Page images
PDF
EPUB

mois à s'instruire des statuts agonistiques: mais leur juridiction n'était pas de longue durée; elle finissait avec les cinq jours que se célébraient les jeux. C'est sur cela qu'est fondé le mot d'Agis, qui d'ailleurs semble rendre un peu suspecte l'intégrité de ces juges, malgré l'opinion avantageuse qu'en avaient les Grecs. Les Egyptiens n'en portaient pas non plus un jugement trop favorable, comme on peut l'inférer du récit que fait Hérodote à la fin de son second livre, et qu'il serait trop long de rapporter.

(67) Ces vers iambes sont un fragment d'une espèce de chanson dont Tyrtée paraît être l'auteur; car Pollux, 1. IV, dit que ce poëte institua chez les Lacédémoniens la danse à trois chœurs, composée des enfants, des hommes faits et des vieillards. Ce récit porte à croire que Tyrtée avait aussi fait la chanson qui accompagnait cette danse. Du moins ces chants propres à inspirer le courage, dont il est parlé tout de suite, et qui sont appelés embaterioi ruthmoi, avaient Tyrtée pour auteur. On ne peut en douter, d'après un passage de Marius Victorinus, qui dit dans sa Grammaire, liv. II, que les vers appelés Messéniaques, et que Tyrtée avait certainement composés dans les guerres des Spartiates contre les Messeniens, compris en cinq livres, sous le nom de Chants guerriers, sont les mêmes que le poëme embaterion, propre aux Lacédémoniens, qui le chantent avant le combat, au son de la flùte, et qui, dans leur marche, marquent la cadence. Tant que la république de Sparte subsista, ces poemes furent toujours chantés dans les armées, lorsqu'elles allaient à l'ennemi. Tyrtée avait jeté dans les cinq livres d'anapestes que ces poëmes renfermaient, les maximes les plus propres à ranimer la valeur des Spartiates, presque éteinte par leurs premières disgraces.

(68) Tous les Lacédémoniens, au rapport d'Athénée, liv. IV, c. 1, apprenaient à jouer de la flûte. Aulu-Gelle, liv. I, c. xi, éclaircit ce que dit ici Plutarque sur les motifs que Lycurgue avait eus de faire marcher les troupes à l'ennemi au son de la flùte. Thucydide, dit-il, rapporte dans son cinquième livre, c. LXX, que les Spartiates se servaient dans les combats, non de cors et de trompettes, mais de flûtes. En cela, leur objet était moins d'inspirer plus d'ardeur aux combattants, que de les régler et de les modérer. Ils étaient persuadés que rien ne contribue tant au succès dans le commencement d'une action, que de tempérer par des sons doux et agréables la valeur des soldats, et d'empêcher qu'ils ne s'abandonnent à leur impétuosité. (69) Terpandre était de Lesbos; il fut appelé à Sparte par ordre de l'oracle, pour y apaiser une sédition. Il vivait environ un siècle après Lycurgue, dont il mit, dit-on, les lois en vers; car il était à la fois grand poête et grand musicien. Il fut le premier qui remporta le prix à Lacedemone aux jeux Carnéens. Il avait ajouté trois cordes à la lyre, qui, jusqu'à lui, n'en avait eu que quatre.

(70) Xénophon, qui, dans sa République de Sparte, est entré dans de grands détails sur les usages des Lacédémoniens, ne parle point de ce sacrifice fait aux Muses par leur roi. Il dit seulement, c. XIII, qu'avant de sortir de son palais, il sacrifiait à Jupiter Conducteur et aux autres dieux célestes. Quand le sacrifice était favorable, il faisait prendre, sur l'autel, du feu de ce sacrifice, qu'un héraut portait à la tête de l'armée. Arrivé à la frontière, il sacrifiait de nouveau à Jupiter et à Minerve. Plutarque cependant répète deux fois la même chose dans ses Morales. Peut-être, dit M. Dacier, les Muses étaient-elles jointes à Minerve.

