre de retranchements paraît être resté inconnu aux anciens. A la Trébia, Annibal avait choisi son champ de bataille de manière à attirer l'ennemi de l'autre côté de la rivière où Il avait préparé une embuscade destinée à le prendre en queue quand

vait pas encore franchi le Danube, l'archiduc Charles se proposait de l'attirer toute entière sur l'autre rive afin de la couper ensuite en tournant une de ses ailes, stratagème sur le succès duquel il aurait dû moins compter si Napoléon eût, dès l'abord, fait construire une vaste tête de pont par les corps qui avaient passé les premiers, pour y recevoir les autres à mesure qu'ils auraient débouché. En outre, le bruit se répandit que le pont du Danube était rompu. Masséna et le duc de Montebello se portèrent aussitôt sur les villages d'Essling et d'Aspern, dont ils firent en quelque sorte deux têtes de pont, et où ils organisèrent une défense désespérée. Sans l'habileté et la valeur de ces deux généraux, l'armée aurait été tournée, acculée au Danube et peut-être anéantie.

Le général Pelet dans ses Mémoires sur la guerre de 1809 en Allemagne, a fait observer quesi le prince Charles, de son côté était venu occuper le petit rideau qui s'étend entre Aspern et Essling, en se servant de ces deux villages comme de deux bastions flanquant sa courtine, il aurait rendu en peu de temps sa position inattaquable et mis l'armée Française dans la situation où fut Ven

Il aurait passé l'eau La victoire du général Carthaginois doit être attribuée : 4° A ce qu'il sut attirer son adversaire sur le terrain où il avait le plus de chance de le battre à cause de sa supériorité en cavalerie, et à l'attaque imprévue qu'il dirigea sur les queues de colonne du consul romain, acculées à la rivière; 2° à l'imprudence que commit Sempronius de ne pas retrancher les passages à gué de la Trébia, pour se retirer à l'abri de ces retranchements avant de repasser la rivière, en eas de défaite.

dôme en 1705, après son fameux passage de l'Adda au Paradiso.

Napoléon avait bien fait couvrir le pont de pontons par une tête ou petit retranchement, mais ce n'est pas de cette sorte de tête de pont que nous voulons parler : il s'agissait ici de faire une espèce de camp retranché.

Les événements de la veille, les rapports de la cava«lerie légère, dit le général Pelet, tome 1, page 288,

servirent à maintenir l'Empereur dans une parfaite • sécurité. Ainsi, il ne s'occupa point d'établir le 4 « corps, et ne prit aucune position défensive pour profiter des avantages de la ligne d'Aspern à Essling. « Si Napoléon, Berthier, Masséna, avaient fait dis-. poser convenablement Essling et Aspern, il est pro<<bable que ces villages, le dernier surtout, n'auraient pas été pris. Au reste, ces détails concernaient spécia• lement les officiers du génie des corps d'armée, car ⚫tel est leur service sur le champ de bataille.

a

D

Nous sommes parfaitemeni de l'avis de l'honorable général, mais les officiers du génie ne peuvent pas agir sans ordre, et tout ce que nous souhaitons, c'est que les ordres relatifs à des dispositions défensives à prendre sur les champs də bataille, leur soient dorénavant donnés plus souvent.

A la bataille de Friedland, le général russe Beningsen. dans sa marche pour couvrir Koenigsberg, où il voulait arriver avant Napoléon, se laisse acculer, dans une position dominée, à une rivière dont les ponts peuvent lui être enlevés, comme ils le furent en effet, sans avoir eu la prudence de préparer sur la rive gauche de l'Alle une

tête de pont défensive derrière laquelle ses troupes, en cas d'insuccès, pussent se retirer.

Comme notre but n'est pas de faire de la stratégie ni même de la tactique, nous ne nous étendrons pas sur les fautes commises par le général russe, fautes dont Napoléon, avec son admirable coup d'œil, sut si bien profiter.

Nous nous bornerons à renvoyer le lecteur au livre xxvII. du VII volume de l'histoire du Consulat et de l'Empire, mais nous insisterons sur cette observation, c'est que la fortification passagère, employée à Friedland pour construire une tête de pont défensive couvrant à la fois la ville et les ponts, aurait pu sauver l'armée russe, non pas d'une défaite, mais d'une destruction complète.

Les hauteurs de la rive droite occupées par l'artillerie russe, auraient servi de flanquement à cette tête de pont et quand le maréchal Ney commença avec l'aile droite de l'armée française son mouvement offensif sur la gauche des Russes pour leur enlever la ville de Friedland et les ponts sur l'Alle, une partie de l'armée russe aurait pu repasser la rivière pendant que l'autre aurait défendu les ouvrages construits sur la rive gauche pour protéger la retraite.

Lignes retranchées, positions défensives. Les lignes de Torrès Vedras, défendues par lord Wellington contre Masséna, en 1810, consistaient en trois lignes bien distinctes. (Voyez l'ouvrage de Napier, histoire de la guerre de la Péninsule, liv. XIII. chap. III. pl. 24). La premières'étendait d'Alhandra, sur le Tage, jusqu'à l'embouchure du Zizandre dans la mer et suivait le pli des

[ocr errors]
« PreviousContinue »