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1. 3. des Saturnales, & dans TiteLive Liv. I.

PAG. 318. On du relafche des maux & malheurs, qui s'appelle Anafchefis.] Le Grec dit in me i davão diagnus. Amiot traduit, & pour Le finiffement des maux & malheurs. Toutesfois le mot adgens lignifie proprement ou le lieu d'une planette ou d'une eftoile, ou bien tollerance & fouffrance; mais j'ay creu que Plutarque l'a pris icy pour le mot avo, qui fignifie relafche ou intermiffion, comme on peut recueillir de ce qu'il dit que Caftor & Pollux furent appellez Anaces pour la mefme caufe; & en la vie de Thefée, il tire ce mot, Anaces, de cet autre are. Au refte je m'eftonne comme Plutarque s'eft voulu amufer aux trois ou quatre dernieres étymologies qu'il rapporte, tant elles font impertinentes & frivoles.

PAG. 319. Ou pour l'affection qu'il portoit aux chofes divines, s'entretenant avec eux, &c.] Le Grec dit, wei's čuvoia Tivi ofs Deiwr wea's du 185 goxálov, ou ces mots es durs le rapportent, iepes qui eft immediatement devant; fi bien que le fens de ces le fens de ces paroles, eft celuy que j'ay exprimé par ma Traduction, dont Amiot s'efloigne un peu trop quand il traduit, ou à estudier avec eux à la contemplation des chofes Divines.

PAG. 320. De ne brouiller point le feu avec l'efpée. ] Le Grec dit, mayaisa so uronaxlugv, & Amiot traduit, de ne fendre point le feu

avec l'espée. Voyez ce que j'ay remarqué de cecy, fur le Traité de la nourriture & inftitution des Enfans.

PAG. 421. Or il femble que les deux premieres Ordonnances enfeignent le foing qu'il faut avoir de defricher & cultiver la terre. ] C'eft le vray fens de ces paroles Grecques, sy owτa No, This jus Jennipoort tong si sámnev, Amiot traduit extravagamment, or quant aux deux premieres Ordonnances, il femble que par icelles il ait voulu recommander la clemence & la douceur. Certes Pline 1. 14. c. 12. favorise ma tradution, quand il dit parlant d'une de ces Loix de Numa: Eadem Lege ex imputata vite libari Vino Duis nefas ftatuit, ratione excogitata, ut putare cogerentur. Par la mefme Loy Numa declara qu'il n'eft pas licite de faire des libations aux Dieux du Vin tiré

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d'une vign: non taillée ayant fagement trouvé ce moyen de contraindre les Laboureurs à tailler les vignes. A A propos de cette Ordonnance de Numa, Servius fur la 1. Eglogue de Virgile efcrit, que ceux qui facrifioient avec du Vin tiré d'une vigne non taillée, venoient à eftre faifis de Fureur.

Mais quant à ce tour qu'il veut que faffent ceux qui adorent les Dieux. Plutarque fait mention de cette couftume des Romains en la vie de Marcellus, où l'on diroit fuivant la traduЄtion d'Amiot, que les Romains le tournoient à main gauche en

qu'il

adorant les Dieux, attendu dit que Marcellus fit faire un tour à fon cheval tournant la bride à main gauche : mais au texte Grec il n'eft point parlé de la main gauche, & j'eftime qu'Amiot fetrompe, & que les Romains fe tournoient à main droite en adorant; car outre que Plutarque mesme le dit clairement en la vie de Camillus Sect. 4. on peut encore le conjecturer par ces paroles de Pline 1. 28. c. 2. In adorando dexteram ad ofculum referimus,totumque corpus circum agimus, quod in lavam feciffe Gallia religiofius credunt. Nous nous baifons la main droite en adorant, & faifons un tour de tout le corps: mais les Gaulois croyent faire plus devotement, en Se tournant a main gauche. Car difant que les Gaulois fe tournoient à main gauche, il donne à entendre que les Romains au contraire fetournoient à main droite. Il eft vray qu'en ce qu'il dit des Gaulois, il n'eft pas d'accord avec Athenée, qui parlant des Celtes, qui font Gaulois, dit ainli, 1. 4. c. 13. καὶ τὸν Θεὸς προσκυνέσιν ἐπὶ τὰ δεξιὰ τρεφόμενοι,

