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sin anglais de Pétersbourg eut la commande des glaces, des cheminées, du lustre et des tables, le tout en lapis et en bronze, ains que les cadres des deux écrans des cheminées, le milieu de ces écrans représente deux paysages exécutés, en 1787, par Alexis Belsky, dans le genre d'Hubert Robert. Au mur, on voit un grand tableau, commandé au peintre Felice Schiavoni par l'Empereur Alexandre II, lorsqu'il était encore héritier, durant son voyage en Italie; ce tableau représente les derniers moments de Raphaël. L'artiste profita de cette occasion pour représenter les principaux contemporains de ce peintre. Le mobilier date du règne d'Alexandre II

C'est dans la chambre aux arabesques et dans celle dite <de Lyon», que se concentra toute la vie de la Cour dans la seconde moitié du règne de Catherine II. Dans les premières années de ce même règne, l'existence se passait dans la salle des tableaux, dans la chambre d'ambre et dans les salons à pilastres, la salle chinoise seule séparant la chambre de Lyon des appartements privés de la Souveraine. C'est dans la chambre dite de Lyon, que les personnes, qui avaient des rapports à faire à l'Impératrice attendaient leurs audiences. C'est également dans ce salon, que l'Impératrice jouait aux cartes, bien qu'il semble, que des deux salons, elle préférât la chambre des arabesques, où se donnait parfois des concerts. Les Grandes Duchesses, dont les noces ont lieu à Tsarskoé Sélo, s'habillent pour leur mariage dans le salon dit de Lyon, devant la toilette d'or de l'Impératrice Anna Ivanovna.

La porte du salon de Lyon s'ouvre sur la salle chinoise. Quatre portes-fenêtres donnent sur le jardin particulier, deux autres fenêtres sur la place. La salle est à double jour, les murs sont recouverts de panneaux de laque, rapportés de Chine au XVIII siècle, et entourés de cadres de bois d'ébène, le long desquels sont appliqués des émaux doisonnés; du plafond, décoré dans un style chinois, descendent quatre lustres chinois en porcelaine et bronze fabriqués en Europe,

mais par des ouvriers chinois; six candélabres gigantesques sont placés le long du mur. Dans les coins, deux immenses pagodes de la fabrique Impériale; sur les tables, sur les étagères, le long des murs et dans le milieu de la pièce, une fort riche collection de vases, de boîtes, de pagodes et de maints objets de porcelaine, d'émail, et de laque. Des tableaux en émail cloisonné du XVII siècle, précieux surtout par leur rareté, des plats et des vases du XVII siècle, des cornets de laque rouge recouverts d'images, d'un travail merveilleux et ayant atteint le dernier degré de perfection. L'écran, devant la cheminée, en émail orné de nacre est un spécimen unique en son genre d'un travail chinois du XVI siècle. Au milieu de la chambre, s'élève un vase en laque rouge du XVI siècle d'une rareté exceptionelle, et fabriqué en Chine au XVII siècle. Ce vase est un cadeau de l'Empereur de Chine à l'Empereur de Russie, en 1909. Deux coffrets octogones ont été offerts par le prince régent. Parmi les objets de moindre dimension, il faut citer le «Lao-Dsi» sur un élan, sculpté dans la racine d'un bambou centenaire. Sur la cheminée, une pendule et des candélabres de style chinois de fabrication européenne. Près de la porte, menant à la chambre de Lyon, une commode d'acajou ornée de sculpture artistique en ivoire, travail d'Archangel. Le moblier date en partie du règne d'Alexander II et imite le style Chinois; quelques pièces du mobilier datent du XVIII siècle, imitent également le style Chinois et datent, probablement, de l'ancienne salle chinoise.

A la place de ce salon et jusqu'à la transformation du palais par Catherine II, se trouvait, comme il a été dit plus haut, l'entrée principale et l'escalier d'honneur du palais. Au-dessus du perron, donnant sur une pelouse, existait au commencement du règne de l'Impératrice, un balcon couvert, où Sa Majesté avait l'habitude de souper avec toute Sa Cour durant les chaudes soirées de l'été, au retour des promenades dans le parc; on y dansa même quelquefois. Une petite porte mène de la salle chinoise aux appartements particu

liers de Catherine; ces appartements commencent par «<le cabinet d'argent».

