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prit pas fon nom des Mufes, mais de Mufée Poëte & Prophete ancien, à cause qu'il de meura long temps en ce lieu-là, rendant fes oracles, & enfin y mourut en extréme vieilleffe, & y fut inhumé, comme rapporte Paufanias és Attiques, qui adjoufte, que c'eftoit un petit tertre auprés de la Fortereffe, que le Roy Demetrius voulut fortifier, pour tenir en bride toute la ville d'Athenes.

Ayant fait auparavant un fasrifice à la Peur] Le Grec dit, τῷ φόβῳ σφαγιασάμνος, mais Henri Eftienne remarque qu'en quelquelques Manufcrits il y a pic, qui fignifie à Apollon. Toutesfois je fuis d'advis avec luy, qu'on retienne poc, qui fignifie à la Peur, comme auffi il faut corriger un femblable paffage de la vie d'Alexandre le Grand, ainfi que je feray voir en fon lieu.

PAG. 61. Donna la bataille au mois de Boëdromion. ] C'eftoit le troifiefme mois des Atheniens, dont la plus grande partie tomboit ordinairement dans Septembre. Quant à la fefte Boëdromia, dont ce mois porte fon nom, je ne crois pas que Plutarque veuille dire, qu'elle fut inftituée par Thefée, à caufe de la bataille contre les Amazones: mais le fens de fes paroles eft, que la bataille fut donnée le mef me jour de la fefte. Car cette fefte fut inftituée long-temps devant Thefée, fous le Regne d'Erecththée bifayeul d'Agée, lors

qu'Eumolpus faifant la guerre aux Atheniens, Xuthus, ou fon fils Ion, vint à leur secours comme telmoignent unanimement Harpocration, Suidas, l'Autheur du grand Etymologicon, le Scholiafte de Callimachus, & plufieurs autres Autheurs, dont j'allegueray les paffages au Traité des mois des Atheniens, & aux Commentaires fur Apollodore, où je feray voir que fond esu Boëdromein, fignifie fecourir, ou courir au combat avec grands cris.

Auprés de la Chapelle de Chalcodon.] Paufanias ès Arcadiques & Bootiques fait mention de deux Chalcodons. L'un fut pere d'Elephenor Capitaine des Eubéens au fiege de Troye, & ce Chalcodon fut tué par Amphitryon en une guerre que les Thebains eurent contre ceux d'Eubœe. L'autre fuivit Hercule en la guerre qu'il eut contre Augias Roy d'Elide, où il fut tué, & honorablement inhumé par Hercule. Je laiffe à juger au lecteur, fi c'est l'un de ces deux Chalcodons, ou un troisiesme de mefme nom, qui avoit une Chapelle en la ville d'Athenes.

Jufques vers le Temple des Eumenides. ] Le Grec dit, migr Evμriday, c'eft-à-dire mot à mot, jufques vers les Eumenides. Amiot traduit, jusques - là où font les images des Eumenides, donnant à entendre qu'il y avoit des ima ges des Furies en quelque ruë ou en quelque place d'Athenes ce qu'on ne prouveroit pas fa X x x iij

cilement par bonne authorité. Mais j'eftime que Plutarque parle pluftoft du Temple des Furies qui eftoit dans l'enclos de l'Areopage, comme j'ay fait voir par plufieurs authoritez en mes Commentaires fur l'Epiftre d'Hermione à Orefte. Je fonde mon opinion fur ce que le mot Areopage fignifie rocher de Mars, & au rapport d'Euftathius fur Denys le Geographe, & de l'Autheur du grand Etymologicon, les Amazones porterent leurs armes jufques là, & partant ce lieu fut appellé Areopage, ou rocher de Mars, foit à caufe que Mars eft le Dieu des armes, foit à caufe que les Amazones fe vantoient d'eftre defcendues de Mars. Efchyle en la Tragedie des Eumenides, dit que les Amazones s'emparerent de ce lieu, s'y fortifierent & y facrifierent à Mars, dont il prit le nom d'Areopage. Il ne faut pas croire pourtant que le Temple des Eumenides fuft desja bafti du temps de Thefée, car il ne fut conftruit qu'aprés le jugement d'Orefte; mais Plutarque veut dire, que les Amazones poufferent les Atheniens jufques à lendroit où depuis fut bafti le Temple des Eumenides.

