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d'abattoir, de vidange, et généralement tous ceux dont il est fait mention à l'art. 77, No 5, de la loi communale. On a fait mention de ces diverses impositions. Elles forment sous le titre : Impositions communales autres que les droits d'octrois, la troisième partie de ce travail, à la fin de laquelle se trouvent résumés, sous forme de tableau, les résultats généraux de ces impositions pour les années 1820, 1825, 1850, 1855, 1840 et 1843.

A la demande de M. Nothomb, des hommes spéciaux se sont livrés à des recherches sur l'état des anciens octrois de quelques-unes des villes principales du pays. On trouve, dans la quatrième partie du rapport, des notices historiques sur les anciennes impositions en vigueur à Anvers (A. Kreglinger, archiviste de la province d'Anvers), à Bruges (P. Bogaerts, archiviste, et V. Deljoutte, secrétaire communal de la ville de Bruges), à Bruxelles et à Louvain (V. de Ham, chef de bureau au ministère de l'intérieur), à Gand (Montigny, greffier provincial de la Flandre orientale), à Liége (Polain, archiviste de la province de Liége), à Mons (A. Lacroix, archiviste de l'État et de la ville de Mons), à Namur (Dandoy, secrétaire communal), et à Tournay (Fred. Hennebert, conservateur des archives de l'État, à Tournay). M. l'archiviste-général du royaume y a joint quelques considérations générales sur ce même objet et notamment sur le point de savoir si anciennement les communes pouvaient prélever des impôts locaux sans le consentement du souverain.

La cinquième partie de l'ouvrage se compose de la statistique financière des dépenses des communes à octroi, pendant les années 1820, 1825, 1850, 1835, 1840 et 1845. Cette statistique a été formée, non d'après les budgets qui ne sont composés eux-mêmes que d'éléments hypothétiques, mais d'après les comptes des communes, c'est à dire, sur les dépenses réellement effectuées. On a donc lieu de penser qu'elle est d'une exactitude rigoureuse.

Cette simple analyse, empruntée en partie à l'introduction du rapport, fait connaître toute l'importance du travail que M. Nothomb a entrepris; sa haute utilité se manifestera de plus en plus, à mesure que les études de la question des octrois communaux s'avanceront, et si, comme nous l'espérons, on parvient à opérer plus tard une réforme salutaire dans l'intérêt des consommateurs, du commerce, de l'industrie, on la devra en grande partie aux jalons précieux qui viennent d'être posés.

Beautés du Culte catholique, par l'abbé RAFFRAY.

Seconde édition. Paris,

chez Saignier et Bray, 2 vol. in-18.

M. l'abbé Raffray expose très-clairement et par des raisons très-solides les rapports du culte catholique avec le dogme, la morale et tous les besoins de l'homme. Les Beautés du Culte catholique forment deux parties distinctes: l'une, que l'on pourrait appeler théorique, traite de l'influence du Christianisme, de la nécessité du culte, de son institution, de son symbolisme, de sa beauté, de ses innombrables avantages; l'autre, plus importante encore peut-être, et qu'on peut considérer comme la partie pratique, explique les cérémonies de l'Église, et particulièrement l'office du dimanche, la grand'messe et les vêpres. Cet ouvrage, dans lequel l'érudition liturgique de l'auteur est alliée à

une modeste réserve, est écrit avec intérêt et élégance; il respire une piété douce et tendre, et doit nécessairement convenir à tous les fidèles qui aiment à se rendre compte du sens mystique des offices divins. C'est un tableau complet des harmonies du culte catholique.

Cette seconde édition se recommande par d'amples développements qui en font en quelque sorte un ouvrage tout nouveau. La première avait paru en 1844, sous ce titre : Aperçu sur le Culte catholique. Cet ouvrage est revêtu de l'approbation motivée de l'évêque de Saint-Brieuc.

La Religion prouvée par la philosophie, ou accord des écrivains de tous les temps et de toutes les contrées sur les questions les plus importantes de la philosophie, de la morale et de la religion, par M. J. SEILER. - Paris, chez

Jules Renouard.

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S'il n'a été donné à personne, jusqu'ici, d'embrasser toutes les questions de la religion et de la morale dans un traité qui réunisse toutes les qualités désirables de la pensée et du style, il existe une foule de livres excellents, dus à la plume d'écrivains qui, en se bornant à quelques-unes de ces questions, ont pu les exposer avec tout l'éclat dont elles étaient susceptibles. Il s'ensuit que, si l'on réunissait tous les morceaux les plus remarquables de ces écrivains, et qu'on les classât ensuite dans un ordre méthodique, on aurait un traité tel que nous le disions au commencement de cet article. C'est ce que vient de faire M. J. Seiler dans l'ouvrage que nous annonçons. Non content d'avoir choisi les passages les plus remarquables de tous les auteurs anciens et modernes, i les a si bien coordonnés entre eux, qu'ils semblent se tenir naturellement, et que souvent on ne s'apercevrait pas du passage d'un écrivain à un autre, si l'on n'était averti par le nom, placé à la fin de chaque paragraphe. Bien que les écrivains français aient fourni la majeure partie de ce volume, on trouve des passages, traduits avec élégance, d'auteurs anciens et étrangers, même de persans, d'indiens et de chinois. En somme, ce livre est un traité complet de religion et de morale, auquel ont concouru les plus grands génies de tous les temps, et qui peut, par conséquent, être donné aussi comme un modèle d'éloquence. C'est assez dire qu'il convient à toutes sortes de lecteurs, mais spécialement à la jeunesse et aux hommes du monde.

