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La grande largeur de la chambre et la forme de son raccordement ont pour objet de prévenir la rupture du projectile, en augmentant l'étendue ou segment de sa surface, soumis à l'action du gaz. Le fond de la chambre présenterait des arrondissements du tiers de son diamètre; la lumière aurait 6 mm de largeur; elle aboutirait au centre de l'arrondissement et ferait un angle de 15° avec la perpendiculaire de l'obusier.

Les obus neufs auraient 164mm de diamètre; ils porteraient un cordon dont la forme serait appropriée à celle des raies de l'obusier; ce cordon aurait pour axe un grand cercle passant par la lumière de l'obus; sa largeur serait de 20mm et sa saillie de 4mm 4/2; il serait tronqué à fleur du projectile par un plan sécant passant par l'orifice extérieur de la lumière.

La lumière du nouvel obus serait tout à fait identique avec celle de l'obus actuel de 16°. Le poids de cet obus vide serait de 14 kil. environ; il pourrait contenir à peu près 700 gr. de poudre.

En supposant que l'obus de 16 pèse, tout chargé, 14 k. 500, on trouve que la charge de 2 k. communiquerait au projectile une vitesse initiale de 380m par seconde environ; Cette grande vitesse que la masse de l'obusier rendra tout à fait inoffensive pour l'affût de 24, permettrait de tirer de plein fouet sur les parallèles, et de contrarier le service et l'établissement de ces batteries d'une manière très-efficace. Avant d'aller plus loin, examinons comment s'effectuera le mouvement de l'obus.

Le projectile dirigé par le cordon qui s'engage dans les raies de l'âme, tournera nécessairement autour d'un axe dirigé suivant sa trajectoire; le cordon tournera autour de cet axe et tous les points du mobile décriront des spirales, en

sorte que l'obus jouira de tous les avantages que présentent les balles carabinées.

Quant à la partie du cordon qui se trouve à la surface antérieure du mobile, cette partie éprouve de la part de l'air une résistance dont tous les éléments s'équilibrent autour de l'axe de rotation, tant que celui-ci coïncide avec l'élément correspondant de la trajectoire, car ces éléments sont égaux et également éloignés du centre. Cette résistance a pour effet de diminuer la vitesse de rotation du mobile d'autant plus rapidement que celle-ci est plus grande.

Une des causes qui nuisent le plus à l'effet de ce carabinage, c'est le mouvement anormal que le vent permet au projectile de joindre dans les raies et dont l'effet cst de charger l'angle de départ, la direction du tir, et souvent la position de l'axe de rotation du mobile. Du reste, ce dernier inconvénient sera d'autant plus faible, que la vitesse de rotation sera plus considérable.

D'un autre côté, si la vitesse de rotation était trop grande, elle pourrait altérer la direction du tir quand le mobile viendrait à ricocher contre un corps dur, car alors le choc du cordon contre l'obstacle tendrait à jeter le projectile dans un sens opposé à celui dans lequel il tourne.

Nous admettrons que le projectile ait une vitesse de rotation de cent tours par seconde, ce qui donne environ 52n par seconde pour la vitesse des points extrêmes du cordon. On pense que le frottement de l'air dû à cette vitesse, n'est pas susceptible d'altérer d'nne manière notable le mouvement du projectile dans l'air ni de le dévier sensiblement dans les ricochets sur les tenants de consistance ordinaire.

Le moyen que nous proposons ici est déjà connu depuis longtemps. La carabine anglaise est construite d'après ce principe; cette arme donne un tir fort exact jusqu'à 300

T. 4. No 7. JUILLET 1848. 3 SÉRIE. (ARM. SPÉC.) 3

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Employé dans les bouches à feu, le procédé dont il s'agit donnerait un tir excellent jusqu'à 1,200 m, limite de la vision distincte et des effets vraiment utiles à la guerre.

Il résulte de ce qui précède que le tir de plein fouet des obus à cordon sera plus exact que le tir des obus ordinaires. Quant au tir à ricochet, il sera également beaucoup plus juste; car on sait que dans le tir, la principale difficulté est de bien régler la position du premier point de chute du mo bile en rasant la crête intérieure du parapet de la face adjacente à celle qu'on veut enfiler; et il est évident que le carabinage, en permettant de mieux tirer, assurera davantage la position du premier point de chute et rendra le tir plus efficace; Quant aux déviations dues au frottement du cordon sur le terrain, elles seront généralement très-minimes et tout à fait négligeables dans la pratique, c'est du moins ce qui semble résulter du tir de la carabine anglaise.