PAG. 62. L'Amazone que Thefée avoit efponfée. J'ay retenu la traduction d'Amiot, encore que le Grec die feulement, Tu TÊ Onori Cusanour, c'est-àdire mot à mot, l'Amazone qui habitoit avec Thefée. Il eft vray que les Grecs ufant du verbe Cu Dixy en matiere d'homme & de

femme, entendent ordinairement l'habitation & conjonction charnelle: mais ils ne determinent pas par-là, fi c'est par legitime mariage, ou par concubinage. C'est pourquoy ayant fait voir en mes Commentaires fur l'Epiftre de Phedre, que plufieurs Autheurs avec Ovide tiennent que Thefée n'efpoufa pas la mere d'Hyppolite, mais la tenoit feulement pour concubine, j'ay bien voulu avertir le lecteur, que pour ce que Plutarque en dit icy, on ne doit pas le tirer à l'opinion contraire.

PAG. 63. Le nom du lieu qui s'appelle Horcomofion.] Le verbe Grec prauole fignifie proprement jurer une paix, une alliance, ou confederation, d'où vient que ορκωμοσία & ορκωμόσιον fignifient le ferment presté en pareilles occafions.

Vers le lieu qu'on appelle Rhus.] Paufanias ès Attiques rapporte qu'en la ville de Megares il y avoit un lieu appellé Rhus, à caufe qu'autrefois en ce lieu-là fouloit couler une grande quantité d'eau des montagnes voifines: mais Theagenes Tyran de Megares, fit écouler ailleurs cette eau-là, & au mefme lieu érigea un autel au Fleuve Achelous.

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Et du lieu nommé Cynofcepha les.] Le Grec dit: Kurds xepαaas. Et Amiot traduit: près des ro chers qui ont nom les teftes de chien. Mais il eft affeuré que Cynofcephales eft le nom propre lieu-là, comme on peut voir dans Plutarque en la Vie de Quintius Flaminius, dans Polybe 1. 17.

de ce

dans Stephanus, dans Strabon 1. 9. & dans Tite- Live 1. 33. qui retient le mefine mot Grec en Latin, & ne traduit pas canis capita: comme aufli Malherbe traduifant Tite-Live, met fort bien, Cynofcephales.

ou Eribora, comme j'ay prouvé fur l'Epiftre de Brifcide. Quant à la fille d'Iphicles, je ne fçaurois dire fi elle s'appelloit Jope, comme veut Plutarque, ou Hippe, comme on lit dans Athenée, à caufe que nul autre Autheur n'en fait mention.

PAG. 65. Non fans Thefée. 1 Ce proverbe s'applique à toute chofe qui n'a pas efté faite fans grand fecours, comme dit la glofe d'Amiot, & tous les Proverbialistes Grecs l'expliquent ainfi, & particulierement Zenobius Cent. 5. prov. 33.

Cettuy-cy eft un autre Hercule.] L'origine de ce proverbe eft rapportée d'une autre forte par Zenobius Cent. 5. prov. 48. & encore diverfement par Elian 1. 22. chap. de l'hiftoire diverfe, comme les curieux pourront voir.

