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disait au cocher, où il fallait la conduire, et, en riant, Catherine II, appelait cet endroit «son caprice». C'est également, ce que confirme la Comtesse Golovine dans ses mémoires: «L'Impératrice n'annonçait jamais à l'avance son départ de Tsarskoé Sélo, et partait au moment, où l'on s'y attendait le moins. Cela donnait lieu à des malentendus, qui amusaient Sa Majesté.

On vint encore annoncer, que l'Impératrice allait sortir en voiture, ce bruit agita beaucoup tous ceux, qui avaient l'honneur d'accompagner l'Impératrice en ville, dans la voiture de Sa Majesté. Le Comte Stackelberg était particulièrement intéressé par cette nouvelle. Son premier soin fut de donner l'ordre à son valet de chambre d'emballer tous ses effets. L'Impératrice prit place dans une voiture à six places et me fit inviter à y monter avec elle, ainsi que Protassov, Zoubov, le général aide-de-camp Passek et le Comte Stackelberg. L'Impératrice donna l'ordre au cocher de partir. Il commença par nous faire faire une promenade, puis prit la route de la ville. Le Cte Stackelberg fit un signe à Passek pour lui faire voir, qu'il ne s'était pas trompé, qu'il était certain d'avoir prévu le départ; mais, à ce moment, le cocher quitta la grand'route et tourna dans le bois. La route et et les détours déroutèrent complètement le Cte Stackelberg; il ne savait plus à quelle idée s'arrêter. Ma présence aurait dû cependant l'éclairer, car jamais je n'allais en ville dans le carosse de l'Impératrice. Nous rentrâmes tranquillement au palais, où le Comte ne trouva plus son valet de chambre, qui était parti avec tous ses effets pour la ville. Il fallut l'envoyer chercher, ce qui ennuya extrêmement le Comte et amusa infiniment l'Impératrice.>>

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Auprès du «Grand Caprice», à l'entrée du parc Catherine, près du Champ des Roses, on construisit d'après le plan de Monighetti, un châlet suisse, pour y loger le gardien du parc. Cette construction exécutée en 1848, fut probablement placée, où se trouvait autrefois un corps de garde. Derrière

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le caprice, se trouve le village, dit «chinois». Il devait être construit d'après un plan grandiose de l'architecte Cameron, mais ne fut pas mené à bonne fin. Cameron avait voulu construire dix-huit petites maisons dans le style chinois, les entourer de galeries, soutenues par des piliers d'une forme orientale bizarre, et derrière le village, une pagode à huit étages. Au dire de Yakovkine, la construction commença en 1782, mais le projet existait certainement dès l'année 1779, d'autant plus, que le plan du village, du temple rond, de toutes les petites maisons et de la pagode entre dans l'album de 1779. Les galeries, l'entrée du village et la pagode restèrent à l'état de projet. La mort de l'Impératrice Catherine arrêta les travaux. Les façades et les toits des maisons déjà construites ne furent pas achevées, comme le désirait Cameron. Tout au contraire, l'Empereur Paul désira faire démolir toutes les maisons, afin de se servir des matériaux pour la construction du palais Michel à St. Pétersbourg. On ignore la raison qui empêcha de mettre ce projet à exécution. En 1818, huit petites maisons, formant les côtés de la rue du village chinois, furent réunies entre elles en deux groupes de quatre maisons, constituant deux bâtiments allongés, partagés en deux appartements chacun. La cinquième maison de chaque côté de la rue avait été reliée avec les angles et formait ainsi deux nouvelles maisons. Enfin, les dernières maisonnettes, entourant la place au milieu de laquelle s'élevait le temple rond, avaient été également transformées en appartements et dépendances. Dans l'une de ces maisons, sous le règne d'Alexandre I, si je ne me trompe, dans celle où est placée actuellement la pharmacie, logeait, durant l'été de 1825, l'historiographe Karamzine. Le bâtiment du milieu a complètement perdu le style, que lui avait donné Cameron. Il a pris le caractère de toutes les constructions du XIX siècle et, au lieu de maisons chinoises, evidemment d'un genre recherché, on ne voit plus, que de simples maisons blanches, couvertes de toits peints en couleurs variées, et relevés dans les angles.

En face du village chinois, et dans le parc de Catherine, s'élève un pavillon chinois appelé «Skripoutchiy» (le CriCri). Il est bâti au bord d'une pièce d'eau, allant du grand au petit «Caprice». Ce bâtiment de dimensions assez restreintes est agrémenté d'une tour et d'un belvédère. Le belvédère est surmonté d'une girouette qui, au moindre coup de vent, produit un gémissement plaintif.

Actuellement, «le petit Caprice» touche, d'un côté, à la partie réservée du parc Alexandre, et de l'autre, au jardinet privé du grand palais; le jardin est fermé du côté du pavillon Skripoutchiy par une porte sur laquelle on lit: «Entrée interdite au public.>>

De suite après le «petit Caprice» la route s'élargit, formant ce que l'on nomme la place triangulaire. L'un de ses côtés est fermé par un bâtiment en pierre à un étage, et peint en jaune; ce bâtiment est l'aile des cuisines et la demicirconférence du grand palais; il se termine par la porte ajourée, élevée par Rastrelli et dont l'entrée, dite du «Comte Zoubov» se trouve près de la pointe du triangle.