(71) Il y a dans le texte, quelquefois; mais Xénophon dit que c'était toujours; et cela devait être. M. Dacier pense qu'il faut lire alors. Amyot et le traducteur anglais ont suivi ce sens; et M. Reiske l'a inséré dans le texte. Je m'y suis conformé dans ma traduction. Cet air de Castor

[ocr errors][merged small]

|

était un chant qui portait ce nom, parcequ'on y invoquait ce héros et qu'on y célébrait ses exploits; ou peut-être parcequ'on lui attribuait cette marche militaire, qui était une sorte de danse. Voyez Pollux, liv. IV, c. x, sect. 78.

(72) La colère nuit plus au courage qu'elle ne lui est avantageuse : le sang-froid est un des caractères de la véritable valeur ; il lui donne plus de confiance et plus d'énergie. (73) On appelait ainsi les jeux olympiques, les pythiques, les isthmiques et les néméens.

(74) Xénophon, Rep. Spart., c. XI et XII, attribue à Lycargue d'avoir perfectionné l'art militaire, inventé de nouveaux moyens de pourvoir à la subsistance des troupes, et établi un nouvel ordre de bataille, de nouvelles manières de camper et d'attaquer les ennemis. Il y a eu deux écrivains du nom d'Hippias, l'un d'Elée, l'autre d'Erythrée. Philostéphanus, dont il est question tout de suite après, était de Cyrène, et vivait du temps de Ptolémée Philadelphe. Il avait composé une Histoire d'Épire un Traité des fleuves merveilleux, un autre sur les îles, et un troisième des choses sensibles.

(75) Nous avons vu plus haut, note (3), qu'il n'y avait pas d'apparence que Lycurgue eût eu aucune part à cette institution.

(76) Celoisir n'était pas une oisiveté totale, mais seulement un éloignement de tout travail servile, pour ne se livrer qu'à des exercices libres et honnêtes. Toute espèce de métier leur paraissait vil; bien différents en cela de Socrate, qui pensait qu'il n'y avait rien dans les arts et dans les métiers qu'un homme libre ne pût et ne dût savoir faire, afin de se ménager une ressource dans les revers dont les plus grandes fortunes ne sont pas toujours à l'abri.

(77) A Athènes, tout citoyen était obligé de travailler et de rendre compte de l'emploi de son temps. Ce Spartiate qui, dans les Apophthegmes, est nommé Hérondas, jugeant de l'Athénien d'après les idées et les usages de son propre pays, est curieux de connaître un homme qui a été condamné pour une chose qui, à Lacédémone, était le privilége des hommes libres.

(78) Grammairien de Lacédémone, auteur d'une chronologie. Il vivait sous les Ptolémées.

(79) Il avait été tué près d'Amphipolis en Thrace, dans un combat contre les Athéniens, où il avait été vainqueur. (80) C'est de Xénophon que Plutarque a emprunté cette belle idée. C'est, dit cet écrivain, Rep. Spart., c. x, la plus glorieuse lutte qui ait lieu entre les hommes. Les combats gymniques ont certainement de l'éclat; mais ce sont des combats du corps : au lieu que ceux où il s'agit d'ètre élu sénateur peuvent être appelés des combats de l'ame; et ils sont autant au-dessus des premiers que l'ame est supérieure au corps.

(81) Aristote, liv. II, c. vn de ses Politiques, traite de puérile cette manière d'élire les magistrats. Il la trouve dangereuse pour l'état, en ce qu'elle favorisait l'ambition des citoyens; passion qui, selon lui, est la source la plus commune des maux des empires. Il blâme aussi l'usage de briguer les charges; il veut que ceux qui les méritent, loin de se mettre sur les rangs pour les demander, soient forcés par le peuple de les accepter. On peut ajouter que, dans cette sorte d'élection, il était souvent difficile de discerner pour lequel des prétendants le bruit avait été le plus fort; et alors il fallait avoir recours à d'autres voies, comme il arriva, dit Thucydide, liv. I, C. LXXXVII, dans une occasion importante, à l'éphore Sthénélaïdas.

