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nement arbitraire et despotique, mérite certainement une attention sérieuse sous le point de vue politique et littéraire.

Sous le rapport politique, les écrivains de cette école ont employé les armes les plus redoutables contre l'illibéralis me de la Prusse, en s'adressant directement aux sentiments du peuple par un langage séducteur, et en éclairant son esprit sur des démarches mystérieuses et attentatoires aux intérêts les plus sacrés du citoyen. On ne peut nier le génie et les talents d'un bon nombre de ces poetes politiques; il y a dans leurs productions beaucoup d'esprit, de verve et de malice; mais parviendront-ils à réaliser ce vaste projet de régénérer une nation entière, dont ils sont même physiquement séparés, exilés comme ils le sont pour la plupart en France et en Angleterre? Nous ne voulons pas blâmer le but auquel ils veulent atteindre; mais nous pensons que les moyens ne correspondent pas à ce but, qu'il n'y a pas de rapport entre la poésie et la politique contemporaine. Ne soulevant que des questions compliquées sur des matières législatives, économiques, internationales, la politique offre aujourd'hui peu de prise aux idées poétiques. La politique est plutôt du ressort de l'éloquence; tous les peuples ont eu leurs orateurs, et chaque pays honore les grands hommes qui se sont dévoués à cette noble carrière; mais aussi de tout temps, l'orateur se trouvait au barreau et à la tribune, entouré des hommes sages de sa nation, discutant avec gravité les hauts intérêts de la patrie, tandis que le poëte récréait le peuple par ses chants doux et harmonieux, noble production du libre élan de son imagination créatrice.

La poésie populaire, aussi ancienne que l'humanité, a été cultivée en Allemagne avec beaucoup de succès, et elle a été accueillie avec enthousiasme par toutes les nations germaniques, parce qu'elle était l'expression fidèle du caractère et des mœurs nationaux. Mais les poëtes qui nous occupent maintenant, ont confondu la poésie patriotique, qui exprime le sentiment de l'amour pour la patrie, avec les idées politiques qui, naissant avec les variations de l'esprit, n'expriment aucun sentiment poétique. Nous pensons que, sous le rapport littéraire, cette nouvelle forme de poésie contient un germe de décadence pour la poésie patriotique allemande, que Louis Uhland et tant d'autres avaient élevée à une si haute perfection. Aussi le bon goût allemand a déjà porté un jugement défavorable sur plusieurs productions de la nouvelle école, dont quelques membres se sont en outre aliéné l'esprit de leurs compatriotes par ce ton moqueur et cette façon irrévérencieuse de toucher aux sujets les plus sacrés. Certes, il faut reconnaître le mérite partout où il se trouve; et nous admirons les talents littéraires de plusieurs de ces poëtes, qui se sont distingués dans différents genres de compositions, et surtout dans le genre lyrique, mais en s'occupant de politique, leur muse ne trouve souvent que des images ternes, qu'un rhythme mou et pesant, que des rimes sourdes attelées à des phrases prosaïques.

Il est digne de remarque que cette réaction, dirigée par une école poétique contre l'absolutisme gouvernemental, a pris naissance dans le sein même du Protestantisme, tandis que l'absolutisme, comme l'auteur l'a très-bien prouvé, n'est qu'une conséquence nécessaire et logique de la Réforme.

L'auteur a envisagé l'association douanière en Allemagne sous le double

point de vue du développement de l'agriculture et du commerce, et de la politique. Il nous apprend comment la Prusse, par cette fédération douanière, a su conquérir une si grande influence commerciale. Il nous donne des éclaircissements curieux sur l'état financier de la Prusse, et il nous montre par les faits quel est, ici encore, l'arbitraire du ministère prussien dans la fixation des impôts, arbitraire qui explique la disproportion énorme d'après laquelle les diverses provinces de la monarchie contribuent aux charges publiques.

