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y avoit de plus des fruits attachez tout alentour. Plufieurs Autheurs font mention de ce rameau appellé Irefione, qui rapportent auffi les vers que l'on chantoit à cette occafion, dont on pourra voir les paffages dans Meurfius 1. 5. des Feftes des Grecs.

PAG. 48. Le vaiffean fur le quel Thefee alla ] Platon en fon Phædon fait mention de ce vaiffeau, & nous apprend que les Atheniens l'envoyoient tous les ans en l'Ile de Delos, à caufe que Thefée avec les garçons & les filles, qu'il avoit menez en Candie, revint fain & fauf dans ce mefme vaiffeau, ayant fait vœu à Apollon d'envoyer là tous les ans pour lui rendre graces de ce benefice. Ulpian fur l'Oraifon de Demofthenes contre Midias, dit que cette galere s'appelloit Delienne ou Deliaque, & aufli Salaminienne. Et quant au premier nom, la caufe en eft évidente, à fçavoir le voyage qu'elle faifoit en Delos tous les ans: mais quant au fecond, encore que les Autheurs n'en difent rien, je crois que cette galere s'appelloit Salaminienne, à caufe que Thefée prit ce vaiffeau en l'ifle de Salamine, auffi bien que le Pilote qui le gouvernoit, comme Plutarque a touché cy devant. Suidas diftingue quelquefois le vaiffeau nommé Paralus, d'avec le Salaminien, tantoft il les confond mal à propos; car il faut pluftoft croire Ulpian qui les diftingue manifeftement.

Car on dit qu'il ne mena pas

toutes les filles.&c.] Le Grecdit, γὰρ ἁπάσας αυτὸν ἐξαγαγέν τα, λαχούς ous Tite mappines. Amiot traduit, on dit davantage qu'il ne menapas, liant fort mal cette periode avec la precedente, & s'efloignant du texte Grec, où fe trouve la particule caufative, qu'il ne devoit pas changer en davantage. Car Plutarque veut rendre raison de ce qu'il avoit dit que la Feste des Rameaux, appellée Ofchophoria, avoit efté inftituée par Thefée; & fon argument eft, qu'en la proceflion, qu'on y menoit, il y avoit deux jeunes hommes habillez en filles, pour reprefenter ceux que Thesée mena en Candie ainfi déguifez. Au refte, cette Fefte s'appelloit Of chophoria, parce que Ofche proprement fignifie une branche de vigne chargée de fes raifins meurs, & ceux qui affiftoient à la proceffion, portoient de femblables branches, comme on peut voir dans Athenée, l. 11. & dans Proclus, en fa Chreftomathie, qui fait auffi mention de ces deux garçons nourris à l'ombre, & habillez en filles, dont Plutarque parle. Il adjoufte encore que la Fefte eftoit à l'honneur de Bacchus & de Minerve, & que la proceffion alloit depuis le Temple de Bacchus jufques à celui de Minerve Scirade. Mais qui voudra voir prefque tout ce qui fe peut dire de cette Fefte, pourra lire Meurfius 1. 5. des Feftes des Grecs.

PAG. 49. Il fit une proceffion; à laquelle il affista avec ces jeunes garçons

garçons ainfi habillez ] C'est le vray fens de ces paroles, duróv πομπεύσας, καὶ τὸν νεανίσκος ὅπως ἀμmus. Quoy qu'Amiot traduife, il fit une proceffion, en la quelle luy & les autres jeunes gargons s'habillerent ainfi. Mais il ne faut pas croire que Thefée s'habillaft en fille, ni qu'il y en euft d'autres ainfi habillez, finon les deux feulement dont Plutarque a parlé cy-devant.