(82) C'était un usage presque général, dans la Grèce et à Rome, d'enterrer les morts sur les grands chemins. Si dans quelques pays on avait imaginé des motifs de religion pour empêcher qu'on ne les enterrât dans les villes, je crois que la salubrité en avait été la véritable raison. Lycurgue luimême, en permettant de les enterrer dans Sparte, afin de familiariser les citoyens avec l'idée de la mort et en affai

Ilir la crainte, avait défendu tout ce qui aurait pu causer de l'infection. D'ailleurs, chez un grand nombre de peuples, on brûlait les corps, on en renfermait les cendres dans une urne; ainsi ils étaient à l'abri de toute corruption.

(83) La couleur de pourpre était le symbole de la mort, à laquelle Homère donne souvent l'épithète de pourpree; Iliad., ch. VIII, v. 83. Les corps des morts étaient ordinairement enveloppés de feuilles d'olivier, de myrte et de peuplier, comme le dit Pline, liv. XXXV, c. xu. Dans les sacrifices d'initiation aux mystères, on portait des couronnes de ces différents arbres, et l'on était vêtu de pourpre. Or, dans ces mystères, il se faisait beaucoup de choses qui avaient rapport à la vie future, et les initiés étaient censés passer par un état de mort. De là venait la conformité de plusieurs cérémonies de l'initiation, avec celles qui se pratiquaient aux sépultures et aux sacrifices pour les morts. Au reste, cette manière d'ensevelir n'était pas commune à tous les citoyens. Elien, Vur. Hist., liv. VI, c. vi, dit qu'on n'enveloppait de feuilles d'olivier que ceux qui avaient montré du courage; et que même la robe de pourpre n'était accordée à ceux-ci que lorsqu'ils avaient donné des preuves d'une très grande valeur.

(84) Dans les Institutions des Lacėdėmoniens. Plutarque dit que, selon quelques auteurs, Lycurgue avait voulu que les etrangers qui se soumettraient aux usages de Sparte pussent entrer dans le partage du territoire, par des mariages ou par des testaments de leurs amis.

(85) C'est à l'introduction des mœurs étrangères que Xénophon, qui en avait été témoin, attribue le changement survenu dans les principes et dans la conduite des Spartiates. « Autrefois, dit-il, on chassait de Sparte les étrangers, et l'on empêchait les citoyens de voyager, de peur que leur commerce avec les autres peuples ne les corrompit: aujourd'hui les principaux citoyens passent leur vie à courir et à voyager. » Les lois d'Egypte souffraient aussi très peu de communication avec les étrangers, afin d'éviter les innovations dans le gouvernement et dans les mœurs des citoyens.

(86) Plusieurs auteurs graves ont reproché à Lycurgue de n'avoir pensé qu'à rendre les Spartiates belliqueux. On pourrait blåmer, dit Aristote, liv. II, c. vn, jusqu'au but que Lycurgues'est proposé, comme Platon l'a déja fait dans son Traité des losi. Tous ces établissements sont dirigés à cette seule fin, de former les citoyens à la vertu militaire. Elle est importante sans doute pour la conservation de la république; mais il en est bien d'autres qu'il a eu tort de négliger... Une seconde erreur non moins considérable, c'est qu'étant persuadés, et avec raison, que les biens de la fortune, pour lesquels les hommes se font la guerre, ne doivent s'acquérir que par la vertu, ils ont cru ces biens supérieurs à la vertu mème... Il est facile, dit-il ailleurs, liv. VII, c. xiv, de faire sentir le vice d'une pareille constitution. La plupart des hommes font consister le bonheur d'une nation à étendre au loin son empire, parcequ'elle trouve dans cette vaste puissance un grand nombre d'avantages. C'est ce qui a trompé ceux qui ont écrit sur la république de Lacédémone. Ils ont donné de grands éloges à son législateur, parceque les Spartiates ont soumis plusieurs peuples de la Grèce... Mais il ne faut pas regarder une ville comme heureuse, parceque les lois y ont rendu les citoyens capables de s'assujettir tous leurs voisins, puisqu'il n'y a rien de plus pernicieux que cet esprit de conquête. A ce témoignage d'Aristote, on peut joindre celui de Platon dans son premier livre Des lois, et Polybe, liv. VI de son Histoire, chap. vm. Ce dernier écrivain observe que si Lycurgue, en faisant de la tempérance et de la valeur comme la base de sa république, avait mis la Laconie en état de ne rien craindre, et procuré à ses peuples une liberté durable; d'un autre côté, il s'était oublié sur un point, qui était

d'empêcher qu'on ne travaillåt à étendre les bornes de l'état, qu'on ambitionnat l'empire sur ses voisins, qu'on ne se rendit le maitre et l'arbitre des affaires. Plutarque, qui entreprend de justifier Lycurgue, ne le défend que faiblement. Il est en effet assez difficile de disculper les Spartiates du reproche d'avarice, d'injustice et de cruauté : leur histoire en offre trop d'exemples.

