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tion circulaire sont extrêmement élevés. Dürer remarque expressément à cet égard qu'il n'a projeté une semblable construction que pour les souverains de grands empires, et qu'il laisse à chacun le soin de n'en construire que quelques parties, lorsque ces parties suffiront au but qu'on se propose d'atteindre.

Fortification du carré. Tout ce que nous avons dit de la fortification circulaire est également applicable, en tous points, à la fortification polygonale ou de caponnières de Dürer. Pourtant, cela se comprend de soi-même, les longs côtés du carré, à cause du ricochet qui, comme on le sait, n'était pas encore inventé à l'époque où vivait Dürer, méritent peu d'être recommandés pour la fortification actuelle. Ce qui intéresse, surtout ici, l'histoire de la fortification ce sont les caponnières des premiers et seconds fossés, ainsi que l'emploi de l'avant-fossé et du remblai en forme de glacis, quoique ce fossé soit une mauvaise disposition, parce que n'étant pas suffisamment vu des remparts situés en arrière, il sert facilement de logement à l'assiégeant, aussitôt que cet assiégeant a cerné le mur crénelé qui sert à la défense du remblai en forme de glacis. Ce mur est fort mal placé sur la crête du glacis, où il sert en réalité de cible à l'artillerie ennemie.

BIBLIOGRAPHIE.

Albert Dürer naquit à Nuremberg en 1471: il y mourut en 1528. Son ouvrage porte le titre suivant :

Instruction pour la fortification des villes, châteaux et bourgs. Nuremberg, 1527.

Il n'y a pas de doute qu'il fut le premier qui écrivit depuis 'antiquité sur l'architecture militaire. D'après Busca, l'écrivain qui le suivit fut un Espagnol, Franz Scriva, qui a écrit sur l'architecture militaire deux dialogues qui sont perdus. Ce ne fut qu'en 1546, c'est-à-dire 19 ans après Dürer, que l'Italien Tartaglia écrivit son ouvrage sur la fortitication.

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CHAPITRE III.

FORTIFICATION ALLEMANDE.

Fortification par Daniel Speckle.

INTRODUCTION.

Nous avons vu avec quelle distinction Albert Dürer ouvre la série des écrivains fortificateurs allemands.

La fortification bastionnée, après avoir pris naissance en Italie et avoir été reconnue par la théorie et l'expérience supérieure à l'ancienne fortification avec murs d'enceinte et tours, se répandit rapidement dans toute l'Europe où les guerres d'alors, qui consistaient pour la plupart en invasions dévastatrices, faisaient vivement sentir le besoin de solides forteresses.

En Allemagne les premières fortifications bastionnées furent exécutées en partie par des ingénieurs italiens au service des princes allemands, et en partie aussi par des ingé

nieurs allemands qui s'étaient approprié les principes de la fortification italienne. L'histoire nous a conservé les noms de quelques-uns de ces derniers ingénieurs. L'un, connu sous le nom de maître Jean, construisit, d'après les ordres du duc Guillaume de Juliers, la citadelle de Juliers, et en 1567 la fortification de Dusseldorf. Les services de cet ingénieur influèrent beaucoup sur les progrès de la science. Il avait adopté les idées de Dürer: le caractère de sa fortification consiste en effet en ce qu'il appliqua à la fortification italienne le système de constructions creuses de Dürer, car les bastions de la citadelle de Juliers sont pourvus de galeries défensives. Au reste déjà dans la construction de Kustrin, qui eut lieu de 1537 à 1558, on exécuta des casemates défensives, et on attribue même leur tracé à un Allemand, le margrave Jean de Brandebourg. Il est possible que maître Jean ait eu connaissance de cette construction.

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Un autre ingénieur militaire allemand de ces temps, nommé Franz, était au service de l'empereur Charles-Quint et fut un des plus célèbres ingénieurs. Son nom est important pour la fortification allemande, car il a la gloire d'avoir le premier reconnu et fait publiquement connaître les défauts de l'ancienne fortification italienne qui consistaient surtout, comme il a déjà été dit, en de trop longues courtines et en de trop petits bastions. En effet lorsque CharlesQuint voulut fortifier Anvers, il convoqua une réunion de généraux et d'ingénieurs pour délibérer sur le meilleur tracé à donner aux ouvrages. Maître Franz, qui devait diriger la construction, rejeta les longues courtines et les petits. bastions. Mais il fut combattu par le duc d'Albe et d'autres généraux, attachés à la routine de l'ancienne fortification italienne; et l'empereur, poussé par eux, ordonna à maitre Franz d'exécuter la fortification telle qu'elle existe

encore aujourd'hui (1). Mais lorsque, quelques années plus tard, l'empereur considéra ce travail, maître Franz saisit encore une fois l'occasion d'attirer son attention sur les défauts des courtines longues de 1000 à 1600 pieds (314 00 à 502 40) et sur les trop petits bastions. L'empereur comprit les raisons de son ingénieur, mais la construction était déjà trop avancée pour y faire aucun changement. Ni maître Jean, ni maître Franz n'ont laissé d'écrits. Il y a encore dans cette période quelques écrivains fortificateurs allemands, mais qui n'exercèrent aucune influence sur la marche de la science. Nous nous contenterons donc d'indiquer les titres de leurs ouvrages: 1o Reinhard, comte de Solms, Instruction abrégée et calculs pour établir une construction et y installer un régiment (en allemand), Cologne, 1556; 2o Léonard Fronsberger, De l'artillerie, du feu des ouvrages, et de la construction des fortifications (en allemand), Francfort-sur-le-Mein, 1557; 3° Manière de construire les forteresses défensives en bois et de toute autre manière (en allemand), par Hans de Schill, Anvers, 1573.-A la tête des ingénieurs allemands, et des ingénieurs de tous les pays de cette époque, se place le célèbre Daniel Speckle. Né en 1536 à Strasbourg, il étudia dans sa jeunesse les sciences mathé matiques et l'architecture militaire, puis se mit à voyager pour étendre et rectifier son instruction théorique par la vue des objets. Il résulte de son ouvrage qu'il visita les plus

(1) Il ne faut pas confondre la fortification de l'enceinte d'Anvers avec la fortification de la citadelle : cette dernière, comme nous l'avons dit, fut construite par Paciotto d'Urbin.

(Note de l'auteur.)

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