PAG. 50. En recompenfe du bon recueil qu'ils lui avoient fait en leur maison.] Le Grec dit, duoClerías. Amiot traduit, en recompenfe de la courtoifie dont ils uferent en fon endroit, quand il arriva. Mais il s'éloigne trop du Grec, & fa traduction est un peu ambiguë; car on peut douter fur ces paroles, quand il arriva, fi ce fut, quand Thefée arriva de Candie, ou quand il arriva de Troezene. Toutesfois il eft certain que Plutarque parle du bon traitement que les Phytalides firent à Thefee, lors qu'il

vint de Troezene à Athenes.

les Atheniens appellent Afty mais il appella tout le Corps de la ville enfemble Athenes, puis inftitua la feste generale & le facrifice commun à tous ceux de l'Attique, que l'on appelle Panathenaa. Où il commet plufieurs fautes, comme je laiffe juger au Lecteur en conferant fa traduction avec la mienne, & avec le texte Grec, & confiderant les remarques que je vais faire. Car il faut fçavoir que le premier Roy de l'Attique Cecrops, fonda une ville fur un rocher un peu élevé, & de fon nom l'appella Cecropia. Depuis cette ville s'augmentant & s'eftendant au long & au large tout à l'entour, le tout enfemble s'appella Polis, c'eft-à-dire ville, & ce qui eftoit fur le rocher basti par Cecrops. s'appella particulierement Acropolis, comme qui diroit, ville haute, ou Fortereffe & Citadelle. Comme tefmoignent Euftathius fur Denis le Geographe,le Scholiafte d'Apollonius fur le premier des Argonautiques, & Pline l. 7. c. 56. Quant au nom d'Athenes, il eft certain qu'il fut imposé à cette ville long-temps devant Thefée, aprés que Minerve eut emporté la victoire fur Neptune, touchant la prerogative de donner le nom à cette ville, comme je prouveray par

PAG. 52. Et baftiffant un Palais commun à l'endroit où il eft maintenant, appella la ville d'Athenes Afty, & rendit commun à tous le facrifice qui s'appelle Panathenaa. ] Le Grec dit, ποιήσας ἅπασι κοινὸν ἐν ταῦθα πρυτα vãový infinies authoνῶον καὶ βελευτήριον, ὅπε να ἵδρυθ, τὸ ἄςυ των 4 πόλιν Αθώας προσελόρευσε, και Παναθεώαια θυσίαν ἐποίησε kory. Amiot traduit, & baftit un Palais commun &un: Sale pour tenir le Confeil, au lieu où maintenant eft affife la Cité, que Tom. I.

ritez en mes Commentaires fur Apollodore ; foit que ce nom lui fuft donné du temps mefme de Cecrops, ou du temps d'Amphictyon, ou du temps d'Erichthonius, autrement Erechthée preXxx

mier du nom, parce que les Autheurs en parlent diverfement, comme on peut voir dans MeurGus chap. 2. du Livre intitulé, de la fortune d'Athenes. Il n'y a donc point d'apparence que Plutarque veuille dire, que Thefée donna le nom d'Athenes à fa ville; mais je crois que fon opinion eft, que Thefée le premier l'appella Afty, qui fignifie en general une Ville ou Cité, mais eftant mis abfolument, fignifie la ville d'Athenes par excellence, comme le mot urbs entre les Latins, fe prend particulierement pour la ville de Rome. Quant à la fefte appellée Panathenæa, il ne faut pas croire aufli qu'elle prift fa premiere origine de Thefée, car elle fut inftituée par Erichthonius, comme tefmoignent Apollodore l. 3. Harpocration, & Suidas. Mais alors elle s'appelloit fimplement Athenæa, à caufe qu'elle ne fe celebroit que par ceux qui demeuroient dans l'enclos de la ville d'Achenes, au rapport de Paufanias ès Arcadiques, d'Harpocration & de Suidas. Depuis Thefée l'appella Panathenæa, quand il la rendit commune à tous les Habitans de l'Attique, comme Plutarque le touche en cet endroit, & Paufanias au lieu allegué le dit clairement.

