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ciselée, qui pesait plus de 11 Kilos. La construction de l'église à peine terminée, on transporta solennellement l'icone de Pétersbourg. La procession mit trois jours pour arriver à Tsarskoé, l'Impératrice y prenant elle même part et aidant parfois à porter la précieuse relique. L'image fut placée au dessus de la porte principale de l'iconostase, mais depuis le Te-Deum, officié le 5 Juillet 1831, à l'époche du ravage, que le choléra, faisait aux environs, l'icone fut transportée devant l'aile droite. Depuis cette époque on porte en procession l'image autour de la ville de Tsarskoé. La couverture aussi bien que le voile précieux et le tapis furent terminés par les soins de madame Davidov et de plusieurs dames de Tsarskoé, en 1848. Il existe une legende d'après laquelle durant l'incendie du 12 Mai 1820, quand les flammes, après avoir anéanti le grand palais, envahirent le bâtiment du Lycée et gagnèrent l'autre côté avoisinant l'église, l'Empereur Alexandre, voyant l'image miraculeuse de la Vierge quitter en procession l'église, s'écria à haute voix: «Mère de Dieu, sauvez ma maison!» Au même moment, le vent changa de direction, et l'on put se rendre promptement maître de l'incendie. Pendant l'incendie du grand palais, le 16 Juin 1863, l'Empereur Alexandre II donna également l'ordre de sortir de l'église l'image miraculeuse de la Vierge, qu'on promena autour du Palais. Les flammes, qui ne cédaient pas aux efforts des pompiers, s'éteignirent d'elles-mêmes, quand l'image fut portée sur la place du palais, et que l'Empereur se fut incliné devant elle, ainsi que toute la famille Impériale.

La maison à quatre étages, qui se dresse à côte de l'église de la Vierge, porte encore aujourd'hui le nom de Lycée. C'est ici que ce trouvait le Lycée Imperial de Tsarskoé depuis l'année 1811 jusqu'en 1843. Notre plus grand poète national Pouchkine, logea dans ce Lycée et y recut son éducation. Sa chambre était au quatrième étage, prenait vue sur le jardin et portait le No. 14. Pouchkine termina ses études au Lycée parmi les vingt neuf élèves du premier

cours, au nombre desquels se trouvait également le Prince Gortchakov, qui fut, plus tard, chancelier de l'Empire.

Le Lycée fut fondé selon l'idée de l'Empereur Alexandre I pour élever la jeunesse, destinée aux plus importantes fonctions du gouvernement, et composée des meilleurs élèves des familles les plus illustres. Les règlements du Lycée furent promulgués le 11 Janvier 1811, bien qu'ils eussent été sanctionnés par l'Empeureur dès le 12 Août 1810, au moment, où, pour loger cette institution, on affecta l'aile nouvelle à quatre étages du grand palais, en y ajoutant un local spécial pour l'infirmerie, les cuisines et autres locaux domestiques, ainsi que des logements pour le personnel administratif. Le Lycée entra en possession de ces nouveaux bâtiments, munis de tout le mobilier approprié, qu'ils renfermaient.

Le bâtiment donné au Lycée était cependant si vieux, qu'au bout de 9 ans, il exigea une restauration complète. Cette aile, construite en 1791, par l'architecte Guarenghi pour les enfants du Tsésarévitch Paul Pétrovitch, faisait partie intégrante du Grand Palais. La galerie jetée au-dessus de la rue Sadovaïa, fut construite pour que l'Impératrice qui, à la fin de sa vie, évitait les escaliers, put aller facilement voir ses petits enfants. Après la mort de Catherine II, cette construction semble n'avoir pas été habitée. L'Empereur Alexandre, comme le font comprendre les paroles adressées par l'Empereur Nicolas à Bronevsky, directeur du Lycée, en 1842, avait eu l'idée en fondant le Lycée et en le logeant dans le palais même, de donner une éducation universitaire à ses plus jeunes frères. «Je songe à vous transférer á St. Pétersbourg» dit l'Empereur Nicolas, «ma famille grandit tous les jours»; «cependant son établissement ici est dû à son père» ajouta l'Empereur en indiquant le Prince Pierre Georgievitch d'Oldenbourg. «Il a donné l'idee à l'Empereur de nous élever à l'université et de nous donner une éducation publique pour nous y préparer. Le Lycée a été fondé et logé sous notre toit dans ce but. La rupture avec Napoléon l'a empêché de mettre ce plan à exécution.>>

A l'étage inférieur, d'un côté, était l'infirmerie, de l'autre, la chancellerie. L'étage supérieur renfermait les dortoirs; le second, les classes des cours inférieurs et le réfectoire; le troisième, les classes des cours supérieurs et le parloir. La bibliothèque était placée dans l'arc, dont une partie formait les appartements particuliers de l'Empereur Alexandre, alors qu'il était héritier, et l'autre formait la bibliothèque particulière de Catherine II, transférée des chambres d'agathe du grand palais.

La maison de la suite, au coin de la ruelle Pievtchevskaïa et de la Sadovaïa, fut assignée comme logement au directeur du Lycée. Le jardin et le petit bosquet, entourant l'église de la Vierge, furent donnés au Lycée. L'Empereur alloua sur sa cassette, en 1818, dix-huit mille roubles pour l'arrangement du jardin. Les élèves de la première sortie élevèrent, près de la grille de l'église, un piédestal gazonné, soutenant une plaque de marbre, portant l'inscription <<genio loci>>> «<au génie protecteur de ces lieux». Les élèves de la 12 sortie restaurèrent ce petit monument. Ce qui provoqua une explication de l'administration des établissements militaires d'éducation, qui s'enquit de savoir, de quel droit les élèves avaient, sans autorisation, élevé un monument à Pouchkine? Le directeur du Lycée, Bronevsky, calma les autorités, en déclarant, que le monument n'avait rien à voir avec Pouchkine. La plaque resta en place et, au moment du transfert du Lycée à St. Pétersbourg, la plaque y fut transportée et placée dans le jardin du Lycée. «Le jardin du Lycée, proprement dit», relate un des lycéens de Tsarskoe, «était assez vaste et ombragé par de vieux arbres à branches abondamment touffues, nous y avions assez à faire, chaque classe avait son jardin particulier, la classe supérieure en avait plusieurs. Nous plantions dans nos jardinets des arbres, au printemps des fleurs, nous y ogranisions des bosquets, y tracions des sentiers, en un mot, nous y étions les maîtres absolus et nos supérieurs ne se mêlaient en rien de ce que nous y faisions. Sur le devant du jardin, à l'ombre de vieux tilleuls,

se trouvait un pavillon de bois en forme de champignon. Les précepteurs de service nous surveillaient ordinairement de là. Entre ce pavillon et le grand bâtiment à quatre étages, s'étendait une petite place, toujours sablée, qui servait à nos jeux. Nous y faisions des parties de paume, de cheval fondu et de barres.» Le Lycée resta à Tsarskoé jusqu'à la Noël de l'année 1843.

A cette époque, il fut transféré à Pétersbourg et prit le nom de Lycée Impérial Alexandre. En 1829, «la Pension noble>> du Lycée, qui avait été fondée comme école préparatoire pour entrer au Lycée, fut fermée. Elle avait été placée, en 1814, dans le bâtiment qui est occupé actuellement par le quatrième régiment de la famille Impériale à Sophie.

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