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sait velaturam facere, des bateliers qui faisaient passer pour de l'argent.

autre monde. Nous y avons remarqué, d'après Pausanias, 1. X, c. v, que cet oracle fut possédé d'abord en commun par la Terre et par Neptune; que ce dieu céda sa part à la (13) Cette étymologie n'est point vraie; car, suivant la Terre, qui en fit don à Thémis, de qui Apollon le reçut, remarque de M. Dacier, le nom du Velabre était beaucoup en donnant en échange à Neptune l'ile de Calaurie en face plus ancien que l'usage de tendre ces voiles, qui ne com de Trézène. Cette Thémis dont il doit être question ici, est,mença, dit Pline, liv. XIX, c. 1, que lorsque Q. Catulus à ce qu'on croit, la même que Carmenta, mère d'Evan- dédia le Capitole. Des différentes traditions que Plutarque dre, et qu'on nommait ainsi du mot carmen, vers, parce-rapporte sur la naissance de Romulus, cette dernière est la qu'elle rendait ses oracles en vers, comme Plutarque le dit dans ses Questions romaines.

(7) Le premier de ces historiens n'est point connu d'ailleurs. 11 parait qu'il a vécu avant Ptolémée Philopator, puisque Fabius Pictor, qui l'a suivi dans son histoire, vivait pendant la guerre d'Annibal, qui a commencé la troisième année du règne de ce prince. Fabius Pictor, que Tite-Live appelle le plus ancien des écrivains latins, fut un des députés que le sénat, après la déroute de Cannes, envoya consulter l'oracle de Delphes sur les moyens d'apaiser les dieux. Il avait écrit les Annales des Romains; et Polybe lui reproche de la partialité pour ses concitoyens et de l'injustice envers les Carthaginois. Voy. VOSSIUS, de Hist. lat., 1 I, c. I. Péparèthe, patrie de Dioclès, était une des iles Cyclades, dans la mer Egée, et fameuse par ses bons vins.

(8) Denys d'Halicarnasse, 1. I. c. xvII, ne parle point de ce partage; il dit seulement qu'Amulius s'empara du royaume d'Albe au préjudice de Numitor, son frère ainé, qui en était l'héritier legitime, et qu'il en exclut par la force; car, chez les Albains, l'ainé avait un droit incontestable à la couronne de son père. Ce droit une fois établi, le royaume appartenait à Numitor, et Amulius n'avait pas de choix à lui proposer. Tite-Live, liv. I, c. vi, dit de Romulus et de Remus qu'étant jumeaux, il n'y avait point de droit d'aînesse entre eux, pour décider à qui des deux il appartiendrait de commander à l'autre. Acad. des Inscript., t. VII, p. 114.

(9) Les deux dernières étymologies sont naturelles : mais la première est contredite par Tite-Live, qui remarque, liv. 1, c. iv, qu'on avait donné à ce figuier le nom de Romulaire, par rapport à Romulus. Il est vrai qu'il ne conserva pas ce nom, qui peut-être ne se trouverait pas ailleurs, tandis que celui de Ruminal lui est toujours resté. Plutarque ajoute que les Romains donnaient le nom de Romilia, du mot Ruma, à la divinité qui présidait à la naissance des enfants: mais il n'y a aucun rapport de l'un à l'autre ; et ce n'est que de Romulus qu'elle aurait pu emprunter ce nom. Peut-être a-t-il voulu dire Rumina, nom qu'il lui donne dans ses Questions romaines. Peutêtre aussi n'est-ce qu'une faute de copiste.

(10) Plutarque dit la même chose dans les Questions romaines, et il ajoute que cette déesse, qui présidait à la nourriture des enfants, ne voulait pas qu'on lui offrit du vin, parcequ'il est pernicieux à cet âge. Ces sacrifices s'appelaient des sacrifices de sobriété.

(14) Elle se nommait Lorentalia et Larentinalia, de La- | rentia, véritable nom de cette femme, tel que Plutarque lui-même l'a mis dans ses Questions romaines, où il parle de ces deux Acca-Larentia, dont une seule portait ce dernier nom; et c'était la nourrice de Romulus. La seconde, dont il va raconter l'histoire, ou plutôt la fable, s'appeJait Acca-Taruntia, du nom de ce Romain qui se l'était attachée. On croit que c'est la même que Flore, et que le peuple romain, qu'elle avait fait son héritier, institua en son honneur des jeux floraux qui étaient marqués par une singulière licence. Voyez Varron, de Ling. lat., liv. V, c. III; Macrobe Saturn., liv. I, c. x ; Ovid. Fast., liv. IV, vers 947, et liv. V, vers 53!.

(12) Celte étymologie est confirmée par Varron, liv. IV, de Ling. lat., c. vi. Il dit que le nom de l'élabre vient de vehendo, velabrum, par contraction de rehelabrum. On di

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plus généralement adoptée; nous ne disons pas la plus

vraisemblable, car elle a un caractère de merveilleux qui ne s'accorde guère avec la simplicité de l'histoire. D'ailleurs, si l'opinion de M. Court de Gebelin est vraie, il ne faut voir dans tout ce qu'on dit de Romulus et de Rémus qu'une allégorie dont les lecteurs ne seront peut-être pas fâchés de trouver ici les principaux traits, que nous allons rapporter fort en abrégé.