Dans la plupart des cas, la forme sphérique est préférable à la forme allongée, attendu que les projectiles oblongs perdent toute espèce de direction aussitôt qu'ils ont touché le terrain; or, I on sait que dans l'attaque et la défense des places, les obus sont très souvent employés pour ricocher les ouvrages ou les communications de l'ennemi : Des obus allongés excellents pour le tir de plein fouet, mais impropres au ricochet ne conviendraient donc pas dans le cas dont il s'agit, il faut de toute nécessité y employer des projectiles sphériques. Nous remarquerons d'ailleurs, à l'avantage de ces derniers projectiles, que les attaques ayant lieu à de petites distances (600mau plus), les obus sphériques auront assez de justesse et de force de pénétration pour le tir de plein fouet.

Outre l'obus ordinaire à cordon il y aurait un obus à balles ou schrapnell, également à cordon, du poids de 8 h.

susceptible de recevoir 5 k. de balles de fonte de 2o,ou 264 balles de fusil, ou 2,000 chevrotines en plomb de 9mm de diamètre. La précision du tir carabiné rendra les obus à balles plus meurtriers, en permettant de mieux régler l'instant de leur explosion.

L'obusier de 16 se chargerait à la main sans sabot ni tampon; le projectile serait maintenu en place par quatre éclives, comme pour l'obusier de 46 actuel, le cordon serait graissé afin de diminuer le frottement de l'obus dans les raies. La bouche à feu aurait 386mm de diamètre extérieur, de telle sorte que l'épaisseur de ses parois serait de 440mm au pourtour de l'âme, et de 126 autour de la chambre, épaisseurs bien suffisantes pour la sécurité du service : la bouche à feu, entièrement cylindrique à l'intérieur, serait terminée par deux plates-bandes de même diamètre, ayant 6o de largeur et 3 de saillie.

La partie postérieure de l'obusier consisterait en une espèce de console en fonte de 4, 40 de longueur, dont les faces latérales seraient formées par deux plans perpendiculaires à l'axe des tourillons: cette console se raccorderait avec la platebande de culasse à sa naissance et aurait 20 de hauteur seulement au droit de la vis de pointage; l'épaisseur de la console serait de 46, le derrière en serait arrondi verticalement en forme de demi-cylindre. Ce prolongement serait consolidé au pourtour par un rebord de 3. de largeur et de saillie.

Les tourillons et leurs embases seraient exactement semblables à ceux des canons de 24, et placés de telle sorte que la nouvelle bouche à feu pût être montée sur les affûts de siége et place modifiés : l'axe des tourillons serait abaissé de 3° au dessous de celui de l'obusier et la prépondérance de la culasse serait de six fois le poids de l'obus à peu près.

Le dessus de la console porterait une petite saillie qui aurait pour objet de donner à la ligne de mire une longueur de 20, le dessus de la console serait fermé par un plan parallèle à celui de l'obusier.

Sous le centre de gravité de la bouche à feu se trouveraient deux cordons en fonte de 5o de largeur, et de 3 de saillie, distants entre eux de 6c; l'espace entre ces cordons recevrait un collier en fer plat de 6o de largeur et de 3 d'épaisseur, assemblé en trois parties réunies par des moufles et des clavettes: le segment supérieur de ce cercle porterait deux anses en fer forgé rivées et soudées dessus; ces anses en fer rond de 4° de grosseur ne seraient, à proprement parler, que de gros anneaux propres à recevoir des cordages ou les crochets des poulies de chèvre.

La console porterait latéralement deux pitons à douille, destinés à soutenir une espèce de petite potence en fer mobile et destinée à porter le fil à plomb pour le tir sous de grands angles. Le fil à plomb mobile sur la traverse mobile supérieure de la potence pourrait toujours être amené à l'aide d'une vis de rappel, dans le plan de la parallèle de l'axe déterminé par les crans de mire de la culasse et de la bouche de l'obusier. Ce petit appareil, comme on le conçoit de reste, serait tout à fait inutile pour le tir de plein fouet, mais il donnerait de très-bons résultats pour le tir à ricochet. (Voyez fig. 44.)

L'obusier dont il vient d'être question jouerait un rôle extrêmement important dans la défense des places; ses pro. jectiles, lancés avec une grande précision, seraient autant de petites fougasses qui renverseraient les travaux de l'assiégeant, démonteraient ses batteries et le tourmenteraient tellement qu'il ne pourrait plus cheminer qu'avec une extrême circonspection et en donnant beaucoup de consis

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