Traduction nouvelle des Tragédies de Sophocle, par M. BELLAGUET, avec le texte grec en regard, revu et annoté par M. BENLOEW. Paris, chez Hachette. L'Angleterre, l'Allemagne et l'Italic possèdent plusieurs excellentes traduetions des tragédies de Sophocle; la France, réduite pendant bien longtemps à l'inexacte version du père Brumoy, trop religieusement suivie par quelques traducteurs modernes, n'admirait que sur la foi de ses savants le plus parfait écrivain de l'antiquité grecque. Cette inexactitude des traducteurs, ou plutôt des imitateurs de Sophocle, n'était encore que leur moindre défaut : le père Brumoy s'était surtout appliqué à franciser son modèle; pour arriver à ce but, rien ne lui avait coûté; suppressions, additions, élégances gratuites, style noble,

euphémismes, il avait tout mis en œuvre pour embellir le grand poëte qu'il voulait faire connaître à la France. De là, ce préjugé littéraire si fort accrédité que Sophocle est le Racine des Grecs, et que son premier mérite est la constante élégance de ses vers, la perpétuelle convenance de ses personnages, de leurs passions et de leurs discours. W. Schlegel, qui avait étudié d'un peu plus près les textes grecs, s'est justement moqué de cet étrange rapprochement, et il a montré sans peine que Sophocle ressemblait à Racine, tout juste comme Euripide à Voltaire. Malheureusement, la plupart des lecteurs ne peuvent juger les anciens que d'après les traductions, et sont sans cesse exposés à prendre l'idée la plus fausse des poëtes grecs ou latins.

Deux hommes d'étude et de science ont uni leurs efforts pour enrichir la langue française de la traduction qui lui manquait encore. MM. Bellaguet et Benloew, tous deux profondément versés dans l'étude des langues grecque et française, se sont partagé la double tâche qu'ils s'étaient imposée : M. Bellaguet s'est réservé le soin de la traduction française, et M. Benloew s'est chargé de l'entière révision du texte et des notes explicatives.

L'exécution de ce double travail présente, à différents titres, des résultats également remarquables: M. Bellaguet, dans sa traduction française, s'est fait une loi constante de suivre pas à pas le texte grec, et de calquer fidèlement sa copie sur le modèle; la physionomie propre de l'auteur se trouve donc exactement reproduite dans le français, et l'admirable simplicité de Sophocle semble revivre dans le style facile de M. Bellaguet; la vigueur tragique, la familiarité héroïque des personnages du poëte ne sont point étouffés sous une banale élégance, et le traducteur laisse à Sophocle l'entière responsabilité de ce que le père Brumoy appelait ses singularités et ses inconvenances.-M. Benloew, de son côté, a donné un soin minutieux à la révision du texte, si souvent obscur et altéré; il s'est efforcé d'établir une ponctuation plus logique et moins arbitraire que celle de la plupart des anciens éditeurs de Sophocle, et a fait un choix éclairé entre ces innombrables variantes qui surchargent surtout les vers choriques. Les notes explicatives justifient d'ailleurs la préférence donnée par M. Benloew à telle ou telle version, et elles viennent au secours de la traduction française, chaque fois que cette langue s'est refusée à la reproduction littérale de la phrase grecque. Souvent même ces notes, ne se contentant pas d'établir rigoureusement le sens du texte grec, entrent encore dans la discussion philologique, et combattent les hypothèses savantes, mais souvent inadmissibles des Allemands.

Histoire chronologique et dogmatique des Conciles de la Chrétienté, par M. ROISSELET DE SAUCLIÈRES. Paris, chez Paul Mellier, 2 vol.

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Cet ouvrage est un résumé intelligent et fidèle de la grande collection des PP. Labbe et Cossart. C'est une analyse fort bien faite et très-substantielle des décrets des Conciles. L'auteur n'a rien négligé pour que son travail fût à la hauteur de sa tâche. Son style est grave et digne du sujet qu'il traite.

Ces deux volumes ne vont que jusqu'au Concile de Charnes, en l'an 622, où fot mis à fin le schisme entre les Grecs et les Arméniens. L'auteur indique avec

soin, par des astérisques, les décisions ou décrets qui n'ont pas été reçus par l'Eglise.

Voyage en Bourgogne, suivi de Mélanges littéraires, par BOUCHÉ DE CLUNY.

Paris, chez Martinon.