(87) Plutarque parait avoir confondu ici ce qu'il appelle la cryptie, ou l'embuscade, avec la chasse aux Ilotes. Platon, cité par M. Barthélemy, Voyage d' Anacharsis, nous fait connaître la nature et l'objet de la cryptie. C'est un Lacédémonien qui parle dans le Traité des lois, liv. I. « Nous avons, dit-il, un exercice nommé cryptie, qui est » d'un merveilleux usage pour nous familiariser avec la dou>> leur : nous sommes obligés de marcher l'hiver nu-pieds, » de dormir sans couverture, de nous servir nous-mêmes, » sans le secours de nos esclaves, et de courir de côté et >> d'autre dans la campagne, soit de nuit, soit de jour. » M. Barthélemy observe que dans ce passage,et dans un autre qu'il a cité plus haut, il n'est pas dit un mot de la chasse aux Ilotes ; qu'il n'en est pas parlé non plus dans les ouvrages de plusieurs écrivains de ce siècle, quoiqu'on y fasse souvent mention des révoltes des Ilotes. Il en conclut que jusqu'au temps environ où Platon écrivait son Traité des lois, la cryptie n'était pas destinée à verser le sang des Ilotes; mais que c'était une expédition dans laquelle les jeunes gens s'accoutumaient aux opérations militaires, se tenaient en embuscade les armes à la main, comme s'ils étaient en présence de l'ennemi, et, sortant de leur retraite pendant la nuit, repoussaient ceux des Ilotes qu'ils trouvaient sur leur chemin. Il pense que, peu de temps après la mort de Platon, les lois ayant perdu de leur force, des jeunes gens mirent à mort des Ilotes qui leur opposaient trop de résistance, et donnèrent lieu au décret des éphores dont parle Plutarque. L'abus augmentant de jour en jour, on confondit dans la suite la cryptic avec la chasse aux Ilotes. Mais M. Barthélemy ne croit pas que cette chasse soit un établissement de Lycurgue; il concilie les passages contradictoires des auteurs, en distinguant les temps. Suivant Aristote, cité par Plutarque, la cryptie fut instituée par Lycurgue. Platon en explique l'objet, et la croit utile. Lorsque les mœurs de Sparte s'altérèrent, la jeunesse de Sparte abusa de cet exercice pour se livrer, dit-on, à des cruautés horribles; mais il était possible que les Ilotes eussent quelque moyen de s'en garantir ; ils pouvaient du moins laisser les jeunes gens faire leur tournée nocturne, et se tenir pendant ce temps renfermés chez eux. C'est ainsi qu'il disculpe Lycurgue de la cruauté qu'on lui reproche.

(88) Cette expédition, commandée par Épaminondas, eut lieu après la bataille de Leuctres, environ cent soixantedix ans avant J.-C.

(89) Nous avons déja parlé de Terpandre. - Aleman, célèbre poëte lyrique, vivait, selon Suidas, vers la vingtseptième olympiade. Né à Sardes en Lydie, il avait été transféré fort jeune à Lacédémone, où il fut esclave. Son talent pour la poésie lui fit bientôt obtenir la liberté. D'autres prétendent que les Spartiates l'appelèrent dans leur ville à cause de son talent; ce qui a donné lieu de dire qu'il était de Sparte. Mais une épigramme de ce poëte, citée par Plutarque dans son Traité de l'exil, porte à croire qu'il était né à Sardes. — Spendon n'est point connu d'ailleurs.

