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aussi quelque chose dans ses Questions romaines,quest. xxv. (45) Hésiode a fait un Traité sur les ouvrages et sur les jours; dans cette seconde partie, il distingue des jours heureux et des jours malheureux. Virgile, dans ses Georgiques, a fait, d'après ce poëte, la même distinction.

(44) Cependant Hésiode dit que tous les cinquièmes jours des mois sont malheureux, parcequ'alors les Furies parcourent l'univers. Virgile dit comme lui, Quintam fuge.

(45) La bataille de Leuctres se donna la deuxième année de la cent deuxième olympiade. Celle de Géreste, ou plutôt Céresse, n'est pas aussi ancienne que Plutarque le dit ici; elle s'est donnée à peu près dans le même temps que celle des Thermopyles, et par conséquent vers la première année de la soixante-quinzième olympiade. Elle n'a précédé que de cent huit ans la bataille de Leuctres. Il y a donc faute dans le grec de Plutarque. Le nom de Géreste paraît aussi être une erreur. C'est un promontoire de l'Eubée; on ne connaît point d'endroit de ce nom dans la Béotie. Mais il y a près de Thespie, ville de cette contrée, une place forte nommée Céresse. C'est là que les Béotiens s'étaient autrefois défendus contre les Thessaliens qui avaient voulu envahir leur pays. Voyez Pausanias, liv. IX, c. XIV, et les éditeurs d'Amyot.

que mois étaient le lendemain des calendes et le lendemain des ides. Plutarque en a parlé dans la vingt-cinquième de ses Quest. romaines.

(55) Callistrate, auteur de l'Histoire de Samothrace; Satyrus, qui avait fait un Recueil des anciennes fables, et Cratinus, ou plutôt Arclinus, le plus ancien poëte qui eût traité de ces matières, ont fait sur ce sujet un récit qui nous a été conservé par Denys d'Halicarnasse, liv. 1, c. xv. (54) Varron, de Ling. lat., liv. IV, c. xxxii, donne deux autres origines de ce nom. Il dit que ces tonneaux sont ils sous terre près du grand égout; que, selon les uns, contiennent des os de morts; selon d'autres, ce sont les choses sacrées de Numa Pompilius qu'on avait déposées en cet endroit, dans lequel, ajoute-t-il, il n'était pas permis de cracher. Festus, qui rapporte également cette dernière circonstance, donne au nom Doliola la même origine que Plutarque. C'est aussi l'opinion de Tite-Live, liv. V,

C. XL.

(55) Tite-Live, ibid., dit qu'Albinus les conduisit lui. même à Cérès, ville grecque, où les prêtres se rendaient de leur côté; ce qui prouve que tous les prêtres ne restèrent pas dans Rome, comme Plutarque va le dire.

(56) Ce fut l'an de Rome trois cent soixante-quatre ou trois cent soixante-cinq.

(57) Tite-Live, liv. VI, c.1, convient que les événements qui ont précédé la prise de Rome par les Gaulois sont fort incertains, soit à cause de leur antiquité, ou parceque dans ces premiers temps les Romains n'écrivaient presque point, et n'avaient que très peu de monuments de leur histoire; soit enfin parceque ceux que pouvaient leur avoir laissés les pontifes dans leurs Commentaires, et d'autres personnes publiques ou particulières, avaient été con

(46) Les batailles de Platée et de Mycale sont de la deuxième année de la soixante-quinzième olympiade; celle d'Arbelles de la deuxième année de la cent douzième olympiade. La bataille navale près de Naxos fut livrée vers la pleine lune du mois de Boëdromion, la quatrième année de la centième olympiade. Les Athéniens la gagnèrent sur les Spartiates. La victoire de Salamine fut remportée la première année de la soixante-quinzième olympiade, comme on l'a vu dans la Vie de Themistocle. Dodwel, dans ses Annales de Thucydide, accuse Plutarque de se contre-sumés par le feu. dire sur la date de cette bataille, lorsqu'il avance, dans la Vie de Lysandre, que la bataille de Salamine se donna le seize du mois Munichium, ou avril ; mais il s'est lui-même trompé. Dans ce second passage, il s'agit, non de la bataille gagnée sur les Perses, mais de la bataille de Salamine dans l'île de Cypre, qui arriva la troisième année de la quatre-vingt-deuxième olympiade. Ruauld est tombé dans la même méprise. La bataille du Granique se donna la troisième année de la cent onzième olympiade.