C'est une petite pièce dont l'unique fenêtre donne sur le jardin privé; les murs et le plafond sont peints dans le goût de la Renaissance Italienne; d'étroits panneaux de glace, ainsi que la fenêtre et la porte, sont encadrés d'argent; tout le mobilier, à part deux petites tables courbées, n'est pas de l'époque de Catherine II, mais bien du règne de l'Empereur Alexandre II; près de la fenêtre, dans deux niches, garnies de glaces, deux vases de cristal simulent deux autels.

L'Impératrice Catherine écoutait les rapports dans ce cabinet, assise devant l'une des deux petites tables, dont il a été question plus haut, et ayant son interlocuteur placé bien en face d'elle à l'autre table. Cette pièce, ainsi que celle, qui lui fait suite, se nommait dans le langage de la Cour «en haut». Dans les souvenirs de son secrétaire, on rencontre souvent l'expression «ètre appelé en haut», «ètre conduit en haut». C'est entre ces murs, que fut décidé un jour le sort de la Pologne. La Comtesse Golovine fut témoin du charme, qu'exerçait l'Impératrice même sur les personnes qui lui étaient hostiles. «Un jour, une députation Polonaise fut admise à Tsarskoé. Le ton sarcastique et malveillant de ces envoyés de la Pologne amusait les courtisans. L'Impératrice sortit de son cabinet de travail, et aussitôt son air de grandeur et son sourire bienveillant en imposèrent à ces envoyés, qui la saluèrent respectueusement. Elle fit deux pas, on lui présenta ces messieurs, qui, chacun à tour de rôle, mit un genou en terre pour lui baiser la main. La soumission était peinte sur leurs traits; à ce moment l'Impératrice leur adressa la parole; leurs visages rayonnèrent, un quart d'heure après, elle s'éloigna, faisant un léger signe de tête, qui forçait involontairement à s'incliner. Les Polonais perdirent complètement leur sang-froid; ils partirent en courant et criant: «ce n'est pas une femme, c'est une sirène, une fée, à laquelle il est impossible de résister.»>

On peut se figurer, ce que devaient éprouver les fonctionnaires qui venaient lire leurs rapports, penchés sur la petite table en face de l'Impératrice dans le cabinet d'argent.

A côté du cabinet se trouvait «la chambre à coucher>>. Elle a deux fenêtres, donnant sur le jardin privé. Les murs et le plafond sont recouverts de plaques de verre et de porcelaine, d'une teinte laiteuse, reliées par des ornements de bronze doré de style Louis XVI, encadrant des médaillons de porcelaine Wedgewood. Les portes sont ornées de la même façon. Une alcôve, où se trouvait le lit, occupe le fond de la pièce. Entre les fenêtres, une glace de toute la hauteur de la pièce: des dessus de porte de verre ornés de bronze: aux murs, des glaces entre des colonnes de verre lilas foncé avec des chapiteaux et des bases en bronze doré. L'alcôve est séparée de la chambre par une glace d'une grande largeur, également entourée de colonnes comme celles du reste de la chambre: cette glace est encadrée de bronze doré avec des médaillons pareils à ceux du reste de la pièce. Aux murs quatre lanternes de l'époque de Catherine II; dans l'alcôve se trouve le fauteuil roulant de l'Impératrice. Dans deux niches, devant l'alcôve, deux vases de porcelaine chinoise du XV siècle de la plus grande rareté. Dans une des armoires se trouve un service à thé en émail chinois d'une finesse de travail extraordinaire. Le mobilier date de l'Empereur Alexandre II, et est tendu de damas blanc.

A la suite de la chambre à coucher, un boudoir à une fenêtre, appelé «le cabinet bleu» donne également sur le jardin privé.

C'est la seule pièce, qui ait conservé son mobilier de l'époque de l'Impératrice Catherine. Les murs, le plafond et les fenêtres sont recouverts de plaques de verre de couleur laiteuse avec raccords de verre bleu ornés de bronze doré.

Au milieu des murs, des motifs de bronze doré sur fond de verre bleu: aux portes, des colonnes de verre bleu,

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