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demnité, ci.

D'autre part

ce petit canton, d'environ six lieues de long sur deux de large, se trouvera grevé, par année, de.

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8o A cette somme de 50,000 livres, il faut ajouter ce que coûtera à la province l'achat du sel marchand. On ne peut guère l'acheter qu'à Genève, qui le vend environ 15 livres le minot.

La province a évalué la quantité du sel qui lui serait nécessaire à 2,000 minots; dans cette supposition, cet achat lui coûterait donc.

Le tout, joint aux impôts royaux, que nous payerons toujours, et qui se montent à 91,390 livres,

ci.

ferait la somme totale de.

20,000 1. 30,000

50,000 1.

30,000

91,390

171,390 I.

Ainsi nous n'aurions presque aucun avantage, et nous contribuerions seulement à enrichir Genève, à qui le roi donne le sel au prix de 6 livres 7 sous 10 deniers le minot.

Nous n'aurions d'autre ressource que de l'acheter en Suisse à un peu meilleur marché, et la Suisse ne pourrait nous vendre que le sel même qu'elle tire de la Franche-Comté; ou nous en tirerions de Savoie, ou nous tâcherions d'engager la ferme générale à nous le vendre comme à un pays étranger, ce qui serait encore un petit bénéfice pour la ferme.

Il paraît donc que l'indemnité de 30,000 livres annuelle, demandée par la ferme, est trop forte, puisqu'il est démontré qu'elle n'a retiré, l'année passée, qu'environ 7,000 livres de bénéfice, non compris la recette des bureaux de Collonge, qui, loin de diminuer, augmentera encore, en quelque endroit que ce bureau soit placé hors du pays.

Quelque cher qu'il en coûte à la province, elle croira toujours son bonheur assuré par le règlement que le ministre médite; elle le supplie seulement de daigner diminuer le fardeau dont la ferme veut la charger.

FIN DU MÉMOIRE DU PAYS DE GEX.

A M. TURGOT

MINISTRE D'ÉTAT, CONTROLEUR GÉNÉRAL DES FINANCES 1.

(DÉCEMBRE 1775)

Monseigneur le contrôleur général est supplié de daigner jeter un coup d'œil sur les demandes des états du pays de Gex. Ces demandes consistent :

I.

Dans la permission de faire venir toutes les marchandises de Marseille avec la même exemption de droits dont Genève jouit, attendu que cette exemption seule a réduit le pays de Gex à n'avoir jamais aucun marchand français, et à la nécessité de se pourvoir à Genève de toutes les choses nécessaires à la vie. Cette différence prodigieuse entre une ville étrangère et un pays appartenant au roi a mis les Genevois en état de se faire plus de sept millions de rente sur les finances de Sa Majesté, et d'être en possession, avec le sieur Geoffrin, de la manufacture des glaces de Saint-Gobain et de Paris.

II.

Monseigneur le contrôleur général verra que ce petit pays paye à Sa Majesté environ cent trente mille livres par année, sans qu'aucune communauté ait pu faire le moindre profit, excepté la colonie établie à Ferney.

III.

Il verra que ce pays très-pauvre a été obligé d'emprunter cent trente-quatre mille livres, pour réparer les pertes occasionnées par les corvées.

1. Dans les éditions de Kehl et beaucoup d'autres, cette requête était imprimée à la suite de la lettre à M. de Trudaine, du 8 décembre 1775. M. Clogenson a, en 1827, extrait de la Correspondance cette pièce, qui n'est point une lettre. (B.)

IV.

Il verra ce que coûte à la ferme générale la foule d'employés inutiles établis dans le pays de Gex.

V.

Il verra le bénéfice que ce pays propose à la ferme générale, et ce qu'il demande au sujet du sel et du tabac.

Les états de Gex attendront très-respectueusement les ordres de monseigneur.

FIN DE LA REQUÊTE A M. TURGOT.

LES ÉDITS

DE SA MAJESTÉ LOUIS XVI

PENDANT L'ADMINISTRATION DE M. TURGOT1.

:

2

On sait assez qu'une lumière nouvelle éclaire l'Europe depuis quelques années; on a vu une femme instruire, policer, enrichir un empire qui contient la cinquième partie de notre hémisphère la première de ses lois a été l'établissement de la tolérance depuis les frontières de la Suède jusqu'à celles de la Chine; elle a proscrit la torture, qui ne se donnait qu'aux esclaves dans l'empire romain; elle a rendu utiles à la société jusqu'aux supplices mêmes, qui n'étaient autrefois qu'une mort cruelle, un spectacle passager, aussi inutile que barbare, dont il ne résultait que de l'horreur.

Pour former le corps de ses lois civiles, elle a assemblé les députés de toutes ses provinces et de toutes les religions qui les habitent; on a dit au chrétien de l'Église grecque, à celui de l'Église romaine, au musulman du rite d'Omar, à celui du rite d'Ali, à celui qu'on appelle ou luthérien ou calviniste, au Tartare qu'on nomme païen: Cette loi qu'on vous propose convientelle à vos intérêts, à vos mœurs, à votre climat? Et cette loi n'a été promulguée qu'après avoir obtenu le consentement universel. Nous avons vu un jeune roi du Nord 3, soutenu seulement de

1. Dans les Mémoires secrets, à la date du 10 décembre 1775, on parle d'une « petite brochure sans titre, mais qu'on attribue avec raison au philosophe de Ferney... Le nouvel écrit est pour faire sa cour à M. Turgot relativement à la suppression des corvées, qu'on regarde comme décidée ». Wagnière ajoute : « Cette petite pièce sur les corvées est de M. de Voltaire... » Je crois que, dans ces passages, il s'agit de l'opuscule sur les édits de Turgot, et qui doit être alors de novembre 1775. (B.)

2. Catherine II; voyez tome XX, page 535. 3. Gustave III, roi de Suède.

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