Il en inftitua encore une autre le fei ziéme jour du mois Hecatombeon, qui s'appelle Metocia. ] Le Grec dit, Toimia TH EXTY cm S'ng Enamμlav. Amiot adjouste mal à propos cette glofe,

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pour les Estrangers qui viendroiens s'habituer à Athines s'eftant abufé, à caufe que les Eftrangers qui s'habituoient dans Athenes, s'appel.oient Metaci, & le tribut qu'ils payoient tous les ans s'appelloit Metœcium, comme je feray voir ailleurs. Mais il pouvoit apprendre de Suidas, que le mot Too Metocus, fe prend auffi quelquefois fimplement pour Habitant d'un lieu ou d'une ville, foit qu'il foit eftranger ou non. Et cecy foit dit pour fouftenir le texte de Plutarque. Car je me doute fort qu'il ne foit dépravé, & qu'au lieu de Toi Metocia, il ne faille lire Coixe Synoecia. Je me fonde premierement en la proprieté du mot, attendu que Cox, fignifie proprement habiter ensemble & on void clairement, par la fuite du difcours de Plutarque que Thefée inftitua cette fefte en memoire de ce qu'il avoit reduit tous ceux des bourgs & villes. de l'Attique, à habiter ensemble, & eftre citoyens d'une mefme ville. En outre mon opinion est appuyée de fort bonnes authoritez. Car Stephanus escrit ainsi, φισὶ χάραξ ὅτι Θησεύς τας ένδειας πόλεις τας ἐν τῇ Αλική (ανοικίσας εις Αθήνας, σί-κια ἑορτω και

shoaTC. Charax dit que Thefée ayant induit ceux des onze villes de l'Attique à venir habiter enfemble dans Athenes, inftirua la fefte appellée Synœcia. Semblablement Thucydide l. 2. de qui Plutarque a emprunté tout ce paffage prefque mot à mot, con

clud ainfi fon difcours touchant ce fait de Thefée. nanoina Eneive Adwajos en uw the φορτικό δημοτελεῖ ποιεσι. Et deflors jufques à prefent les Atheniens font publiquement la fefte appellée Xynaecia, à l'honneur de la Déeffe. Où il ne faut pas s'arrefter à ce qu'il efcrit ce mot parunx; car les Ecoliers fçavent que c'eft le propre de la Dialecte Attique de mettre cette lettre bien fouvent, au lieu de la lettre s. Quant à la Déeffe à l'honneur de laquelle on faifoit cette fefte, le Scholiafte de Thucydide dit que c'eftoit Minerve: mais le Scholiafte d'Ariftophane fur la Comedie de la Paix, dit ainfi. asì τῇ 7 (μυζείων ἑορτῇ θυσίαν τελείπει eighin, Benir unajua row, Eratoμcaçãvos μloset om dina. On dit que le feizième du mois Hecatombeon, le jour de la fefte appellée Synæcia, on fait un facrifice à la Paix, mais on ne refpand point de fang fur l'autel.

Il eft vray qu'il fe pouvoit faire, que la fefte fuft à l'honneur de Minerve, & que ncanmoins on fift un facrifice à la Paix, le mefme jour.

PAG. 55. Ety fit engraver une infeription, &c. Si on veut conferer ma traduction avec leGrec, on verra que je l'ay exprimé fidelement. Mais Amiot a failli, obmettant en la profe que l'un des vers eftoit en la face de la colonne regardant le matin, & l'autre vers eftoit en la face du cofté du foir, puis fourrant cela dans les vers, Il adjoufte auffi

,

de gayeté de cœur, que cette colonne eftoit quarrée, ce qui n'eft pas dans le Grec : en outre Amiot fait parler Plutarque en forte qu'on diroit que cette colonne eftoit encore fur pied de fon temps, ce qui eft faux. Car Strabon qui fait mention de cette colonne, & de fon infcription 1. 3. & 9. ne dit rien de la forme de la colonne : mais au premier paffage il dit qu'elle fut érigée par les Ioniens chaffez du Peloponnefe, qui avoient occupé l'Attique & la Megaride, & par les Habitans du Peloponnefe. Au fecond paflage, il dit que cette colonne fut abatue par les Heraclides, lors qu'ayant occupé le Peloponnefe, ils declarerent la guerre aux Ioniens & aux Atheniens, & s'emparerent de la Megaride, au temps que Codrus fils de Melanthus eftoit Roy d'A thenes.

