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temple de Sophie de Tsarskoé, mais bien dans celui de Constantinople. On peut se pénétrer de cette conviction de l'Impératrice en lisant le journal du même Krapovitsky où, à la date à laquelle l'Imperatrice avait donné l'ordre de préparer les transparents, il avait inscrit les paroles de Catherine «<il sera cette année à Constantinople, mais ne me l'annoncez pas brusquement».

Un petit bois de chênes commence à la porte Orlov et occupe en largeur et en longueur tout l'espace compris entre l'étang Vittolovsky et la route allant le long de la grille du parc; ce petit bois est coupé au milieu par une jolie petite prairie, et va jusqu'à la sortie du parc près des «Loges Roses» ou «Loge de Babolovo». Cette loge existe sous son aspect actuel depuis 1848, époque de sa reconstruction et de la fondation de la porte, d'après le projet de Stakenschneider, qui l'avait emporté sur Monighetti et sur Maker au concours établi par l'Empereur Nicolas I entre ces trois architectes.

La porte a été construite à l'usine Berdt. De 1825 a 1847, il y avait, à cet endroit, une porte grandiose avec deux corps de garde et une galerie construite par l'architecte Ménélas. Il est probable qu'elle était placée à angle droit avec celle, qui existe actuellement, et qu'elle avait la façade tournée vers la percée de Babolovo; cette façade comptait vingt et une sagènes de longueur.

Voici la description qu'en fait l'architecte Ménélas.

«Cette construction a été commencée en Mai 1825, et complétement terminée en 1826; la largeur de l'entrée est de 7 archines, 10 verschoks; deux piliers avec des caissons décorés de rosaces, en soutiennent l'arc d'une longueur de 8 archines et demie sur trois archines, 7 verschoks de largeur. Au milieu, se trouve une porte, qui donne dans la galerie. La hauteur du bâtiment est de 18 archines dans la partie médiane, et les côtés ont dix archines. Dans l'attique, se trouvent deux aigles Impériales en fonte. Les génies de jardins sont sur des piédestaux de granit; des emblèmes,

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qui servent d'ornement, sont placés dans des enfoncements au-dessous de la corniche de la porte. Seize colonnes de fonte, d'ordre Ionique avec huit pilastres sur les murs, forment deux galeries, qui ont quinze archines de long et 5 archines de large, y compris les colonnes. Ces colonnes ont 7 archines de haut et treize archines d'épaisseur. Entre les colonnes, se trouvent du côté de la grande route des grilles de 3 archines et demie de hauteur; les verrous de la porte, également en fer, ont 7% archines de hauteur et ont un dessin identique à celui des grilles, qui se trouvent près des colonnes. Les chambres intérieures ont 7 archines et demie de large sur 84 de long et 81⁄2 de hauteur; elles se divisent en deux étages. Dans celui d'en bas se trouve un petit escalier, menant à l'étage supérieur; un poêle suédois chauffe les deux étages; du côté de la grande route se trouve une double porte vitrée, et un perron de granit y donne accès; sur la galerie, une double porte sans vitres et une fenêtre du côté du jardin. Les chambres sont garnies de banquettes, d'une table et de chaises. Les murs extérieurs sont d'un style rustique, le bas des portes, les galeries et le corps de garde sont en granit; le plancher de la galerie est également en granit.»>

L'Empereur Nicolas fit, en 1847, enlever toute la construction, en ne laissant que le corps de garde.

Au-delà de la porte Orlov, des deux côtés de la chaussée de Gatchina, s'alignent depuis 1871, les casernes du second régiment des tirailleurs de la garde. Un peu plus loin, mais toujours le long de la chaussée, se trouve la nouvelle église du régiment, laquelle s'appuie sur la rue des fourrages. Elle a été construite en 1904, aux frais d'un marchand de Moscou, le bourgeois honoraire I. A. Protopopov, d'après un projet de l'architecte Ouspiensky. Tout l'intérieur est décoré dans le style des églises russes du seizième siècle.

Un peu en biais de la porte Orlov, derrière un enclos formant le coin de la rue Volkonsky et de la chaussée de

Gatchina, se voit l'immense bâtisse du lazaret militaire local. Il fût construit en 1837. L'ancienne cour de la poste de Sophie s'est trouvée absorbée dans l'ensemble de l'édifice, et la nouvelle station postale a été transportée dans la ville même. Derrière les casernes du second régiment des tirailleurs, entre le parc et la chaussée de Gatchina, se trouvent les bâtiments de l'école de puériculture, construit en 1904, par l'Impératrice Alexandra Féodorovna, d'après un plan de l'architecte Danini.

L'école des bonnes est destinée à cinquante élèves, et la crèche, qui y est annexée, est destinée à cinquante enfants. On accepte pour élèves des jeunes filles âgées d'au moins seize ans, et dans des cas tout particuliers des jeunes femmes. Les élèves y reçoivent tout leur entretien; on leur fournit l'habillement, le linge, les chaussures et les fournitures de classe. Le prix de la pension annuelle est de 360 roubles; les personnes peu fortunées peuvent payer la moitié. Enfin, pour les personnes nécessiteuses, il y a des places gratuites et des bourses. Le droit aux bourses et à l'admission gratuite est réservé aux filles des militaires blessés à la guerre. La durée du stage est fixée à deux ans ; ce terme peut être reduit pour les personnes suffisamment préparées ou particulièrement capables. Les élèves ayant terminé leurs études reçoivent, suivant leur succès, des témoignages et des certificats. Celles qui quittent avant d'avoir terminé leurs études, ont, comme exception, des certificats désignant la proportion de leurs connaissances. Enfin, celles, qui achèvent leurs études, restent sous la protection de l'école, durant deux années.

