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charge, il me parait assez utile de citer des expériences qui semblent démontrer qu'on peut arriver au résultat demandé avec la même charge de poudre qu'on aura eu soin de porter à une température assez élevée avant de l'employer.

Une once de poudre brûlée dans un mor

tier de 4 pouces et demi avec une bombe de

8 livres a donné une portée moyenne de 141 yards. Une once de la même poudre chauffée préalablement dans une cuiller de cuivre à la température de 400 degrés Farenheit, a donné dans les mêmes circonstances une portée moyenne de .

242 yards.

159. Je ne conseillerai jamais à mes lecteurs, en tant qu'hommes pratiques, d'essayer dans aucune circonstance du service d'élever la poudre à une température aussi élevée que celle marquée par 400 degrés du thermomètre Farenheit (222 degrés cent.); mais ils peuvent mettre à profit avec une judicieuse sagacité les observations faites dans le rapport de la commission chargée en 1802 d'examiner le mémoire du capitaine Bishop.

160. « C'est avec raison que le capitaine Bishop a signalé les effets de la chaleur sur la poudre à canon pour augmenter ses propriétés balistiques. - Après avoir fini nos expériences sur les différentes poudres soumises à l'essai, lesquelles étaient maintenues pendant toute la durée des opérations à la température des feuilles d'arbre à la même heure du jour, nous avons exposé une charge à la chaleur du soleil pendant quelques minutes avant de l'employer, et

dans tous les cas la portée a été considérablement augmentée, les augmentations croissant proportionnellement avec les durées de l'exposition au soleil et par suite avec la chaleur acquise. Dans plusieurs circonstances du service, lors que la poudre est avariée ou de qualité inférieure, lorsque les approvisionnements commencent à diminuer, un officier habile peut prolonger la défense ou compléter les opérations d'un siége, en tenant compte de ce fait important, et le président de la commission aura soin de le recommander plus particulièrement à l'attention des officiers d'artillerie chargés du service des côtes (1). »

OBSERVATIONS.

161. J'ai fait de nombreuses expériences dans le but de reconnaître si la poudre de bonne qualité produisait toujours par son explosion une même force; quoique je n'aie pu réussir à établir le fait, je crois pourtant qu'il y a de nombreuses probabilités en faveur de cette supposition. Les fréquentes variations qui se présentent dans la pratique, doivent être peut-être imputées plutôt aux défectuosités des instruments dont on fait usage, qu'à un défaut provenant de la poudre même. La régularité du recul, les petites différences observées dans les arcs de vibration du penduleéprouvette lorsqu'on y essaye des poudres de bonne qualité, semblent indiquer que ces poudres présentent avec une très grande approximation une force élastique régulière.

(1) Ce moyen d'augmenter la portée d'une poudre avariée ou de qualité inférieure est connu depuis longtemps et a été pratiqué plusieurs fois avec succès. (Note du traducteur.)

162. Admettons que cette supposition soit exacte; accordons que la poudre est fabriquée de manière à être homogène et uniforme dans ses effets, combien ne restera-t-il pas encore de causes qui viennent modifier les effets balistiques de la poudre, de telle sorte qu'il n'est presque pas permis d'espérer qu'on arrivera à des résultats constants et uniformes, soit dans le service, soit même dans les expériences. Nous voulons récapituler ici toutes ces causes d'irrégularité pour qu'on puisse mieux saisir quelle peut être leur influence totale. Nous avons déjà signalé la densité, la grosseur du grain, le vent des pièces et toutes les particularités qui se rapportent aux instruments d'épreuve, la manière de charger, l'état de la poudre. A ces causes il faut ajouter encore celles qui peuvent provenir de défauts dans la fabrication; l'impureté des substances élémentaires, l'irrégularité du mélange dans la composition, les différences de densité dans la galette; les variations de grosseur dans le grain, enfin les battements du projectile dans l'âme de la pièce, son mode de rotation, l'influence de l'action du vent et de la résistance de l'atmosphère; toutes causes qui peuvent varier dans les diverses épreuves faites avec un même instrument, surtout si le projectile n'est pas une sphère parfaite et s'il présente des aspérités à sa surface. Ces diverses causes, et peut-être même plusieurs autres, peuvent dans des expériences comparatives exercer, soit isolément, soit ensemble, une influence qui change et modifie les résultats pratiques. On voit combien il y a de difficulté à distinguer suivant les différents cas quelle est celle de ces causes qui agit, et surtout combien il doit être difficile d'apprécier avec exactitude l'effet produit par chacune d'elles ou par leur réunion. Si nous attachons à ces considérations l'importance qu'elles méritent réellement, nous reconnaîtrons que les difficultés

qui se présentent dans l'essai des poudres et qui semblent quelquefois présenter des anomalies si singulières, soit entre elles, soit avec les principes établis, qu'on ne peut espérer de les expliquer, ne sont pourtant pas aussi extraordi. naires qu'on pourrait le supposer d'abord.

(La suite à un prochain numéro.}

ÉTAT ACTUEL

DE

L'ARTILLERIE DE CAMPAGNE SUÉDOISE

PAR JACOBI

Officier de l'artillerie prussienne

TRADUIT DE L'ALLEMAND

PAR LENGLIER,

Capitaine au 7 régiment d'artillerie.

INTRODUCTION.

Le général de Hellwig, fut en 1804, nominé grandmaître de l'artillerie suédoise; sous la direction d'un officier d'un mérite aussi distingué, cette arme entra immédiatement dans la voie des réformes. Une plus grande mobilité de l'artillerie de campagne due à l'allégement des bouches à feu et des voitures et à des modifications dans le service des pièces; une amélioration très-grande dans la justesse du tir, par suite de la diminution du vent, tels furent les principaux

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JUIN 1848. 3 SERIE. (ARM. SPÉC.)

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