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Combicu i eft important qu'un General foit bien qu'elles Joient

connu de fes troupes,

accoutumées à lui.

&

,

Il femble qu'en cette rencontre il arriva un infigne bonheur à Marius; car les Barbares ayant tourné leur marche vers l'Espagne, qu'ils inonderent comme par une forte de reflux, il eut le tems d'exercer fes foldats, & de les endurcir au travail, de leur élever & fortifier le courage; ce qui eft encore plus confiderable, de fe faire connoître à eux, & de les accoutumer à fa difcipline. Car fes manieres rudes & farouches qu'ils ne pouvoient fupporter d'abord, & sa séverité inflexible dans les punitions & les châtimens, dès qu'ils furent accoutumez à ne plus La feverité paroît faillir, & à bien obéir, leur parurent non-feuleaux foldats accou- ment juftes, mais falutaires. La violence de fon tumez તે ne pas faillir. Car elle naturel, fes emportemens dans fa colere, la ru'est à craindre que deffe étonnante de fa voix, la fierté de fon rebour ceux qui font mal. gard, & l'air farouche de fon vifage, quand ils furent un peu nourris avec lui, ne avec lui, ne leur parurent plus redoutables pour eux, mais terribles pour leurs ennemis.

jufte & neceffaire

rius dans fes juge

mens.

c'é

Mais ce qui plaifoit le plus aux troupes, Droiture de Ma toit fa droiture dans fes jugemens ; & en voici une belle preuve Il avoit avec lui un neveu, appellé Caïus Lufius, Capitaine d'une Compagnie d'hommes d'armes. Ce n'étoit point un mauvais fujet d'ailleurs, mais il avoit ce vice,

Hiftoire de Caius Lufius neveu de Marius.

Comme par une espece de reflux. ] D'abord ils vont pour inonder l'Italie, voilà le flux, mais ils changent enfuite; & au lieu de

pouffer vers l'Italie, ils se rabattent fur l'Espagne, voilà pourquoi Plutarque dit comme par une forte de reflux,

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qu'il aimoit les beaux garçons. Etant donc devenu amoureux d'un jeune homme, appellé Trebonius, qui étoit dans fa Compagnie, il le follicita plufieurs fois, & tâcha de le gagner, mais il n'en put jamais rien obtenir. Enfin laffé de fes refus, une nuit il lui envoya par un de fes domestiques un ordre de le venir trouver fur l'heure. Le jeune homme y alla; car il n'étoit pas permis à un fubalterne de defobéir à fon Officier. Il ne fut pas plûtôt entré dans fa tente, que Lufius fe mit en devoir de le forcer. Ce que voyant Trebonius, il tira fon épée, & le tua. Cela se paffa pendant l'absence de Ma- Trebonius qui tuë le

rius.

A fon retour dans le Camp il apprit la mort de fon neveu, & en même tems il fit citer Trebonius pour venir être jugé devant lui. Il comparut. Beaucoup de gens fe prefenterent pour l'accufer, & perfonne ne fe prefenta pour le défendre. Le jeune homme ne fe découragea point, il s'avança hardiment, déduifit le fait tel qu'il s'étoit paffé, & nomma plufieurs témoins qui fçavoient & avoient vû que Lufius l'ayant follicité plufieurs fois de répondre à fon infame defir, il l'avoit toujours refusé, & que luiayant fouvent offert de grands dons, il les avoit toujours rejet tez, preférant l'honnêteté à toutes les richeffes. Marius, ravi & plein d'admiration, commanda qu'on lui apportât la couronne, dont Rome récompenfoit les plus grands exploits; & l'ayant

Belle action de

neveu de Marine fon General,

Trebonius, petis

Officier, prefere honnéteté à vouses

les richeffes.

Marius qui couronne

Belle attion de prife, il en couronna lui-même Trebonius; celui qui apoit tué comme celui qui avoit fait une très-belle action dans un tems qui demandoit de grands exemples.

fon neven.

de Marius,

La nouvelle de ce jugement portée à Rome, n'aida pas peu Marius à lui faire obtenir fon troiTroifiéme Confulat fiéme Confulat, outre que comme on attendoit les Barbares le printems fuivant, les foldats Romains refuferent de marcher à cette guerre, & de combattre des ennemis fi terribles fous un autre Genéral. Cependant ils n'arriverent pas fi-tôt qu'on le croyoit, & ce troifiéme Confulat de Marius se passa encore fans qu'on vît les Barbares.