ils a lorent les Dieux je tournant à main droite. Quant à la couftume des Romains, Plaute ne nous permet pas d'en douter,

difant en fon Curculion : Ph. Que me vertam nefcio. Pa. Si Deos falutas, dextroverfum cenfeo. Ph. Je ne fçay de quel cofté me

tourner,

Pa.Si tu faluë les Dieux, je

croy que tu dois te tourner à main droite. PAG. 323. On raconte qu'un jour ayant convié à fouper un bon nombre de Citoyens. ] Cette hiftoire eft rapportée par Denys d'Halicarnaffe 1. 2. avec quelque di verfité.

PAG. 322, Ce que les Egyptiens figurent par ces rouës. ] Cette couftume eft rapportée par Clement Alexandrin liv. 3. de fes Stromates Stromates, où il dit que les Egyptiens traifnoient & faifoient tourner des roues dans leurs Temples & à ceux qui venoient pour prier les Dieux,ils leur donnoient des rameaux avec leurs feuilles, le tout pour fignifier l'inftabilité des chofes humaines, comme il prouve par des vers d'Orphée qu'il allegue.

PAG. 326. Jupiter continua à dire, d'humains. ] Tout ce paffage eft auffi dans le Grec, y δὲ Θεὸν ὀργιζόμοι των Νομα προςάτ rev, as 25m guéod ř zadagmön κεφαλας, ὑπολαβόντος ἢ το Νεμα, κρομμύων, εἰπεῖν,ανθώπων. τὸν δ ̓ αὖθις έκτρέποντα τὸ τὰ προτίγματος δεινὸν ἐπέρες, θριξίν αποκριναμ 5 2 Διός, ἐμψύχες, ἐπαγαγεῖν * Νεκαν,

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via. Et il eft fort difficile de bien traduire ces paroles en noftre Langue, parce que nous ne fouffrons point les tranfpofitions, qui font famillieres aux Grecs & aux Latins: car ce que Plutarque dit fort bien en Grec, ανθρώπων παιξὶν, fi on le traduit mot à mot, d'hommes de cheveux, ne vaut rien du tout, car il faut dire, de cheveux d'hommes, &

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neanmoins on ne peut ainfi traduire en ce lieu, parce qu'il faut que la replique de Numa fuive la propofition de Jupiter non pas au contraire qu'elle la precede; c'eft pourquoy au lieu de apa, j'ay mis, humains, qui fe rapporte affez bien, tant à ce que Jupiter dit, qu'à ce que Numa replique. Ainfi tout le commandement de Jupiter prononcé de fuite fans interruption, fera, il faut faire l'expiation avec des testes d'humains vivantes. Et les repliques de Numa fur chaque mot, feront un fens paffablement bon, à fçavoir, des testes d'oignons, d'humains cheveux, de vivantes fardelles. Amiot n'ayant pas pris garde à cela, traduit fort mal, mais je remets au lecteur la cenfure de fa traduction. Aurefte toute cette hiftoire eft rapportée fort au long par Arnobe 1. 5. & par Ovide 1. 3. des Faftes.

Qui eft la caufe que le lieu en fut appellé Ilicium.] Plutarque deduit ce mot Ilicium du Grec Ileos, qui fignifie propice: mais les Autheurs Latins ne s'y accordent pas, & mefme ne difent pas Jupiter Ilicius, mais Elicius, tirant ce mot du verbe Latin elicere, qui fignifie attirer, parce que Numa attira Jupiter du Ciel, comme on peut voir dans Varron. 1. 5. de la langue Latine, dans Tite-Live 1. 1. & dans Ovide au 3. des Faftes.

