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Nones de Juillet, & Amiot traduit, le feptieme jour de Juillet, car il eft impoffible que le mefme jour fuft le cinquieme & le feptieme de Juillet. Pour moy,j'eftime que ce paffage de Plutarque eft tronqué & corrompu, & qu'il faut lire, ἑβδόμη ϋ πέμπτε ἱςαμώς luis, le feptieme jour du cinquieme mois, parce qu'il n'y a point d'apparence que Plutarque n'ait point voulu fpecifier le mois, ni qu'il ait ignoré que les Nones de Juillet eftoient le feptieme jour non le cinquieme. Partant le mot de cinquiemefe rapporte au mois, parce que Juillet anciennement eftoit le cinquieme mois, dont il s'appelloit Quintilis, comme noftre Autheur dit au lieu allegué de la vie de Romulus, & dira encore cy-aprés en cette vie de Numa. Quant aux Nones Capratines, ou Caprotines, j'en ai difcouru fuffifament fur la vie de Romulus.

PAG. 281. Les Senateurs qui eftoient cent cinquante en nombre.] Cecy n'eft pas fans difficulté, à caufe qu'en la vie de Romulus Plutarque dit, que la paix eftant faite entre les Romains & les Sabins, on adjousta cent Senateurs Sabins aux cent Romains que Romulus avoit eftablis auparavant, d'où s'enfuit que le nombre des Senateurs arrivoit à 200. & que Plutarque fe contrarie. On peut refpondre que les anciens Autheurs eftant de differentes opinions, touchant cccy, Plutarque a fuivi tantoft les uns, tantoft les autres.

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Car au rapport deDenys d'Hlicarnaffe 1. 2. la plupart tenoient qu'on adjoufta cent Senateurs Sabins, au nombre des premiers Senateurs, comme Plutarque dit en la vie de Romulus : mais quelques autres Autheurs tenoient, qu'il n'y en eur que cinquante d'adjouftez, & Plutarque fuit cette opinion en cet endroit. Encore Tite-Live 1. 1. reprouve l'une & l'autre de ces opinions, attendu qu'il ne fait aucune mention de ces Senateurs adjouftez, & parlant de l'entre-regne qui fut aprés la mort de Romulus, il ne reconnoift que cent Scnateurs aufquels il attribuë l'administration de la Republique durant ce temps-là, à quoy s'accorde Flavius Vopifcus en la vie de l'Empereur Tacite. Ces mefmes Autheurs, que je viens d'alleguer, ne font pas mieux d'accord touchant la manicre dont les Senateurs diftribuerent entr'eux l'exercice de l'authorité fouveraine durant le temps de cet entre-regne. Car Denys d'Halicarnaffe dit, que chaque Senateur commandoit cinq jours durant; Tite-Live efcrit que les Senateurs s'eftant partagez en dixaines, chaque dixaine commandoit tour à tour durant l'efpace de cinq jours, & que neantmoins il n'y en avoit qu'un de ces dix qui portaft les marques de fouveraineté, & fift marcher devant lui les Sergents avec les haches & les faisceaux de verges. Plutarque affeure que chaque Senateur eftoit Souverain douze heures durant, à fçavoir

la moitié d'un jour & d'une nuit. Certes il n'eft pas poffible d'accorder Denys d'Halicarnaffe avec les autres: mais pour TiteLive & Plutarque, ils le peuvent fort bien concilier, fuivant la remarque du docte Saulmaize en fes notes fur Vopifcus. Car fuppofant avec Tite-Live, que dix Senateurs commandaffent cinq jours durant, fi l'on s'imagine, comme il eft vray-femblable, que chacun d'eux portoit à fon tour les marques de l'autorité fouveraine, il s'enfuivra que chacun ne les portoit que demi jour, ou douze heures durant, comme dit Plutarque. En outre Vopifcus au lieu allegué, nous donne à entendre qu'il avoit leu des Autheurs qui tenoient encore des opinions differentes, car il dit que pendant le temps de cet entre-regne chaque Senateur commandoit durant trois, ou quatre, ou cinq jours, & portoit le titre d'entre-Roy.