(47) Callisthène, disciple d'Aristote, et qu'Alexandre fit mourir sous prétexte d'avoir conspiré contre lui, avait fait une Histoire d'Alexandre, et quelques autres ouvrages dont on a la liste dans Vossius, de Hit. gr., liv. I, c. ix. Damaste, disciple d'Hellanicus, né à Sigée, ville et promontoire de la Troade, avait composé une Histoire grecque, et un Traité des ancêtres de ceux qui avaient été au siège de Troie. Voyez le même auteur, liv. I, c. II, et liv.

IV, c. v.

(48) C'est le mois d'août, et le second de l'année athé

nienne. La bataille de Cranon fut livrée la troisième année de la cent quatorzième olympiade; et celle de Chéronée la troisième année de la cent dixième olympiade. Archidamus, roi de Lacédémone, allait porter du secours aux Tarentins, lorsqu'il fut tué à Maduria, ville près de Casal-Nuevo, dans la Calabre.

(49) Alexandre détruisit la ville de Thèbes la deuxième année de la cent onzième olympiade, un peu avant la fète des Mystères.

(50) Cette fète se célébrait au mois de Boëdromion ou de septembre, dans temple de Cérès à Eleusis, où l'on portait en grande pompe la statue de Bacchus, le sixième jour de la fête des Mystères, et le vingt-six du mois.

(51) Cépion fut défait par les Cimbres l'an de Rome sixcent quarante-neuf. Les Romains y perdirent quatre-vingt mille hommes.

(52) Ces deux autres jours réputés malheureux dans cha

(58) Il vivait dans ce temps-là même, car il avait été disciple de Platon, qui n'avait guère que quarante ans lorsque Rome fut prise. Le peu de bruit que cet événement fit en Grèce est une preuve que les Grecs n'avaient pas alors de grands rapports avec l'Italie. Les Romains connaissaient à peine les Grecs, et ils en étaient peu connus. N'ayant eu jusqu'alors d'autre ambition que de faire la guerre à leurs voisins et de s'agrandir par des conquêtes, ils n'étaient pas curieux de connaître la Grèce, ni les productions de ses écrivains.

(59) Plutarque se montre ici un peu sévère à l'égard d'Héraclide. Cet écrivain méritait bien, à certains égards, les reproches qu'il lui fait ; mais ce n'était pas pour s'être servi, en parlant des Gaulois, du mot Hyperboréens, et de celui de grande mer pour désigner la mer de Toscane. Le terme qu'emploie Héraclide signifie tout simplement peuples fort septentrionaux : l'expression de grande mer était ordinaire aux anciens pour désigner la mer Méditerranée, et la distinguer de la mer Noire, parcequ'ils ne connaissaient pas encore l'Océan. Strabon, liv. XI, donne aussi aux peuples les plus avancés vers le nord le nom d'Hyperboréens.

(60) Ces Barbares, qui n'avaient pas prévu, dit Tite-Live, liv. V, c. xLu, qu'ils pourraient être obligés de faire le siége du Capitole, avaient tout brûlé dans la ville; le blé, ainsi que les autres provisions, avaient été consumés dans l'incendie, et les vivres de la campagne avaient été portés à Véies.