Tous les noms contenus dans cette histoire sont allégoriques, et relatifs à l'année. On retrouve dans Mars et dans Rhea les ancêtres que les Égyptiens donnaient aux Dioscures ou Gémeaux. Leur aicule était Rhéa, et leur aïeul, Vulcain, dont le nom égyptien Phtha offre les mêmes fonctions que celles qu'on attribue à Mars. Sylvia est une épithète qui équivaut au mot royale, puisque le nom de la famille royale des Albains était Sylvius. Les enfants de Sylvia sont nourris par une louve, lyce en grec; ce mot signifie aussi lumière et année. On célèbre leur fête au mois de Mai, qui est le mois des Gémeaux, et le dernier de l'année primitive des Grecs et des Latins. C'est le mois des ancêtres, majores, où se rencontrent par conséquent les deux soleils, l'un expirant, et l'autre prenant sa place. Ovide a chanté cette fète, Fastor. lib. V, et en a décrit les cérémonies; elles appartiennent à une fete antique et respectable qui subsiste encore avec éclat à la Chine, la fète des ancêtres. A Rome, elle était établie à l'honneur de Rémus, nom du soleil d'hiver, mourant au soleil d'été ; et elle était consacrée en même temps aux mânes des ancêtres et des morts en général. C'est ce que signifie en langue orientale le mot de Lemures, dont cette fète portait le nom. Elle était la même que celle que les Grecs célébraient sous le nom de Necusia. Rémus est donc le soleil d'hiver, honoré comme un héros. Son frère Romulus est mis au rang des dieux, et reçoit, comme Hercule, les honneurs de l'apotheose aux fètes Caprotines. Elles se célébraient à Rome le sept de juillet, le jour même des nones, et étaient consacrées à Junon Caprotine.

Romulus est le soleil, comme le prouvent les noms de son père et de sa mère, la louve qui le nourrit, son frère, la mort de ce frère, son propre nom, etc. A la fin de l'année, on disait chez tous les peuples, en parlant du personnage qui était le symbole du soleil, qu'il avait disparu, et qu'il venait d'être mis au rang des dieux. Ainsi Romulus disparaît à Caprée, et reçoit les honneurs divins. Cette histoire allégorique est donc la mème que celle d'Hercule. Dans celle-ci, ce héros vient de traverser un fleuve, lorsqu'il est ravi aux hommes ; et c'est son neveu lulus qui lui rend la vie au signe du Capricorne. Dans celle de Romulus, c'est sur les bords d'un lac ou d'un marais qu'il disparaît aux yeux des hommes; et c'est Iulus qui proclame son apothéose. La mort d'Hercule était marquée au solstice; et celle de Romulus, ou sa disparition, est placée aux nones du mois qui commence au solstice. Quant au mot Caprotines, nom de cette fête, il vient de capra, chèvre ; c'est de ce mot qu'on a fait celui de Capricorne, nom du signe où le soleil renait et retourne sur ses pas au solstice d'hiver. De là encore le nom de lac ou de marais de la Caprée, donné au moment où l'année finit, et où le soleil revient sur ses pas.

Ce qu'on dit ici de Romulus est confirmé par le calendrier niême, qui place quelques jours après le solstice d'été,

au vingt-huit juin, la fète de ce dieu, qu'on adorait sous le nom de Quirinus, mot qui signifie le dieu de la ville, comme le nom de Quirites, qu'on donnait aux Romains assemblės, voulait dire habitants, citoyens. Enfin le nom mėme de Quirinus, qui est la traduction littérale du nom de Mélicerte qu'Hercule portait chez les Tyriens, est une nouvelle preuve qu'on regardait Romulus comme le soleil. (14) Gabies, ville des Latins et colonie d'Albe, était à douze milles de Rome. Denys d'Halicarnasse, liv. I, c. XIX, dit qu'ils y furent instruits dans les sciences des Grecs; qu'ils y apprirent les belles-lettres, la musique, et l'exercice des armes.

(15) Ils avaient déja apparemment entendu parler vaguement de la manière éonnante dont ils avaient été sauvés dans leur première enfance; et cette protection d'un dieu, qui avait si visiblement veillé sur eux, faisait croire à Rémus que, si ces prodiges étaient vrais, la même divinité qui les avait conservés alors le tirerait du danger où il se trouvait.

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très religieux et très respectable, il le pousse cependant trop loin, en voulant que cette grande puissance de Rome soit une conséquence des événements qui marquèrent son origine.

(19) On ne sait pas quel était ce dieu Asyle; M. Dacier croit que c'était Apollon. Les éditeurs d'Amyot disent qu'il y avait un asyle et un temple; mais que Plutarque est le scul qui parle d'un dieu Asyle. Il est assez vraisemblable qu'il a pris le nom d'un temple pour celui d'un dieu. (20) Denys d'Halicarnasse, liv. II, c. vi, dit que Romulus exigea seulement qu'ils fussent libres; mais le récit de Plutarque, conforme à celui de Tite-Live, liv. I, c. vIII, est plus croyable; car il y a bien de l'apparence, comme l'observe le traducteur de Denys d'Halicarnasse, que ce prince, voulant s'agrandir à quelque prix que ce fût, n'y regardait pas de si près, et que tout lui était bon.