Il s'étend ensuite sur l'état des finances de l'Autriche et sur la position de l'Allemagne en général vis-à-vis de la Russie, et finit en traçant le tableau de la Bavière, pays qui se distingue non seulement par ses idées catholiques, mais encore par son développement agricole, scientifique et artistique, et qui prouve, d'une manière irréfragable, que le catholicisme n'est pas plus opposé à l'industrie qu'à la science.

C. H.

ÉTUDES SUR L'ANGLETERRE.

III.

OXFORD. BEAUX-ARTS.

L'Université d'Oxford participe de deux natures et veut être considérée sous les deux rapports que ces natures indiquent : l'Université est premièrement un corps politique, ayant sa force, son autorité à maintenir; l'Université est en outre un établissement scientifique et littéraire, ayant l'instruction pour objet.

Ce double état de l'Université paraît clairement dans sa composition. Nous voyons l'Université viser d'abord à réunir en elle, dans son giron, le plus grand nombre de membres possible, qui, tous animés du même sentiment, impriment au corps formé par leur concours, unité, force, puissance. Dans ce premier but qui est tout politique, l'Université crée l'institution des maîtres of arts. La maîtrise of arts n'est point en effet un degré littéraire, puisque nul examen n'est exigé afin de l'acquérir; ce degré est une affaire de temps et d'assiduité. Il en est de l'Université comme des colléges enrichis par des fondations successives: toutes ses chaires, ses bibliothèques et ses divers établissements lui viennent de riches particuliers ou de quelque Roi. Il en résulte que l'enseignement, ne formant point un tronc auquel viennent se rattacher toutes les branches des connaissances scientifiques et littéraires, plusieurs chaires manquent, tandis que d'autres se trouvent en double et même au-delà. Voici la nomenclature des principales chaires avec les noms des fondateurs et les dates de leur fondation.

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Fondateurs et année de la fondation.

Richard Bawlinson, en 1750.

Colonel Boden. 1830.

Georges II. 1728.

Henri VIII.

La comtesse de Richmond, mère de Henri VII.

Henri VIII.

Charles Vines, esq. 1755.

Henri VIII.

Le comte de Litchfield, chancelier de l'Université. 1772.
Georges Aldrich. 1803.

Georges Aldrich. 1805.

Matthew Lee. 1750.

William Heather, docteur en musique. 1626.

Sir William Sedley, baronnet. 1618.

Thomas Withe. 1621.

La Couronne.

Georges Aldrich. 1803.

Le comte de Danby. 1652.
La Couronne. 1813.

La Couronne. 1818.

Sir Henri Savile. 1619.

Sir Henri Savile. 1619.

William Camden, esq. 1622.
Georges Ier. 1724.

Henri Birkhead.

Économie politique. Henri Drummond, esq. 1825.

Le traitement des professeurs, ou pour mieux dire, le revenu des professorships, est très-variable, puisqu'il résulte de fondations successives et particulières, naturellement plus ou moins élevées. Vers l'époque reculée où telle somme annuelle fut consacrée à l'entretien d'un professeur, cette somme pouvait suffire. Peu à peu les richesses diminuant, la même somme est devenue très-minime; mais l'Université a mille moyens de l'augmenter, de l'élever même à un taux qui, dans d'autres pays, paraîtrait exorbitant: c'est par le cumul d'autres places, comme celles de chef de collége, de fellow, de chanoine, etc., etc.; c'est encore par l'obtention de riches bénéfices ou prébendes, compris dans le patronage de l'Université, que celle-ci enrichit ses professeurs. Il en est parmi ces derniers qui perçoivent de mille jusqu'à deux et même trois mille livres sterling. Au reste, point d'administration où le cumul opère plus de merveilles que dans l'Université d'Oxford: c'est là qu'il règne dans sa plus grande extension.