Comme le tems de la nouvelle élection approchoit, & L. Aurelius, Collegue de Marius au Confulat, étant venu à mourir, Marius laiffa fon armée fous les ordres de Manius Aquilius, & vint à Rome. Il fe prefentoit beaucoup de gens de bien qui briguoient le Confulat, mais L. Saturninus, celui de tous les Tribuns qui avoit le plus de crédit & d'autorité fur le peuple, ayant été gagné par Marius, tâchoit par toutes fes harangues de porter le peuple à le nommer Conful pour la quatrième fois. Et Diffimulation comme Marius faifoit le difficile, & difoit ouvertement qu'il ne vouloit plus de cette Charge, Saturninus l'appelloit traître à la patrie, de refufer le commandement de l'armée dans un fi preffant danger, Il n'y avoit perfonne qui

rufe de Marius.

ne

ne vit que c'étoit un jeu joué, & que Saturninus étoit apofté par Marius pour faire rejetter fon refus qui n'étoit qu'une feinte. Mais le peuple voyant que c'étoit un tems où l'on avoit befoin & de la grande capacité de Marius, & de fa bonne fortune, lui décerna ce quatriéme Con- Quatrieme Confus fulat, & lui donna pour Collegue Catulus Lutatius, homme honoré des Nobles, & bien voulu du peuple.

pro

lat de Marius.

Marius paffe les le bord du Rhone.

Alpes & va camper

fur

Marius ayant appris que les ennemis étoient déja fort proche, paffa promptement les Alpes, alla planter fon Camp fur le bord du Rhône où il fe fortifia, & y amaffa de très-grandes provisions de bouche, afin que faute de vivres, il ne pût être forcé d'en venir à un combat mal à pos & malgré lui. Mais comme le transport de ces vivres, dont il avoit befoin pour fon armée, étoit fort long, très-dangereux, & de grande dépense par mer, il trouva le le moyen de le rendre très-prompt & très-facile. Les embouchures du Rhône étoient remplies de vafe & de gravier par les courans de la mer, & toute fa rive, couverte d'une bourbe profonde que le flot y entaffoit, en rendoit l'entrée très-difficile & impraticable aux vaisseaux de charge. Marius menant là son armée, qui n'avoit rien à faire, creufa un détourne une grande

En rendoit l'entrée difficile & impraticable aux vaiffeaux.] Il faut lire dans le texte comme dans un manufcrit, Bpaduwopor, Tome IV.

au lieu de ßpaxuwopov, qui signi-
fie tout le contraire.

Marius menant là fon armée.]
Ce paffage eft corrompu & mał
E

Marius fait un grand foffe où il

partie des eaux du fleuve pour le transport des vivre:1

Baviere.

Genes.

grand foffé où il détourna une grande partie du fleuve, & conduifant ce foffé jufqu'à un endroit commode de la côte, il eut foin de le rendre assez profond pour recevoir de grands bateaux, & de tourner fon embouchure de maniere qu'elle fût plate, facile, & à l'abri des vagues & des vents. Ce foffé porte encore aujourd'hui fon nom, & eft appellé Foffa Mariana, le Foffé de

Marius.

Les Barbares s'étant partagez en deux Corps d'armée, l'un, qui étoit celui des Cimbres, Aw-defus de la prit par le haut du païs des Noriciens pour aller forcer les paffages que gardoit Catulus, & l'autre, qui étoit celui des Teutons & des AmPar le païs de brons, prit par la Ligurie, le long de la mer, pour attaquer Marius. Les Cimbres furent plus long-tems à se préparer, & à se mettre en marche; mais les Teutons & les Ambrons étant partis d'abord, & ayant traversé fort diligemment la Ligurie & les Alpes, fe trouverent bientôt devant Marius, & presenterent à fon armée un Les Teutons & nombre innombrable d'ennemis, tous affreux Les Ambrons affreux à voir, dont la voix ne tenoit rien de la voix des autres hommes, & dont les cris jettoient la terreur dans l'ame des plus affurez. Ils em

à voir.

ponctué dans les éditions. role
τὸν εἰσπλεν ὧδε. Τρεψας ἐνταῦθα,
c. Il faut un point après
Hey, & continuer enfuite
, de cette maniere, o rov
Max. dé &c. C'eft ainfi

qu'il eft rapporté dans les Commentaires de Cafaub. fur Strab. & c'eft ainfi que Henry Etienne l'a corrigé. Strabon parle au long de cette foffe de Marius dans fon 10. Liv. J.

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