Les tourterelles se fuyaient, Plus d'amour, partant plus de joie. Je crois que le ciel a permis Que le plus coupable de nous On fait de pareils dévoûments. L'état de notre conscience. J'ai dévoré force moutons. Le berger. Que le plus coupable périsse. En les croquant, beaucoup d'honneur. Qu'il était digne de tous maux, Se font un chimérique empire. On n'osa trop approfondir Les moins pardonnables offenses: Qu'en un pré de moines passant, Quelque diable aussi me poussant, Rien que la mort n'était capable A la simple lecture, deux faits me paraissent ressortir avec la plus grande évidence D'abord, le génie et le goût littéraire de La Fontaine. En rapprochant la simplicité piquante des premiers récits, de la poésie, de la variété de tons, de la vivacité d'action et du comique du grand fabuliste, il est impossible de n'être pas vivement frappé de cette puissance merveilleuse et créatrice à l'aide de laquelle il métamorphose, rajeunit et s'approprie un sujet déjà connu. Car l'observation de son Éloge académique est parfaitement vraie : Dans tout ce qu'il emprunte, rien ne parait être d'emprunt, et la première qualité qui nous frappe dans un homme qui n'invente rien, c'est l'originalité. Mais il est impossible, en second lieu, de ne pas remarquer également des traits de ressemblance entre la fable de La Fontaine et les apologues de Jean Raulin et de François Habert. Ici encore, il y a, avec plus d'habileté, soit – mais il y a confession des grands et d'un petit, absolution complète des premiers, condamnation du second; le cadre est changé, ce sont néanmoins les mêmes grandes lignes et par conséquent la même fable. Or, François Habert était trop connu, trop discuté pour être ignoré de La Fontaine qui lui a de plus emprunté un autre sujet : le Coq et le Renard. Nous sommes donc en droit de conclure, je crois, que l'inspiration première de son chef-d'ouvre a été fournie à La Fontaine par François Habert, qui luimême la devait plus que probablement à Jean Raulin. Et si, d'autre part, vous faites réflexion que ce n'est pas le seul emprunt fait par La Fontaine à ses prédécesseurs, que chacun de nous, rien qu'en consultant ses souvenirs classiques, pourrait en citer au moins une dizaine : Dou Corbel et d'un Werpilz. -- Le Renard et le Corbeau. (Marie de France, treizième siècle.) Dou Leu et de l'Aigniel. (De la même.) Le Rat et le Lion. (Clément Marot, seizième siècle.) Le Coq et le Renard.—(François Habert, seizième siècle.) La mort d'Adonis, par Bion. Le Chucas ou le Géai. (Antoine de Baïf, seizième siècle.) Le Rat et la Belette, l'Ingrat. (Vauquelin de la Fresnaye, seizième siècle.) Le Cheval, le Mulet et la Lionne. (Régnier, dix-septième siècle), etc..... Si, dis-je, on fait de bonne foi ces observations, on conviendra que nos gens qui ont travaillé dans ce genre n'étaient pas si fort des étrangers, et on accordera assurément à notre grand poëte la gloire d'avoir couru avec succès dans sa carrière, mais non pas, sans restriction, celle de l'avoir ouverte..... Publié par E. de BOUTEILLER, ancien député de Metz, SUIVI D'ÉTUDES CRITIQUES SUR LE TEXTE, Par P. BONNARDOT, ancien élève pensionnaire de l'École des Chartes, ET PRÉCÉDÉ D'UNE PRÉFACE Par LÉON GAUTIER, PAR M. C. CAILLY, MEMBRE TITULAIRE. Messieurs, L'Académie m'a chargé, à l'une des dernières séances de l'année passée, de lui présenter un rapport sur un ouvrage intitulé la Guerre de Metz en 1324, poëme du quatorzième siècle, publié par M. Ernest de Bouteiller, qui a bien voulu faire hommage à notre Société d'un exemplaire de cet intéressant volume. Cette publication est dédiée à la ville de Metz, et pour vous la faire apprécier, je n'ai point, comme le prospectus qui l'annonce, à vous dire ce qu'était notre antique cité; vous la connaissez, vous savez ce qu'elle a été autrefois, ce qu'elle est aujourd'hui. M'occuper du livre que j'ai à étudier et vous faire connaître ce 1 |