(61) Tite-Live, ibid., c. XLVI, rend à Camille ce témoignage, qu'il n'aurait pas voulu seulement changer le lieu de son exil sans l'ordre du sénat et du peuple; et Plutarque ne fait que rendre ses vrais sentiments, en lui faisant refuser le commandement jusqu'à ce qu'on eût obtenu le consentement des Romains qui étaient renfermés dans le Capitole. Mais, suivant Tite-Live, ce furent les Véiens qui, avant que d'appeler Camille, envoyèrent demander au sénat la permission de le choisir pour leur général. Sur quo i

l'historien fait cette belle réflexion : « Tant alors la pu» deur gouvernait tout! tant on observait avec exactitude » les moindres formalités, même dans un état presque dés» espéré ! »>

(62) La cotyle grecque contenait un peu moins qu'une chopine de Paris; car elle était de six cyathes, et il en faut quinze pour la pinte: ainsi le quart d'une cotyle n'était pas tout-à-fait la moitié de notre demi-selier. TiteLive, c. XLVII, se sert du mot quartarius, qui est la moitié de la cotyle; et Plutarque, trompé par ce terme latin qu'il n'entendait pas bien, l'a pris pour le quart. Le quartarius est un peu plus que ce que nous appelons un poisson de vin. La contribution est en soi peu considérable; mais la diselte où l'on se trouvait alors donnait un grand prix à cette marque de reconnaissance de la part des Romains. (65) Le séjour de Rome fut toujours très malsain dans l'automne. Horace se plaignait des maladies que le vent du midi y causait pendant cette saison, au profit de la cruelle Libitine.

Nec plumbeus Auster, Autumnusque gravis, Libitinæ quæstus acerbæ.

(Satir., liv. 11, sat. sexta, v. 18 et 19.)

Libitine était la déesse qui présidait aux enterrements. Voyez ce que Plutarque en a dit dans la Vie de Numa,

C. XV.

(64) Ces mille livres pesant d'or font environ quatrevingt-dix mille livres de notre monnaie actuelle.

(65) C'est de Tite-Live, liv. V, c. xLix, que Plutarque a emprunté cette belle pensée. V. dans la Vie de Plutarque, c. xxi, ce que nous avons dit sur la manière dont Camille retira Rome des mains des Gaulois.

(66) Ce te délivrance de la ville de Rome est marquée, selon les éditeurs d'Amyot, au treize de février dans le calendrier de Pioléméus Sylvius.

(67) Tite-Live, ibid., relève davantage le triomphe de Camille. « Le dictateur, dit-il, après avoir retiré sa patrie » des mains des ennemis, rentre triomphaut dans la ville; » et, parmi les bons mots et les plaisanteries que les soldats >> disent au hasard en ces occasions, il est appelé Romulus, père de la patrie, et le second fondateur de Rome; louan» ges qu'il avait bien méritées. » Ce passage nous fait connaitre la coutume qui avait lieu dans les triomphes, où l'on permettait aux soldats des jeux satiriques contre les triomphateurs eux-mêmes. Denys d'Halicarnasse, dans un endroit du livre septième de ses Antiquités romaines, c. XIII, rapporte l'origine de cet usage, qu'il prétend avoir le plus grand rapport avec les coutumes des Grecs: rapports dont il se sert pour prouver la parenté de ces deux peuples.

(68) Rien n'est plus connu que l'histoire ou plutôt la fable de cette tête humaine trouvée sous terre, lorsque Tarquin le Superbe fit creuser les fondements du temple qu'il voulait bâtir à Jupiter. Il paraissait, dit-on, que c'était la tête d'un homme nouvellement tué, et le sang qui en découlait était encore chaud et vermeil. Denys d'Halicarnasse, liv. IV, c. xi, raconte cette histoire fort en détail.

Pline le naturaliste, liv. XXVIII, c. 11, la raconte aussi, e: dit que, par le moyen des charmes et des exorcismes, on peut changer les présages et les destinées qui regardent un pays, et les transférer à un autre. Il rapporte ensuite la découverte de la tête, l'ambassade envoyée au devin toscan, qu'il nomme Olénus Calenus, les supercheries de cet homme pour tromper les Romains, qui, s'en étant toujours tenus à leur première réponse, ne donnèrent jamais prise sur eux, et forcèrent le devin d'interpréter le prodige en faveur de Rome. Après quoi il observe que les annales | marquaient expressément que la fortune de Rome devait étre transférée en Etrurie, si les ambassadeurs se fussent laissé tromper par le devin.