Comme Souverain.] Toute cette periode eft ainfi couchée en Grec, ἔταξαν οι πατρίκιοι πεντήκοντα καὶ ἑκατὸν ὄντων ἀντως, εν μέρς ἕασον τοῖς βασιλικοῖς παρασήμοις κοσμέμμον, θύειν * τοῖς θεοῖς τὰ νενομισμένα, και χρηματίζειν, ἓξ μ' ώρας & νυκτός, ἕξ 3&uiegs Kvenvy. Où il eft évi$ Kueive. dent que le mot kvere qui fignifie, Quirinus, n'eft point à propos, & le docte Saulmaife eftime qu'il le faut rayer tout-à-fait, comme ayant efté adjouté au texte de Plutarque par quelque ignorant. Toutefois Amiot qui traduit, comme Souverain, femble avoir voulu corriger ev, ou

xvevov, & ia correction fe peut tolerer, qui eft la caufè que j'ay retenu fa traduction.

PAG. 283. I eftoit fils d'un hom me d'honneur nommé Pomponius. ] Le Grec dit auffi, qos Пoμvis; mais en Denys d'Halicarnaffe L 2. il y avès Пoμmλly Пoumoves fils de Pompilius Pompo, & je croy que cela eftoit le vray nom du pere de Numa, parce que l'Autheur des vies des hommes illuftres l'appelle Pompilius, & Tite- Live l. 1. & 1. 40. l'appelle Pompo. Outre que l'aifné des quatre fils de Numa eut nom Pompo, comme Plutarque dira cy aprés, fuivant le texte Grec, quoiqu'Amiot traduife Pomponius; & il y a de l'apparence que Numa voulut qu'un de fes fils portaft le nom de fon pere. Toutefois Henry Eftienne remarque, qu'en quelques manufcrits de Plutarque il y a os Foμme, fils de Porpius, à quoy j'adjoufte que cette efcriture eft favorisée par Valerius Maximus 1. 10. où traitant des premiers noms des Rom mains, il dit que le pere de Numa avoit nom Pompilius Pompius.

PAG. 285. La Deeffe Egerie. ] Plutarque plus bas appelle Egerie Deeffe, ou Nymphe de montagne. Denys d'Halicarnaffe livre 2. dit que c'eftoit une Nymphe, ou une des Muses. Tite-Livel. 1. la qualifie Deesse, & rapporte que Numa feignoit de fe trouver fouvent avec elle de nuit, & d'apprendre d'elle tout ce qu'il ordonnoit concernant le

culte

culte des Dieux. Ovide au 3. des Faftes, & au 15. des Metamorpholes l'appelle Nymphe & femme de Numa, & raconte qu'apiés la mort de ce Roy, s'affligeant outre niefure, elle fut changée en une fontaine par la faveur de Diane, & que cette fontaine portant le nom d'Egerie, eftoit en la foreft d'Aricie. Lactance Firmien l. 1. ch. 22. dit avec Tite-Live, que Numa feignit d'avoir accointance avec la Deeffe Egerie, pour donner plus d'authorité à fes loix, & à cet effect fe retiroit fort fouvent tout feul en une caverne de la foreft d'Aricie, où eftoit une fontaine qui faifoit un petit ruiffeau. Enfin S. Augustin Ï. 7. chap. 35. de la Cité de Dieu, prouve par l'authorité de Varron, ès livres des Antiquitez, que cette feinte de la Deeffe Egerie fervoit de couverture à Numa, pour cacher l'exercice qu'il faifoit de l'hydromantic, par laquelle quelques Demons lui apparoiffoient dedans l'eau, qui lui apprenoient tout ce qu'il devoit ordonner touchant le cul te des Dieux, & adjoufte, Quòd ergo aquam egefferit, id eft exportaverit Numa Pompilius unde bydromantiam faceret, ideo Nympham Egeriam conjugem dicitur habuiffe, quemadmodum in fupradicto libro Varronis exponitur. A caufe donc que Numa Pompilius faifoit tranfporter de l'eau, pour exercer l'hydromantie, on dit qu'il eut pour femme la Nymphe Egerie, comme rapporte Varron au livre fus allegué. On voit par-là que Tom. I.