(90) Ce tremblement de terre, le plus violent dont on eut encore entendu parler, arriva la quatrième année du règne d'Archidamus, l'an quatre cent soixante-dix, ou, selon d'autres, l'an quatre cent quatre-vingt-neuf, avant J.-C. Il causa des ravages affreux dans la Laconie, ruina la plus grande partie de la ville de Sparte, et y fit périr, suivant Diodore de Sicile, liv. XI, c. LXII, plus de vingt mille hommes. Le mont Taygete, et toutes les autres mon

tagnes des environs, furent ébranlés jusque dans leurs fondements. La révolte des Ilotes et la guerre des Messéniens, qui profitèrent de cette occasion pour se réunir avec eux contre Lacédémone, mirent cette ville à deux doigts de sa perte. Plutarque, dans ses Morales, regarde ce tremblement de terre comme une punition de l'attentat que des Spartiates avaient commis sur les filles d'Alcippe, et qui n'avait pas été puni. Elien, liv. VI, c. vi, l'attribue aussi à la vengeance céleste, qui punissait les cruautés exercées contre les llotes.

(91) Cela suppose qu'il n'était pas aussi vieux que le dit Lucien, qui lui donne quatre-vingt-cinq ans de vie. T. III, p. 228, edit. Hemst.

(92) Plutarque regardait le suicide comme une preuve de courage. C'est un point sur lequel sa morale est défectueuse; il s'est écarté en cela des principes de Socrate, qui le condamne ouvertement.

(95) Les mœurs étaient un garant bien plus sûr de l'observation des lois, que les serments. Quand les mœurs furent altérées, les Spartiates ne se crurent pas liés par des engagements qu'ils méprisaient, et les lois furent violées. (94) Sparte avait un gouvernement mixte, composé de royauté, d'aristocratie et de démocratie. Nous avons vu plus haut qu'Aristote trouvait que chacune des trois classes qui le formaient était contente de son lot : les rois, de l'autorité qu'ils exerçaient; les nobles, de la dignité de sénateurs dont ils étaient seuls revêtus; et le peuple, de l'institution des éphores, qui étaient pris dans son sein. Mais ce même philosophe ne croit pas, comme Plutarque, que cette dernière institution ait contribué à fortifier le parti aristocratique, c'est-à-dire celui des rois et des nobles. Il dit, au contraire, qu'elle rendit le gouvernement démocratique, d'aristocratique qu'il était auparavant. Polit., liv. II, C. VII.

(95) Il y a dans le grec, par le moyen d'Alexandre, ou plutôt de Lysandre. Les premiers mots sont visiblement une addition au texte, dans lequel il ne peut être question d'Alexandre, qui n'avait sûrement jamais envoyé à Sparte les sommes immenses dont parle Plutarque; au lieu que Lysandre, après la prise de Sestus, ville de l'Hellespont, fit transporter à Lacédémone de riches dépouilles et une somme de quinze cents talents, c'est-à-dire sept millions et demi. (Diodore de Sicile, liv. XVIII, c. cvi.) Après la prise d'Athènes, Lysandre remit aux magistrats de Sparte, suivant Xénoph., Hist. gr., liv. II, pag. 462, quatre cent quatre-vingts talents, ou deux millions quatre cent mille livres, en tout près de dix millions, en supposant qu'il faille distinguer ces deux sommes. C'est de cette époque que tous les historiens datent l'altération des mœurs de Sparte, et l'affaiblissement de sa puissance. Aristote, 1. VII, c. XIV, en blåmant Lycurgue d'avoir rapporté toutes ses institutions à la guerre, établit les maximes les plus sensées et les plus dignes d'être méditées par tous les politiques. « Des principes et des lois de cette nature, dit-il, ne sont ni justes, ni utiles, ni conformes à la saine politique. Un législateur doit fortement pénétrer tous les esprits de cette maxime, que ce qui fait le bien des particuliers fait aussi l'avantage public. Il faut exercer les citoyens à la guerre, non pour pouvoir réduire en servitude des peuples qui ne le méritent pas, mais d'abord pour conserver leur propre liberté; en second lieu, pour faire servir leur puissance au bien de ceux qui leur sont soumis, et non pour tout envahir: troisièmement enfin, pour assujettir par la force ceux qui sont faits pour étre esclaves. En un mot, un législateur doit bien plutôt rapporter les institutions militaires et tout le reste de sa législation à la paix et au repos ; c'est une vérité également attestée et par le raisonnement et par l'expérience. La plupart des villes qui suivent une conduite opposée se soutiennent tant qu'elles font la guerre. Sontelles parvenues à l'empire qu'elles ambitionnaient, elles