(21) Rémus avait bâti ce fort sur le mont Aventin; et il fallait décider lequel des deux, de son frère ou de lui, donnerait son nom à la ville. Festus donne à ce lieu le nom de Remoria, et Denys d'Halicarnasse celui de Remurie. Ce dernier fait entendre que le mont Aventin et Remurie étaient deux endroits différents, liv. I, c. xx. Stephanus, de Urbibus, dit que Remurie est une ville auprès de Rome. Ce que Plutarque a appelé plus haut Rome carrée était un fort bâti par Romulus sur le mot Palatin.

(16) Il y a apparence, dit le traducteur de Denys d'Ilalicarnasse, que, dans ces premiers temps, on ne faisait pas ordinairement la garde aux portes de la ville; aussi cet historien observe-t-il, liv. I, c. xix, que comme on craignait alors quelque irruption des ennemis, le roi avait | ordonné à ses plus fidèles sujets de garder les portes. Plutarque dit encore que Faustulus fut reconnu par un de (22) Denys d'Halicarnasse, liv. I, c. xx, nous donne à ceux qui avaient été chargés d'exposer les enfants; mais ce sujet plus de détails. Il dit que lorsque les deux frères plus haut, il vient de dire qu'il n'y cut qu'une seule per- furent arrivés chacun sur la montagne qu'il avait choisie sonne à qui l'ordre en fut donné; et ce fut, suivant quel-Romulus, soit par trop de précipitation, soit par envie ques uns, Faustulus lui même. Denys d'Halicarnasse dit qu'il y en avait plusieurs. Acad. des inscript., tome VII, p. 116.

(17) On ne peut rien de plus étrange que la conduite que Plutarque fait tenir ici à Amulius. Peut-on croire un tyran assez aveugle pour charger, dans cet instant de danger, d'un pareil ordre, un homme de probité, et surtous un ami de Numitor? Et quelle imprudence d'entrer avec ce prince dans une explication qui ne pouvait que lui donner des soupçons sur ce qu'il importait le plus de lui cacher, et lui faire prendre des mesures très nuisibles à | l'autorité d'Amulius! Le récit de Denys d'Halicarnasse est bien plus naturel. 11 dit, liv. I, c. xix, que Faustulus ayant été amené devant le roi avec le berceau, Amulius le menaça des plus rudes tourmens, s'il ne lui confessait la vérité. Faustulus avoua que les enfants vivaient, et raconta la manière dont ils avaient été sauvés. Le roi lui demanda où on pourrait les trouver, parce qu'il ne voulait pas leur laisser mener une vie indigne de leur naissance. Faustulus, qui se mefiait de sa bonne volonté, lui dit qu'ils étaient à paitre les troupeaux dans les montagnes, et qu'il pouvait les y envoyer chercher. Le roi fit partir aussitôt les plus fidèles de ses gardes, avec ordre de se saisir d'eux ; et en meme temps il résolut de s'assurer de Numitor, et de le tenir en prison jusqu'à ce que son entreprise eut réussi. Il le manda donc, sous un autre prétexte; mais celui qui était allé le chercher, touché de son danger, lui déclara le dessein d'Amulius. Numitor découvrit aux jeunes gens le sort qui les menaçait; et ayant réuni un corps considérable de leurs domestiques, de paysans et de citoyens, ils entrèrent dans le palais d'Amulius et le tuerent.

(18) Plutarque montre peut-etre ici un peu trop de facilité a croire les particularités qu'il a rapportées, et qu'il avoue lui-même avoir été suspecies à quelques auteurs. La puissance et la grandeur auxquelles Rome parvint dans la suite étaient indépendantes de la manière dont ses fondateurs avaient été sauvés dans leur enfance; et quoique le sentiment qui lui fait rapporter tous les événements à une première cause, lois de prendre sa source dans la superstition, comme le prétend M. Dacier, soit au contraire

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contre son frère, ou peut-être par l'inspiration d'un dieu, avant que d'avoir rien vu, envoya dire à Rémus de venir promptement; qu'il avait le premier aperçu des oiseaux d'un augure favorable. Mais ceux qu'il avait envoyés, étant encore en chemin, et ne se pressant pas, parce qu'ils avaient honte de tremper dans une pareille supercherie, Rémus aperçut six vautours qui volaient à sa droite, et fut ravi de cet augure. Un moment après, ceux que Romulus avait envoyés l'avertir le conduisirent au mont Palatin. Quand il y fut arrivé, il demanda à son frère quels oiseaux il avait vus le premier. Celui-ci ne savait d'abord que répondre; mais ayant aperçu dans le moment douze vautours dont le vol était favorable, il se rassura, et les montrant à Rémus: « Qu'est-il besoin, dit-il, de parler de ce que j'ai » vu ci-devant? ne voyez-vous pas vous-même ces oi>> seaux? » Rémus, indigné de cela, et transporté de colère, se plaignit hautement qu'il l'avait trompé. Il n'est personne qui ne sente combien cette apparition d'abord de six vautours à Rémus, et ensuite de douze à Romulus, est peu vraisemblable. Quoique ces oiseaux se réunissent plusieurs, il est rare qu'ils se rassemblent jusqu'au nombre de douze; ce n'est guère que lorsqu'ils sont attirés par un grand nombre de cadavres, comme après une bataille. Cette circonstance favorise l'opinion de ceux qui ne voient dans l'histoire de Romulus qu'une allégorie astronomique. Les auciens, et surtout les Egyptiens, regardaient le vautour comme le symbole de l'année; alors les six vautours de Rémus représentent les six premiers mois du cours du soleil, et les douze de Romulus figurent l'année entière.