Varron tiroit le nom d'Egerie, du mot Latin, egerere.

Les Bithyniens d'Herodotus. ] Je n'ay jamais rien leu de cet Herodotus, & je ne fçaurois dire de quel Dieu, ou de quelle Decffe il fut aimé. Je ne fçai non plus pourquoy en la traduction d'Amiot il y a Rodotus, attendu que le Grec dit Here. Quant aux Fables d'Attis qui fut aimé de Cybele, & d'Endymion qui fut aimé de la Lune, elles font affez communes, & j'en difcourrai en mes commentaires fur Apollodore. Mais j'avertis le lecteur que là ou dans tous les livres imprimez on trouvoit efcrit i afì Erduμieros Afrodis, il y a dans quelques manufcrits,

duμíuvos Kafes, c'est-à-dire, & les Cariens d'Endymion, qui n'eft pas mal à propos, parce que la Lune endormit Endymion fur une montagne de la Carie, qui s'appelloit Latmos. Toutefois on fe peut tenir aux livres imprimez par l'authorité du docte Scholiafte d'Apollonius fur le 4. des Argonautiques; car encore qu'on en douteroit, il pretend par plufieurs Authcurs qu'Endymion eftoit Elien, & avoit regné en Elide, ou bien eftoit Spartiate, fuivant l'opinion de quelquesuns; fi eft-ce qu'il dit clairement en un autre lieu, que les Arcadiens fe difoient nez devant la lune, parce qu'Endymion qui eftoit Arcadien, avoit remarqué le premier les periodes du cours de la Lune.

PAG. 287. Qui ont feint que

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Phorbas, Hyacinthe & Admete ont efté les amours d'Apollon. ] Les Fables d'Hyacinthe & d'Admete aimez d'Apollon font vulgaires, & je les traiterai au long en mes commentaires fur Apollodore. Mais il n'eft pas fi aifé de dire qui eftoit ce Phorbas qui fut aimé d'Apollon. Certes la Fable Poëtique fait mention de plufieurs qui furent ainfi nommez, dont je cotteray les plus fameux. Le premier fut Roy d'Argos, def cendant par droite ligne d'Inachus, & le fixieme aprés lui, eftoit fils de Criafus & pere de Triopas, comme rapportent unanimement Eusebe en fa Chronique, le Scholiafte d'Euripide fur la Tragedie d'Orefte, & S. Auguftin l. 18. c. 8. de la Cité de Dieu. Il eft vray que Paufanias és Corinthiaques fait ce Phorbas fils d'Argus, non de Criafus. Le fecond eftoit Roy des Phlegiens, homme outrageux, violent & peu refpectueux envers les Dieux, qui voloit & tuoit les paffants qui alloient à l'oracle de Delphes, comme dit Philoftrate au tableau des Phlegyens, & Ovide en fait mention en l'onzieme de la Metamorphofe, comme auffi le Scholiaste d'Homere fur le 23. de l'Iliade, qui affeure avec Philoftrate qu'Apollon le tua. Le troifieme eftoit fils du Soleil, comme dit Stephanus,parlant d'une partie de l'Ambracie qui s'appelloit Dexamené. Le quatrieme eftoit fils de Lapithes, Roy d'une portion de la Theffalie, lequel Lapithes eftoit fils d'Apollon & de Stilbe fil