PAG. 327. Qui premier érigea un Temple à la foy.] Ceci eft confirmé par Denys d'Halicarnaffe

1. 2. & par Tite-Live 1. 1. qui ad joufte, qu'on facrifioit à la foy avec la main droite enveloppée d'un drap, pour tesmoigner qu'il faut garder foigneufement la foy, & que fon fiege est en la main droite. Servius fur le 1. & fur le 8. de l'Eneïde, adjoufte que ce drap, dont la main du Preftre eftoit enveloppée, devoit eftre blanc.

Auquel ils facrifient maintenant en public & en particulier des beftes vives. ] Il femble que Plutarque fe contrarie, attendu qu'en la queftion 15. des chofes Romaines, il dit qu'on ne facrifioit jamais des beftes au Dieu Terminus, & Denys d'Halicarnaffe 1. 2. affeure que de fon temps on ne faifoit point de facrifices fanglans à ce Dieu; mais on lui offroit feulement des gafteaux & les premices des fruits. Toutefois Ovide au 2. des Fastes, aprés avoir dit qu'on offroit ordinairement au Dieu Terminus du bled, du miel & du vin, adjouste qu'on lui facrifioit quelquefois un agneau, & quelquefois une truye pleine. Aufli Horace Ode 2. de fes Epodes, dit:

Vel agna feftis cafa Terminalibus.

PAG. 330. La reformation de la loy qui donnoit aux peres le pouvoir de vendre leurs enfants.] Cette Ordonnance de Numa est aussi rapportée par Denys d'Halicarnaffe l. 2.

PAG. 332. Et les Romains appelloient ce mois Intercalaire Mercedinus. ] C'eft chofe eftrange,

qu'entre

qu'entre tous les Autheurs anciens il n'y a que Plutarque feul qui nous ait donné le nom de ce mois intercalaire, encore ne l'efcrit-il pas tousjours d'une mefme façon, car en ce lieu-cy il y a au Grec Mepiros, Mercidinus, & en la vie de Jules Cefar il y a, MkSonos, Mercedonius. Il eft vray que dans le vieux Calendrier Romain on trouve marquez certains jours fous le titre de Mercedini, & il femble que c'eft de ces c'eft de ces mefmes jours dont parle Feftus, quand il dit, Mercedonios dixerant à mercede folvendâ. Les jours Mercedoniens ont efté appellez du falaire que l'on payoit. Où l'on voit clairement qu'il tire l'origine de ce mot de merces qui fignifie falaire; & Scaliger au 2. livre de la correction des temps, eftime que ces jours furent ainfi nommez, parce qu'alors les Eftrangers qui habitoient à Rome, payoient le louage de leurs maifons; mais cela n'eft qu'une con jecture qui n'eft appuyée d'aucune authorité. Que s'il m'eftoit permis de conjecturer ainfi de leger, je pourrois dire que le nom du mois Mercedonius eft aufli tiré du mot Latin merces, parce que les Gabeliers & Fermiers des rentes publiques, qu'on appelloit en un mot Publicains, payoient un certain falaire aux Preftres & aux Pontifes, qui avoient le pouvoir de faire l'intercalation au temps qui leur plaifoit, afin qu'ils la fiffent à leur commodité, alongeant ou racourciffant l'année par le moyen de ce mois Intercalaire, dont j'ay pour garant Macrobe l.1.c.16. des Saturnales,

Tome I.

qui fait mention expreffe de cette corruption des Pontifes par les Publicains touchant l'Intercalation. Au refte nous apprenons du mefme Macrobe ch. 14. que les Romains ordinairement adjouftoient ce mois intercalaire fur la fin de Fevrier de deux en deux ans, le faifant une fois de 22. jours & l'autre fois de 23. alternativement, pour les caufes qu'il allegue, que les plus curieux pourront voir. Quant à ce que Plutarque adjoufte tant en ce lieu-cy, qu'en la vie de Cefar, que Numa fut le premier inventeur de l'intercalation, Macrobe ch. 16. rapporte plufieurs differentes opinions fur ce fujet : car il dit que Licinius Macer en attribuoit l'origine à Romulus : Valerius Antias la rapportoit à Numa: Junius en faifoit Autheur Servius Tullus: Tuditanus difoit que ce fut de l'invention des Decemvirs, crecz pour eftablir les loix. Flavius affeuroit que cette coustume ne fut introduite que 562. ans aprés la fondation de Rome, au commencement de la guerre contre les Ætoliens.

