DE ROTHELIN. PAR L'AUTEUR D'ADÈLE DE SÉNANGE. TOME SECOND. A LONDRES, De l'Imprimerie de P. Da Ponte, 15, Poland-street, Oxford-street Pour B. DULAU, & Co. Soho Square; et L. DECONCHY, New Bond Street. DE ROTHELIN. CHAPITRE PREMIER. MON père vient d'arriver. Lorsque son courrier l'a annoncé, mon cœur a battu de joie. J'en demande pardon à l'amour; mais dans ce premier instant j'ai tout oublié il n'y avait pour moi que mon père. C'est moi qui ai ouvert la portière de sa voiture; je l'ai reçu dans mes bras. Je ne pouvois parler, lui exprimer com VOL. II. A bien j'étois aise de le revoir. Dans l'excès de ma satisfaction, toutes mes inquiétudes étoient dissipées. Il étoit content; nous avons été heureux aussi long-temps que, nous livrant à nos impressions, nous n'avons pu dire une seule phrase suivie: mais après avoir épuisé tous les détails sur son voyage, sur sa santé, sur la mienne, sur le succès de sa négociation, que d'anxiétés lorsqu'il m'a demandé ce que j'avois fait pendant son absence? -"Mon père, demain nous parlerons "d'objets indifférents; aujourd'hui lais"sez-moi ne m'occuper que de vous." "Si ce sont réellement des objets in"différents, je veux bien attendre jus"qu'à demain pour connoître vos liaisons, vos goûts; mais....." Je me suis empressé de l'interrompre.-"Mon 1 "père, grace pour ce seul jour! Laissez"moi dans ce moment vous revoir, vous chérir, vous regarder sans mélange de peine."-"Mon fils, m'a"t-il dit tristement, ce n'est pas moi qui vous ai appris à tant espérer du len"demain. Il me semble que madame "d'Estouteville a fait de vous un grand politique: elle s'y entendoit autre"fois."-"Mon père, il y a deux "choses dont je vous prie d'être con"vaincu: c'est que jamais je n'accor"derai à personne le droit de me "dire un mot que vous ne puissiez en"tendre; et que jamais madame d'Es"touteville ne s'en est permis un seul que je ne puisse vous répéter." 66 Il a pris mon bras, l'a serré fortement, en me disant:"Rappelezvous, mon fils, que je la connoissois |