[ocr errors]

périssent bientôt. La paix est pour elles ce que l'inaction est pour le fer; elle leur òte la force et la vigueur; et c'est au législateur qu'il faut l'imputer, parcequ'il ne leur a pas appris à vivre en repos. »

(96) Quant un général spartiate partait pour une expédition, les éphores faisaient faire deux bâtons parfaitement ronds, égaux en grosseur et en longueur, qu'on appelait scytales, parcequ'on les couvrait d'une bande de cuir ou de parchemin. Ils donnaient un de ces bâtons au général, et gardaient l'autre. Lorsqu'ils avaient à lui faire passer quelque ordre secret, ils roulaient et serraient autour du baton qu'ils avaient gardé une bande de parchemin, de manière qu'elle le couvrît en entier ; et sur cette bande ils écrivaient ce qu'ils voulaient lui mander. Ensuite ils remettaient le parchemin déroulé au messager chargé de porter l'ordre, en sorte que l'écriture ne pouvait être lue que par le général qui avait le bâton pareil à celui sur lequel les éphores avaient roulé le parchemin écrit. Depuis on appela scytale toute lettre ou tout ordre envoyé de Sparte. Suidas, in voce SCYTALE.

(97) Gylippe est ce général lacédémonien qui fut envoyé par les Spartiates pour défendre Syracuse, dans l'expédition que les Athéniens entreprirent par le conseil d'Alcibiade, contre l'avis de tout ce qu'il y avait de gens sensés à Athènes. Les Chaleidiens, dont il est parlé ensuite, ne sont pas les habitants de Chalcis dans l'Eubée ; les premiers occupaient une partie de la Macédoine, au-dessus de la ville d'Amphipolis: Brasidas y fut tué. — Par les Grecs d'Asie, il faut entendre les peuples de l'Asie-Mineure, ou Ionie, avec les habitants des iles voisines que les Athéniens avaient voulu soumettre. Callicratidas commandait la flotte des Lacédémoniens dans cette fameuse bataille qu'il perdit contre Conon, amiral des Athéniens, et où il fut tué.

(98) Stratonicus etait un musicien d'Athènes, homme fort plaisant, de qui Athénée, liv. VIII, c. vii, rapporte plusieurs bons mots. Il reproche ici aux Athéniens leur pente à la superstition, dont on voit qu'ils n'étaient pas guéris du temps de saint Paul. Il accuse les Eléens de donner toute leur attention aux jeux olympiques, et de négliger tout le reste. D'après ce qui précède, il semble qu'il aurait dû dire que les Lacedémoniens chatieraient les Athéniens et les Éléens des fautes que ces deux peuples auraient commises : mais il veut que ce soient les Spartiates qui en soient punis; ce qui est une raillerie sur la coutume qu'ils avaient de battre ou de condamner les maîtres des enfants qui avaient fait quelque faute.

(99) L'orgueil qu'avait inspiré aux Thébains cette fameuse victoire contribua beaucoup à leur propre perte. II est vrai aussi que les Spartiates, depuis cette sanglante défaite, furent presque toujours battus.

(100) Nous avons vu que ce n'était pas le sentiment de Platon, d'Aris'ote ni de Polybe, qui reprochaient au contraire à Lycurgue de n'avoir formé que des'soldats, et par conséquent d'avoir inspiré aux Spartiates l'ambition des conquètes. A quoi servait-il, en effet, de leur recommander de se suffire à eux-mêmes, de se renfermer dans les limites de leur territoire et dans les bornes d'une sage modération, si toutes leurs institutions favorisaient ce desir naturel aux guerriers de conquérir et de s'étendre ?