L'autre côté est fermé par la grille du jardin privé, et la troisième, par la grille du parc Alexandre. Dans le jardin privé, à droite, de suite après le «Caprice» on voit la façade de derrière de la salle des «Soirées». Cette salle est un bâtiment à un étage, orné de colonnes et de figures de plâtre grossièrement exécutées. A l'intérieur, du bâtiment, une salle assez vaste, de style classique, avec une grande niche dans le mur du fond et deux cabinets sur les côtés. Le plafond et la frise sont recouverts de peintures du même style que la salle. Ce bâtiment avait été commencé la dernière année du règne de Catherine, et ne fut achevé que quatre ans plus tard. Un peu plus loin, sur la place, se trouve la <<Porte du Monogramme» (Venzelevaria) du jardin privé; elle est argrémentée de monogrammes exécutés, en 1856, à St. Pétersbourg, d'après les dessins de Monighetti. Ce sont les initiales en bronze doré de l'Empereur Alexandre II et de son auguste épouse. Des ornements du même genre

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garnissent les grilles. Sur cette place en triangle, à l'époque de Catherine II, se trouvait une maison de bois; les Grands Ducs y logeaient, en 1797. Cette maison, fut démontée par ordre Impérial, et transportée à Pavlovsk. Le bâtiment à un étage, peint en jaune, donnant d'un côté sur la place triangulaire et de l'autre, sur la grille du Parc Alexandre, sert à la cuisine principale du palais. On n'y fait la cuisine que les jours de grande réception. Ce bâtiment et l'aile, qui lui est symétrique de l'autre côté de la grande porte d'entrée du palais, ont été construits, en 1775, à l'époque, où on détruisit les deux bastions, qui existaient autrefois en cet endroit. Les pièces d'artillerie, qui les garnissaient furent transportées sur les bastions du «parc aux bêtes». Depuis ce moment, ces deux bâtiments prirent le nom «d'ailes des cuisines». Sans parler des grandes cuisines, ces bâtiments renferment de nombreux logements pour les serviteurs du palais, de vastes glacières et des remises pour les mobiliers des Palais; des ateliers de couture et de tapissiers sont annexés à ces remises; on avait eu l'intention, en 1761, de démanteler les bastions, alors qu'on projeta de construire à leur place des ailes pour les cuisines, qui occupaient un trop grand emplacement dans les circonférences et pour y loger toute une compagnie de soldats, qui montaient la garde au palais de Tsarskoé Sélo.

A gauche, derrière la clôture du parc Alexandre, au point de réunion de deux lignes perpendiculaires du canal «Krestovy» s'élève le pont chinois dit «Krestovy», bâti par ordre de Catherine II. Ce pont est composé de quatre demi-arcs reliés entre eux. Un pavillon chinois est construit au point de jonction de ces arcs. Les murs en sont recouverts de briques vernissées, de teinte rosée; les arcs ont à leur partie supérieure des escaliers ouverts à marches de granit. A l'époque, où le parc n'était pas entouré d'une grille de fer, on pouvait passer par ce pont du village chinois ou du jardin particulier au jardin Alexandre et des deux côtés du pont «Krestovy». Ce pont a été construit en 1776.

Le canal <<Krestovy» forme un quadrilatère régulier. Tout l'espace intérieur de ce quadrilatère est également divisé en d'autres quadrilatères composés d'allées, qui vont du pont des «Dragons» au pont chinois (près de la grande porte d'entrée du grand palais), et d'une percée avec deux allées latérales, qui vont du palais Alexandre au grand «Caprice». Dans l'un de ces quadrilatères, le plus rapproché du pont «Krestovy», se trouve «Le Petit Champignon»; dans le second, le théâtre chinois, dans le troisième, le «Parnasse» et la «Faisanderie», et enfin dans le quatrième, «Les Petites Iles».

Dans le nouveau jardin, entre le canal «Krestovy» et la percée, près du pont chinois «Krestovy», sont disposés de superbes parterres de fleurs, qui semblent dissimulés derrière des charmilles, taillées en croix.

En face de la porte principale, sur le canal «Krestovy», se trouve le pont dit «Chinois», construit à la même époque, que le pont des dragons et d'après les dessins du même architecte; deux autres ponts chinois sont jetés sur le canal «Krestovy» et sur les allées, allant le long de la percée au théâtre chinois. Dans le premier de ces quatre quadrilatères du jardin nouveau, à la gauche du pont chinois se trouve une courtine légèrement élevé, plantée d'arbres à feuilles aciculaires. Tout autour, un labyrinthe de petites routes et de places plantées de hauts acacias taillés et qui avaient crû en tous sens. C'est là, ce que l'on nomma «le Champignon»>.

Dans le second quadrilatère, à droite du pont chinois, de petites pièces d'eau agrémentées de petits ponts, de petits sentiers et de promontoires qui se reflètent dans le cristal des eaux, où se mirent de vieux saules. Ce quadrilatère porte le nom «d'îlots-Ostrovki». L'entrée en est interdite au public.

Dans le troisième quadrilatère, à gauche du pont chinois et au-delà de la percée, se trouve le theatre chinois, construit dès l'année 1777. Du temps de Catherine,

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