Car le mois de Mars,qui auparavant eftoit le premier. 1 Plutarque prouve cecy derechef en la queftion 19. des chofes Romaines, & Macrobe en dit autant l. 1. c. 7. & Ovide aufli au 3. des Faftes. Au refte tous deux font d'accord que de l'inftitution de Romulus, l'année n'avoit que dix mois, & que ce fut Numa qui adjousta Janvier & Fevrier. Mais on voit bien que Plutarque doute de ce point, à fçavoir fi Numa adjoufta tout-à-fait ces deux mois à Bbbb

l'année, ou s'il ne fit que changer l'ordre, mettant Janvier le premier, & Fevrier le fecond, au lieu qu'auparavant ils n'eftoient que l'onziéme & le douzième. Certes Scaliger 1. 2. & 5. de la correction des temps tient pour chofe indubitable, que les Romains firent tousjours leur année de douze mois: mais le docte Fe au fur la fin du livre 2. de la doctrine des temps, monftre fort bien qu'il y a lieu de douter, & que plufieurs grands & anciens Autheurs ont efté d'opinion con

traire.

bien le docte Petau 1. 3. Au refte l. ce que dit Macrobe que les Arcadiens faifoient leur année de trois mois, eft authorifé par Pline liv. 7. c. 48. Solin c. 3. Cenforin c. 19. S. Auguftin l. 15. c. 12. de la Cité de Dieu, fi bien qu'il faut croire ou que Plutarque s'ef mefcompté, ou qu'il y a faute a nombre. Mais ce que Plutarque rapporte des Acarnaniens, qui faifoient leur année de fix mois, eft confirmé par Cenforin, Solin, Macrobe & S. Augustin aux lieux alleguez.

PAG. 335. Le fecond eftoit Avril, PAG. 333 Comme quelques Bar-c.] Ovide au 4. des Fastes, & bares n'y en mettent que trois.] Macrobe l. 1. c. 7. rapportent les Macrobe 1. 1. ch. 7. ne s'accor- deux étymologies du nom de ce de pas entierement avec Plutar- mois, que Plutarque touche: que. Car il dit que les Arcadiens mais Macrobe prouve par l'aufaifoient l'année de trois mois, thorité de Cincius, qu'ancienneles Acarnaniens de fix, le refte ment en ce mois il ne fe faifoit des Grecs de 354. jours. Quant aucun facrifice ni aucune Feste à aux Egyptiens, il affeure qu'ils l'honneur de Venus: vray eft que computerent tousjours leur année depuis, comme difoit Verrius fort juftement, la mefurant au Flaccus, on ordonna que les Macours du Soleil, & au chap. 16. trones facrifieroient à Venus en il rapporte que les Egyptiens ce mois-cy. mettoient douze mois en l'année chacun de 30. jours, & qu'entre les mois d'Aouft & de Septembre ils adjoustoient cinq jours, & encore de quatre en quatre ans ils adjoustoient un jour davantage, parce que le Soleil fait fon cours en 365. jours & fix heures. Mais il fe trompe touchant ce dernier point; car les Egyptiens n'adjoustoient point un jour de quatre en quatre ans, qui eftoit la caufe que leurs mois & toutes leurs Feftes alloient reculant peu à peu, & paffoient d'une faifon en une autre, comme prouve fort

PAG. 336. Le mois fuivant s'ap➡ pelle May. ] Plutarque derechef queft. 86. des chofes Romaines, Övide au 5. des Fastes, & Macrobe au lieu allegué, avec Festus, difent auffi que ce mois prit fon nom de Maia mere de Mercure, ou des Majeurs : mais Ovide apporte une troifiéme derivation, tirant ce mot de Majeftas, qui fignifie la Deeffe Majesté. Macrobe adjoufte encore que fuivant l'opinion de quelquesuns, les Romains empruntoient ce mois des Tufculains, qui l'appelloient ainsi, à cause d'un Dien

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