(101) Platon, dans sa République, veut que les citoyens n'entreprennent la guerre que pour parvenir à la paix, comme on ne travaille que pour se reposer. - Diogène le cynique avait, dit-on, fait un Traité sur la république ; mais Diogène-Laërce rapporte qu'on ne le croyait pas de lui. -Zénon, le chef des stoïciens, avait composé un Plan de république. L'unique but de cet ouvrage était de persuader aux hommes de ne pas vivre dans des villes, séparés les uns des autres; mais de se regarder tous comme les membres d'un même état, réunis par des mœurs et des lois communes. Diogène Laerce, dans la Vie de ce philo

hommes.

(104) On avait élevé un cénotaphe à Euripide dans Athènes sa patrie; mais son tombeau était en Macédoine, où il s'était retiré près du roi Archélaūs. — Aréthuse était une ville maritime de la Grèce, sur la côte de la mer Égée. (105) Il y eut deux Timée : l'un, natif de Locres, philo

sophe, liv. VII, seg. IV, parle aussi de son Plan de répu- | putéal, afin qu'ils ne fussent pas profanés par les pas des blique, qu'on disait avoir été écrit sur la queue d'un chien, soit parceque Zénon l'avait composé dans les derniers temps qu'il vivait avec Cratès le cynique, soit parceque cet ouvrage était écrit avec trop de liberté, comme Casaubon le dit d'après Cicéron, dans ses Notes sur cet endroit de Diogène Laërce; reproche que Plutarque lui fait aussi. Dans son Traité sur les contradictions des Stoïciens, il pré-sophe célèbre ; l'autre, historien, et né à Taurominium en tend que Zénon n'avait écrit ce Plan de république qu'afin de contredire les principes de Platon sur cette matière. (102) On sait ce qu'il faut penser de ce jugement, après tout ce qu'ont dit de Lycurgue et des Spartiates les philosophes les plus sensés de la Grèce.

(103) Tous les lieux frappés de la foudre étaient regardés comme consacrés par les dieux, qui semblaient par-là se les réserver. Aussi à Rome avait-on soin de les enfermer d'un mur semblable à un rebord de puits, nommé de là

[ocr errors]

Sicile. - Aristoxène est celui dont il nous reste Trois livres sur la musique, qui se trouvent dans le Recueil des Traités des anciens sur cet art, publié par Meibomius. Il avait composé plusieurs autres ouvrages qui tous sont perdus, et en particulier les Vies des philosophes. — Cirrha, dont il est parlé auparavant, était une ville voisine de Delphes.— Apollothémis n'est point connu d'ailleurs.

(106) Il était auteur d'une Histoire de Lacédémone, citée par Athénée, liv. III, c. vu.

NUMA.

inspire le goût de l'agriculture.

[ocr errors]

XXII. Création des corps et métiers. Loi en faveur des enfants. -XXIII. Réformation du calendrier. XXIV. Temple de Janus. -XXV. Bonheur du règne de Numa. - XXVI. Sa mort. — XXVII. Ses obsèques. - XXVIII. Ses livres sacrés. XXIX. Sa gloire s'accroit sous les règnes suivants.

1. Incertitude du temps où il a vécu. Son origine. · -II. Mort de Romulus. III. Interrègne qui la suit. IV. Élection de Numa à la royauté. -V. Son caractère. -VI. Sa vie retirée donne lieu à des récits fabuleux. VII. 11 refuse d'abord la couronne. VIII. Son père le décide à l'accepter. -IX. Les Romains le reçoivent avec les plus vifs transports de joie. x. Il change le gouvernement. Ses institutions religieuses. XI. S'il fut disciple de Pythagore. Ses entretiens avec la nymphe Égérie. — XII. Établissement du collège des pontifes. J.-C. II place sa mort à l'an du monde 3279, la seconde année de la 270 XIII. Des vestales et du feu sacré. - XIV. Priviléges des vestales. Punition de leurs fautes. XV. Temple de Vesta. Déesse Libitine. -XVI. Prêtres saliens et féciaux. -XVII. Peste dans Rome. Bouclier tombé du ciel. XVIII. Palais de Numa. Cérémonies religieuses. -XIX. Rapport de ses institutions avec les préceptes de Pythagore, XX. Influence de la religion sur les meurs des Romains. -XXI. Numa leur

[ocr errors]

M. Dacler fixe l'époque de l'avènement de Numa au trône de Rome à l'an du monde 3236, la 16 olympiade, l'an 39 de Rome, 712 ans avant olympiade, la 82o de la fondation de Rome, 669 ans avant l'ère chrétienne.

