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le premier jour de leur liberté; au lieu que ce fut, véritablement le premier de leur efclavage. Car jamais il n'y a eu dans le monde de plus grands tyrans que les Rois Parthes auxquels ils furent foumis. Le joug des Macédoniens leur eût été bien plus doux que cette tyrannie, s'ils euffent continué à le porter. Alors Arface commença à prendre le titre de Roi, & établit folidement cet Empire d'Orient, qui balança depuis la puifance Romaine, & fut une barrière que les Romains ne purent forcer. Tous les Rois qui le fuivirent, fe firent un honneur & une loi de porter le nom d'Arface, comme les Rois d'Egypte confervèrent celui de Ptolémée tant que la race de Ptolémée Soter regna dans ce pays-là. Arface d'une condition très baffe, élevé fur le Trône, & devenu auffi mémorable parmi les Parthes, que Cyrus chez les Perfes, Alexandre chez les Macédoniens, & Romulus chez les Romains, eft une preuve de ce que dit l'Ecriture: Que le Très-Haut a la Daniel. domination fur les Royaumes des Hommes, 4 14. qu'il les donne à qui il lui plait, & qu'il établit Roi, quand il veut, le dernier d'entre les Hommes.

Onias fouverain Sacrificateur des Juifs avoit négligé de payer à Ptolémée le tribut ordinaire de vingt talens, que fes

pré

Arfaces, quæfito fimul conftitutoque Regno, non minus memorabilis Parthis [fuit,] quàm Perfis Cyrus, Macedonibus Alexander, Romanis Romulus. Justin.

3771.

AN. M. Av. J. C. 233.

Vinge

mille écus

Jofeph. prédéceffeurs avoient toujours payé réguAntiq. lib. lièrement aux Rois d'Egypte, comme un 12.cap. 3. hommage qu'ils faifoient à cette Couron

4.

ne. Le Roi envoya Athénion, un de fes courtifans, à Jérufalem, fommer les Juifs de payer les arrérages, dont la fomme s'étoit accumulée pendant plufieurs an nées; avec menace, fi on y manquoit, d'envoyer des troupes qui les chafferoient du pays, & le partageroient entre elles. L'allarme fut grande dans Jérufalem. On députa vers le Roi Jofeph, neveu d'O. nias, généralement eftimé, quoique jeune encore, pour fa prudence, fa probité & fa juftice. Athénion, dans le féjour qu'il fit à Jérufalem, avoit fort goûtté fon caractère; & étant parti pour r'Egypte avant lui, promit de lui rendre auprès du Roi tous les fervices qui dépendroient de lui. Jofeph le fuivit de près. Il rencontra fur la route des gens des plus confidérables de la Célé-Syrie & de la Palestine, qui alloient auffi en Egypte dans le deffein d'y prendre les grandes fermes du revenu de ces Provinces. Comme l'équipage de Jofeph n'étoit pas, à beaucoup près, auffi magnifique que le leur, ils firent peu de cas de lui, & lui trouvèrent peu d'efprit & de mérite. Jofeph diffimula, & dans les converfations. qu'il eut avec eux, il en tira, fans paroitre avoir aucun deffein, toutes les lumières qu'il pouvoit défirer fur l'affaire qui les menoit à la Cour.

En arrivant à Alexandrie, ils trouvèrent que le Roi étoit allé faire un tour

à

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à Memphis. Jofeph fut le feul de la troupe, qui, fans perdre de tems, fe mit en chemin pour l'y aller trouver. Il eut le bonheur de le rencontrer comme il en revenoit avec la Reine & Athénion dans fon char. Le Roi, qu'Athénion avoit fort prévenu en fa faveur, fut ravi de le voir, & le fit monter dans fon char. Jofeph excufa fon Oncle fur fon âge & fa lenteur naturelle avec tant d'adreffe & d'habileté, que le Roi en fut fatisfait, & conçut une grande eftime pour l'Avo cat qui avoit fi bien plaidé fa caufe. Il lui fit donner un appartement dans le Palais Royal à Alexandrie, & le faifoit même manger à fa table.