(25) Ce que Plutarque dit ici n'est pas exact. Quoique le vautour se jette de préférence sur les cadavres, et qu'il s'y acharne au point de les déchiqueter jusqu'aux os, il poursuit aussi des animaux vivants pour en faire sa proie. il est vrai qu'alors, comme il est aussi lâche que vorace, pour peu qu'il prévoie de résistance, il se réunit avec d'autres. Ces animaux même sont les seuls qui se mettent ainsi plusieurs contre un. Les autres oiseaux de proie dont Plutarque parle, et sur lesquels il semble donner au vautour une préférence marquée, ont un tout autre caractère, et montrent bien plus de courage. Les éperviers, les fau

cons, et jusqu'aux plus petits oiseaux, à plus forte raison les aigles, les plus courageux de tous, chassent seuls; ils font peu de cas de la chair morte, et refusent celle qui est corrompue. L'aigle, le roi des oiseaux, a la générosité en partage; il dédaigne les petits animaux, et méprise leurs insultes. Quelque affame qu'il soit, il ne se jette jamais sur les cadavres; il lui faut une proie fraîche. BoMARE, Dictionnaire d'histoire naturelle.

(24) Cette conséquence n'est point vraie. Si on voit rarement des vautours, c'est qu'ils font leurs nids sur des montagnes très élevées, dont le sommet est presque inac- | cessible, et qu'ils ne les quittent que lorsqu'elles se couvrent de neige. Ils descendent alors dans les plaines, et voyagent l'hiver dans les pays chauds. Au reste, cette rareté prouve le peu de vraisemblance de l'apparition des douze vautours.

(25) Il dit, en sautant le fossé : « Tout autre le sautera » de même que moi. » Céler, en le frappant, lui répondit: » Mais nos citoyens le repousseront encore plus facile» ment. » Denys d'Halicarnasse, liv. I, c. xx, dit que les murailles de la ville étaient achevées, et que Rémus sauta les murs et non pas le fossé. Il y a apparence alors que les murailles n'étaient pas encore à toute leur hauteur, et qu'elles n'étaient achevées que dans leur contour.

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sage de Tite-Live, que le Pomærium comprenait non-seulement l'espace vide qui était en-dedans entre les murs et les maisons, mais encore l'espace également vide qui était en-dehors, et qu'on ne pouvait pas labourer.

(31) Tous les auteurs conviennent du jour, mais non de l'année. Varron, le plus savant des Romains, place cette fondation la troisième année de la sixième olympiade, sept cent cinquante-deux ans avant J.-C. Caton la fixe à la première année de la septième olympiade ; ce qui fait deux ans de différence. Quoique Cicéron préfère le sentiment de Varron, l'opinion de Caton est cependant la plus suivie ; c'est celle de Denys d'Halicarnasse, le plus exact des auteurs qui ont écrit l'histoire romaine: elle a é é adoptée par Solin et Eusèbe; enfin c'est celle qui s'accorde le mieux avec les chronologistes modernes les plus habiles, à l'exception de Scaliger, qui penche pour Varron. Le onze avant les calendes de mai répond au vingt-un d'avril. On sait que les Romains divisaient leurs mois par calendes, nones et ides. Les calendes étaient le premier jour du mois ; les nones arrivaient le cinq ou le sep, suivant que les ides se trouvaient le treize ou le quinze; ainsi les nones étaient le neuvième jour avant les ides; et de là venait leur nom. On comptait au commencement du mois, depuis le deux, le premier, le second, le troisième jour avant les nones ou avant les ides d'un tel mois. Le lendemain des ides, on comptait le dix-sept ou le quinze avant les calendes du mois suivant, et ainsi de suite jusqu'au dernier jour du mois, qu'on appelait la veille des calendes. Le nom de calendes vient de l'ancien mot calare, indiquer, parceque ce jour-là le pontife annonçait quels jours arriveraient les nones et les ides. Le nom des ides vient du mot grec eidos, face, parce que le jour des ides on voit la face entière de la lune.