Les nouveaux éditeurs d'Amyot comprennent le temps de la vie de Numa, depuis l'an 754 jusqu'à l'an 674 avant Jésus-Christ, 83 ans après la fondation de Rome.

Parallèle de Lycurgue et de Numa.

base assez solide pour mériter la confiance. Laissant donc à part ces difficultés de chronologie, nous rapporterons de la vie de Numa ce qui nous a paru le plus digne de mémoire, et nous le ferons précéder d'un exorde qui nous mènera naturellement à notre sujet.

I. Malgré l'exactitude avec laquelle les tables | Hippias d'Élide, dont les calculs n'ont aucune généalogiques de la maison de Numa paraissent dressées, il y a, sur le temps auquel il a vécu, la même diversité d'opinions (4) que pour Lycurgue. Il est vrai qu'un certain Clodius (2), dans un ouvrage qui a pour titre, De la Correction des temps, assure que, lors de la prise et du pillage de Rome par les Gaulois, les anciennes tables furent perdues, et que celles qu'on a aujourd'hui ont été falsifiées pour flatter quelques familles qui voulaient absolument faire remonter leur origine aux premières races et aux plus illustres maisons de Rome, quoiqu'elles leur fussent tout-à-fait étrangères (5). On a dit que Numa avait été disciple de Pythagore; mais d'autres soutiennent qu'il n'eut aucune connaissance des lettres grecques; que son bon naturel le portait si facilement à la vertu, qu'il n'avait pas eu besoin de maître (4); ou que, s'il en eut un, on doit faire honneur de son éducation à quelque Barbare (5) bien supérieur à Pythagore. Il y en a qui assurent que ce philosophe n'a vécu qu'environ cinq générations après Numa (6); et qu'un autre Pythagore de Sparte, qui avait remporté le prix de la course aux jeux olympiques dans la seizième olympiade, dont la troisième année concourt avec l'élection de Numa au trône, étant allé en Italie, s'attacha particulièrement à ce prince, et lui donna des conseils pour gouverner sagement son royaume; que c'est à lui qu'il dut ces institutions lacédémoniennes qui se trouvent parmi les coutumes romaines. Mais ce mélange peut venir aussi de ce que Numa était originaire du pays des Sabins, qui prétendent descendre d'une colonie de Spartiates (7). Au reste, il est difficile de calculer exactement les temps, surtout si l'on veut les faire accorder avec les rôles des olympioniques (8), qui n'ont été dressés que fort tard par

II. Il y avait trente-sept ans que Rome était bâtie et que Romulus régnait, lorsque le 7 de juillet, jour qu'on appelle maintenant les nones Caprotines (9), ce prince alla faire un sacrifice hors de la ville, près du marais de la Chèvre. Il était accompagné du sénat et de la plus grande partie du peuple. Tout-à-coup il se fit dans l'air un changement extraordinaire. Une nuée épaisse et ténébreuse fondit sur la terre avec des tourbillons d'un vent impétueux et des coups de tonnerre si épouvantables, que le peuple effrayé prit la fuite et se dispersa. Romulus disparut au milieu de cette tempête, et l'on ne trouva pas même son corps ; ce qui fit naître de violents soupçons contre les sénateurs. Le bruit courut parmi le peuple que, las du gouvernement d'un roi, et voulant attirer à eux seuls toute l'autorité, ils s'étaient défaits de Romulus, qui, à la vérité, depuis quelque temps, les traitait d'une manière plus dure et plus despotique. Mais ils assoupirent bientôt ces murmures, en décernant à ce prince les honneurs divins, en persuadant au peuple qu'il n'était pas mort, et qu'il avait été appelé à une destinée bien plus heureuse. Proculus même, un des citoyens les plus distingués, jura publiquement qu'il avait vu Romulus monter au ciel avec ses armes, et qu'il l'avait entendu lui ordonner qu'à l'avenir on l'appelât Quirinus.

III. Mais le choix d'un successeur au trône fut bientôt dans la ville une autre source de troubles

« PreviousContinue »