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LETTRE VINGT SIXIEME.

SUR LES POËTES MODERNES; ET SUR QUELQUES AUTRES AUTEURS.

§. I.

MONSIEUR,

E me propofe d'examiner dans cette lettre le Temple du goût de Mr. de Voltaire: cela me fournira l'occafion de vous dire ce que je penfe des auteurs qui font critiqués.

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Lorsque cet ouvrage parut, il excita un tumulte général dans la République des Lettres, On pouffa la fureur, & j'ofe dire, la vengeance, auffi loin que la licence du Paganisme & la férocité de l'ancien efprit républicain l'avoient jamais fait. Peu content de vouloir accabler Mr. de Voltaire de mille écrits injurieux, on le donna en fpectacle au public dans une Comédie intitulée

le Temple du goût, compofée par Romagnefi. Tout Paris courut à cette Piéce ; &, qui

pis

J'ecrivois ceci plufieurs années avant que Mr. de Voltaire eût mis au théatre l'Ecoffoife, piece of Mr. Freron eft exceffivement maltraité, & dépeint comine un fripon, comme un homme fans mœurs, comme un ́efpion de la police. C'eft une chose bien déplorable que les Magiftrats fe prétent à la haine & aux fureurs des gens de lettres, qu'ils permettent qu'on outrage publiquement les citoyens, & qu'on leur impute les crimes les plus odieux, fans en avoir auparavant apporté des preuves juridiques. Une pareille conduite rend la France méprifable aux yeux de toutes les nations étrangeres, & voici quel eft leur raifonnement. Si Mr. Freron avoit fait le quart de ce qu'on lui impute dans la comédie qui l'accable d'opprobre, fans doute les Juges lui auroient fait fon procès dans un pays police; non-feulement ils ne l'ont jamais attaqué, mais ils ont meprifé les fauffes imputations dont on veut le noircir; il faut donc que tous les crimes dont on charge Mr. Freron n'ayent aucun fondement. Or quelle barbarie & quelle injuftice n'y a-t-il pas de livrer l'innocence à l'ignominie, à la rifée de tout un public, & de fouffrir ce que le Paganisme a condamné? On fait que l'ancienne comédie, qui attaquoit perfonellement les citoyens fut défendue à Athenes. Depuis plus de deux mille ans tous les gens de bien ont en horreur la co médie où Aristophane ofa produire Socrate fur le théatre: cependant la licence du spectacle françois eft pouf fée plus loin que celle que les Grecs réprimerent; & l'on a vu les gens les plus respectables par leurs talens

CO

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