| rapporté le prodige, il se contente de dire que cette tète humaine présageait la grandeur future de l'empire romain; que les devins de Rome, et ceux qu'on fit venir d'Etrurie pour les consulter, l'expliquèrent ainsi. Plusieurs auteurs, et Tite-Live lui-même, ont donné au nom du Capitole la même origine que Denys d'Halicarnasse. Mais Arnobe, liv. VI, Contra gentes, en rapporte une toute différente. « Quel est l'homme, dit-il, qui ne sache pas que le tom» beau de Tolus Vulcentanus est dans le Capitole de Rome? >> Quel est celui qui ignore qu'en creusant les fondements >> on trouva la tête d'un homme qui y avait été enterré de>> puis peu, soit qu'elle fût seule et séparée des autres mem»bres, car il y en a qui le disent ainsi ; soit qu'elle y fût >>> encore jointe? » Il cite ensuite un grand nombre des plus anciens auteurs qui donnent au nom du Capitole cette même origine. Il est étonnant que Varron n'en ait point parlé, et qu'il ne rapporte que la tradition commune.

(69) Tite-Live a rapporté ce discours en entier, liv. V, C. LI-LIV. Il est trop long pour en donner même une idée; il doit être lu dans cet historien, dont je rapporterai seulement la remarque suivante. Il dit que rien dans ce discours ne fit tant d'impression sur les esprits de la multitude, que les motifs de religion que le dictateur avait fait valoir pour les détourner de leur dessein.

(70) Cicéron, liv. I de la Divination, c. xvi, nomme cette chapelle curia saliorum, parceque c'était une des demeures des prètres saliens. Il atteste aussi la découverte du bâton augural de Romulus, qu'on voit representé, selon les éditeurs d'Amyot, sur quantité de médailles, en particulier sur celles de Jules César et d'Auguste. Tite-Live, liv. V, c. LV, en parlant de la précipitation et du désordre avec lesquels on avait bâti, dit que cela fut cause que les anciens égouts, qui d'abord ne passaient que par des lieux publics, se trouvèrent ensuite sous des maisons de particuliers.

(74) Il était à deux cents stades, environ dix lieues de Rome, près de Lanuvium. Sutrium est aujourd'hui Sutri, ville d'Etrurie. Le récit que Plutarque fait ensuite sur l'esclave Philotis se trouve déja dans la Vie de Romulus, C. XII, mais avec quelques différences. Tite-Live, liv. V1, c. II, a suivi la seconde tradition que Plutarque va rapporter.

(72) Elles étaient le sept de juillet, non le cinq, comme a traduit Amyot. Macrobe parle aussi de cette fète dans ses Saturnales, liv. I, c. xi.

(75) Tite-Live, liv. VI, c. xx, n'attribue pas à Camille seul cet expédient: il dit en général que les tribuns s'étant aperçus de l'effet que produisait la vue du Capitole, firent transférer ailleurs le tribunal. Dans la Vie de Themistocle, c. xx, on a vu les trente tyrans d'Athènes faire changer la position du lieu des assemblées, dans la pensée que la vue de la mer inspirait et maintenait l'esprit démocratique. Tant ont de pouvoir sur les esprits de la multitude des choses qui sembleraient indifférentes, mais qui, en réveillant certaines idées, agissent fortement sur leurs déterminations!

(74) Exemple frappant de ce que peut faire oublier une ambition démesurée! Il n'y avait peut-être pas alors à Rome de plus grand homme que Manlius; il produisit, selon Tite-Live, liv. VI, c. xx, trente dépouilles d'enne mis tués de sa main, quarante prix d'honneur qu'il avait reçus de ses généraux, parmi lesquels il y avait deux couronnes murales et huit couronnes civiques; il présenta plusieurs citoyens qu'il avait sauvés des mains des ennemis, an nombre desquels était Servilius, général de la cavalerie. Pline le naturaliste, qui parle aussi de tous ces honneurs militaires de Manlius, liv. VII, c. xxvIII, diffère un peu de Tite-Live; il dit que Manlius, avant l'âge de dixsept ans, avait gagné les dépouilles de deux ennemis ; qu'il Tite-Live est plus simple dans son récit. Après avoir était le premier des chevaliers romains qui eùt mérité la