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PAG. 57. La voile de la navire appellée Theoris.] Amiot traduit, la voile de la navire fur laquelle ils feroient venus, nonobftant qu'il y cuft dans le Grec Supidos vis. Et par ce moyen il nous cache une belle antiquité. Car nous apprenons de Plutarque en la vie de Demetrius, que ceux qu'on envoyoit à l'oracle de Delphes, ou vers Jupiter Olympien, ou bien aux feltes & folemnitez publiques de la Grece, pour faire les facrifices ordinaires pour le falut des villes, s'appelloient Theori. A quoy s'accorde Suidas, qui adjouste que la nef dans laquelle ils alX xx ij

loient à de femblables affaires,
s'appelloit Theoris, comme fait
auffi foy ce paffage de Plutar-
que.

Hellanicus, Pherecydes, & He-
rodorus. ] Je ne fçais fi c'eft par
la faute des Imprimeurs ou d'A-
miot, qu'en plufieurs endroits
où Plutarque allegue Herodorus,
on trouve efcrit Herodotus; en-
core que dans le Grec il y ait
tousjours Heipos. Certes puifque
Plutarque n'allegue cet Autheur
qu'en des poincts concernans
l'hiftoire fabuleufe, & le con-
joint icy avec Hellanicus &
Pherecydes, qui avoient efcrit
amplement fur ce fujet, comme
on peut recueillir de tous les
Scholiaftes Grecs, qui les citent
fort fouvent touchant la Fable
Poëtique; il y a de l'apparence
que c'eft le mefme Herodorus
natif de la ville d'Heraclée, qu'-
Athenée cite avec Pherecydes l.
1. ch. 7. parlant de la tafle qu'-
Alcmene receut de Jupiter la
nuict qu'il coucha avec elle. Et
nous apprenons du mefme Athe-
née l. 1o. chap. dernier, que cet
Herodorus avoit efcrit plufieurs
Livres des faits d'Hercule, car il
l'allegue en ces termes Heros
intangyde ráty rõ nal' Hegunia nó-
v. Herodorus au Livre 17. des
faits d'Hercule. Stephanus auffi
endeux endroits cite le dixiefme
Livre d'Herodorus des faits
d'Hercule, à fçavoir, fur le mot
Sants & fur le mot Kunnor.
Dont je conclus que c'eft le mef-
me Herodorus que Plutarque al-
legue en la vie de Romulus,

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PAG. 59. Mais ils faillent à
l'accent en le mettant fur la der-
niere fyllabe. ] Je diray en fa-
veur de ceux qui n'entendent pas
le Grec, que E pur cinia, met-
tant l'accent fur la premiere fyl-
labe du premier mot, fignifie
la maison d'Hernus, mais eu
oixía l'accent fur la feconde fyl-
labe, fignifie, la maijon de Mer-
cure.

PAG. 60. Auprés de la place
qui s'appelle Pnyx, & joignant
le Mufe Le Grec dit fìru
FT Mor. Amiot traduit,
fur la njime place que l'on appelle
Pnyce, joignant le Temple des
Mufes. Mais il eft évident que
l'accufatif Pnyca, vient du no-
minatif Pnyx, qui en aucun cas
ne peut faire Pnyce
faire Pnyce, comme
Amiot traduit tant icy, qu'ail-
leurs. Et pour s'en mieux efclair-
cir, il ne faut que lire Suidas
fur ce mot, & Julius Pollux 1. 8.
chap.
chap. 10. qui nous apprend qu'-
anciennement le peuple s'affem-
bloit en cette Place pour la crea-
tion des Magiftrats, & qu'elle
eftoit proche de la Fortereffe
communement appellée Acro-
polis. Quant au Musée, Amiot
s'est auffi abusé: car ce lieu ne

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