le de Penée au rapport de Dio dore Sicilien, 1. 4. Le cinquieme Phorbas eftoit fils de Triopas, comme dit Hyginus, 1. 2. de fes Aftronomiques, où il raconte que ce Phorbas eftant porté par la tempefte en l'Ifle de Rhodes, qui alors s'appelloit Ophiuse ̧ à caufe d'une grande multitude de ferpents qui l'avoient presque depeuplée, il les tua tous, & mit à mort entre autres un horrible dragon qui portoit grand dommage aux habitants. C'est pourquoy afin d'éternifer fa memoire, Apollon qui l'aimoit uniquement le transfera dans le Ciel, & en fit la conftellation que les Grecs appellent Ophiucus, les Latins Anguitenens, ou Serpentarius, qui reprefente un homme tenant un ferpent entre fes mains, qui de la queue & de la tefte s'entortille à lentour de fon corps. Ce conte d'Hyginus s'accorde bien avec ce que Plutarque dit icy, qui, comme je croy, entend parler de ce Phorbas fils de Triopas, attendu que de tous les autres,dont j'ay fait mention, on ne fçauroit prouver par bonne authorité qu'aucun ait efté aimé d'Apollon. Il eft vray que j'eftime que ce cinquieme Phorbas eft le mesme que le quatrieme dont parle Diodore, encore qu'il luy donne un autre pere, & je me fonde fur ce que le mefme Diodore 1. 5. attribue à Phorbas fils de Lapithes la gloire d'avoir purgé l'Ile de Rhodes des ferpents & bestes venimeuses qui l'avoient defertée, & dit que pour ce fujet les Rhodiens aprés

fa mort lui defererent les honneurs heroïques. Au refte foit qu'on die avec Diodore que Phorbas eftoit fils de Lapithes, foit qu'on le faffe fils de Triopas avec Hyginus, il tirera tousjours fon extraction d'Apollon ou du Soleil, qui font fouvent pris pour un mefme Dicu, Car felon Diodore 1. 4. Lapithes eftoit fils d'Apollon, & au dire du mefme Autheur 1. 5. Triopas eftoit fils de Lapithes. Voire au rapport du Scholiafte de Pindare fur la 7. des Olympiques, & de Diodore mefme 1. 5. Triopas eftoit fils du Soleil & de Rhode, qui eft celle qui donna le nom à l'Ile de Rhodes. Encore pourroit-on conjeAurer qu'Eucbe a voulu confondre le premier Phorbas qui fut Roy d'Argos, avec cetui-cy qui vint en l'Ile de Rhodes, d'autant qu'en l'année 13. du regne de Phorbas, il remarque que Phorbas obtint l'Ifle de Rhodes. Enfin Harpocration fur le mot of Car To nous donne encore un fixieme Phorbas, quand il dit, Hyperides en l'Oraifon contre Patrocles fait mention d'un licu d'A-thenes appellé Phorbantium, qui a pris fon nom de Phorbas Roy des Curetes, qui fut tué par Erechthée, comme raconte Andron au 8. livre des parentez. Ce Phorbas eftoit fils de Neptune,au dire d'Hellanicus au 1. liv. de fon Atthide. Comme encore Hippolyte Sicyonien. Je n'ay rien leu de cet Hippolyte, finon qu'on veuille dire que c'eft celui dont parle Paufanias ès Corinthiaques, di

fant qu'il eftoit fils de Rhopalus, qui fut fils de Phæftus, qu'on eftimoit eftre fils d'Hercule,d'autant qu'au mefme livre Paufanias affeure que cet Hippolyte estoit Roy de Sicyone du temps qu'Agamemnon tenoit le Royaume de Mycenes.

PAG. 258. Auffi dit on que Pan fut amoureux de Pindare & de fes vers. ] On conte que Pindare oüit un jour le Dieu Pan qui chantoit un des Cantiques qu'il avoit compofez, comme Plutarque dit plus clairement au livre intitulé, Qu'on ne peut vivre joyeusement felon la doctrine d'Epicure, & la mefme chofe cft rapportée par Philoftrate au tableau de Pindare, Magifter en la vie de ce Poëte, & par Antipater en l'Anthologic 1. 4. ch. 27. Epigr. 13.

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Et que la divinité honora les Poëtes Hefiode & Archilochus aprés leur mort. ] L'hiftoire d'Archilochus eft rapportée au long par Plutarque au livre intitulé, Pourquoy la juftice Divine di fere la punition des malefices, & par Suidas fur le mot Apgages, qui racontent comme Architochus ayant eftétué en une bataile par un certain Naxien nommé Callondes, ou Calondas, & furnommé Corax, la Propheteffe Pythie commanda à ce meurtrier de fortir du Temple d'Apollon, parce qu'il avoit tué le Miniftre des Mufes. Ce mefme fait eft touché par Heraclides au livre des Republiques, par Dion Chry of tome Oraifon 33. par Ariftides

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