PAG. 64. Car on dit qu'il ravit Anaxo Trezenienne. ] Athenée 1. 13. c. 1. rapporte les mefmes cho fes touchant les amours de Thefée, mais avec quelque peu de diverfité. Voicy fes propres mots traduits en noftre langue: Ister au quatorziefme livre des Attiques, faifant un denombrement des femmes de Thefee, dit qu'il en eut Les unes par amour, il en ravit les autres, & en poffeda quelques-unes par legitime mariage. Il ravit Helene, Ariadne, Hippolyte, & les filles de Cercyon & de Sinnis. Il efponfa Melibea mere d'Ajax, & au rapport d'Hefiode, Hippe, &Agle, pour l'amour de laquelle il fauffa les ferments qu'il avoit faits à Ariadne. Pherecydes adjoufte à celles-cy Phereboa. Encore devant qu'il ravist Helene, il ravit Anaxo de la ville de Trezene, & aprés Hippolyte il eut Phedre. Où j'ay corrigé par Plutarque ; & encore que j'aye reces paroles du texte Grec, Kan tenu la traduction d'Amiot, je ne Τρείας ήρπασεν Αναξω, qui fignifient veux pas celer au lefteur que que Thefée ravit Anaxo de la mon opinion eft qu'il faudroit ville de Troye, car il n'y a nulle traduire, j'ay efcrit en la Vie apparence en cela, & il vaut d'Hercule, parce que c'eft la coumieux lire on Tros, de la ville ftume de Plutarque d'alleguer de Trezene, pour accorder Athe- ainfi fes propres œuvres, ufant née avec Plutarque. Je crois auffi du verbe paffif en la qu'il vaut mieux lire Peribaa, troifiefme perfonne, comme je que Meliboa, à caufe que la pourrois prouver par plufieurs mere d'Ajax s'appelloit Periboa paffages, fi je ne craignois d'en

Non pas, comme dit Euripide, par force d'armes. ] On pourra voir ce que j'ay efcrit fur ce fujet en mes Commentaires fur l'Epif tre de Phillis.

PAG. 66. Il est efcrit en l'histoire des faits d'Hercule. ] Le Grec dit, & Toïs apì H'eanλéus

nuyer le lecteur. J'en allegueray un feul qui eft en cette mefme Vie à la fin, où parlant de Cimon, qui prit l'Ile de Scyros, il adjoufte, 's & Tois neve, & Amiot traduit fort bien, comme nous avons efcrit en fa Vie. Au refte il eft certain que Plutarque avoit efcrit la vie d'Hercule, comme on voit au catalogue de fes œuvres, que les uns attribuent à Sextus de Choronée, les autres à Lamprias fils de Plutarque mefme. Quant à ce que Plutarque dit qu'Hercule fut le premier qui permit d'enlever les corps des morts en bataille, Elian le confirme l. 12. c. 27. de l'hiftoire diverse.

On montre encore aujourd'huy en la ville d'Eleutheres, &c.] Il y a fimplement dans le Grec & HA, & Amiot adjoufte fort mal à propos, au bourg d'Eleutheres, comme fi Eleuthere euft efté un bourg de l'Attique, mais il ne faut pas eftre guere fçavant en Geographie, pour n'ignorer pas que c'eftoit une ville de laBooce, où fans doute Adrafte & Thefée firent en evelir les fimples foldats. PAG. 67. Pirithons efponfant Deidamie.] Tous les autres Autheurs appellent la femme de Pirithous Hippodamie, excepté Properce qui l'appelle Ifchomaque, comme j'ay desja remarqué en mes Commentaires fur l'Epiftre de Phyllis.

PAG. 68. Faifant une action peu convenable à un homme de fon âge. ] Le Grec à prendre un peu plus haut, dit, el

Exév, 'er. Amiot tourne ces paroles en cette forte, laquelle eftoit encore fort jeunette, & non en âge d'estre mariée, les rapportant à Helene, au lieu que je les rapporte à Thesée pour deux raisons. Car premierement ces paroles ainfi prifes fe lient mieux avec le verbe e comme fi on difoit, que Thefée fit cela hors de faifon; au lieu que fi on les rapporte à Ths Ext vlw, il n'y a point de liaison finon qu'on y adjouftaft quelque mot, comme le participer. En fecond lieu, fi Plutarque euft vou lu dire icy, qu'Helene eftoit fort jeune, pourquoy fix ou fept lignes plus bas, parlant d'Enarfphorus, adjoufteroit-il qu'Helene n'eftoit qu'un enfant? Car encore qu'Amiot euft obmis ces paroles en cet endroit-là, fi eft-ce qu'il y a dans le Grec in vimanov, qui n'eftoit encore qu'un enfant, comme j'ay mis en ma traduЯtion.