(26) Plutarque, dans le récit de la mort de Remus, confond les deux manières dont elle est rapportée. Les uns prétendent qu'il fut tué en sautant le fossé; d'autres, sans faire mention de cette circonstance, disent que les deux frères, ayant pris querelle, se battirent, et que Rémus périt dans le combat, ainsi que Faustulus. C'est le sentiment de Denys d'Halicarnasse, qui raconte que la tromperie de Romulus ayant occasioné de grandes disputes entre les deux frères, le peuple prit parti dans celte que relle avec tant de chaleur, que, sans attendre l'ordre des (32) Denys d'Halicarnasse, liv. I, c. xxi, dit qu'il ne chefs, on en vint aux mains : le combat fut sanglant, et il | peut décider si ce jour était déja félé auparavant comme demeura beaucoup de monde sur la place. Tite-Live, I. I, un jour favorable, et si ce fut cette raison qui le fit choic. VII, distingue aussi ces deux opinions, avec cette diffé-sir pour bâtir la ville, ou si ce ne fut qu'en commençant rence qu'il donne la dernière pour la plus générale, et qu'il fait tuer Remus par son frère. La mort de Plistinus, rapportée par Plutarque, ne se trouve dans aucun autre auteur, et on ne le voit pas même nommé ailleurs.

Denys d'Halicarnasse ajoute que Romulus fut saisi d'un si grand chagrin et d'un repentir si cuisant de l'action | qu'il avait faite, qu'il tomba dans le désespoir, jusqu'à vouloir se donner la mort. Il en fut empêché par les prières et les exhortations de Larentia.

à bâtir qu'on le consacra pour honorer les dieux propices aux campagnes. Cette fète, qui était celle des bergers, et que Rome avait reçue des Latins, tirait son nom de Palès, déesse des troupeaux, à qui elle était consacrée, et se célébrait le vingt-un d'août. D'autres le dérivent de partu Iliæ, de l'entantement d'Ilia. Ovide en parle fort au long, Fast. liv. II, vers 721. Voy. GEBELIN, Histoire du calendrier, p. 582.

(35) La difficulté est bien plus grande aujourd'hui par (27) Les anciens Etrusques étaient très versés dans la les raisons que j'en ai données dans ma Préface, et que science des augures et des cérémonies religieuses. Ils les je ne répéterai point ici. Ce mois des Grecs, dont Pluavaient apprises d'un certain Tagès, instruit par Mercure. tarque parle tout de suite après, était le mois ElaphéCe Tagès, dit la Fable, était né d'une motte de terre. Ci-bolion, qui répondait en partie au mois d'avril, et en CERON, liv. II de la Divination; et OVIDE, Métamorph., liv. XV, vers 553.

(28) En conservant une poignée de terre de leur pays, ils croyaient ne l'avoir point quitté. Ovide dit que c'était de la terre prise du pays voisin ; ce qui signifiait que Rome s'assujettirait tous les pays du voisinage. Ces présages de la grandeur future de Rome ont bien l'air de n'avoir été imaginés qu'après coup. Les prémices jetées dans la fosse désignaient l'abondance qui régnerait dans la ville.

(29) On marquait par cette union la fécondité qui serait la suite des mariages. Les mottes de terre rejetées en-dedans de l'enceinte, signifiaient que les murailles ne seraient jamais détruites.

(50) Les Latins écrivaient ce mot ainsi, pomærium, et M. Crevier, dans son édition de Tite-Live avec les suppléments, in-4°, observe, sur le chap. XLIV du premier livre, que Périzonius divise ce mot en ces deux-ci, postmærum ou murum, car les anciens employaient quelque fois la diphthongue æ pour la lettre u. Il parait, par ce pas

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partie au mois de mai.

(34) Selon d'autres, Antimaque était de Claros ou de Colophon, et vivait du temps de Platon. Cette éclipse arriva l'an sept cent cinquante-trois avant J.-C. Amyot s'est trompé en traduisant une éclipse de lune; il ne peut y en avoir le trente d'un mois lunaire: aussi le grec dit-il qu'il y eut ce jour-là une conjonction écliptique de la lune et du soleil.

(55) L'un n'est pas plus vrai que l'autre ; et cette double prétention prouve la frivolité de la prétendue science astrologique, si fort vantée par les anciens, si long-temps en honneur dans les temps modernes, dont ce siècle même, si enorgueilli de ses lumières, n'est pas, à beaucoup près, détrompé, et qui ne fut jamais que l'adresse des fripons à faire des dupes.

(36) Le calcul astronomique, disent les éditeurs d'Amyot, ne donne point d'éclipse de soleil pour ce jour-là; ce qui démontre la fausseté du calcul de Tarružius. Il suivait l'astrologie égyptienne, et c'est pour cela qu'il compte

par les mois égyptiens. Le mois choac répondait à la fin de novembre et aux trois quarts de décembre; le mois thoth, à la fin d'août et aux trois quarts de septembre; pharmouthi commençait à la fin de mars, et finissait en avril. Ce Tarrutius était fort lié avec Cicéron, qui parle de lui, liv. II de la Divination, C. XLVII.