couronne murale; qu'il en avait obtenu cinq civiques, et trente-sept dons militaires ; qu'il avait vingt-trois cicatrices toutes honorables; et que, lorsqu'il sauva la vie à Servilius, il était lui-même blessé à la cuisse et à l'épaule. Tout cela ne put lui faire pardonner le seul projet d'avoir voulu se rendre le tyran de sa patrie.

(75) Tite-Live, ibid., ajoute que toute sa famille ordonna qu'à l'avenir aucun de leurs descendants ne s'appellerait Marcus.

(76) Il voulait jurer en pleine assemblée, selon la formule ordinaire de ceux qui s'excusaient sur leur santé ; mais le peuple, dit Tite-Live, liv. VI, c. xxii, ne voulut pas l'entendre. Camille pouvait avoir alors soixante-six ou soixante-sept ans; et c'était l'an de Rome trois cent soixantetreize. Cet historien dit qu'il était à son septième tribunat militaire ; il est vrai qu'il n'a pas fait mention du sixième. | (77) Tite-Live, ibtd., c. xxu, dit formellement que Camille, à la tête du corps de réserve, se plaça sur un lieu élevé, d'où il regardait quelle issue aurait un combat entrepris contre sa volonté.

(78) Il y a dans le texte Sutrium; et il paraît, comme l'observe M. Secousse, que Plutarque a confondu cette ville, alliée des Romains et située dans la Tyrrhénie, avec Satria ou Satrium, colonie romaine, qui était dans le pays des Volsques, et fort éloignée de Sutrium, du moins si l'on compare cet éloignement avec le peu d'étendue qu'avait l'état de Rome dans ce temps-là; car ces deux villes étaient précisément aux deux extrémités des terres de sa domination. On a vu plus haut que Sutrium avait été prise par les Etruriens, et reprise par Camille. Tite-Live le di aussi, liv. VI, c. ; mais il ajoute que trois ans après, l'an trois cent soixante-neuf de Rome, ce général, ayant vaincu les Volsques et les Antiates, prit Satrium, et passa ensuite dans l'Etrurie, où il sauva Sutrium, qui était deja à moitié prise par les ennemis: deux fails dont Plutarque n'a point parlé. Ce ne fut pas non plus après la défaite des Volsques que Camille apprit que cette ville était prise; au contraire, on ne déclara la guerre aux Volsques que parce-¦ qu'ils s'en étaient emparés.

(79) C'est surtout dans l'esprit que consiste la principale force d'un général d'armée; son expérience et son courage suppléent à ses moyens physiques; et, comme l'a dit l'éloquent Bossuet dans l'Oraison funèbre du grand Condé, en parlant du comte de Fontaines, général de l'armée espagnole, il montra « que, malgré ses infirmités, une ame » guerrière est maitresse du corps qu'elle anime. »

(80) La robe ou la toge était l'habit des Romains pendant la paix, comme le sagum était l'habit militaire. Les Tusculans voulaient donc marquer par-là qu'ils étaient en pleine paix. Tite-Live, liv. VI, c. xxv, dit qu'ils sortirent de la ville dans ce costume, pour aller au-devant de Camille, et qu'ils firent porter, soit de la ville, soit des champs, des provisions dans le camp romain. Il nous apprend aussi que c'était par des prisonniers tusculans faits sur l'armée des Volsques, et que Camille conduisit à Rome, qu'on avait été instruit de la révolte des premiers.

