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Il y a plus de quatre vingts ans que Yakovkine écrivit une histoire de Tsarskoé Sélo. Ce livre est devenu une curiosité bibliographique, et aucun autre travail depuis cette époque n'avait été spécialement consacré jusqu'à l'ouvrage présent à la description de Tsarskoé Sélo. L'édition de luxe de A. N. Benois a paru dernièrement.

Depuis lakovkine bien des choses ont changé à Tsarskoé Sélo, bien d'autres ont complètement disparu sans même laisser de traces. Ce livre ne peut malheureusement pas combler la lacune, que déplorait déjà il y a cinquante ans le géneral Zakharjevski, ce vieil administrateur de Tsarskoé Sélo, qui rêvait à une description historique et détaillée des Palais de Tsarskoé Sélo, de ses parcs et de la vie, qu'on y menait. Cet ouvrage incomplet ne sera peut-être pas inutile au public; l'auteur aime à croire, qu'il se trouvera des lecteurs, qui le liront sans ennui et s'interesseront à l'étude de l'illustre passé de Tsarskoé Sélo, de cette propriété Impériale, de ce musée artistique,

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qui embrasse une durée de deux cents ans de la période impériale de notre histoire patriotique.

En publiant cet ouvrage, l'auteur ne peut s'empêcher d'offrir l'expression de sa gratitude aux personnes, qui l'ont aidé de leurs conseils, et sans l'aide desquelles cette œuvre modeste n'aurait pas vu le jour.

L'auteur a eu la bonne fortune de se servir des indications des academiciens V. V. Radlow, et K. I. Grot, des MM. A. I. Ivanow, V. V. Schteglow, A. N. Benois, MM. I. A. Nikiforow, V. I. Drury, S. A. Bikow, N. I. Suslow, S. I. Sidortchuk, N. P. Kurbatow et de feu le Prince N. N. Golitzine, et Wlassiev, qui ont pris sur eux le travail compliqué de compulser les archives, de corriger les épreuves et d'en orner les éditions.

Toutes les épreuves photographiques, qui ont servi à cette édition, sont dues à MM. Boissonnas et Eggler, qui nous les ont fournies sans rétribution.

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L'idée est très répandue dans le monde, qu'après avoir ouvert une fenêtre sur l'Europe, Pierre le Grand transporta sa capitale dans ce pauvre pays finnois, pays tout à fait étranger à son peuple. Rien n'est plus érronné que cette opinion, et l'histoire de ce pays qui, de tout temps, a été une terre essentiellement russe, le prouve bien. Pierre connaissait l'histoire de son Empire, en connaissait l'esprit, et se rendait compte, qu'il était de toute nécessité pour lui de continuer la lutte séculaire contre les Suédois, afin d'être maître des bords de la Néva, lutte que tous ses prédécesseurs avaient soutenue avec tant d'acharnement. Pétersbourg et les villes avoisinantes ont été fondées non dans un pays étranger et conquis, mais bien dans une contrée reconquise par son épée, contrée russe de temps immémorial.

Plus de mille ans avant Pierre le Grand, tout le pays, où ce monarque posa les fondements de sa nouvelle capitale, était habité par des Slaves mêlés à des peuplades finnoises, les Vodi et les Ijori. Les chroniques les plus anciennes et les légendes Scandinaves (Saga) parlent de la Néva, du

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Ladoga, de l'Ilmen et de la Louga. Sainte-Olga avait déjà fixé le montant des contributions, que les pays riverains de la Néva auraient à payer, et établit, à cet effet, dans ces régions, des centres administratifs.

Durant bien des siècles, les terres riveraines de l'Ouzervie, de la Louga, de la Narova, de la Néva et de ses affluents, la Slavianka, l'Ijora et la Mii, ont appartenu à des personnages de castes diverses, habitants de Novgorod, à des évêques, à des princes, aux églises et aux couvents. Pendant trois siècles, ce fut Novgorod qui dirigea la lutte opiniâtre contre la Suède et les chevaliers teutons.

Tsarskoé Sélo, qui fut au dix-huitième siècle, l'opulent berceau de la cour Impériale, faisait depuis des siècles partie du territoire de Novgorod, et dépendait de la paroisse de Douderhoff, qui faisait elle-même partie de ce district. Jean III, Grand Duc de Moscou, fit en 1501, des changements fondamentaux dans les règlements administratifs de Novgorod: il annéxa la paroisse de Douderhoff au district d'Orehov et distribua à ses serviteurs moscovites une grande partie des terres et du patrimoine des citoyens de la ville de Novgorod. «Les forces des deux puissances riveraines de la Néva luttèrent durant bien des siècles pour la souveraineté du Nord,» dit l'historien Grot. Ces luttes étaient accompagnées de violences de part et d'autre, et le pays, qui fut le theâtre des rencontres des armées ennemies, eut à soutenir non seulement tout le poids de la guerre, mais encore les charges, que lui imposa le vainqueur.

Durant les premiers temps de l'éxistence historique de Novgorod, les chroniques ne mentionnent pas de collisions avec les Suédois au sujet des terres riveraines de la Néva. Nos historiens, aussi bien que les «Saga» scandinaves, mentionnent au contraire un trafic animé et des relations amicales entre les deux pays. Vers le milieu du douzième siècle, des étrangers construisirent à Novgorod, sur l'emplacement d'un ancien temple brûlé en 1201, l'église appelée «Eglise du Vendredi Saint» et, à cette même époque, existait déjà

à Visbi, île de Gotland, une église orthodoxe. Les chroniqueurs de l'époque mentionnent de fréquentes campagnes de Novgorod contre différentes peuplades finnoises, habitant au Nord et à l'ouest de la paroisse de Douderhoff, désignant toutes ces peuplades sous le nom générique de «Tschoudes». Il est probable, que ces campagnes avaient pour but l'inéxactitude du payement des redevances ou les actes de piraterie, auxquels se livrait la population maritime des Tschoudes, et qui nuisaient au commerce régulier, que Novgorod entretenait avec nos clients de Gothie. Les Suédois, de leur côté, guerroyaient souvent avec leurs voisins les plus proches, les Finnois.

Dans la seconde moitié du 13e siècle, sous l'influence de la propagande catholique, les chevaliers teutons d'une part, les Suédois de l'autre, profitant des calamités de la Russie, se décident à soumettre à leur domination les peuples tributaires de Novgorod et, se fortifiant sur le rivage de la mer, à se rendre maîtres de la Néva, clef du commerce de Novgorod. En 1237, l'année de la prise de Riazan, de Kozelsk et de Tschernigov par les tartares, le Pape Grégoire IX prêche une croisade contre les barbares russes. Les chevaliers de l'ordre Teutonique s'unissent aux chevaliers Porte-Glaive, et la Suède se prépare à la guerre contre Novgorod. Il sembla alors que l'indépendance de Novgorod et de Pskov touchait à sa fin. Cependant, le Grand Duc Alexandre Yaroslavitch remporte une victoire contre les Suédois sur les bords de la Néva, et l'armée des chevaliers est détruite par celle de Pskov. A partir de ce moment, commence la lutte pour la conquête des rives de la Néva et du golfe de Finlande. Novgorod et Pskov comprennent combien la situation est grave, que l'affermissement de la foi catholique sur la principale voie commerciale est synonyme de la destruction de leur indépendances et de la fin de l'orthodoxie. Dès lors, les deux villes souveraines commencèrent contre leurs puissants voisins la lutte politique, qui devait durer plusieurs siècles, défendant de toutes

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