(57) Voici, selon Denys d'Halicarnasse, liv. II, c. v, comment Romulus fit ce choix. De tous les patriciens, il nomma le plus digne pour tenir le premier rang, et avoir soin du gouvernement de la ville quand il serait obligé d'en sortir avec l'armée pour les guerres du dehors. Il ordonna à chaque tribu de choisir dans les familles nobles trois personnages d'un àge mur et des plus prudents. Après l'élection de ces neuf sénateurs, il commanda à chaque curie d'élire trois patriciens d'un mérite distingué; ensuite il joignit les quatre-vingt-dix que les curies avaient choisis, avec les neuf élus par les tribus, et mit à leur tête celui qu'il avait choisi lui-même ; ce qui fit le nombre de

cent sénateurs.

(58) Denys d'Halicarnasse combat cette origine du nom de patricien. I dit, liv. II, c. iv, que Romulus, après avoir distingué les gens de condition noble ou de mérite, et ceux qui étaient riches ou qui avaient des enfants, d'avec la lie du peuple, donna aux premiers le nom de pères, soit parce qu'ils étaient plus âgés que les autres, ou qu'ils avaient des enfants, soit à cause de leur naissance, ou pour toutes ces raisons ensemble: ainsi les patriciens étaient tout le corps des nobles, que Romulus avait séparés du peuple. Les sénateurs étaient appelés pères, et leurs enfants étaient du corps des patriciens.

(39) Cette coutume, suivant Denys d'Halicarnasse, 1. II, c. iv, venait des Grecs; elle était très ancienne, et avait été long-temps en usage chez les Thessaliens, aussi bien que chez les premiers Athéniens: mais Romulus n'en prit que ce qu'elle avait de meilleur; car ces peuples traitaient leurs clients avec beaucoup de fierté, et comme des esclaves qu'ils auraient achetés à prix d'argent. Romulus, pour relever par un nom honorable la condition des clients, appela droit de patron l'autorité que les grands de l'état avaient sur les pauvres, et qui avait pour objet de cimenter la société civile.

(40) C'est-à-dire inscrits avec les cent premiers sénateurs. On distingua toujours à Rome les familles qui descendaient de ces anciens sénateurs, et on les appelait patres majorum gentium, les sénateurs des plus grandes familles, tandis que les autres étaient appelés patres minorum gentium, les sénateurs des moindres familles.

(41) Denys d'Halicarnasse, ibid., ajoute à ces différentes obligations, celle de payer les frais des procès qu'ils perdaient, et d'aider à fournir l'argent nécessaire pour leurs dignités leurs fonctions et les autres dépenses publiques, comme auraient pu faire leurs propres parents.

(42) Suivant le même historien, si un patron ou un client était convaincu d'avoir manqué à quelqu'un de ces devoirs, il était sujet à la loi portée par Romulus contre les traitres. Le premier venu pouvait le tuer, comme une victime dévouée au dieu des enfers.

(43) Cela dura l'espace de six cent vingt ans, jusqu'au tribunat de Caius Gracchus, qui, suivant Denys d'Halicarnasse, détruisit toute l'harmonie du gouvernement; et depuis ce temps les Romains ne cessèrent de s'entre-tuer, de s'exiler les uns les autres, de se chasser de la ville, se servant, pour avoir le dessus, des moyens les plus indignes et les plus pernicieux. Au reste, ce droit de patronage s'étendait à des villes et à des peuples entiers, qui pouvaient choisir parmi les grands de Rome tel patron qu'ils voulaient. L'usage de recevoir de l'argent des clients ne fut supprimé que pour ceux de Rome, et non pour les étrangers.

(44) Un historien latin, nommé Cnéus Gellius, cité par Denys d'Halicarnasse, liv. II, c. ix, dit que cet événement eut lieu la quatrième année du règne de Romulus; ce qui parait bien plus vraisemblable: car il n'y a pas d'apparence, ajoute ce dernier historien, que le chef d'une colonie nouvellement fondée eût osé entreprendre une chose de cette conséquence avant d'avoir entièrement réglé et affermi sa république. Tite-Live, liv. I, c. ix, dit que, lorsque Romulus fit cette entreprise, les Romains étaient déja assez for's pour être en état de résister à leurs voisins. Les Fastes capitolins mettent à la quatrième année de Rome le triomphe de Romulus sur les Céniniens, dont la guerre suivit immédiatement l'enlèvement des Sabines. (45) Le nom de Consus, selon quelques uns, dit Denys d'Halicarnasse, ibid., interprété en grec, signifie le dieu Neptune qui ébranle la terre. Ces auteurs prétendent qu'on ne lui avait érigé un autel souterrain que parce qu'il est tellement le maître de la terre, qu'il en dispose comme il veut, et l'agite à sa volonté. Selon d'autres, la fête et la course des chevaux se font en l'honneur de Neptune; et l'autel souterrain a été dressé, dans la suite des temps, à un dieu ou génie qui préside aux desseins secrets, mais dont il n'est pas permis de prononcer le nom. Il y en a qui l'entendent du dieu du conseil, du mot latin consilium. On célébrait tous les ans sa fête le treize du mois d'août, sous le nom de Consualia ou Consalia; on y couronnait les chevaux et les ânes, qui étaient, ce jour-là, dispensés de tout travail. Plutarque a recherché les causes de cet usage dans ses Questions romaines.

