ROMULU S ni Il eft eftonnant ville ville du monde la que la plus illuftre la Reine de l'uni vers ait une origine le fi obfcure, qu'on Es Hiftoriens ne s'accordent, ni fur le fujet qui fit donner à la de Rome ce grand nom, dont gloire eft refpandue dans tout monde, ni fur celuy qui le donna. Les Hiftoriens ne s'accordent vient premierement de ce que ni. ] Voilà quel eft le fort fes premiers habitants furent un d'une Ville, qui a cfté appelléc, affemblage de brigands, d'efclanon-feulement Reine de l'univers, ves fugitifs, & de miferables mais Déeffe; Son origine eft bannis, tous de different pays fi incertaine, qu'on ne fçau- & de different langage, qui fonroit accorder les Auteurs qui geoient bien moins à efcrire des en ont parlé. Cette obfcurité hiftoires & des annales, qu'à n'en fait rien de certain. Pelafges peuples vagabonds origi fie Force. Les uns difent, que les Pelafges, aprés avoir naires d'Arcadis couru la plus grande partie de la terre, & fubjugué beaucoup de Nations, s'arrefterent en Car Rome figni- cet endroit, & que pour marquer leur puiffance & la force de leurs armes, ils appellerent Rome la ville qu'ils y bastirent. Les autres racontent que le jour de la prife de Troye quelques Troyens, s'eftant embarquez fur des vaiffeaux, qu'ils trouverent heureusement dans le port, & piller leurs voifins. En fecond & en Afie. l'origine de Rome & de Romulus. Il fuffit de remarquer que tous les plus grands Eftats ont prefque eu le mefme fort; leur origine eft devenue avec le temps plus fabuleue, qu'hiftorique, les hommes estant naturellement portez à adjouter à la verité pour la rendre plus mer l'ancienne Hetru tagée en douze voit douze Rois, cumons. ayant efté jettez par les vents fur les coftes de la Toscane, descendirent prés de la riviere du LaToscane comTibre; que parmi leurs femmes, qui eftoient prenoit alors toute toutes trés fatiguées, & qui ne pouvoient plus rie, qui cftoit parfupporter le travail de la mer, il y en eut une peuples qui anommée Rome, qui cftant au deffus des autres qu'on appelloit Lupar fon bon fens comme par fa grande naiffance, confeilla à fes compagnes de brufler leurs vaisfeaux, & que cela fut executé. Leurs maris en furent d'abord dans une trés grande colere; mais la neceffité les ayant forcez de s'establir prés du mont Palatin, comme ils virent bien-toft que leurs àffaires alloient mieux qu'ils n'avoient efperé, la terre,qu'ils occupoient,eftant très bonne, & les habitants du pays honneftes & gracieux, les Aborigenes preentre autres honneurs qu'ils firent à cette Dame, miers habitants du ils nommerent leur ville de fon nom, en memoire de ce qu'elle eftoit caufe qu'on l'avoit bastie; & de-là vient, dit-on, la couftume des veilleufe, & par confequent plus agreable. La terre, qu'ils occupoient, eftant trés-bonne. ] Denys d'Halicarnaffe dit formellement, que l'Italie eft le meilleur pays qu'il y ait, non-feulement en Europe, mais dans tout le monde, ce qu'il prouve enfuite, en faifant voir qu'il produit plus que tout autre tout ce qui eft neceffaire pour la fanté, pour le plaifir & pour la richeffe. Et les habitants du pays honneftes & gracieux. ] Ils avoient Prés du Palatium; c'eftoit une efpere de fort fur le mont Palatin, il avoit efté bafti par pays. Cette couftume eft plus ancienne efté trés-feroces & trés-cruels, que Romulus. car ils immoloient des hommes Ils nommerent leur ville de for Et de-là vient, dit on, la cr femmes Romaines, qui baisent encore aujour d'huy leurs parents & leurs maris en les faluant, parce que ces Troyennes, aprés avoir bruslé leurs vaiffeaux, avoient baifé de mefme & caressé leurs maris pour les appaiser & pour regagner leurs bonnes graces. Il y en a qui difent que Rome fut fille d'Italus & de Leucaria, ou de Telephus, fils d'Hercule, qu'elle fut mariée à Enée, ou à son fils Afcanius, & qu'elle donna fon nom à la Ville. D'autres pretendent qu'elle fut bastie par un fils d'Ulysse & de Circé, appellé Romanus. On en trouve auffi qui efcrivent qu'elle doit fon origine à un certain Romus, fils d'Emathion, qui fut envoyé dans ce pays-là par Diomede. Selon d'autres, elle fut bastie par un Romus Roy de Romus, Roy des Latins, lequel chaffa les Tyrrheniens, qui avoient paffé de Theffalie en Lydie, & de Lydie, eftoient venus s'habituer en Italie. Bien davantage, ceux qui fouftiennent tume des femmes Romaines, qui baifent encore aujourd'huy leurs parents & leurs amis. ] Comme fi cette couftume ne pouvoit pas venir d'ailleurs. Le baifer a efté dans toutes les nations une marque de refpect, ou de bienveillance, & l'on en voit la couftume eftablie dés les premiers Latins, temps. Parun fils d'Ulyffe & de Circé appellé Romanus.] Il faut lire, appellé Romus car c'eft ainfi que l'avoit efcrit l'Hiftorien Xe nagoras. Thucyd. 1. Un certain Romus, fils d'Emathion. ] Dionyfius de Chalcide, qui avoit fait cinq livres des origines des villes, efcrit que ce Romus eftoit felon les uns fils d'Afcanius, & felon les autres fils d'Emathion. १ Lequel chaffa les Tyrrheniens qui avoient paffé de Theffalie en Lydi:, & de Lydie estoient venus s'habituer en Italie ] Les Auteurs de cette Tradition font icy ces Tyrrheniens les mefmes peu Les Anciens ne font pas d'accord mulus. avec le plus de raison & de verité que ce fut Romulus qui baftit Rome, ne font pas d'accord fur l'origine de ce fondateur; car les unsur origine de Rodifent qu'il eftoit fils d'Enée & de Dexithée, fille de Phorbas; qu'il fut porté encore enfant en Italie avec fon frere Remus; que le Tibre s'eftant debordé, tous les batteaux perirent, excepté celuy où eftoient ces deux enfants, lequel. ayant efté pouffé fur un endroit de la rive un peu elevé & à couvert des ondes, fut fauvé miraculeufement, & que de-là, ce lieu fut appellé Rome. Les autres efcrivent que Rome, fille de cette mefme Dexithée, ayant esté mariée avec Latinus, fils de Telemaque, en eur Romulus; & il y en a qui souftiennent, qu'Emylie, fille d'Enée & de Lavinie, le conceut fecretement du Dieu Mars. buleuse de Tar Enfin on conte fur cela une hiftoire trés-fa- Hiftoire trés fabuleufe; On dit qu'il y avoit anciennement un chetins Roy des AlRoy des Albains, nommé Tarchetius, homme bains. langage, la religion & les mœurs ples que les Pelafges, dont il a |