Cet ouvrage renferme des recherches savantes sur les autiquités de la Bourgogne. On voit que l'auteur s'est livré à ce travail avec une sorte de patriotisme. Il entre dans d'intéressants détails sur les monuments religieux qui firent si longtemps la gloire et la prospérité de sa province natale. Mais on ne saisit pas facilement l'à-propos de l'adjonction des mélanges littéraires qui finissent le volume; on serait tenté de croire qu'ils n'ont été mis là uniquement que pour le grossir. Nous regrettons aussi de ne pouvoir louer le style de l'auteur, qui est trop fréquemment gâté par une enflure de mauvais goût et que pourraient revendiquer quelques-uns de nos romanciers modernes.

Histoire de la Poésie provençale, cours fait à la faculté des lettres de Paris, par M. FAURIEL, et publié par M. Jules Mohl. - Paris, chez Jules Labitte, 3 vol. Voilà un ouvrage sérieux, digne de la plus grande attention. L'ancienne littérature provençale n'est pas seulement la première en date des littératures de l'Europe moderne; c'est encore elle qui a agi le plus tôt et le plus longtemps sur la plupart des autres, qui leur a donné le plus de son et de ses formes, et dont l'histoire tient le plus à la leur. Loin de méconnaître son importance, on a droit de s'étonner qu'elle soit restée si longtemps dans l'oubli et qu'elle n'ait été remise en honneur qu'au commencement de ce siècle. Plus que tout autre ouvrage, celui de M. Fauriel est appelé à répandre sur elle la plus vive lumière. Ce n'est pas cependant qu'il ait donné à toutes les parties de son beau travail un égal développement; il passe assez rapidement sur la partie la plus connue de son sujet, c'est à dire, la poésie lyrique des Provençaux, dont, avant lui, s'étaient occupés presque exclusivement les auteurs qui ont écrit sur la littérature provençale; il s'attache de préférence à la poésie épique, et il entre dans de grands développements sur l'origine de la langue, les idées qu'elle devait exprimer, l'état social auquel elle servait d'organe, enfin sur tout ce qui marque la place et l'importance de cette littérature dans l'histoire de l'esprit humain. De là est résultée, pour lui, la nécessité de s'étendre sur certaines questions qui, au premier abord, paraissent des hors-d'œuvre, mais qui forment des chaînons indispensables dans la série des idées, et qu'il était d'autant plus utile de mettre en évidence qu'elles avaient été plus négligées. Tout en se permettant quelques digressions, le savant professeur est donc resté dans les limites de son programme, et il n'a pas cru pouvoir, comme certains de ses collègues, les reculer de sa propre autorité.

REVUE POLITIQUE.

L'interrègue ministériel qui vient de finir en Belgique, est un des plus longs qu'elle ait subis depuis son émancipation politique. Il a commencé vers la mi-février et ne s'est terminé que le 31 mars. On ne peut le méconnaître, les intérêts du pays ont souffert considérablement de cette instabilité du pouvoir, et il faudra que le nouveau ministère déploie la plus grande activité pour en atténuer le fâcheux effet.

Afin de reconstituer le cabinet, toutes les combinaisons ont été essayées; après les tentatives sérieuses ou non, faites par M. Van de Weyer, il paraît qu'un ministère de transition a été proposé; mais dans tout ce que les journaux ont publié à ce sujet, nous n'avons rien vu de très-sérieux. M. Rogier a été appelé ensuite par le Roi, qui lui a confié la mission de former un cabinet. L'enfantement a été long et laborieux; et à peine le nouveau-né eut-il vu le jour, qu'il mourut étouffé sous le poids des langes grossiers dont ses parrains l'avaient enveloppé; autrement dit: les conditions exorbitantes du programme dont M. Rogier demandait la sanction, firent rejeter la combinaison ministérielle, dans laquelle devaient entrer MM. Rogier, Delfosse, De Brouckere, D'Hoffschmidt, De Bavay et Chazal. La Couronne s'adressa alors à MM. De Brouckere, puis à MM. Dumon-Dumortier et D'Hoffschmidt, qui n'ayant pu vaincre les refus de MM. Leclercq et Liedts, déclinèrent la mission dont la confiance royale les avait chargés. Force fut donc au Roi d'appeler M. le comte de Theux qui, consultant plus son dévouement au pays que ses convenances et ses goûts particuliers, consentit à entrer au ministère avec deux des anciens ministres, MM. Malou et Dechamps; M. De Bavay passa du poste de secrétairegénéral du ministère des travaux publics à celui de chef de ce département, et M. le lieutenant-général Prisse fut nommé ministre de la guerre.

Quoique l'élément catholique soit en majorité dans le nouveau cabinet, celui-ci ne parait vouloir s'écarter en rien des principes qui ont servi de bases de transaction dans l'établissement de l'œuvre du Congrès National. Son système, du reste, nous sera bientôt connu par des déclarations officielles; en même temps, des explications seront données sur l'ensemble des faits qui ont marqué la crise

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