(81) Ils y allèrent en effet. La vue de ces magistrats d'un peuple allié, qui, plongés dans la tristesse, se tenaient à la porte du palais, fit impression sur le sénat; le chef de la députation prononça un discours simple et touchant, qu'on peut voir dans Tite-Live, ibid., ch. xxvi. On leur accorda la paix, et peu de temps après le droit de bourgeoisie.

chez sa sœur, fut si humiliée de voir son beau-frère rentrer dans sa maison précédé de licteurs, qu'elle en témoigna à son père le plus vif chagrin. Fabius Ambustus (c'était le nom de celui-ci) la consola par l'espoir de lui procurer bientôt le mène honneur. Il se concerta avec son gendre, qui, quoique plébéien, était un homme très considérable : et tous deux ayant gagné un jeune homme nommé Sextius, à qui il ne manquait pour pouvoir prétendre à tout que d'être patricien, ils travaillèrent à faire partager aux plébéiens les honneurs du consulat. Ils proposèrent plusieurs lois, dont la première diminuait l'intérêt de l'argent; la seconde, que Plutarque va rapporter, défendait qu'aucun citoyen possédât plus de cinq cents arpents de terre; et la troisième portait qu'un des consuls serait pris dans le corps du peuple. Les dissensions qu'occasionèrent ces lois firent que pendant cinq ans on ne nomma à aucune magistrature curule. Enfin, l'an de Rome trois cent quatre-vingt-cinq, sur une nouvelle guerre qui survint, on créa des tribuns militaires; ceux-ci n'ayant pu réduire les ennemis dans une seule campagne, on leur donna des successeurs, qui ne ramenèrent à Rome les légions victorieuses qu'à la fin de l'année. On nomma l'an trois cent quatre-vingt-sept, pour la troisième fois, des tribuns militaires; et comme les magistrats du peuple redoublaient d'efforts, et paraissaient disposés à se porter aux dernières extrémités, le sénat eut recours, dit TiteLive, aux deux seules ressources qui lui restassent, le pouvoir suprême de la dictature, et les talen's du plus grand des citoyens, Camille. Voilà ce qui se passa, soit au-dedans soit au-dehors de Rome, pendant ces treize années que Plutarque a renfermées dans quelques lignes, et que j'ai suppléées d'après Tite-Live, liv. VI, c. XXXIV-XXXVIII.

(82) Plutarque glisse rapidement sur plusieurs années antérieures. Il se passa quatre ans entre la paix faite avec les habitants de Tusculum, et les commencements de la sédition excitée par Licinius Stolon. Elle dut sa naissance à la jalousie de sa femme, dont la sœur était mariée à Sulpicius, tribun militaire, et qui, un jour qu'elle était

(85) Tite-Live donne, d'après quelques historiens, deux autres motifs de cette abdication, ou abjuration, selon le texte. Ce fut ou par scrupule de religion, parceque les auspices n'avaient pas été bien observés, ou parceque le peuple avait, sur la proposition des tribuns, rendu un plébiscite qui le condamnait, s'il agissait contre le peuple comme dictateur, à une amende de cinq cent mille as, que Plutarque réduit à cinquante mille. La dernière de ces sommes faisait environ trente mille livres de notre monnaie actuelle, et la première environ trois cent mille livres. Tite-Live cependant se décide pour le premier de ces motifs; il se fonde d'une part sur le caractère de Camille, et, de l'autre, sur le choix qu'on fit tout de suite d'un autre dictateur. Ce fut Publius Manlius, ibid., c. XXXVIII.

(84) Ce ne fut que onze ans après, l'an trois cent quatrevingt-dix-huit de Rome. Licinius fut condamné par Popilius Lénas à une amende de dix mille as (six mille livres), parcequ'il possédait mille arpents de terre, conjointement avec son fils, qu'il avait émancipé pour éluder la loi, ibid., liv. VII, c. XVI.

(85) Polybe, liv. IV, ch. xxxm, dit que les épées des Gaulois étaient faites de manière qu'elles se courbaient, et que leur tranchant s'émoussait dès le premier coup qu'ils avaient frappé, en sorte qu'elles n'étaient plus en état de servir, s'ils ne les redressaient avec le pied, en les appuyant contre terre.