Je vais exposer, en forme d'exemple, la situation des cinq professorships de théologie, de droit civil, de médecine, d'hébreu et de grec, toutes fondées par Henri VIII. Ce monarque assigna à chacune un revenu annuel de 40 livres sterling. Ce revenu devait être fourni par le chapitre de Westminster à Londres. Plus tard, le chapitre de Christ-Church proposa de prendre à sa charge une partie

de l'obligation imposée au chapitre de Westminster, moyennant la cession par celui-ci de certaines terres et fiefs qu'on indiquait. Cette proposition fut acceptée. En conséquence Christ-Church est aujourd'hui tenu de payer quarante livres sterling par an aux professeurs de théologie, d'hébreu et de grec. Quant aux professeurs de droit civil et de médecine, l'Échiquier royal intervint généreusement et fit sienne cette dernière partie de l'obligation du chapitre de Westminster. Mais, afin d'élever convenablement cette somme de 40 livres sterling, on a décidé qu'un des canonicats de Christ-Church, avec le rectorat de Ewelm dans l'Oxforshire, serait attribué au professeur de théologie; qu'un second canonicat de Christ-Church appartiendrait au professeur d'hébreu; une prébende dans la cathédrale de Salisbury, au professeur du droit civil; une maîtrise de l'hôpital Ewelm, au professeur de médecine. Quant au professeur de grec, les statuts ne lui attribuent rien; mais le bon vouloir de l'Université lui vient en aide, et il se trouve en même temps doyen de Christ-Church: or, il suffit de savoir qu'un doyen de Christ-Church est renté de deux mille livres sterling au moins, et que la moitié environ de cette somme forme le revenu d'un canonicat. La Bibliothèque de l'Université porte le nom de son fondateur, sir Bodley; mais les livres donnés par lui ne peuvent être envisagés que comme le noyau très-faible d'une collection qui aujourd'hui comprend 160,000 yolumes environ. Cette bibliothèque est riche surtout en ouvrages hébreux et en manuscrits orientaux; on y trouve aussi beaucoup de manuscrits français qui mériteraient bien qu'on en prît connaissance.

La Bibliothèque, remplissant trois galeries principales, disposées en forme de H, n'occupe qu'une petite partie de l'immense édifice où elle est logée. Dans cet édifice d'architecture gothique, se trouve un musée, mais peu fourni. On y trouve encore plusieurs vastes salles pratiquées au rez-de-chaussée, et servant à différents cours. Une d'elles contient 135 bustes et statues de marbre, légués à l'Université par la comtesse de Pomfret en 1755. Au-dessus de la porte principale s'élève un pavillon fort original: il est formé par une suite des cinq ordres d'architecture antique superposés les uns au-dessus des autres.

La Bibliothèque Bodleian n'est pas la seule de l'Université. Il en existe une autre consacrée exclusivement aux livres de médecine et d'histoire naturelle. Elle fut fondée par sir Ridcliff, en 1737; 40,000 livres sterling ont été employées à la construction de l'édifice qui est fort remarquable: bâti en style grec et en forme de dôme, il présente les plus belles proportions. La voûte au-dessus de l'étage contient la bibliothèque, qui s'élève à une hauteur de 80 pieds anglais. C'est dans cet édifice décoré avec un luxe oriental, qu'en 1814, l'Université offrit aux Rois et princes alliés le plus somptueux festin qu'on puisse imaginer. Indépendamment de ces deux Bibliothèques de l'Université, chaque collége, est pourvu de la sienne. Les Bibliothèques de Christ-Church, de Merton, de Jésus, de University-Colleges, sont fort riches, principalement en manuscrits.

Après les Bibliothèques, il faut citer le Musée Ashmolean, édifice petit, mais très-élégant. Il renferme quelques objets assez curieux, et fut fondé par Ashmole. student de Brasen-nose-college, qui prit les armes en faveur de Charles Ier, et mourut en 1692.

Le théâtre destiné aux cérémonies publiques et à la lecture des compositions

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