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nos mœurs, les livres sacrés des nations infidèles, le Zend-Avesta des Parsis, le Veidam des Brames, le Coran des Turcs, les Edda des Scandinaves, les maximes de Confucius, les poëmes sanskrit, ne nous surprennent point; nous y retrouvons la chaîne ordinaire des idées humaines; ils ont quelque chose de commun entre eux, et dans le ton et dans la pensée. La Bible seule ne ressemble à rien : c'est un monument détaché des autres. Expliquez-la à un Tartare, à un Cafre, à un Canadien; mettez-la entre les mains d'un bonze ou d'un derviche : ils en seront également étonnés. Fait qui tient du miracle! Vingt auteurs, vivant à des époques très-éloignées les unes des autres, ont travaillé aux livres saints; et, quoiqu'ils aient employé vingt styles divers, ces styles, toujours inimitables, ne se rencontrent dans aucuze composition. Le Nouveau-Testament, si différent de l'Ancien par le ton, partage néanmoins avec celui-ci cette étonnante originalité.

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que

Ce n'est pas la seule chose extraordinaire

les hommes s'accordent à trouver dans l'Écriture: ceux qui ne veulent pas croire à l'authenticité de la Bible, croient pourtant, en dépit d'eux-mêmes, à quelque chose dans cette même Bible. Déistes et athées, grands et petits, attirés par je ne sais quoi d'inconnu, ne laissent pas de feuilleter sans cesse l'ouvrage que les uns admirent, et que les autres dénigrent. Il n'y a pas une position dans la vie pour laquelle on ne puisse rencontrer, dans la Bible, un verset qui semble dicté tout exprès. On nous persuadera difficilement que tous les événements possibles, heureux ou malheureux, aient été prévus avec toutes leurs conséquences, dans un livre écrit de la main des hommes. Or, il est certain qu'on trouve dans l'Écriture:

L'origine du monde et l'annonce de sa

fin;

La base des sciences humaines;

Les préceptes politiques, depuis le gouvernement du père de famille jusqu'au des

potisme; depuis l'âge pastoral jusqu'au siècle de corruption;

Les préceptes moraux applicables à la prospérité et à l'infortune, aux rangs les plus élevés, comme aux rangs les plus humbles de la vie;

Enfin, toutes les sortes de styles; styles qui, formant un corps unique de cent morceaux divers, n'ont toutefois aucune res- seniblance avec les styles des hommes.

CHAPITRE II.

QU'IL Y A TROIS STYLES PRINCipaux dans l'écriture.

ENTRE ces styles divins, trois surtout se font remarquer :

1o Le style historique, tel que celui de la Genèse, du Deuteronome, de Job, etc.;

2° La poésie sacrée telle qu'elle existe dans les psaumes, dans les prophètes et dans les traités moraux, etc.;

3o Le style évangélique.

Le premier de ces trois styles, avec un charme plus grand qu'on ne peut dire, tantôt imite la narration de l'épopée, comme dans l'aventure de Joseph, tantôt emprunte des mouvements de l'ode, comme après le passage de la mer Rouge; ici soupire les élégies du saint Arabe; là, chante avec Ruth d'attendrissantes bucoliques. Ce

peuple, dont tous les pas sont marqués par des phénomènes; ce peuple, pour qui le soleil s'arrête, le rocher verse des eaux, le ciel prodigue la manne; ce peuple ne pouvait avoir des fastes ordinaires. Les formes connues changent à son égard: ses révolutions sont tour à tour racontées avec la

trompette, la lyre et le chalumeau; et le style de son histoire est lui-même un continuel miracle, qui porte témoignage de la vérité des miracles dont il perpétue le sou

venir.

On est merveilleusement étonné d'un bout de la Bible à l'autre. Qu'y a-t-il de comparable à l'ouverture de la Genèse ? Cette simplicité du langage, en raison inverse de la magnificence des faits, nous semble le dernier effort du génie.

In principio creavit Deus coelum et

terram.

Terra autem erat inanis et vacua, et tenebræ erant super faciem abyssi, et spiritus Dei ferebatur super aquas.

Dixitque Deus: Fiat lux. Et facta est

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