(46) Valérius Antias était auteur d'Annales romaines, suivies quelquefois par Tite-Live, qui, dans cette occasion, s'écarte de son sentiment, et ne porte qu'à trente le nombre des Sabines enlevées, liv. I, c. xш. — Juba, fils du roi de Mauritanie, vaincu par César, fut mené fort jeune en triomphe à Rome, où il reçut une éducation honnête, et devint un bon historien. Auguste le rétablit dans une partie des états de son père, et lui fit épouser Cléopâtre, fille d'Antoine. Denys d'Halicarnasse est d'accord avec lui sur le nombre des filles sabines enlevées par les Romains.

(47) M. Dacier croit que ce ne fut que long-temps après cette époque que la langue grecque s'altéra par le mélange des langues étrangères. Il dit que la langue latine est mélée de la langue grecque et de celle du pays, et que sa prononciation vicieuse fait qu'elle approche plus du langage éolique que de tous les autres dialectes grecs. Au reste, toutes les éditions portent que les mots de la langue latine n'étaient pas mélés encore avec les termes grecs; et cette leçon, que nous avons suivie, est aussi celle de tous les autres traducteurs. L'interprète anglais Langhorne a preféré seul un sens tout opposé. Il croit le texte corrompu, parceque, dans la Vie de Numa, Plutarque avance tout le contraire, et dit que, du temps de ce prince, les mots grecs étaient beaucoup plus mêlés avec les noms latins qu'au temps où Plutarque écrivait. Il le répète encore dans la Vie de Marcellus, en expliquant le mot ferėtrien, qu'il dérive du mot grec ferétron, en ajoutant que le langage grec était alors fort mélé avec celui des Latins. Cet endroit de la Vie de Romulus lui fournit une nouvelle autorité pour la leçon qu'il a suivie. Plutarque y fait venir du grec le mot talasia. Comment donc pourrait-il dire tout de suite qu'il n'y avait pas alors de termes grecs répandus dans la langue latine? Nous n'avons pas assez de monuments de ces premiers siècles de Rome, pour juger lequel des deux textes est le véritable; mais il me semble qu'on peut croire en général que, du temps de Plutarque, il y avait plus de mots grecs admis dans la langue latine, qu'an siècle de Romulus, et pendant plusieurs âges suivants, parceque, vers la fin de la république et sous les empereurs, les Romains eurent des relations beaucoup plus fréquentes, et un

commerce bien plus suivi avec les Grecs, que dans les siècles précédents; or,tout le monde sait qu'un peuple emprunte beaucoup de mots des nations avec lesquelles il a des rapports habituels.

(48) Dans ce cas, le mot talasios viendrait du talassos ou talaros des Grecs, qui signifie une quenouille, ou ce panier dans lequel les femmes mettaient leurs ouvrages de laine. Ce changement de r en s est fort ordinaire chez les Latins, qui disaient honos pour honor, arbos pour arbor. Plutarque, dans ses Questions romaines, dit que lorsque la nouvelle mariée était entrée dans la maison de son mari, on la faisait asseoir sur une peau de mouton garnie de sa laine; qu'elle était obligée d'apporter une quenouille avec son fuseau, et de couronner de laine la porte de sa maison. Toutes les dames romaines faisaient les étoffes nécessaires pour l'habillement de leurs maris et de leurs enfants; et, sans remonter aux premiers siècles de Rome, Auguste lui-même ne portait que des habits filés par sa femme ou ses filles.

(49) Plutarque allègue encore d'autres raisons de cet usage dans ses Questions romaines; mais il en a omis une que Festus rapporte, et qui paraît la plus naturelle. La lance, dit cet auteur, est la marque de l'autorité souveraine; c'est pourquoi on la donne aux hommes courageux, et on vend sous une lance les prisonniers de guerre. Cette cérémonie signifiait donc que la femme devait être soumise à son mari. Peut-être aussi voulait-on marquer par-là que le mari prenait possession de sa femme, ou qu'il serait toujours prêt à combattre pour elle, ou enfin qu'elle devait prendre une ame courageuse en s'unissant à un guerrier.

(50) Nous avons déja dit qu'elles se célébraient le treize du mois d'août, qu'on appela d'abord sextilis, ou le sixième, parce que l'année commençant alors au mois de mars, il se trouvait le sixième. On changea son nom en celui d'Auguste.

(51) A Lacédémone il n'y avait point de murailles, et par la même raison que les Sabins donnaient pour n'en pas avoir. Ces peuples prétendaient descendre de quelques Spartiates qui, trouvant trop sévères les lois de Lycurgue, quittèrent Sparte, allèrent s'établir en Italie, et se joignirent aux habitants du pays, qui adoptèrent leurs coutumes. Denys d'Halicarnasse, liv. 11, c. XI.