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Quand le jour fut venu où l'on devoit affermer par voie d'enchère les revenus des Provinces, les compagnons de voyage de Jofeph n'offrirent pour les Provinces de Célé-Syrie, de Phénicie, de Judée, & de Samarie, que huit mille ta-lens, c'eft-à dire vingt-quatre millions.. Jofeph, qui, par les converfations qu'ils avoient eues fur ces matières, en fa pré-fence, avoit découvert que ces fermes valoient plus du double, leur fit des reproches de ce qu'ils mettoient les reve nus du Roi fi bas, & en offrit le double, ou feize mille talens. Ptolémée étoit bien aife de voir augmenter fon revenu fi confidérablement; mais il craignit que celui qui portoit fi haut cette ferme, ne fût pas en état de payer la fomme qu'il offroit, & il lui demanda quelle caution il lui donneroit. Jofeph lui répondit avec

un

AN. M. 3772.

232.

un grand fang-froid, qu'il lui donneroit pour caution des perfonnes dont il feroit content, & contre qui il étoit fûr qu'il n'avoit rien à objecter. On lui dit de les nommer. Il nomma le Roi & la Reine, & dit qu'ils feroient cautions pour lui l'un à l'autre. Le Roi ne put s'empê.. cher de rire de cette faillie. Elle le mit de fi bonne humeur, qu'il lui fit ajuger la ferme fur fa fimple parole, & fans exiger de lui aucune caution. Il l'exerça pendant dix ans au grand contentement de la Cour & des Provinces. Nos ríches Financiers s'en retournèrent hon teux & confus, & dûrent reconnoitre qu'un équipage magnifique eft un mérite bien mince.

En Macédoine, mourut le Roi Démétrius. H laiffa un fils, nommé PhiAv. J. C. lippe, qui étoit en très-bas âge. On lui Juftin 1. donna pour tuteur Antigone, lequel, 28. cap. 3. ayant époufé la mère de fon pupille, monDexipp ta fur le Trône, & regna pendant douze Porphyr. ans. Comme il étoit magnifique en proEufeb. meffes, mais fans effet, on lui donna le furnom de* Dofon..

AN. M. 3778.

Av. J. C.

226.

Cinq ou fix ans après, Séleucus Callinicus, qui depuis quelque tems étoit retenu captif chez les Parthes, y mourut d'une chute de cheval. Arface, pendant tout le tems de fa captivité, le traita touAthen. p. jours en Roi. Sa femme étoit Laodice, fœcur

Fuftin. 1.

7.cap. 3.

253.

Ce nom en grec, fignifie un homme qui donneta, c'est-à-dire, qui promet de donner, & qui ne donne

point:

foeur d'Andromaque, un de fes Généraux. Il en eut deux fils & une fille. Il maria la fille à Mithridate Roi de Pont, & luidonna la Phrygie pour fa dot. Les fils étoient Séleucus & Antiochus. Le premier, qui fut furnommé Céraunus, lui fuccéda.

Nous voici arrivés au tems où la République des Achéens commence à paroitre avec éclat dans l'Hiftoire, & foutient des guerres en particulier contre celle de Lacědémone. C'eft ce qui m'engage à expofer ici l'état préfent de ces deux Républiques. Je commencerai par celle des Achéens.

S. II. Etablissement de la République des Achéens. Aratus délivre Sicyone de la tyrannie: caractère de ce jeune Grec. Aidé par -bes libéralités de Ptolémée Evergéte, il apap - paiffe la fédition prête à éclater dans Sicyone. Il enlève Corinthe à Antigone Roi de Macédoine. Il fait entrer plufieurs villes dans la Ligue des Achéens: Mégare, Trézène, Epidaure, Mégalopolis. In'eut pas le même fuccès par rapport à Argos.

LA REPUBLIQUE des Achéens n'étoit Polyb. confidérable dans les premiers tems, ni par lib. 2. p. le nombre des troupes, ni par la grandeur 125-130. de fes richeffes, ni par l'étendue de fon domaine, mais par une grande réputation de probité, de juftice, d'amour de la liberté; & cette réputation étoit fort ancienne. Les Crotoniates & les Sybarites, pour rétablir le bon ordre dans leurs villes, adoptèrent les

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