(86) II y a dans le texte, treize ans ; mais c'est une faute de Plutarque ou de son copiste, que les chiffres ont pu aisément tromper. Il est certain, d'après Tite-Live, que cette victoire fut remportée par Camille l'an trois cent quatre-vingt-huit de Rome, et que la prise de cette ville est de l'an trois cent soixante-cinq.

(87) La complaisance des patriciens pour le peuple, en lui cédant une place dans le consulat, leur fit avoir deux nouvelles magistratures: la préture, pour l'administration de la justice dans la ville, et l'édilité curule. Le premier préteur fut le fils de Camille. Tite-Live, liv, VII, c. 1.

(88) C'était celui que Fabius Ambustus et Licinius Stolon son gendre s'étaient associé, et qui les avait si bien secondés pour faire obtenir aux plébéiens le partage du consulat. Tite-Live, liv. VII, c. 1, appelle le consul pris entre les patriciens Lucius-Emilius Mamercinus.

(89) Cette peste emporta, suivant Tile-Live, ibid., un censeur, un édile curule, trois tribuns du peuple. Plutar

que fait en un mot l'éloge le plus accompli de Camille; celui qu'en fait Tite-Live est plus étendu : et, après l'avoir montré supérieur dans toutes les situations où il se trouva avant, pendant et après son exil, il ajoute qu'il mérita d'être appelé, après Romulus, le second fondateur de Rome.

PÉRICLÈS.

1. Les hommes ne doivent avoir que des goûts et des talents honnêtes. II. La vertu est préférable à tous les arts. Vertns de Périclès et de Fabius.. Gloire de la maison de Périclès. IV. Il apprend la musique et s'applique à la philosophie. v. Il est formé par Anaxagore. -VI. Sa modération. vi. Phénomène expliqué par ce philosophe.

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VIII. Périclès entre dans l'administration, et s'attache au parti du peuple. - IX. Réserve de sa conduite. x., Son éloquence lui fait donner le surnom d'Olympien. XI. Dignité de ses actions et de ses paroles. XII. Il altère les mœurs du peuple et abaisse l'aréopage. XIII. Il fait bannir Cimon. - XIV. Il le fait bientôt rappeler. xv. Thucydide opposé à Périclès par la noblesse.-XVI. Jeux et fêtes qu'il donne au peuple. -XVII. Embellissement de la ville d'Athènes. XVIII. Sa réponse aux reproches qu'on lui faisait à cette occasion. -XIX. Emulation pour tous les arts. — xx. Perfection à laquelle ils sont portés. -XXI. Phidias a la conduite de tous ces travaux. xx. L'Odéon et les portiques. — xxu. Plaintes du parti de 'Thucydide au sujet de ces dépenses. XXIV. Thucydide est banni. XXV. Périclès reste seul maitre des affaires. XXVI. Son désintéressement dans une si grande puissance. -XXVII. Son économie domestique. XXVIII. Pauvreté d'Anaxagore. XXIX. Ses vues pour augmenter la puissance d'Athènes. Sa prudence dans les combats. XXXI. Ses succès dans la Chersonèse et dans le Péloponnèse. — XXXII. Son expédition daus le Pont. XXXIII. Il réprime l'ambition du peuple pour de nouvelles conquêtes. — XXXIV. Guerre de l'Eubée. Il gagne

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par argent le roi de Sparte. - XXXV. Confiance que le peuple lui témoigne. -XXXVI. Guerre de Samos entreprise pour Aspasie. XXXVII. Détails sur cette femme célèbre. — XXXVIII. Attachement de Périclès pour elle. XXXIX. Succès de la guerre de Samos. XL. Les Athéniens y sont battus en son absence. -XLI. Invention des machines de guerre pour les siéges. XLII. Périclès se rend maitre de Samos. -XLIII. Sa joie de cette conquête. — XLIV. Commencement de la guerre du Péloponnèse. -XLV. Siége de Potidée. XLVI. Le décret contre les Mégariens accélère la guerre. -XLVII. Différents motifs attribués à Périclès pour la faire déclarer. — XLVIII. Jalousie contre Phidias. XLIX. Aspasie, accusée d'impiété, est sauvée par Périclès. -L. Les Lacédémoniens entrent dans l'Attique. Prudence de Périclès. —LI. Sa fermeté contre les clameurs du peuple. — LII. Il envoie une flotte dans le Péloponnèse. — LIII. Athènes ravagée par la peste. — LIV. Périclès condamné à une grosse amende. — LV. Il perd ses parents et ses amis de la peste. - LVI. Sa constance dans ses malheurs, Il reprend la conduite des affaires. — LVII. Loi sur les enfants illegitimes.- — LVI. Périclès est atteint de la peste. — LIX. Son éloge. LX. Regrets des Athéniens après sa mort.