(52) Denys d'Halicarnasse et Tite-Live sont d'accord avec Plutarque sur le succès de cette expédition, mais non sur la manière dont elle se passa. Au lieu de cet ordre de bataille concerté de part et d'autre, ils disent que Romulus prit les Céniniens au dépourvu, comme ils étaient venus en désordre ravager la campagne ; qu'il les tailla en pièces, entra dans la ville avec les fuyards, et la prit d'emblée. Ces deux mêmes auteurs ne conviennent pas entre eux sur la mort d'Acron, roi des Céniniens. Suivant le premier, ce prince fut tué dans le temps qu'il venait chasser Romulus, qui s'était rendu maître de la ville. Suivant le second, ce fut dans l'action même qui précéda la prise de cette place. Plutarque, en rapportant le triomphe qui suivit cette victoire, ne fait aucune mention des Antemnates; cependant, ayant été battus immédiatement après, ils furent compris dans le même triomphe, suivant Denys d'Halicarnasse et les Fastes capitolins. M. Dacier dit qu'en cela Plutarque a suivi Tite-Live: il est vrai qu'à la première lecture du pas sage de cet historien, il est aisé de s'y tromper; et c'est peut être ce qui a induit Plutarque en erreur. Mais, à l'examiner de près, on le trouvera conforme aux auteurs avec qui il semble être en contradiction, et entièrement différent de Plutarque. Acad. des Inscrip., tom. VII, p. 114 et suiv. Selon Denys d'Halicarnasse, les Céniniens furent traités avec plus de douceur que ne le dit Plutarque. Romulus leur laissa le choix d'aller à Rome ou de demeurer

dans leur ville, où il envoya une colonie de trois cents hommes, à qui les habitants donnèrent la troisième partie de leurs terres. Ce parti était bien le plus prudent et le plus sûr; mais était-ce le plus conforme au caractère de Romulus?

(53) Le mot ferire ne devait pas être encore en usage à Rome dans ce temps-là, dit M. Dacier; Jupiter fut appelé Férétrien, du mot grec ferétrum, qui signifie proprement un trophée, un tronc d'arbre qu'on habillait des armes de son ennemi. Tite-Live, liv. I, c. x, l'appelle ferculum; il signifie aussi une espèce de char. Ce mot exprime en général ce qui se porte, suivant la signification du verbe grec qui en est la racine, et qui veut dire porter. Les différentes acceptions de ce mot, rapportées par M. Dacier, en sont la preuve.

(54) Ops, suivant Varron, de Ling. lat., liv. IV, c. x, signifie la terre, parcequ'on en a besoin pour vivre. Festus, sur le mot opima spolia, dit que ces dépouilles tirent leur nom d'Ops, femme de Saturne, parceque ce dieu préside à l'agriculture; que d'ailleurs la terre donne aux hommes toutes leurs richesses. Ainsi, d'après cette autorité, ce mot signifie de riches dépouilles. L'étymologie prise du mot opus paraît fausse à M. Dacier, qui dit que ce mot n'était pas alors plus connu des Romains que le terme ferire.

(55) Tite-Live, liv. IV, c. xx, dit qu'il avait d'abord cru, avec tous les auteurs qui l'avaient précédé, que tout autre qu'un général pouvait emporter les dépouilles opimes, en tuant le général ennemi; mais qu'ensuite il avait changé de sentiment, parcequ'il avait entendu dire à Auguste que lorsqu'il avait fait rétablir le temple de Jupiter Férétrien, il avait lu l'inscription qui donnait à Cornélius Cossus le titre de consul. Mais, outre que le passage de cet historien est extrêmement obscur, et qu'il est difficile de s'assurer, par la manière dont il s'exprime, qu'il ait réellement changé de sentiment, il faut croire que si le changement est vrai, il doit y être entré de la complaisance pour Auguste. L'inscription donnait le titre de consul à Cossus, parcequ'il le fut depuis cette action, qu'il avait faite n'étant que tribun des soldats, et que l'inscription ne fut gravée qu'après ou pendant son consulat. C'est une chose assez ordinaire dans les inscriptions, d'attribuer aux personnes en l'honneur de qui elles sont faites des dignités qu'ils n'ont eues qu'après les actions qui les leur ont méritées. L'accord de tous les historiens, et en particulier le sentiment de Varron, ce Romain si savant dans l'histoire, et qui, selon Festus, avait écrit que les dépouilles gagnées par un simple soldat sur un général ennemi étaient des dépouilles opimes, doivent l'emporter sur le témoignage d'Auguste, qui avait mal entendu le sens de l'inscription ou qui peut-être n'était pas fâche de faire croire que jamais un simple particulier n'avait pu prétendre à un si grand honneur. Cette opinion d'Auguste et le passage de TiteLive auront induit Plutarque en erreur.

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(56) C'est encore ici une erreur née de la précédente ; il n'y avait que le général qui put obtenir les honneurs du triomphe, et Cossus n'était que tribun des soldats : il suivait donc le char du général Emilius, et attirait seul les regards de tous les Romains.

(57) Sur les médailles, Romulus est représenté marchant à pied, et portant son trophée sur son épaule.

(58) Suivant d'autres auteurs, les Céniniens, les Antemnates, les Crustumériens furent bien les premiers d'entre les Sabins qui se déclarèrent contre Romulus; mais ils ne l'attaquèrent que les uns après les autres, à mesure qu'ils furent prêts; et il n'est point dit qu'il y eut de ligue entre eux. Il y en eut encore moins entre les Crustumériens et les Fidénates; il ne fut point question de ces derniers dans toute cette guerre; et la première qu'ils curent contre les

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