PAG. 69. D'Enarfphorus fils d'Hippocoon. ] Il eft difficile de juger quel eftoit le vray nom de ce fils d'Hippocoon, à caufe que Plutarque l'appelle Enarfphorus, mais Apollodore 1. 3. le nomme Emarsphorus, & Paufanias ès Laconiques Enaræphorus.

PAG. 70. Qui avoit furnommé fa femme Pherfephone, fa fille Proferpine, &c.] Le Grec dit auffi ὃς τῇ γυναικὶ φρσεφόνω ὄνομα θέμμος, Kóplu Tỷ duyareì. Amiot traduit, lequel avoit nommé fa femme Proferpine, fa fille Proferpine. Il eft bien vray que la mefme Deesse,

que

que les Latins appellent Proferpine, eft appellée des Grecs communement Core, & quelquesfois Perfephone, ou Pherfephone, ou Pherephatta. Mais il y a de l'apparence, fuivant le texte Grec de Plutarque, que ce Roy des Moloffiens n'avoit pas mis le mefme nom tout-à-fait à fa femme & à fa fille, comme porte la verfion d'Amiot.

PAG. 72. Mais il y eut un certain nominé Academus. ] Herodote 1. 9. n'eft pas d'acord avec Plutarque touchant ce point. Car il dit que celuy qui defcouvrit à Caftor & à Pollux où eftoit leur fœur, fut un nommé Deceleus, ou les Habitans de la ville de Decelée : & adjoufte que la ville d'Aphidnes fut prife par la trahison d'un certain Ti

tacus.

PAG. 73. En les appellant Anaces. Elian 1. 4. c. 5. de l'hiftoire diverfe, attribue tout cecy à Menestheus, quand il dit, Meneftheus fils de Peteus ne Se montra point ingrat envers les Tyndari des. Car parce qu'ils chafferent les enfants de Thefee, emmenerent captive fa mere Athra,& lui remirent le Royaume d' Athenes, il fut le premier qui les appella Anaces & Sauveurs. Dans les Livres imprimez d'Ælian, il y a aar, mais il faut corriger vas, par ce paffage de Plutarque. Comme il femble auffi qu'il faut corriger l'Etymologifte Grec, qui met Atanol, au lieu de Aranic, & met avans au lieu de arizas qui eft dans Plutarque. Tome I.

PAG. 75. Comine aussi la fable qu'on raconte de Munitus. ] Le Grec dit gl Marizou pudoogía, la fable qu'on raconte de Munichus. Mais j'ay desja fait voir en mes Commentaires fur l'Epitre de Phillis, qu'il faut corriger ce paffage de Plutarque, & lire Moire Munitus, au lieu de Marigo Munichus à cause que trois graves Autheurs unanimement appellent Munitus ce fils de Laodice fille de Priam, à fçavoir, Parthenius, Narration 16. de fes Erotiques, Lycophron en fa Caffandre, & Tzetzes fur le mefme Autheur, qui allegue des vers d'Euphorion où Munitus eft auffi nommé. Il est vray que tous ces Autheurs font Acamas pere de Munitus,au lieu que Plutarque veut que ce foit Demophoon frere d'Acamas. Mais on peut dire, ou que Plutarque s'eft mefconté par le defaut de fa memoire, prenant un frere pour l'autre, ou qu'il a tiré ce conte de quelque autre ancien Autheur qui met Demophoon au lieu d'Acamas. Au refte les Autheurs que j'ay alleguez s'accordent avec Plutarque, difant que Laodice conceut & enfanta Municus fecretement, & qu'Æthra le nourrit dedans Troye:puis adjouftent qu'à la prife de la ville, Athra fit reconnoiftre fon fils à Acamas qui l'emmena avec lui en Thrace, où s'exerçant à la chaffe, Munitus fut mordu d'un ferpent, dont il mourut.

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PAG. 77. En un lieu qui pour Yyy

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