M. Dacier ne comprend dans la chronologie de la vie de Périclès que l'époque de la guerre du Péloponnèse, qui commença, selon lui, l'an du monde 3519, la 2o année de la 87° olympiade, l'an 322 de Rome, 429 ans avant J.-C. Périclès mourut la 2o année de la guerre.

Les éditeurs d'Amyot renferment l'espace de la vie depuis la 72° olym piade jusqu'à la 4o année de la 87°, 429, ans avant J.-C.

I. César, voyant un jour à Rome de riches étrangers qui portaient entre leurs bras de petits chiens et de petits singes auxquels ils prodiguaient des caresses, leur demanda si chez eux les femmes ne faisaient point d'enfants. Cette question, digne d'un homme d'état, était la censure de ceux qui épuisent pour des animaux l'affection et la tendresse que la nature a mises en nous, et qu'on ne doit exercer qu'envers les hommes (1). N'en peuton pas dire autant du desir d'apprendre et de connaître, que notre ame a aussi reçu de la nature? et n'a-t-on pas droit de blâmer ceux qui, abusant de ce desir inné, au lieu de le diriger vers des études honnêtes et utiles, ne l'appliquent qu'à voir et à entendre des choses qui ne méritent aucune attention? Frappés par tous les objets qui les environnent, nos sens extérieurs sont forcés d'en recevoir les impressions, bonnes ou mauvaises. Mais l'homme peut faire de son entendement l'usage qu'il veut; il est libre de le tourner, de le porter sans cesse vers ce qu'il juge lui être convenable. Il doit donc toujours rechercher ce qu'il y a de meilleur, moins encore pour le contempler, que pour trouver dans cette contemplation l'aliment de son esprit (2). La couleur qui convient le plus à l'œil est celle qui, par son agrément et sa vivacité, récrée la vue et ne la fatigue point. De même il faut fixer son intelligence sur les objets

de méditation qui, par l'attrait du plaisir, dirigent l'ame vers le bien qui lui est propre. Ces objets se présentent dans les actions vertueuses, dont le simple récit produit en nous une vive émulation, un desir ardent de les imiter; effets que nous ne ressentons point pour d'autres objets qui méritent d'ailleurs notre admiration. Souvent, au contraire, nous prenons plaisir à l'ouvrage, et nous prisons peu l'ouvrier: par exemple, nous aimons les parfums et les teintures de pourpre, mais nous regardons les parfumeurs et les teinturiers comme des gens d'un état bas et servile. Quelqu'un disait à Antisthène qu'Isménias était un excellent joueur de flûte : « Oui, répondit-il; mais ce n'est pas un >> excellent homme, car autrement il ne serait pas » si bon joueur de flûte (3). » Philippe entendit un jour son fils chanter dans un repas avec beaucoup de grace, et selon toutes les règles de l'art : «. N'as-tu pas honte, lui dit-il, de chanter si bien? >> En effet, il suffit qu'un prince donne quelques moments de son loisir à entendre la musique; et c'est de sa part beaucoup accorder aux Muses, que d'être témoin de leurs combats.

II. L'exercice d'une profession, abjecte décèle, dans celui qui s'y livre, sa négligence pour de plus nobles occupations; les soins qu'il s'est donnés en s'appliquant à des choses futiles déposent contre lui. Il n'y a pas un jeune homme bien né qui, pour

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