On admet à la crèche des enfants en bonne santé, depuis les premiers jours de leur naissance jusqu'à deux ans. Des enfants à la mamelle sont allaités par des nourrices attachées à l'établissement, ou bien au biberon. Dans quelques cas exceptionnels, on admet des nourrissons avec leurs mères comme nourrices. Les enfants restent à la crèche jusqu'à l'âge de sept ans.

Sous la porte Orlov, passe un immense tuyau souterrain, par lequel s'écoule l'eau de la source de Taïtsy, qui alimente le grand lac et toutes les pièces d'eau décrites ci-dessus, les canaux et les ruisseaux, qui parcourent le parc et la ville. Un peu à droite de la porte, de l'autre côté de la grande route qui commence à cet endroit, s'élève la grande tour hydraulique Orlov.

En 1887, sur l'initiative du général-major Yonov, intendant des Tsarskoé Sélo, on posa les bases du nouveau système de conduits d'eau de Tsarskoé. A cet effet, l'on construisit en deux points de la ville des châteaux d'eau, ayant chacun quatorze sagènes de hauteur. Chacune de ces tours est munie d'un réservoir d'une capacité de dix mille seaux. L'eau est amenée dans ces réservoirs par des pompes à vapeur et provient d'un réservoir central, placé à la tour Orlov, et alimenté lui-même directement par le canal de Taïtsy. Trois chaudières à vapeur sont placées dans la tour Orlov, qui comprend en outre deux pompes à vapeur de la force de dix mille seaux à l'heure et une pompe de quinze mille seaux à l'heure, établie en 1896. Depuis 1906, les mécanismes des tours ont perdu à peu près toute leur signification et ne sont conservés qu'en cas d'avarie du nouveau système de canalisation Orlov, qui fournit directement l'eau en dehors des pompes et des réservoirs des tours. Les tours ont été construites par l'architecte Vidov. Le projet des conduites d'eau a été élaboré par l'ingénieur Altoukhov, et l'installation des chaudières et des pompes a été exécutée par l'usine de San-Galli.

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Il est à remarquer que jusqu'à ce moment les habitants de la ville n'avaient à leur disposition que l'eau de puits, alimentés par cette même eau de Taïtsy, qui arrivait en partie à ces puits par des canaux ouverts ou des tuyaux de bois.

Auprès de la tour dans le rayon du parc de Babolovo, qui commence en cet endroit, l'on aperçoit un canal ouvert qui porte l'eau de l'aqueduc de Taïtsy, et en ce même endroit un tuyau de fonte placé sous terre parallèlement à la chaussée

de Gatchina porte l'eau du grand viaduc Orlov, qui fonctionne depuis 1906.

Immédiatement derrière la tour Orlov, en traversant la chaussée, on voit au detà de la grille du vieux parc un grand bâtiment de briques à trois étages. Cet édifice a été construit par l'architecte Danini, dans le style des maisons de la fin du XIX siècle de l'Allemagne du Nord. C'est un asile fondé par l'Impératrice Alexandra Feodorovna et inauguré en présence de Leurs Majestés, au mois de Décembre 1906; ce bâtiment sert d'asile aux militaires blessés.

Le but de cette institution est, dans la pensée de l'Impératrice Alexandra, de donner un asile temporaire à des militaires blessés, qui n'ont pas perdu toute possibilité de travailler, de leur enseigner un métier quelconque, et de leur donner de cette façon le moyen de gagner leur vie en sortant de l'asile. Cette institution est organisée pour cent cinquante hommes assistés, mais l'église, les ateliers, le réfectoire, la cuisine, les bains et les autres institutions, dont on fait usage, sont calculés pour 250 hommes, dans le cas, où l'asile prendrait à ses frais plus d'invalides, qu'il ne le fait actuellement. Dans les ateliers, l'on enseigne aux pensionnaires divers métiers, tels que ceux de tailleur, de chapelier, de menuisier, de tapissier, de vannier et de bottier. Il y a, en outre, une buanderie à vapeur, annexée à l'établissement; les élèves, qui le désirent, sont autorisés à y étudier le maniement de la machine et à apprendre le blanchissage du linge. A la fin de l'apprentissage, les élèves reçoivent l'outillage complet, dont ils ont besoin pour exercer leur métier, et un billet de retour gratuit dans leur foyer. Le bâtiment évalué à 375 000 roubles, y compris l'outillage des ateliers, a été construit aux frais du chapitre des ordres et s'entretient de subsides provenant de la même

source.

Derrière la grille, qui sépare la grande route du parc de Babolovo, sur le terrain affecté à l'asile, s'élève, au milieu de sapins gigantesques, une colonne de dimension

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